Des écoles fermées pour cause de divinité « Oro » dans les communes du Plateau

La plupart des écoles situées dans les contrées des communes d’Adja-Ouèrè, Sakété et Ifangni dans le département du Plateau sont restées fermées les jours ouvrables qui ont coïncidé avec la fermeture par la divinité, se sont indignés des parents et élus locaux.

Malgré l’interdiction formelle du préfet du Plateau Valère Sètonnougbo, aux dignitaires du culte « Oro » d’opérer des fermetures en journée du fait de la Covid-19 qui sévit, et pour permettre aux écoliers qui ont été contraints de rester pendant des mois à la maison, de rattraper le programme scolaire, les adeptes de Oro ont opéré de fermetures contre vents et marées dans les localités d’Ikpinlè, Mowodani et périphéries de la commune d’Adja-Ouèrè. Le constat est le même dans les communes de Sakété et d’Ifangni.

Le maire de Pobè, Simon Dinan a affirmé que les fermetures diurnes de Oro n’ont pas été effectives dans sa commune. « Les sacrifices et autres rituels ont été faits la nuit à Pobè. Oro n’a pas fermé en journée chez moi, pour permettre aux enfants d’aller à l’école », a expliqué l’autorité communale.

Le chef du quartier Sori à Igolo dans la commune d’Ifangni, Dieudonné Adéchinan a déploré l’attitude des groupes de personnes qui ont bravé l’interdiction des autorités et ont fait manifester Oro. L’élu local regrette également que cette pratique culturelle séculaire ait empêché cette année les enfants d’aller à l’école. Mardi dernier durant toute la journée, poursuit M. Adéchian, les portes sont restées closes à Igolo et dans plusieurs autres localités de la commune d’Ifangni lors de la première fermeture diurne «  Êta », et les femmes restées cloîtrées dans leurs chambres, a confié l’élu local.

Il a surtout fait savoir que l’édition 2020 de cette célébration cultuelle se passe dans un contexte où des dignitaires et prêtres de Oro se sont désengagés pour faire respecter les injonctions des autorités. Mais la situation est difficilement contrôlable avec des groupes de personnes qui agissent.

« A cette édition de la manifestation de Oro, je ne dispose d’aucune information, d’aucun calendrier sur les différentes fermetures »,a condamné l’élu. Oro, patrimoine cultuel, est une divinité qu’une forêt abrite. La divinité Oro qui se célèbre pendant 17 jours lors d’une cérémonie annuelle notamment dans l’aire culturelle Yoruba-Nagot, par des initiés principalement pendant les vacances scolaires au Bénin a coïncidé cette année avec la reprise des cours dans les écoles ; le calendrier scolaire ayant subi des réaménagements du fait de la Covid-19.

Selon la légende, Oro chasser les mauvais esprits qui circulent dans l’air et qui propagent des maladies. Cette divinité purifie l’environnement par des rites, conjure le mauvais sort et apporte la paix et la prospérité.Aussi, est-il formellement interdit aux femmes de voir Oro sous peine d’être frappées de mauvais sort allant à la perte de la vie. Cette divinité est aussi hostile aux hommes non-initiés, selon la légende.

Les dignitaires du culte Oro invités à fêter dans la sobriété

Le préfet du département du Plateau, Daniel Valère Sètonnougbo accompagné des cadres de la préfecture de Pobè et du directeur départemental de la police républicaine du département, a achevé vendredi par les étapes de Kétou, Adja-Ouèrè et de Pobè, une tournée de sensibilisation des dignitaires du culte Oro sur les manifestations dudit culte au titre de l’année 2020 où il a appelé à fêter dans la sobriété totale afin d’éviter toute contamination au coronavirus.

Il s’agit pour le préfet Sètonnougbo et sa suite, d’entretenir les dignitaires du culte Oro du département du Plateau sur la réglementation en vigueur pour contrer la propagation du Coronavirus et de les appeler à célébrer en toute sobriété ces manifestations cultuelles.

« Compte tenu de la crise sanitaire en cours dans le monde en général et au Bénin en particulier,nous devons chercher des voies et moyens pour célébrer et faire les sacrifices nécessaires en ce qui concerne le culte Oro au titre de l’année 2020 sans grandes manifestations festives », a indiqué l’autorité préfectorale à chacune des étapes. « Les écoles, les églises et les mosquées ont été fermées pendant plusieurs mois dans notre pays et ailleurs dans le monde. Le 1er août passé il n’y a pas eu de défilé. C’est à cause de la pandémie du Coronavirus.Le gouvernement a interdit toutes manifestations à caractère festif. Donc, nous aussi nous devons nous inscrire dans la même logique pour accompagner le gouvernement dans la lutte contre cette pandémie afin d’éviter toute contamination », a-t-il expliqué, avant d’appeler les dignitaires du culte Oro à faire les sacrifices dans les forêts.

« Pas de fermeture le jour dans les localités ni de tapage qui va drainer du monde aux lieux de cérémonie. Vous devez tout faire avec un effectif réduit comme l’a recommandé le gouvernement dans le strict respect des mesures barrières et ce, de concert avec les éléments de la police républicaine dans chacune des localités »,a souligné le préfet Daniel Valère Sètonnougbo.

Ravis de l’initiative, sages,dignitaires et responsables de couvent du fétiche Oro ont salué les mesures prises et rassuré d’ « organiser dans chacune des communes du département les différentes cérémonies dans les règles de l’art et prier pour la fin de la pandémie de la Covid-19, et  pour le bien-être commun ».