Soudan : les Nations Unies condamnent le pillage de l’aide humanitaire

Des sites de stockage de denrées alimentaires et d’équipements à El Fasher, au Darfour, ont été attaqués par des groupes armés.Le 28 décembre dernier, une installation du Programme alimentaire mondial (Pam) a été mise à sac d’après l’Organisation des nations unies (Onu). C’est la dernière d’une longue série d’attaques contre le déploiement de l’aide humanitaire au Soudan.

Ce jour-là, les assaillants ont emporté près de 2000 tonnes de denrées alimentaires qui auraient dû nourrir 730.000 personnes vulnérables pendant un mois, a regretté le porte-parole du Secrétaire Général de l’Onu, Stéphane Dujarric, dans un communiqué reçu jeudi à APA.

Déplorant cette situation, Antonio Guterres,  le Secrétaire Général de l’Onu,  a invité « le gouvernement soudanais à rétablir l’ordre et à veiller à ce que les biens qui appartenaient à l’ancienne mission de maintien de la paix des Nations Unies et de l’Union africaine au Darfour (Minuad) soient utilisés strictement à des fins civiles, conformément à l’Accord-cadre que le gouvernement a signé avec les Nations Unies en mars de cette année ».

En outre, il a appelé les autorités soudanaises à assurer la sécurité des opérations humanitaires restantes des Nations Unies à El Fasher, non sans exprimer sa gratitude au personnel civil et en uniforme de l’Onu qui est resté sur le terrain dans ces circonstances difficiles.

La Minuad a officiellement mis fin à ses opérations le 31 décembre 2020, après 13 ans de présence dans cette région de l’Ouest du Soudan.

RCA : la Minusca chasse un groupe armé de Boyo

Les Casques bleus ont contraint les combattants de l’Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC) à quitter cette ville méridionale de la Centrafrique.La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca) remporte une bataille importante face aux groupes armés qui terrorisent les populations civiles.

« Les Casques bleus de la Minusca ont initié, le 25 décembre 2021, une opération d’expulsion d’environ 200 éléments de l’Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC) de la localité de Boyo, dans la préfecture de la Ouaka », informe un communiqué reçu mardi à APA.  

Cette mission entre dans le cadre d’ « opérations de nettoyage » avec « des patrouilles robustes », explique la mission onusienne. La Minusca a pu déloger l’UPC, précise le document, grâce notamment à « l’arrivée des bataillons népalais et mauritanien ».

À Boyo, les combattants de l’UPC « occupaient des maisons ainsi que la résidence du maire », d’après la Minusca. Cette localité, rappelle la mission onusienne, a été le théâtre d’incidents graves les 6 et 7 décembre 2021 avec une quinzaine de civils tués et près de 1500 personnes déplacées.

Ethiopie : l’Onu renouvelle son appel à la paix

Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a renouvelé son appel à cesser les combats entre les parties belligérantes en Ethiopie.M. Guterres s’est félicité de l’annonce faite vendredi par le gouvernement éthiopien de maintenir ses forces fédérales dans leurs positions actuelles, a déclaré le porte-parole adjoint de l’Onu, Farhan Haq, dans un communiqué publié ce week-end.

« Le Secrétaire général exhorte les parties à saisir cette opportunité, à cesser les hostilités dans le conflit qui dure depuis un an, à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la fourniture de l’aide humanitaire indispensable, le retrait des combattants étrangers, et à aborder les différences politiques par le biais d’un dialogue national crédible et inclusif », indique le communiqué.

Le Secrétaire général a encouragé les parties à poursuivre leur engagement auprès du Haut Représentant de l’Union africaine pour la Corne de l’Afrique, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo. Il a également souligné le soutien total de l’Onu aux efforts de médiation de M. Obasanjo et a appelé la communauté internationale à jouer un rôle constructif pour mettre fin aux combats.

La semaine dernière, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève a tenu une session spéciale au cours de laquelle les pays ont voté en faveur de la création d’une commission internationale d’experts chargée d’enquêter sur les allégations de violations commises pendant le conflit, ce que le gouvernement éthiopien a rejeté.

Les combattants du Front populaire de libération du Tigré (TPLF) ont battu en retraite depuis la fin du mois dernier, lorsque le Premier ministre Abiy Ahmed s’est rendu sur la ligne de front pour remonter le moral des troupes fédérales.

La semaine dernière, les dirigeants du TPLF ont appelé à une trêve mais ont mis en garde contre une invasion du Tigré par les forces fédérales qui pourrait prolonger le conflit. Les organismes internationaux de défense des droits de l’homme ont rendu les deux parties responsables des atrocités commises à l’encontre des civils du Tigré et de l’Amhara. Des milliers de personnes, principalement des civils, sont mortes depuis le début du conflit en novembre 2020.

Déploiement de Wagner au Mali: le «démenti formel» de Bamako

Le Mali a démenti tout déploiement des mercenaires russes du Groupe Wagner sur son territoire.Les autorités de la transition malienne ont  « apporté un démenti formel à ces allégations sur un prétendu déploiement des éléments d’une société de sécurité privée », dans un communiqué publié vendredi soir.

Face aux accusations de la France et de plusieurs pays de l’Union européenne sur la présence des « mercenaires de Wagner » sur le sol malien, Bamako « exige que des preuves lui soient apportées par des sources indépendantes ». 

Le Mali « tient à préciser qu’au même titre que la mission européenne de formation [EUTM] des formateurs russes sont présents au Mali dans le cadre du renforcement des capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité nationales ».

Partant de là, le pouvoir malien veut être « jugé sur des actes plutôt que sur des rumeurs » selon le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga par ailleurs ministre de l’administration territoriale. Ce dernier précise avec fermeté que « l’Etat malien n’est engagé que dans un partenariat d’Etat à Etat avec la Fédération de Russie, son partenaire historique ».

Cette sortie du gouvernement malien, est une réponse aux réactions de plusieurs pays occidentaux, dont la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Canada sur l’arrivée « de mercenaires de Wagner sur le territoire malien » depuis la fin du mois de novembre. 

Dans un communiqué, ces pays européens ont dénoncé « l’implication du gouvernement de la Fédération de Russie dans la fourniture d’un soutien matériel au déploiement du Groupe Wagner au Mali ». L’Europe des 27 demande à la Russie de se « comporter de manière responsable et constructive dans la région ». 

De son côté, Moscou se défend et soutient que sa présence dans le Sahel s’explique pour des « raisons sécuritaires ». Dans une récente sortie médiatique, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a indiqué que c’est parce que « le gouvernement français a décidé de réduire la mission Barkhane » que les autorités maliennes ont fait appel aux forces russes.

Libye : le report de la présidentielle crée de la nervosité

Les Libyens ont exprimé leur inquiétude quant au report de ce qui aurait dû être une élection présidentielle historique le 24 décembre 2021.Quelques heures après l’annonce du report de la présidentielle au 24 janvier 2022, des Libyens interrogés ne cachent pas leur inquiétude devant l’accalmie fragile de ces derniers mois.

Certains craignent une période de tension après plusieurs années de guerre civile. « Nous avions placé tous nos espoirs dans cette élection qui aurait permis aux Libyens de déterminer qui les dirige et au reste du monde de le reconnaître », a déclaré un Libyen désespéré, désemparé par le report.

Cette inquiétude a été relayée par les gouvernements occidentaux qui ont prévenu que le report de la date du scrutin présidentiel pourrait être le signe avant-coureur d’autres reports, compte tenu de l’incertitude politique et de l’insécurité en Libye.

Selon Washington, il existe un risque que l’élection n’ait pas lieu dans un proche avenir. La Libye a connu une relative stabilité après l’assaut donné l’année dernière par les forces du général Khalifa Hafter sur la capitale Tripoli, où siège le gouvernement d’union nationale reconnu par la communauté internationale.

Hafter, qui est candidat à la présidentielle aux côtés du fils cadet de Mouammar Kadhafi, Seïf al-Islam, était basé dans la ville de Benghazi, dans l’est du pays, d’où ses troupes avaient lancé une invasion prolongée et infructueuse de la capitale libyenne.

Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux autorités distinctes, l’une basée à Tripoli et l’autre à Benghazi, les puissances occidentales et régionales soutenant les parties au conflit.

Mali : les Occidentaux condamnent le recours aux « mercenaires » de Wagner

Le gouvernement français fait état de la présence des paramilitaires du groupe de sécurité privée russe Wagner sur le sol malien.Même si l’information n’a pas encore été confirmée par les autorités de la transition, Les mercenaires russes du groupe Wagner sont arrivés au Mali. Les mises en garde de Paris n’y ont rien fait. Le groupe paramilitaire Wagner va bel et bien opérer sur le territoire malien. Selon plusieurs médias internationaux, des hommes de cette entreprise de sécurité privée russe sont déjà à Bamako, la capitale, depuis le 22 novembre.

La concrétisation de cette collaboration longtemps niée par les autorités de la transition malienne a provoqué l’ire de certains de ses partenaires occidentaux. Dans un communiqué conjoint parvenu à APA ce vendredi, ces Etats, avec à leur tête la France, « condamnent fermement le déploiement de mercenaires sur le territoire malien. »

« Ce déploiement ne peut qu’accentuer la dégradation de la situation sécuritaire en Afrique occidentale, mener à une aggravation de la situation des droits de l’homme au Mali, menacer l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger et entraver les efforts de la communauté internationale pour assurer la protection des civils et apporter un soutien aux forces armées maliennes », estiment-ils.

Par ailleurs, Paris et ses partenaires disent regretter la décision de Bamako « d’utiliser des fonds publics déjà limités pour rétribuer des mercenaires étrangers au lieu de soutenir les forces armées maliennes et les services publics au bénéfice du peuple malien. »

Si Moscou a toujours nié son soutien à cette société de sécurité privée, pour les occidentaux la complicité du Kremlin dans son extension ne fait aucun doute. « Nous avons connaissance de l’implication du gouvernement de la Fédération de Russie dans la fourniture d’un soutien matériel au déploiement du groupe Wagner au Mali et appelons la Russie à adopter un comportement responsable et constructif dans la région », lit-on dans le communiqué.

Le président français Emmanuel Macron avait pourtant signifié à son homologue russe Vladimir Poutine que le déploiement de la société Wagner au Mali était une ligne rouge à ne pas franchir. Mais tout porte à croire que c’est le même scénario qui s’est produit en République centrafricaine qui va se reproduire. Dans ce pays d’Afrique centrale, le gouvernement du président Faustin-Archange Touadéra n’avait pas hésité à recourir aux services de Wagner pour repousser des rebelles qui menaçaient de s’emparer de la capitale Bangui.

Malgré cette nouvelle donne, les quinze pays signataires du communiqué ne comptent pas renoncer à leurs efforts « pour répondre aux besoins de la population malienne. »

« Conformément aux objectifs de la Coalition internationale pour le Sahel, nous réaffirmons notre détermination à poursuivre notre action en vue de protéger les civils, de soutenir la lutte contre le terrorisme au Sahel et de contribuer à instaurer la stabilité à long terme en appuyant le développement durable, le respect des droits de l’homme et le déploiement des services publics. Nous continuerons à suivre de près et à évaluer la situation », affirment-ils.

Somalie : les Nations Unies prolongent le mandat de l’Amisom

Trois mois supplémentaires sont accordés à la Mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom) pour aider davantage la Somalie à faire face aux Shebab.L’actuel mandat de la Mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom) prend fin le 31 décembre prochain, mais elle poursuivra ses opérations. En attendant une réforme en profondeur de l’Amisom, les Nations Unies ont renouvelé, hier jeudi, son mandat. Il court désormais jusqu’au 31 mars 2022.

Le Conseil de sécurité a exhorté l’Amisom, dans l’exercice de sa mission, à respecter le droit international humanitaire, les droits de l’Homme et la souveraineté de la Somalie. L’organe exécutif des Nations Unies a également demandé au Secrétaire Général de l’organisation, Antonio Guterres, de continuer à fournir un soutien logistique à la Somalie.

Dans ce pays de la Corne de l’Afrique, les shebab commettent des attaques meurtrières. Formé en 2006, ce groupe islamiste frappe également au Kenya, en Ouganda et au Mozambique.

Conflit au Tigré : l’Éthiopie temporise sur le front

Redwan Hussien, le ministre éthiopien des Affaires étrangères, a déclaré que le gouvernement n’a pas l’intention de pourchasser les leaders du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).Addis-Abeba crie victoire dans sa guerre contre les rebelles tigréens. Redwan Hussien, le chef de la diplomatie éthiopienne, a affirmé, hier mercredi, que le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) a battu en retraite après avoir été mis en déroute par l’armée régulière.

C’est seulement pour « donner une chance à la paix », a souligné M. Hussien, que les forces armées éthiopiennes ont procédé à un repli. Malgré cette main tendue, l’Éthiopie demeure inflexible sur son intégrité territoriale. Elle compte maintenir ses troupes dans toutes les régions du pays y compris au Tigré.

Enfin, le ministre éthiopien des Affaires étrangères a fait part de leur volonté d’arriver à une paix durable. Pour ce faire, le gouvernement a invité tous les Éthiopiens, sans distinction aucune, à un dialogue inclusif.

Conflit au Tigré : l’Ethiopie dénonce une résolution de l’Onu

Pour Addis-Abeba, il y a un soubassement politique au projet de création d’une Commission internationale chargée d’enquêter sur les violations des droits de l’Homme dans sa guerre contre le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).À l’initiative de pays européens, les Nations Unies ont adopté une résolution intitulée « Situation des droits de l’Homme en Ethiopie », mais des dizaines de pays membres ont voté contre.

S’exprimant hier mardi, Billene Seyoum, attachée de presse au bureau du Premier ministre, Abiy Ahmed, a déclaré que la résolution des Nations Unies a pour but de « discréditer les enquêtes menées par le gouvernement éthiopien ».

En outre, elle a dit que « les allégations de génocide au Tigré » sont l’œuvre « de
soutiens du TPLF » notamment dans les sphères étatiques. Sur cette question, une enquête conjointe de la Commission des droits de l’Homme des Nations Unies et de la Commission éthiopienne des droits humains a conclu, il y a deux semaines, qu’il n’en est rien.

Partant de là, Billene Seyoum a accusé l’Onu de parti pris, non sans lui demander de s’intéresser aux exactions commises par les rebelles dans les régions de l’Afar et de l’Amhara.

Mali : Goodluck Jonathan « porteur d’un message » de la Cedeao

L’ancien président du Nigeria accompagné du président de la Commission de la Cedeao, l’ivoirien, Jean Claude Kassi Brou ont été accueillis à Bamako par le ministre malien des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye Diop.

Cette mission de trois jours intervient « dans le cadre de la mise en application des dernières recommandations de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao sur le Mali » selon un communiqué de l’organisation régionale.  Goodluck Jonathan est « porteur d’un message » des chefs d’État et de gouvernement de l’organisation de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), au président de la Transition, le colonel Assimi Goïta.

Les Chefs d’Etat membres de la Cedeao, réunis en sommet ordinaire le 12 décembre à Abuja, ont exigé des élections le 27 février 2022 au Mali. Ils ont décidé également d’imposer des sanctions supplémentaires dès janvier si les autorités maliennes n’honorent pas leur engagement initial de tenir à cette date des élections censées ramener les civils au pouvoir.

Lors de sa session du 7 novembre dernier, la Cedeao avait imposé des sanctions individuelles aux membres de la junte au pouvoir au Mali, en raison du retard pris dans l’organisation des élections. Le Premier ministre de la transition, Choguel Kokalla Maïga et plusieurs membres de son gouvernement, des membres du Conseil national de la Transition (CNT) figurent parmi les 149 personnalités sanctionnées par la Cedeao.

Dans ce sillage, les chefs d’Etat de la Cedeao préviennent que des « sanctions additionnelles » seront imposées au Mali dès le 1er janvier 2022 si aucun progrès tangible n’est effectué le 31 décembre. Ces sanctions incluront notamment des sanctions économiques et financières selon l’organisation sous-régionale qui demande au Médiateur d’informer les autorités maliennes.

Lors de sa dernière visite au Mali les 5 et 7 septembre 2021, Goodluck Jonathan avait exprimé sa « préoccupation sur l’insuffisance d’actions concrètes dans la préparation effective du processus électoral ». A ce titre, il avait encouragé le gouvernement de transition à présenter rapidement « un chronogramme détaillant le calendrier, les réformes et actions prioritaires qu’il urge d’entreprendre pour la tenue des élections présidentielles et législatives. »

RCA : la Minusca appelle au respect du cessez-le-feu

Ces dernières semaines, des civils ont été attaqués par des « éléments armés coordonnés et assimilés aux anti-Balaka », regrette la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca).Depuis le 15 octobre dernier, histoire de privilégier le dialogue, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a décrété un cessez-le-feu unilatéral. Sans grands effets. Les 6 et 7 décembre 2021, rapporte la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca), Boyo (Centre) a été le théâtre d’incidents graves.

« Une quinzaine de civils tués, des cas d’amputation, d’extorsion et destruction d’habitations, et près de 1500 personnes déplacées (et qui sont) actuellement protégées par les Casques bleus dont l’intervention rapide aura permis de restaurer une stabilité », précise un communiqué de la Minusca. 

Dans les environs de Boyo et Ippy, alerte la mission onusienne, « l’arrivée massive » d’éléments armés assimilés aux anti-Balaka accroît « les risques d’exactions contre les communautés peuhles ».

Pour prévenir toute violence dans cette partie de la Centrafrique, la Minusca dit avoir effectué, le 18 décembre, une patrouille de longue portée sur l’axe Ippy-Bria dans le cadre de sa mission de protection des civils.

Conformément à son mandat, une délégation de la Minusca s’est rendue le 15 décembre à Boyo contrôlé par les Casques bleus. Elle y a notamment rencontré les autorités locales et entrepris des enquêtes sur les crimes graves et violations des droits de l’Homme.

La mission onusienne invite les groupes armés à « mettre immédiatement fin » aux attaques contre les populations, mais aussi exhorte les communautés à préserver la cohésion sociale, le vivre ensemble et la paix.

Expert: « Le Forum de Dakar est une belle opportunité »

Analyste politique et docteur en économie, Gilles Yabi est le fondateur et le président de WATHI, think tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest (www.wathi.org). Habitué du Forum international de Dakar pour la paix et la sécurité, il dresse le bilan de la dernière édition de cette rencontre qui s’est déroulée récemment dans la capitale sénégalaise.

A son lancement, en 2014, le Forum de Dakar ambitionnait de devenir le lieu de rencontre principal sur la paix et la sécurité en Afrique? Y est-il arrivé ?

S’il n’est pas déjà arrivé à l’être, le Forum international de Dakar pour la paix et la sécurité en Afrique semble, manifestement, tout faire pour y parvenir. Depuis sa première édition en 2014, la rencontre se tient chaque année, excepté en 2020 quand l’édition avait été annulée en raison de la pandémie de Covid19. Dans un continent où ce genre d’initiative n’a pas l’habitude de résister longtemps, cette continuité est en soi très remarquable. La qualité des personnes qui chaque année y prennent part est aussi à souligner: chefs d’Etat, ministres, militaires, universitaires, chercheurs, experts, journalistes, etc. En dehors des sessions officielles, tous ces participants venant d’univers très différents, ont d’ailleurs la possibilité d’échanger dans les couloirs, les salons privés, nouer des contacts, etc.

Jusqu’ici quelques rares forums, dont celui de Tana, qui se tient depuis 2012 sur les berges du lac du même nom en Éthiopie, peuvent se prévaloir de faire un travail d’une qualité similaire.

Depuis sa création, le Forum est co-organisé par le Sénégal et la France. Cette présence de l’ancienne puissance coloniale gêne certains africains. Est-ce votre cas?

La gêne que provoque la présence de l’une puissance coloniale comme la France dans un événement comme celui du Forum de Dakar est compréhensible. Mais il ne faut pas oublier les origines de ce forum. L’idée a germé en marge d’une rencontre entre l’ancien président français, François Hollande, et certains chefs d’Etat africains dont celui du Sénégal. Son pays avait tous les atouts pour être le pays-hôte d’une telle rencontre: une réputation démocratique méritée, une stabilité politique et institutionnelle reconnues, une expérience d’accueil avérée des sommets et conférences de haut niveau, etc.

Faut-il boycotter un tel événement juste parce qu’il est co-organisé avec l’ancienne puissance coloniale? Le pragmatisme et le réalisme me disent que non. Le seul fait d’avoir une telle rencontre organisé de manière régulière et avec des participants de qualité en Afrique plaide, à mon avis, en faveur de l’organisation de ce genre rendez-vous sur le continent. Peu importe qu’il y ait ou pas une implication étrangère dans son organisation. Dans le contexte actuel où des menaces diverses planent sur certains pays ou régions d’Afrique, le Forum de Dakar est une belle opportunité pour les acteurs de la paix sur le continent.

Des sujets qui préoccupent beaucoup les opinions africaines, surtout au Sahel, ne figuraient pas dans les thèmes officiels des ateliers du forum. Est-ce logique?

Deux sujets majeurs étaient, en effet, attendus par beaucoup de participants: l’extension de la violence jihadiste au-delà du Sahel, son terrain historique, vers des régions comme celle du Golfe de Guinée. Mais ces deux sujets ont été abordés à l’occasion de discours ou de débats lors des séances de travail.

La ministre française des Armées, Florence Parly, a évoqué dans son discours, lors de l’ouverture du forum, la question de la fin de Barkhane, l’opération militaire française au Sahel et la transformation de son dispositif dans la région. Elle a aussi réitéré le refus de son pays d’accepter l’arrivée au Mali de la société de sécurité privée russe, Wagner, considérée comme le bras armée extérieur du gouvernement de Vladimir Poutine. Dans les ateliers, les risques d’extension de la menace jihadiste du Sahel vers la région du Golfe de Guinée a aussi été abordée.

Cela dit, en raison de leur actualité et de leur importance, ces deux questions auraient pu mériter des séances réservées lors de cette édition du Forum de Dakar.

Génocide rwandais : Claude Muhayimana condamné à 14 ans de prison

L’ancien chauffeur d’hôtel a été reconnu coupable, par la Cour d’assises de Paris (France), de complicité de génocide et complicité de crimes contre l’humanité.Claude Muhayimana, exilé en France à la fin des années 90, est rattrapé par son passé. Avant lui, Pascal Simbikangwa (2014), Tito Barahira et Octavien Ngenzi (2016) ont été jugés et condamnés dans l’Hexagone.

Débuté le 22 novembre dernier, ce procès, le troisième en France lié au génocide des Tutsis, s’est refermé sur une condamnation à 14 ans de réclusion criminelle de Claude Muhayimana. Ce dernier, selon des témoins, a transporté des Interahamwe sur les lieux de massacre. Ce groupe de miliciens était très actif lors du génocide d’avril à juillet 1994 au Rwanda.

Le ministère public français, pour qui Claude Muhayimana « s’est positionné au plus près des crimes », avait requis une peine de quinze ans contre le Franco-Rwandais aujourd’hui âgé de 60 ans. En décembre 2011, la Cour d’appel de Rouen, où vivait M. Muhayimana, avait accepté la demande d’extradition du Rwanda, mais la Cour de cassation s’y était opposée. Le procès de l’ancien chauffeur d’hôtel devait s’ouvrir en septembre 2020 avant que la pandémie de Covid-19 en décide autrement.

De nombreux Rwandais, soupçonnés d’avoir participé au massacre des Tutsis, ont trouvé refuge en France pour échapper notamment à la traque sans relâche menée par le régime du président Paul Kagamé. En août 2021, la Cour d’appel de Paris a rejeté la demande de non-lieu déposée par Agathe Habyarimana, la veuve du président Juvénal Habyarimana.

Nigéria : Buhari mijote-t-il un plan de succession ?

A moins de deux ans de la fin de son second mandat de quatre ans, Muhammadu Buhari est-il en train d’élaborer un plan de succession pour un candidat issu de la région du Biafra?Le président nigérian manœuvrerait discrètement pour trouver un successeur issu du sud-est du pays, où l’agitation d’une république sécessionniste a gagné du crédit ces dernières semaines.

Selon la rumeur populaire, un plan est déjà en cours pour un projet qui impliquerait un homme politique issu des Igbo, troisième groupe ethnique à majorité de chrétiens et d’animistes. Selon certaines sources, un changement de pouvoir incarné par l’accession à la présidence d’un homme politique issu du sud-est pourrait contribuer à éteindre les velléités sécessionnistes dans la région.

Alors qu’ils sont très présents dans l’administration et les commerces, les Igbo ont le sentiment d’être marginalisés dans les différentes politiques de développement du pays. Presque cinquante après la guerre entre le pouvoir fédéral et l’éphémère État du Biafra qui avait fait plus de trois millions de morts entre 1967 et 1970, les germes de la sécession menacent toujours dans cette région.

Aujourd’hui, la fureur de cette agitation séparatiste n’est pas totalement apaisée et le Peuple indigène du Biafra (Ipob), dont le leader Nnamdi Kanu est toujours incarcéré, ne semble pas prêt à disparaître de la conscience nationale nigériane. Après des années de représailles musclées de l’État contre des descendants du Biafra de plus en plus enhardis, Buhari use désormais de la carotte en permettant à l’un des leurs d’accéder à la magistrature suprême en 2023.

Des théories déjà non confirmées sur les plans de succession de Buhari ont trouvé un certain écho dans les propos tenus par ses propres lieutenants au sein de l’APP au pouvoir, qui ont ouvertement déclaré qu’un président originaire du sud-est contribuerait à supprimer tout prétexte solide pour que les habitants de la région continuent de s’accrocher à leurs convictions sécessionnistes.

Le Nigeria est la nation la plus peuplée d’Afrique et la deuxième économie du continent après l’Afrique du Sud. Mais cette position est mise à mal par des années d’agitation rétive de la part des populations du sud-est qui se sentent perpétuellement exclues du butin garanti par les retombées du pétrole.

Les six années passées par Buhari à la tête du pays ont été marquées par une myriade de problèmes de sécurité et, selon son entourage, le dirigeant de 78 ans tient à s’assurer que les appels à la sécession dans le sud-est ne laissent pas de traces indélébiles à l’aune desquelles l’histoire de sa présidence serait jugée.

Le mois dernier, Osita Okechukwu, un membre de l’APP de Buhari, a affirmé que le président nigérian mettait tout son poids politique derrière l’idée d’une candidature d’un natif du sud-est pour lui succéder à la présidence en 2023.

Okechukwu aurait déclaré qu’une telle présidence contribuerait non seulement à apaiser le ressentiment du sud-est, mais qu’elle serait également favorable au concept d’un Nigeria indivisible. Toutefois, selon cet apparatchik de l’APP, il y a une réserve à la volonté du président Buhari de participer à ce projet encore flou pour désigner son successeur originaire de la région orientale.

L’Ipob et ses sympathisants devraient abandonner leur programme sécessionniste et adopter l’idée d’un seul Nigeria. Selon M. Okechukwu, le Nigeria fera d’une pierre deux coups si l’Ipob (sigle en anglais, le peuple indigène du Biafra) monte à bord du train de la réunification où les exclusions sociales et politiques cèdent la place à une atmosphère inclusive.

Mais le président Buhari se méfie de l’Ipob, notamment en raison de son refus d’ordonner la libération inconditionnelle de son leader historique Nnamdi Kanu, arrêté en juin dernier à l’étranger et ramené au Nigeria. Le chef de l’Ipob est accusé notamment de « terrorisme, trahison et possession illégale d’armes à feu ». Mais Buhari dans une volonté de pacifier l’espace politique est dans les dispositions d’ordonner sa libération.

Une fois sa remise en liberté actée, la question principale sera de savoir qui Buhari et son APP choisiront pour diriger le Nigeria en 2023. Toutes les oreilles sont tendues à la recherche d’indices, mais à ce jour, aucun nom n’a encore été avancé.

« On a le sentiment qu’on veut punir le Mali » (Abdoulaye Diop)

Le chef de la diplomatie malienne est sur tous les fronts. Dans une sortie médiatique sur la chaîne BBC, Abdoulaye Diop évoque les dernières mesures de la Cedeao et les pressions de Paris sur une possible arrivée de la société militaire russe Wagner.Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop ne cache pas son amertume sur l’intransigeance des chefs d’Etat de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) à vouloir la tenue des élections maliennes le 27 février 2022. « Aujourd’hui, on a le sentiment qu’on veut punir le Mali et c’est ce qui n’est pas normal. Parce qu’il y a eu des coups d’Etat dans d’autres pays de la région. On a vu que dans certains cas, on a accouru pour applaudir ou on a été complaisant. Dans le cas du Mali, on sent un acharnement », accuse Abdoulaye Diop.

Pour le chef de la diplomatie, son pays a de sérieux « problèmes de sécurité et cherche à sécuriser des zones entières qui sont exploitées par les groupes terroristes ». La question sécuritaire brandie par les autorités de transition pour justifier le report des échéances électorales de février prochain est plus que jamais actuelle. « Nous sommes en train de renforcer les capacités des forces de défense et de sécurité du Mali sur la base de nos moyens propres. Nous voudrions qu’on puisse nous aider par rapport à ça. Est-ce qu’on peut lutter contre les terroristes avec des bâtons » dit-t-il.

Par rapport à des liaisons avec Wagner, la société militaire privée russe, Abdoulaye Diop a fermement nié certaines accusations extérieures en dépit de la coopération bilatérale avec la Russie. « Il n’y a pas de contrat entre le Mali et le groupe Wagner. Il faut qu’on soit sérieux, les Etats ne se jugent pas par des intentions. Cette affaire dite Wagner est utilisée comme une sorte de chantage sur l’Etat malien pour l’empêcher d’explorer ou de travailler avec certains partenaires. Si c’est ça l’objectif, je crois que c’est raté », martèle-t-il.

Une réponse à la France qui a récemment obtenu des sanctions de l’Union européenne contre Wagner. La société militaire russe est accusée par l’Europe des Vingt-Sept de recourir à d’anciens militaires russes pour commettre « des violations des droits humains et des opérations clandestines » au bénéfice du Kremlin. Paris par le biais de Jean-Yves, chef de la diplomatie, avait prévenu en septembre dernier qu’une éventuelle implication de la société russe Wagner au Mali serait incompatible avec sa présence au Mali.

C’est dans ce contexte assez tendu qu’Emmanuel Macron est annoncé à Bamako le 20 décembre pour évoquer la fin de l’opération Barkhane, l’avenir de la France au Sahel et plusieurs autres questions liées à la sécurité et la menace jihadiste.

Tombouctou : l’armée française signe un retrait symbolique

Après Kidal et Tessalit, les soldats français quittent Tombouctou, là où l’armée française avait lancé huit ans plutôt son intervention Mali.Le 2 février 2013, François Hollande accompagné de l’ancien président la transition malien Dioncounda Traoré lançait l’intervention française au Mali pour libérer cette cité sainte de l’islam aux mains des jihadistes.

Si la mission de sécuriser cette cité religieuse inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco a été un succès, cela n’a pas empêché les groupes jihadistes d’étendre désormais leur influence sur toute la bande du Sahel au Niger et au Burkina Faso. Et ce mardi 14 décembre 2021, marque la fin de l’opération Barkhane au Mali. 

Un départ qui ne signifie pas désengagement pour la France au Mali, mais pour les Tombouctiens, la peur de cohabiter avec la menace jihadiste est désormais réelle. Les soldats de Barkhane ont cédé le 14 décembre dernier leur dernière base militaire aux soldats maliens après Kidal et Tessalit. « On a formé les forces armées maliennes à la protection de l’emprise et au guidage aérien avant qu’ils nous relèvent », indique le capitaine Florian, commandant de l’unité chargée du désengagement de Tombouctou.

Avec ce retrait, Paris matérialise sa volonté de mettre fin à l’opération Barkhane qui lui coûte près d’un milliard d’euro par an (655 milliards FCFA). Le contingent français ne sera plus au-devant de la scène et va passer de 5000 hommes à 3000 hommes en 2022 et une réduction progressive s’opérera encore en 2023. Les soldats français seront davantage déployés dans la bande « Trois frontières » (Mali, Niger, Burkina), considérée comme la principale zone d’influence des groupes jihadistes au Sahel.

La force spéciale Takuba de l’Union européenne va désormais assurer la continuité et assister les forces armées maliennes dans les opérations antiterroristes. Ainsi, 600 soldats issus de huit pays de l’UE commencent à se déployer au Mali. Toutefois, Takuba dont le nombre va augmenter, ne pourra pas compter sur l’Angleterre qui ne fait plus partie de l’UE et l’Allemagne présent au Sahel mais dans le cadre de la force onusienne de la Minusma.

C’est dans ce contexte que le président français Emmanuel Macron est attendu dans la capitale malienne le 20 décembre prochain. Une visite d’Etat très attendue qui intervient après plusieurs mois de tensions diplomatiques entre Paris et Bamako.

La faim gagne du terrain en Afrique (rapport)

En 2020, 281,6 millions d’Africains étaient sous-alimentés à cause des conflits, du changement climatique et des ralentissements économiques dus notamment à la Covid-19, selon la Commission de l’Union africaine, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.« Le pire, ce n’est pas d’avoir faim. C’est de ne pas savoir quand on va pouvoir manger ». Cette citation de l’auteur québécois Roger Fournier est quotidiennement vécue en Afrique. Sur le continent noir, la misère semble irréductible.  

Toutefois, « les niveaux et les tendances en matière de faim varient considérablement d’une sous-région à une autre », souligne un communiqué conjoint de la Commission de l’Union africaine (CUA), de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) publié ce mardi.

D’après leur dernier rapport sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition en Afrique, environ 44 % des personnes sous-alimentées sur le continent vivent en Afrique de l’Est, 27 % en Afrique de l’Ouest, 20 % en Afrique centrale, 6,2 % en Afrique du Nord et 2,4 % en Afrique australe.

La CUA, la CEA et la FAO remarquent que « la faim s’est considérablement aggravée depuis 2013 », mais « la plus grande partie de cette détérioration s’est produite entre 2019 et 2020 ». Jusqu’à ce jour, ces trois organismes considèrent que les principaux facteurs de cette triste situation « ne se sont pas estompés ».

L’étude, intitulée « Afrique – Vue d’ensemble régionale de la sécurité alimentaire et de la nutrition 2021 : Statistiques et tendances », préconise aux pays africains d’œuvrer davantage à la transformation des systèmes agroalimentaires.

Dans ce sens, estiment les producteurs du rapport, « une vision commune, une forte mobilisation politique et une collaboration intersectorielle efficace, y compris avec le secteur privé » sont nécessaires.

À court terme, la Commission de l’Union africaine, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture affirment que les Etats doivent apporter une assistance humanitaire et adopter des mesures de protection sociale efficaces.

Sur le long terme, ils devront investir dans l’agriculture et les secteurs connexes, ainsi que dans les services liés à l’eau, à la santé et à l’éducation, conclut le rapport.

Le Mali proteste face aux pressions de la Cedeao

Des Maliens sont descendus dans les rues de Bamako pour protester contre les injonctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) de maintenir la présidentielle et les législatives en février.Après son sommet ordinaire à Abuja les 12 et 13 décembre 2021, la Cedeao a annoncé le maintien des élections au Mali le 27 février. « Les chefs d’Etat, après de longs échanges, ont décidé de maintenir la date du 27 février 2022 pour l’organisation des élections au Mali. Ils ont décidé de l’entrée en vigueur de sanctions additionnelles en janvier 2022 si les autorités n’honorent pas leur engagement initial de tenir à cette date des élections censées ramener les civils au pouvoir », a dit devant la presse le président de la Commission de la Cédéao, Jean-Claude Kassi Brou.

Ce coup de pression des dirigeants ouest-africains n’est pas du goût de certains Maliens, sortis dans les rues de Bamako ce lundi pour apporter leur soutien à Assimi Goïta et son gouvernement. Fort de cet élan populaire, le président malien s’est engagé à soumettre à la Cedeao un calendrier électoral avant le 31 janvier. « La République du Mali, par ma voix, s’engage à vous fournir au plus tard le 31 janvier 2022 un chronogramme (calendrier) détaillé » indique-t-il. Ce nouveau calendrier, qui sera issu des assises de la refondation ouvertes le 11 décembre à Bamako, doit définir une nouvelle feuille de route pour la durée transition et les élections.

Les autorités de la transition malienne ont justifié le report des élections couplées de la présidentielle et des Législatives du 27 février prochain par « l’insécurité persistante » dans le pays. Mais la Cedeao persiste sur la date du 27 février 2022, même si elle reste ouverte à un possible report à la seule condition que les autorités de la transition s’engagent clairement à tenir les élections au-delà de cette date.

L’institution ouest-africaine donne aux autorités maliennes jusqu’au 31 décembre pour présenter un plan pour la tenue des élections. Le médiateur de la Cedeao dans la crise malienne, Goodluck Jonathan, ancien président de la République du Nigeria, est attendu dans les prochains jours à Bamako pour des entretiens avec les autorités maliennes.

Lors de son sommet du 7 novembre, la Cedeao avait corsé les sanctions avec le gel des avoirs financiers et l’interdiction de voyage au sein de l’espace ouest-africain de 150 personnalités, dont le Premier ministre et quasiment tout son gouvernement accusé de retarder les élections. 

Pour le cas de la Guinée, la Cedeao maintient les sanctions contre la junte qui a pris le pouvoir le 5 septembre dernier après avoir renversé le président Alpha Condé. En plus de suspendre la Guinée de ses instances, les chefs d’Etat de la Cedeao donnent un délai de six mois aux autorités guinéennes pour organiser des élections. Le nouvel homme fort de Conakry, le colonel Mamady Doumbouya promet de rendre le pouvoir aux civils mais refuse de se laisser dicter un délai de transition.

Présidentielle libyenne : Bazoum contre un report

Le président nigérien Mohamed Bazoum, plaide à l’Onu pour une tenue de la présidentielle libyenne le 24 décembre prochain.Selon le successeur de Mahamadou Issoufou, ce scrutin censé tourner la page d’une dizaine d’années de guerre en Libye, constitue une étape « cruciale » pour ramener la paix dans ce pays et dans la bande du Sahel. Le président nigérien s’est exprimé depuis New York alors qu’il présidait le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (Onu). « L’échéance du 24 décembre est cruciale et mon pays fonde l’espoir que l’élection présidentielle prévue à cette date se passe dans de bonnes conditions et ouvre la voie à une dynamique de paix et de stabilité » a expliqué Mohamed Bazoum, dont le pays lutte contre la menace jihadiste depuis quelques années.

Cette déclaration du premier président issu de la première alternance démocratique au Niger, intervient quelques jours après la proposition du Haut Conseil d’État libyen (HCE), instance faisant office de Sénat, de proposer le report au mois de février de la présidentielle du 24 décembre, en raison de « désaccords persistants entre camps rivaux ».

Une telle décision s’il se confirme, viendrait s’ajouter à celle prise par le Parlement libyen de décaler d’un mois (janvier 2022) les élections législatives qui devaient se tenir selon la feuille de route onusienne le même jour que la présidentielle. Alors que la liste définitive des candidats se fait toujours attendre, la tenue de la présidentielle dans quelques jours, parait de plus en plus menacée.

Le Niger et la Libye sont deux pays liés par l’histoire et la géographie. En septembre dernier, Mohamed Bazoum avait reçu le vice-président du Conseil présidentiel libyen Moussa Al Konni pour évoquer ses préoccupations sur la question « de la migration, la sécurité et la stabilité au sein de la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD) ».

La Libye frontalière avec le Tchad autre Etat du Sahel, partage plusieurs centaines de kilomètres de frontières communes avec le Niger. Un territoire souvent exploité par des trafiquants d’armes, de drogue ainsi que des candidats à la migration vers l’Europe.

Éthiopie : le TPLF coupable d’exécutions de civils (rapport)

Le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) a sommairement ôté la vie à des dizaines de civils à Chena et Kobo, dans la région Amhara, entre le 31 août et le 9 septembre 2021 d’après Human Rights Watch.Les civils sont pris au piège dans le conflit tigréen. Le 31 août, le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), soutenu par des milices amhara, a affronté l’armée régulière éthiopienne. Dans les cinq jours qui ont suivi ces combats, rapporte Human Rights Watch, le TPLF a exécuté 26 civils avant de se retirer de la zone le 4 septembre.

À Kobo, le 9 septembre, les exactions des rebelles ont fait 23 morts selon des témoins contactés par l’organisation de défense des droits de l’Homme. De l’avis de Lama Fakih, chargée des crises et des conflits à Human Rights Watch, « le TPLF a fait montre d’un mépris total pour la vie humaine et les lois de la guerre ».

Poursuivant, elle a regretté « les crimes de guerre apparents » perpétrés à Chena et Kobo et invité tous les belligérants à « donner la priorité à la protection des civils ». Dans un communiqué, posté ce vendredi sur son site, Human Rights Watch a souligné l’urgence pour le Comité des droits de l’Homme des Nations Unies d’ouvrir une enquête internationale sur ces crimes.

Ethiopie : retour du PM aux affaires après le front

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a regagné mercredi son bureau à Addis-Abeba après avoir passé deux semaines à la tête des troupes fédérales sur le front de la guerre contre les rebelles du Tigré.Le Premier ministre Abiy Ahmed Ali a momentanément regagné son bureau après avoir mené à bien la première phase de l’opération « unité nationale dans la diversité », a indiqué son bureau dans un tweet.

L’année dernière, l’Ethiopie a vécu une guerre acharnée entre les troupes gouvernementales et les forces du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui a fait des milliers de morts et de nombreux déplacés.

Abiy a ordonné l’offensive militaire contre les forces tigréennes le 4 novembre 2020, après les avoir accusées d’avoir attaqué une base militaire. Il avait annoncé se rendre sur le front après que les rebelles ont fait des avancées spectaculaires et menacé de prendre Addis-Abeba.

« Nous devons obliger l’ennemi dispersé à se rendre. Nous devons plus que jamais protéger notre environnement avec prudence. Les recherches et la surveillance doivent être renforcées.
L’Ethiopie est protégée par ses vaillants enfants. L’Ethiopie peut être mise à l’épreuve. Mais il a été impossible de vaincre l’Ethiopie. L’Ethiopie ne sera pas vaincue aujourd’hui et demain aussi. Le nom de l’Ethiopie est toujours associé à la victoire », a déclaré le Premier ministre dans un communiqué.

Il a également souligné la nécessité de reconstruire ce qui a été endommagé par l’ennemi, de réhabiliter les personnes déplacées et d’accélérer les mesures de bonne gouvernance. Les combattants du TPLF avaient progressé jusqu’à 200 kilomètres d’Addis-Abeba. Mais depuis le déploiement effectué par le Premier ministre, a indiqué le gouvernement dans une déclaration, de nombreuses zones stratégiques et villes importantes ont été reprises aux rebelles.

Il s’agit notamment de l’ensemble de l’Etat régional d’Afar, où le TPLF a fait des incursions dans le but de couper la principale artère de l’Ethiopie vers Djibouti, par laquelle passe la majorité des importations et exportations du pays de la Corne de l’Afrique. Les autres zones libérées dans l’Etat régional d’Amhara comprennent, entre autres, la ville de Lalibella, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, Gashena, Showa Robit, Debre Sina, Kemissie, Dessie et Kombolcha.

Le TPLF, qui a gouverné le pays pendant près de trois décennies avant d’être déposé en 2018, affirme toutefois avoir effectué un repli stratégique. « Nous avons quitté North Shoa, Kombolcha et Dessie dans le cadre de notre plan », a déclaré un porte-parole du TPLF sur Twitter. Avant d’ajouter : « les choses se déroulent conformément à notre plan. Le reste n’est qu’un cirque… », a-t-il conclu.

Mali : sept Casques bleus tués

Sept Casques bleus de l’Organisation des Nations unies (Onu) ont été tués au centre du pays par un engin explosif.Ces soldats de la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) sont tombés ce mercredi sur un « engin improvisé » qui a explosé au passage de leur convoi a annoncé la Mission de l’Onu au Mali. 

« Ce 8 décembre, un convoi logistique de la Force (Minusma) allant de Douentza à Sévaré (centre) a heurté un engin explosif. Un premier bilan fait état de sept Casques bleus décédés et trois grièvement blessés », a indiqué un communiqué de la Minusma sur Twitter, sans préciser la nationalité des victimes.

Le convoi avait quitté Douentza vers Sévaré dans la région de Bandiagara indique le communiqué de la Minusma qui précise que trois autres soldats ont été grièvement blessés.

Cet incident survient au lendemain du décès d’un Casque bleu évacué il y a quelques jours à Dakar. Ce dernier avait été blessé avec deux autres soldats dans l’explosion d’un engin explosif près de Tessalit, dans le nord du Mali, le 22 novembre dernier.

Ethiopie : deux villes stratégiques reprises aux rebelles

Le gouvernement fédéral éthiopien a affirmé ce lundi 6 décembre avoir repris le contrôle des villes stratégiques de Dessie et Kombolcha aux rebelles du Front populaire de libération du Tigré (TPLF).Un mois après la prise de ces deux villes par les rebelles, l’armée éthiopienne a réussi à reprendre ces deux agglomérations de plus de 200.000 habitants. « La ville historique de Dessie et Kombolcha, cité commerçante et industrielle, ont été libérées par les vaillantes forces de sécurité », a déclaré le service de communication du gouvernement sur Twitter.

Sous la commande d’Abiy Ahmed désormais au front, l’armée éthiopienne multiplie les victoires. Le Premier ministre s’est même exprimé depuis l’une des lignes de front de la guerre, où il a revendiqué la victoire après avoir pris les commandes des opérations militaires. « La guerre est terminée », a-t-il lancé, appelant ceux qui combattent aux côtés du TPLF, en particulier les jeunes, à la reddition. Il a également exhorté les mères de la région du Tigré à demander des nouvelles de leurs enfants qui ont été amenés à la guerre par le TPLF.

La reprise de ces deux villes situées sur une autoroute reliant la capitale au nord du pays et à Djibouti a poussé les rebelles qui menaçaient la capitale Addis Abeba au retrait vers le nord. Mercredi dernier, le gouvernement fédéral avait déjà annoncé avoir repris le site Lalibela, célèbre pour ses églises taillées dans la roche et inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco aux mains des combattants tigréens depuis août. Toutefois, le TPLF dément un quelconque retrait et soutient que ses troupes procédaient à un « réajustement territorial » en se repliant vers le nord du Tigré.

Paix, sécurité, Covid-19 : quand la voix de l’Afrique résonne à Dakar

Autour du thème « enjeux de stabilité et d’émergence en Afrique dans un monde post-Covid », la septième édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité s’est ouverte lundi 6 décembre avec des discours engagés de plusieurs dirigeants de pays du continent sur les problématiques de l’heure.Devant le Sénégalais Macky Sall, le Sud-africain Cyril Ramaphosa, le Nigérien Mohamed Bazoum et le Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embalo, Ismaël Lô, artiste sénégalais né au Niger, entonne son célèbre opus « Africa ». La salle archi-comble et colorée du centre de conférences de Diamniadio, à 30 km de Dakar, était toute acquise devant la célèbre voix africaine qui prêche encore l’unité du continent noir dans ces moments troubles de la marche du monde.

C’est d’ailleurs toute l’importance de la tenue de ce forum dont le thème de cette année « dénote un pari optimiste sur le futur » et « nous engage à être résilients, réguliers et combatifs », selon le président Macky Sall, hôte de la cérémonie. Organisée sous forme de séances plénières et d’ateliers, elle réunit pour deux jours une palette d’experts civilo-militaires.

Selon le chef de l’État sénégalais, les périls d’aujourd’hui sur le continent sont multiples (sécuritaire, environnemental, sanitaire…) et appellent à une « solidarité collective », étant donné qu’« aucun pays ne peut faire face tout seul ».

Cette « solidarité africaine dans la lutte pour la paix et la sécurité est possible », souligne le président de la Commission de l’Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat. Il magnifie d’ailleurs les soutiens financiers du Sénégal à l’endroit du G5-Sahel, bien qu’il n’en soit pas membre, et militaire du Rwanda aux côtés des forces de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), présentes au Mozambique, pour contrer l’insurrection islamiste.

Sahel et présence française

Par ailleurs, le Sahel, partagé entre le Niger, le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie et le Tchad, est la région africaine la plus gangrénée par les violences jihadistes. Voilà pourquoi ces cinq pays se sont ligués autour du G5-Sahel pour assurer leur sécurité, avec l’aide de pays partenaires comme la France, dont la présence militaire est de plus en plus contestée. N’empêche, « la France n’a pas un agenda caché au Sahel, a défendu son pays la ministre des Forces Armées Florence Parly. (…) Tous ceux qui attisent un discours antifrançais jouent pour un autre camp ».

Faisant appel à sa large connaissance de la question jihadiste pour avoir été quatre ans durant le ministre de l’Intérieur du Niger, le président Mohamed Bazoum indique que le terrorisme des temps modernes se caractérise de la même façon que s’effectuaient « les guérillas en Amérique latine ». Pour lui, les groupes terroristes « se distinguent aujourd’hui par leurs armes sophistiquées » et utilisent les « motos » ou « deux roues » comme moyen de transport, ce qui « confère un caractère asymétrique à cette guerre ».

Sous ce rapport, les Etats sahéliens se doivent de mettre en place « une stratégie militaire similaire et adaptée », en plus des « ressources financières exceptionnelles, faute de quoi leurs actions seront insuffisantes », a prévenu le successeur de Mahamadou Issoufou, investi au pouvoir en avril dernier.

Les chefs d’Etat présents dans la salle n’ont pas manqué d’aborder l’impact de la Covid-19 sur le continent. « A titre illustratif de l’impact de la crise, pour la première fois de son histoire, un pays comme le Sénégal s’est retrouvé à faire du transfert de fonds dans le sens inverse, en soutien à notre diaspora dans le cadre de notre Plan de résilience économique et sociale », a relevé Macky Sall, qui appelle dès lors à « corriger les règles d’évaluation des risques en Afrique ».

Omicron et nouveaux défis

Sur le variant Omicron, découvert en Afrique du Sud, le président sénégalais s’est insurgé contre le blocus effectué contre ce pays, soulignant en outre qu’« on doit arrêter de nous faire peur » avec ce nouveau variant dont les données fournies n’indiquent aucunement une incidence sur la létalité.

En parfaite cohésion avec son homologue sénégalais, Cyril Ramaphosa a qualifié les restrictions de voyage qui frappent son pays d’« apartheid », reprenant une formule du secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres.

Ainsi, « nous devons trouver les moyens de faire face à la Covid-19 » après la « déception » causée par les pays riches sur la répartition des vaccins, a préconisé le président sud-africain, avant d’ajouter que ces dits pays « ne doivent pas nous interdire de voyager » parce que « le vaccin est en train de voyager ».

Paix et guerre en Afrique se discutent à Dakar

Comme lors des années passées, les travaux de cette septième édition du Forum de Dakar seront largement dominés par les enjeux sécuritaires, notamment ceux en lien avec les groupes jihadistes en Afrique.Lors de la première édition, on redoutait un coup d’épée dans l’eau, comme l’Afrique en a souvent été le théâtre. Sept ans après, le Forum international pour la paix de Dakar, souvent résumé en « Forum de Dakar » tout court, est devenu le rendez-vous annuel incontournable pour les acteurs de la paix, de la guerre et de son business aussi, qui comptent sur le continent ou qui s’intéressent aux crises africaines. La septième édition-qui est en vérité la sixième à cause de l’annulation de celle de 2020 en raison de la pandémie de Covid19-, qui se tient lundi 6 et mardi 7 décembre 2021, va accueillir plusieurs centaines d’invités aux profils aussi multiples que leurs motivations pas forcément communes.

Comme les éditions précédentes, le président sénégalais, Macky Sall, artisan et hôte du forum, sera entouré de certains chefs d’Etats, surtout africains, comme le Sud-africain Cyril Ramaphosa, le Bissau-Guineen Umaro Sissoco Embaló où le Nigérien Mohamed Bazoum, conviés pour jouer les invités d’honneur. Dans les couloirs et salles de réunion du lieu de la rencontre, le Centre International des Conférences Abdou Diouf (CICAD) de Diamnadio près de Dakar, On croisera aussi des ministres et hauts responsables en charge de la défense et la sécurité, des professionnels de la diplomatie, des militaires aux épaules galonnés et aux poitrines bardées de médailles, d’anciens hauts responsables de forces armées devenus businessmen de la sécurité privée ou de l’espionnage économique, des universitaires, des journalistes et patrons de think tank spécialisés ou intéressés par les thèmes liés aux crises et conflits, sans oublier les chercheurs d’affaires de toute sorte dont les inévitables marchands d’armes qui raffolent de ce genre de grand-messe. 

Le thème du Forum cette année, « les enjeux de stabilité et d’émergence en Afrique dans un monde post-Covid 19 », ne doit pas faire illusion. Comme lors des années passées, les travaux de cette septième édition du Forum de Dakar seront largement dominés par les enjeux sécuritaires, notamment ceux en lien avec les groupes jihadistes en Afrique qui après avoir conquis la presque totalité des pays du Sahel semblent désormais avancer ailleurs sur le continent, comme on le voit dans certains pays du Golfe de Guinée, où sont de plus en plus ciblés, entre autres pays, la Côte-d’Ivoire, le Togo ou encore le Bénin.

Depuis une première attaque particulièrement meurtrière, en mars 2016, contre un hôtel de la station balnéaire de Grand-Bassam, près d’Abidjan, le premier a été frappé plusieurs fois par des opérations attribuées à des islamistes, essentiellement dans la région de Kafolo, au nord du pays près de la frontière avec le Burkina-Faso. La dernière en date remonte au samedi 12 juin 2021 lorsqu’aux environs de 19h, une patrouille de reconnaissance de l’armée a été l’objet d’une attaque complexe, sur l’axe TéhinI – Togolokaye près du Burkina-Faso. Deux soldats et un gendarme y ont trouvé la mort. C’était la deuxième en moins d’une semaine après celle de Tougbo, également non loin de la frontière burkinabè, mais aussi la quatrième en deux mois dans la région. Les dernières attaques dans le nord de la Côte d’Ivoire, toujours près de la frontière du Burkina Faso, remontent au 29 mars, lorsque deux positions de l’armée à Kafolo et Kolobougou avaient été prises pour cibles par des hommes armés faisant six morts, trois soldats et trois assaillants.

Au Togo, la menace se fait aussi manifeste, comme en témoigne l’assaut contre une position de l’armée, également attribuée à des islamistes, survenu dans la nuit du 9 au 10 novembre dans le Kpendjal, dans la localité de Sanloaga, au nord du pays, non loin du Burkina Faso.

Au Bénin, l’armée a aussi été visée. Une de ses positions, située dans l’Atacora, a été prise pour cible par des « jihadistes » dans la nuit du 1er au 2 décembre. En plus de plusieurs militaires blessés, deux soldats et un assaillant ont été tués. La veille déjà, un accrochage avait eu lieu dans le département voisin de l’Alibori, également situé à la frontière avec le Burkina. Cette fois-là, la patrouille de l’armée ciblée est sortie indemne d’une attaque attribuée aux jihadistes, alors qu’elle se trouvait à proximité du fleuve Mékrou.

À Dakar, le programme officiel distribué aux participants ne mentionne guère d’instant précis consacré à la situation dans le Golfe de Guinée dont les experts sont désormais unanimes à craindre qu’il soit tôt ou tard un terrain majeur de l’action des groupes jihadistes. Mais il est fort difficile que le sujet soit ignoré lors des débats.. 

Trouvera-t-on le moyen d’évoquer aussi ces autres sujets très actuels, eux aussi absents du programme officiel, comme le bilan de l’intervention française au Sahel, qui après huit ans,  entame actuellement un profond changement de stratégie qui ne plaît pas à tout le monde, le gouvernement et l’armée maliens en tête?

La présence dans la capitale sénégalais de la ministre française des Armées, Florence Parly, dont le pays est le principal partenaire du Sénégal dans l’organisation du Forum de Dakar, en fournit l’idéale opportunité. 

LoS/Dng/APA

Ethiopie : le Pm annonce avoir vaincu les rebelles

Les forces rebelles du TPLF sont vaincues et dispersées, selon Abiy Ahmed.En Ethiopie, la guerre entre l’armée régulière et le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF, sigle anglais) tire à sa fin. Le Premier ministre, Abiy Ahmed, a annoncé, ce jeudi, que les rebelles du TPLF et du Front de libération Oromo (OLF) ont été vaincus et que le reste de leurs combattants est dans une position défavorable.

Dans son dernier message, Abiy, qui dirige les troupes fédérales depuis la ligne de front, a déclaré que son armée est prête à répéter les victoires remportées sur les fronts est et ouest au commandement central. Le Premier ministre a fait ces déclarations alors qu’il se rendait sur l’un des principaux fronts de bataille dans la région centrale du pays.

« Grâce à de nouvelles opérations militaires qui seront bientôt entreprises, de nouvelles villes seront libérées des forces terroristes du TPLF », a-t-il promis, appelant le peuple éthiopien à ne pas permettre aux forces rebelles d’emporter les biens pillés dans les zones qu’elles ont envahies.

« C’est de notre responsabilité de prendre soin des captifs si le groupe terroriste se rend et rend les biens pillés à leurs propriétaires », a poursuivi le Pm Abiy.

Selon lui, « l’ennemi a été détruit et dispersé » et que la seule option qui lui reste est de se rendre à l’armée nationale.

Le gouvernement éthiopien a révélé hier mercredi que la ville historique et sainte de Lalibela avait été libérée des mains du TPLF. Les rebelles avaient occupé cette ville depuis août 2021.

RDC : plus de 70 déplacés internes tués en dix jours (HCR)

 Selon un bilan du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), plus de 70 civils sont morts à coups de couteau, de machettes et par armes à feu en dix jours. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) se dit « consterné » par ce regain de violence.

La barbarie des groupes armés en République démocratique du Congo ne semble pas avoir de limites. « Lors du dernier incident, dimanche 28 novembre, au moins 26 personnes (dont dix femmes et neuf enfants) ont été tuées sur le site de Ndjala, dans la province de l’Ituri », indique un communiqué de l’agence onusienne reçu mercredi à APA.

Sept jours plus tôt, 44 individus ont perdu la vie à Drodro. Plus de 1200 abris ont été détruits dans cette localité et près de 1000 autres à Tché. Cette série d’attaques contre des camps de déplacés dans l’Est du pays a entraîné « un déplacement massif de la population » notamment vers Roe où le site des déplacés est protégé par les Casques bleus de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (Monusco).

Dans un autre assaut, mené le 14 novembre à Mikenge, au Sud-Kivu, six enfants et une femme enceinte ont péri. Lors d’un point de presse, tenu à Genève (Suisse), Boris Cheshirkov, porte-parole du HCR, a souligné que « pas moins de 20.000 civils » ont trouvé refuge à Roe. Avec cet afflux,  « ce site, proche d’une base militaire de la Monusco, a doublé de taille. Il est passé de 21.000 à 40.500 habitants en moins de 48 heures », a-t-il précisé.

Conséquence, les nouveaux arrivants sont obligés « de dormir à la belle étoile », a regretté M. Cheshirkov. D’après le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, 5 millions de personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers en République démocratique du Congo, soit une hausse de 400.000 personnes par rapport à début 2021.

« Le vol de bétail, qui accompagne souvent les raids, aggrave l’insécurité économique », a fustigé le porte-parole du HCR. Dès lors, l’agence onusienne a appelé toutes les parties à « respecter le caractère civil et humanitaire des sites de déplacement » et à « garantir l’accès aux sites » pour que les acteurs humanitaires fournissent « une assistance essentielle aux réfugiés ».

Ethiopie : le Pm invite les rebelles à se rendre

Le conflit en Ethiopie décime la jeunesse du Tigré, déplore le Premier ministre, Abiy Ahmed.Les combats entre l’armée régulière éthiopienne et les troupes du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF, sigle anglais) s’enlisent. Et pour éviter la mort de plusieurs jeunes combattants, le chef du gouvernement Abiy Ahmed invite les rebelles à se rendre à l’armée nationale.

« La jeunesse du Tigré périt comme des feuilles. Sachant qu’elle est vaincue, elle est dirigée par quelqu’un qui n’a pas de vision ou de plan clair », a déclaré M. Abiy, lauréat du prix Nobel de la paix 2019, dans des commentaires diffusés sur les médias publics.

Le Premier ministre s’est exprimé depuis l’une des lignes de front de la guerre, où il a revendiqué la victoire une semaine seulement après pris les commandes des opérations militaires.

« La guerre est terminée », a-t-il lancé, appelant ceux qui combattent aux côtés du TPLF, en particulier les jeunes, à la reddition. Il a également exhorté les mères de la région du Tigré à demander des nouvelles de leurs enfants qui ont été amenés à la guerre par le TPLF.

« L’Éthiopie se battra contre tout ennemi qui pille, tue, viole et vandalise », a poursuivi le Premier ministre, qui s’est engagé à éliminer victorieusement et rapidement les forces rebelles.

« Le groupe terroriste TPLF a été complètement vaincu, et ce n’est qu’une question de temps pour conclure la lutte avec succès », a-t-il noté.

L’Ethiopie dément avoir attaqué des soldats soudanais

L’Ethiopie a qualifié de sans fondement, les informations selon lesquelles ses forces auraient attaqué des soldats soudanais dans la zone frontalière commune aux deux pays.Certains médias et individus font circuler des allégations fausses et sans fondement selon lesquelles les forces éthiopiennes auraient attaqué et tué des soldats soudanais, a déclaré le ministre d’Etat du service de communication du gouvernement, Selamawit Kassa, lors d’un point de presse.

Le journal Sudan Tribune a récemment rapporté qu’au moins six soldats soudanais avaient été tués samedi matin, lors d’une attaque de l’armée éthiopienne sur la bande frontalière.

Les médias d’Etat ont déclaré que de violents combats ont éclaté entre les forces soudanaises et les troupes éthiopiennes qui ont traversé la frontière à une profondeur de 17 km samedi. Selon Kassa, les forces de sécurité éthiopiennes ont pris des mesures contre les forces du TPLF qui ont tenté de s’infiltrer par la frontière avec le Soudan pour commettre des attaques terroristes.

Les mesures prises à l’encontre des « infiltrés terroristes du TPLF » n’ont rien à voir avec le Soudan, a-t-elle dit, ajoutant qu’elles font plutôt partie de la campagne de survie du pays. La ministre a exhorté les entités qui font des allégations sans fondement à cesser leurs activités qui, selon elle, sont destinées à gâcher les relations de longue date entre l’Ethiopie et le Soudan.

L’Ethiopie continuera à œuvrer au renforcement des relations diplomatiques avec le Soudan, a déclaré Mme Kassa. Addis-Abeba va également résoudre le différend frontalier actuel par des moyens pacifiques, et d’une manière qui tienne compte des liens historiques et de longue date entre les peuples, selon la ministre d’Etat.

Ethiopie : le TPLF battu à la frontière soudanaise

L’armée régulière est sortie vainqueur, ce week-end, d’âpres combats avec le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) soutenu par des militaires soudanais.Les armes crépitent toujours en Ethiopie. Une colonne de près de 6000 soldats tigréens et soudanais s’est battue samedi contre les militaires éthiopiens. Selon Addis-Abeba qui a utilisé l’artillerie lourde, 40 ennemis ont été neutralisés lors de ces affrontements ayant duré sept heures.

Rédacteur en chef du journal Armed Forces, le lieutenant-colonel Ibrahim Al-Houri a déclaré que « l’armée soudanaise a perdu six éléments à Al-Fashqa ». Ces décès portent à 90 le nombre de soldats soudanais tués, depuis avril 2020, dans le différend frontalier avec l’Ethiopie.

L’armée éthiopienne tente de se repositionner à Al-Fashqa. Profitant de l’éclatement du conflit au Tigré, les troupes soudanaises avaient consolidé leur présence dans cette zone agricole que se disputent les deux pays.