Mexique: manifestation anti-féminicides devant la présidence

Des associations féministes ont manifesté vendredi à Mexico devant la présidence contre la recrudescence de féminicides, à la suite du meurtre particulièrement brutal d’une jeune femme.

« Mexique féminin » ont peint à la bombe les manifestantes sur un mur d’enceinte de la présidence mexicaine, selon un journaliste de l’AFP.

« Dans un pays où dix féminicides se produisent chaque jour, il est indigne que nous soyons considérées comme un cauchemar par les médias, la société et le gouvernement … Aujourd’hui, nous voulons dire que nous sommes au-delà de la colère. Nous sommes furieuses ! », a confié à l’AFP l’une des manifestantes cagoulées qui a requis l’anonymat.

Les femmes, environ une centaine, dont beaucoup portaient des vêtements sombres et avaient le visage couvert de cagoules noires, ont exigé que le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador agisse afin d’endiguer les meurtres de femmes dans le pays.

Plus tôt vendredi, durant sa conférence de presse matinale quotidienne, le chef de l’Etat avait déclaré qu’il était « en faveur des femmes et contre la violence ».

« Les sanctions ne vont pas diminuer. Je suis totalement contre le machisme, cela ne fait aucun doute », avait-il ajouté sans pour autant annoncer quoique ce soit de concret.

« Je ne fuis pas mes responsabilités », a assuré le président.

Apparemment pas dupe, la militante féministe Frida Guerrera, a profité de la conférence de presse pour critiquer publiquement les actions du gouvernement dans ce domaine.

« Vous parlez beaucoup de corruption, mais en attendant, la question des féminicides et des disparitions est entachée par la corruption » qui ronge le Mexique, a-t-elle lancée au chef de l’Etat.

D’autres manifestations sont prévues vendredi à Mexico ainsi que dans plusieurs villes du pays.

En 2019, le Mexique a enregistré 1.006 victimes de féminicides, selon des chiffres officiels sans doute en-deçà de la réalité selon des experts qui soulignent que la caractérisation de ce crime par les autorités reste problématique.

Le week-end dernier, Ingrid Escamilla, une jeune fille de 25 ans, a été poignardée à Mexico par son compagnon qui l’a ensuite dépecée et éventrée pour lui arracher des organes qu’il a jeté dans les toilettes de l’appartement où ils vivaient.

Le crime a provoqué une vague d’indignation au Mexique. L’affaire a également déclenché des protestations contre la diffusion par des responsables de la justice et de la police d’images du corps mutilé d’Ingrid dans les pages de certains tabloïds de la capitale.

Une enquête est en cours pour déterminer comment ces images ont été rendues publiques.

La Floride se recueille, deux ans après la fusillade dans le lycée de Parkland

A Parkland, dans le sud de la Floride, le jour de la Saint-Valentin sera éternellement synonyme de deuil: il y a deux ans, un ancien élève du lycée Marjory Stoneman Douglas y a ouvert le feu, faisant 17 morts.

A 10h17 locales vendredi (15h17 GMT), plusieurs écoles à travers le pays ont observé une minute de silence pour rendre hommage aux 14 étudiants et trois membres du personnel scolaire fauchés par les balles du fusil d’assaut semi-automatique de Nikolas Cruz le 14 février 2018.

Les autorités de cette ville située à 80 km de Mimai et plusieurs organisations gouvernementales ont organisé des cérémonies auxquelles se sont joints les familles des victimes et les survivants de la fusillade, notamment dans le parc Pine Trails, près du lycée.

« Il y a deux ans, à approximativement 7h du matin, j’ai envoyé mes deux enfants à l’école. J’étais si occupé à les presser pour qu’ils ne soient pas en retard que mes derniers mots n’ont pas été +Je t’aime+. Jesse est rentré à la maison ce jour-là. Pas Jaime », a écrit sur Twitter Fred Guttenberg, le père d’une des victimes.

La tragédie, une des pires tueries en milieu scolaire de l’histoire des Etats-Unis, avait marqué les esprits, générant des manifestations contre les armes à travers tout le pays, mais très peu de mesures avaient été prises par le gouvernement pour durcir le contrôle des armes à feu.

Le pays a connu 417 fusillades en 2019, un record historique, selon l’association Gun Violence Archive.

Un an après, une nouvelle attaque fait 20 morts dans un village martyr du Mali

Au moins vingt villageois ont été tués lors d’une attaque de nuit dans le village malien d’Ogossagou (centre), théâtre du massacre attribué à des chasseurs dogons de quelque 160 Peuls il y a un an, a-t-on appris vendredi auprès de responsables locaux.

« J’ai fait le décompte en présence des militaires et des services de santé. Nous avons 20 morts, certains étaient calcinés », a déclaré à l’AFP le chef du village, Aly Ousmane Barry.

Un élu de la localité s’exprimant sous le couvert de l’anonymat pour des raisons de sécurité a évoqué le même nombre de morts, ainsi que 28 disparus et a mis en cause les chasseurs traditionnels dogon, sans que ces accusations puissent être corroborées de manière indépendante dans un premier temps.

L’attaque menée par une trentaine d’hommes armés dans la nuit de jeudi à vendredi a été favorisée par le retrait, quelques heures auparavant, de l’armée malienne de la localité, a expliqué le chef du village, des propos également tenus par l’élu parlant de manière anonyme.

Le village a été partiellement incendié, selon Aly Ousmane Barry. Les stocks alimentaires ont été détruits et du bétail emporté, d’après des témoignages sur place.

Le 23 mars 2019, l’attaque par des hommes armés de ce village peul d’Ogossagou, dans la zone de Bankass, près de la frontière avec le Burkina Faso, avait fait 160 morts civils. Attribuée à des chasseurs dogons, elle avait été le point culminant de violences intercommunautaires alors en cours dans le centre du pays.

– Cycle de représailles –

Cette région est prise dans un tourbillon de violences depuis 2015 et l’apparition d’un groupe jihadiste emmené par le prédicateur peul Amadou Koufa, qui a largement recruté parmi sa communauté, et rejoint le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance jihadiste du Sahel affiliée à Al-Qaïda, dès sa création en 2017.

Les affrontements se sont multipliés entre les Peuls, majoritairement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, qui pratiquent essentiellement l’agriculture. Ces dernières ont créé des groupes d’autodéfense en s’appuyant sur les chasseurs traditionnels dozos.

Quelque 500 civils ont été tués et des centaines d’autres blessés dans le centre du Mali en 2019, « l’année la plus mortelle pour les civils depuis le début de la crise politique et militaire dans ce pays en 2012 », selon l’ONG Human Rights Watch.

La principale association de chasseurs dogons, Dan Nan Ambassagou, avait été officiellement dissoute au lendemain du massacre à Ogossagou, mais elle n’a jamais cessé d’opérer. Elle a de nouveau été montrée du doigt par les Peuls après l’attaque de la nuit.

Une accalmie avait été enregistrée durant l’été 2019 avec la signature d’accords locaux. Si le rythme des attaques d’envergure a ralenti, les actes de violences quotidiennes n’ont jamais cessé dans cette région frontalière.

A ce cycle d’attaques et de représailles s’est greffée une explosion de la criminalité de droit commun, brigandage et vol de bétails notamment. Les autorités, qui peinent à répondre à la crise multiforme qui dure depuis 2012 au Mali, sont peu présentes dans la région.

– Mondoro à nouveau attaqué –

L’armée est bien implantée dans plusieurs camps, mais elle a perdu ces derniers mois des dizaines de soldats dans les assauts des jihadistes.

L’un de ses camps, Mondoro, déjà pris pour cible en septembre avec celui voisin de Boulkessi dans une double attaque qui avait fait 40 morts, a de nouveau été attaqué dans la nuit de jeudi à vendredi. Un garde national a été tué, a-t-on appris de sources sécuritaires.

Mercredi, un militaire malien a également été tué dans une attaque « terroriste » – qualificatif attribué aux jihadistes par les autorités maliennes – à Dialloubé, également dans le centre du pays, a annoncé l’armée malienne vendredi. Cinq « terroristes » ont été tués dans les combats, a-t-elle dit.

La force antijihadiste française Barkhane vient d’annoncer son passage de 4.500 à 5.100 hommes d’ici à fin février afin d’inverser le rapport de force sur le terrain. Elle mène des opérations notamment dans la région dite des trois frontières – entre Mali, Burkina Faso et Niger – zone de prédilection du groupe État islamique au grand Sahara (EIGS), récemment désigné par Paris comme l’ennemi numéro un au Sahel.

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a reconnu lundi l’existence d’une démarche pour dialoguer avec les chefs d’autres groupes jihadistes.

L’armée malienne est par ailleurs revenue jeudi à Kidal (nord), bastion rebelle touareg et ville symbole d’où elle était absente depuis des années et où son retour est censé manifester le rétablissement de la souveraineté de l’Etat sur le territoire.

Soudan du Sud: le président Kiir rejette les pressions internationales

Le président sud-soudanais Salva Kiir a rejeté vendredi les pressions internationales pour parvenir à un compromis avec le chef rebelle Riek Machar, à une semaine d’une date butoir pour la formation d’un gouvernement d’union.

Désormais fixée au 22 février, cette échéance a déjà été reportée à deux reprises en 2019, mais M. Kiir a réitéré son opposition à tout compromis sur le nombre d’États régionaux et leurs frontières, principale pierre d’achoppement des négociations.

« Cela ne peut pas marcher, parce qu’on ne peut pas résoudre des problèmes en en créant un autre », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement de ses partisans à Juba, capitale de ce nouvel Etat, indépendant depuis 2011.

Depuis 2015, M. Kiir a fait passer le nombre d’États de 10 à 28 puis à 32, une mesure largement vue comme un moyen d’augmenter le nombre de ses alliés placés à des postes à responsabilités.

M. Machar souhaite revenir à 10 États, mais a également proposé, comme solution de compromis, une division en 21 États fondée sur les districts de la période coloniale britannique.

« Je lui ai dit: +Mon frère, qu’est-ce que tu vas faire des fonctionnaires des 32 Etats » si l’on en supprime 11, voire 22, a indiqué M. Kiir.

Riek Machar a pour sa part exclu de reprendre le poste de vice-président qu’il occupait avant le début du conflit si le nombre d’Etats restait inchangé.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait sommé le 8 février les dirigeants sud-soudanais de « respecter leur peuple » en parvenant à un compromis dans les délais.

« Pensez à votre peuple, respectez votre peuple, vous n’avez pas le droit de continuer la confrontation alors que votre peuple souffre tant », avait déclaré M. Guterres à Addis Abeba, à la veille du sommet de l’Union africaine (UA).

Le Forum de la société civile sud-soudanaise, une coalition de plus de 200 organisations, a appelé vendredi les parties à « ne pas laisser l’accord de paix (de septembre 2018, NDLR) s’effondrer uniquement pour un différend sur le nombre d’Etats ».

Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en 2013, deux ans après son indépendance du Soudan, lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé M. Machar, son ex-vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.

Algérie: mobilisation populaire une semaine avant le 1er anniversaire du « Hirak »

Plusieurs milliers de personnes défilent vendredi à Alger pour demander la fin du « système » au pouvoir, lors de leur marche hebdomadaire, à une semaine du premier anniversaire du « Hirak », mouvement de protestation populaire inédit qui agite l’Algérie.

Une dizaine de milliers de manifestants réclament une fois encore un « Etat civil et non militaire », le slogan phare du « Hirak », et promettent de « continuer jusqu’au changement » de régime, selon un journaliste de l’AFP.

« Nous célébrons une année de +Hirak+, de manifestations et de marches. Et s’il faut marcher une année encore je marcherai pour mon pays », a assuré Salima, 55 ans, une professeure d’université.

« Le premier but est atteint: la libération de la parole. Maintenant on veut un changement réel », a affirmé l’enseignante.

« Durant une année de manifestations, le monde a vu qu’en Algérie il y a un peuple libre. C’est important pour notre honneur sali par (Abdelaziz) Bouteflika et sa dictature », a renchéri Ahmed, un fonctionnaire de 34 ans.

Né le 22 février pour s’opposer à la perspective d’un cinquième mandat du président Bouteflika, le « Hirak » a obtenu le 2 avril la démission du chef de l’Etat, alors au pouvoir depuis 20 ans.

Depuis, il réclame en vain une véritable rupture avec le « système » politique en place depuis l’indépendance en 1962.

En ce jour de Saint-Valentin, affichant un grand coeur rose sur une pancarte, une jeune femme déclarait sa flamme à la « révolution » — surnommée la « révolution du sourire » en raison de son caractère pacifique.

Au moins un drapeau « amazigh » (berbère), banni par l’armée des cortèges, est réapparu vendredi dans les rues d’Alger, des policiers tentant en vain de l’arracher, a constaté le journaliste de l’AFP.

Comme chaque vendredi, le cortège brandissait les portraits d’opposants détenus pour faits en lien avec le « Hirak », notamment de Karim Tabbou, un figure du mouvement aujourd’hui toujours incarcéré.

Depuis le début de l’année, plusieurs dizaine de prisonniers poursuivis dans le cadre du « Hirak » ont retrouvé la liberté après avoir purgé leur peine ou avoir été relaxés.

Mais une centaine reste en détention.

Vendredi, la foule a également rendu hommage au procureur adjoint du tribunal de Sidi M’Hamed (centre d’Alger), Mohamed Belhadi, muté cette semaine pour avoir requis la relaxe pour des manifestants du « Hirak » en réclamant, dans une récente vibrante plaidoirie, une « justice indépendante ».

Comme chaque semaine, des marches similaires ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, notamment à Oran, Bordj Bou Arreridj, Mostaganem, Mascara et dans la région berbérophone de Kabylie, selon les réseaux sociaux.

Sans structure formelle, le « Hirak » apparaît néanmoins divisé sur la marche à suivre à l’orée de sa 2e année, notamment sur la pertinence et les modalités d’éventuelles discussions avec le pouvoir, mais aussi sur la forme que doit prendre à l’avenir la contestation.

Algérie: mobilisation populaire une semaine avant le 1er anniversaire du « Hirak »

Plusieurs milliers de personnes défilent vendredi à Alger pour demander la fin du « système » au pouvoir, lors de leur marche hebdomadaire, à une semaine du premier anniversaire du « Hirak », mouvement de protestation populaire inédit qui agite l’Algérie.

Une dizaine de milliers de manifestants réclament une fois encore un « Etat civil et non militaire », le slogan phare du « Hirak », et promettent de « continuer jusqu’au changement » de régime, selon un journaliste de l’AFP.

« Nous célébrons une année de +Hirak+, de manifestations et de marches. Et s’il faut marcher une année encore je marcherai pour mon pays », a assuré Salima, 55 ans, une professeure d’université.

« Le premier but est atteint: la libération de la parole. Maintenant on veut un changement réel », a affirmé l’enseignante.

« Durant une année de manifestations, le monde a vu qu’en Algérie il y a un peuple libre. C’est important pour notre honneur sali par (Abdelaziz) Bouteflika et sa dictature », a renchéri Ahmed, un fonctionnaire de 34 ans.

Né le 22 février pour s’opposer à la perspective d’un cinquième mandat du président Bouteflika, le « Hirak » a obtenu le 2 avril la démission du chef de l’Etat, alors au pouvoir depuis 20 ans.

Depuis, il réclame en vain une véritable rupture avec le « système » politique en place depuis l’indépendance en 1962.

En ce jour de Saint-Valentin, affichant un grand coeur rose sur une pancarte, une jeune femme déclarait sa flamme à la « révolution » — surnommée la « révolution du sourire » en raison de son caractère pacifique.

Au moins un drapeau « amazigh » (berbère), banni par l’armée des cortèges, est réapparu vendredi dans les rues d’Alger, des policiers tentant en vain de l’arracher, a constaté le journaliste de l’AFP.

Comme chaque vendredi, le cortège brandissait les portraits d’opposants détenus pour faits en lien avec le « Hirak », notamment de Karim Tabbou, un figure du mouvement aujourd’hui toujours incarcéré.

Depuis le début de l’année, plusieurs dizaine de prisonniers poursuivis dans le cadre du « Hirak » ont retrouvé la liberté après avoir purgé leur peine ou avoir été relaxés.

Mais une centaine reste en détention.

Vendredi, la foule a également rendu hommage au procureur adjoint du tribunal de Sidi M’Hamed (centre d’Alger), Mohamed Belhadi, muté cette semaine pour avoir requis la relaxe pour des manifestants du « Hirak » en réclamant, dans une récente vibrante plaidoirie, une « justice indépendante ».

Comme chaque semaine, des marches similaires ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, notamment à Oran, Bordj Bou Arreridj, Mostaganem, Mascara et dans la région berbérophone de Kabylie, selon les réseaux sociaux.

Sans structure formelle, le « Hirak » apparaît néanmoins divisé sur la marche à suivre à l’orée de sa 2e année, notamment sur la pertinence et les modalités d’éventuelles discussions avec le pouvoir, mais aussi sur la forme que doit prendre à l’avenir la contestation.

Le Monténégro a besoin de sa propre Eglise, dit son président

Le Monténégro a besoin de sa propre Eglise orthodoxe pour consolider son identité nationale et parer aux ingérences venues de Serbie, déclare le président de ce petit pays des Balkans où une querelle fait rage sur l’avenir de la principale religion.

Dans un entretien récent avec l’AFP, Milo Djukanovic, aux commandes depuis trois décennies, évoque une loi controversée sur la liberté religieuse qui jette régulièrement des dizaines de milliers de fidèles dans la rue à quelques mois des législatives.

L’Eglise orthodoxe serbe (SPC), dont le siège est à Belgrade, représente la grande majorité des orthodoxes du Monténégro. Mais ses relations avec Milo Djukanovic, artisan en 2006 de la séparation d’avec la Serbie à laquelle le Monténégro fut uni pendant près de 90 ans, se sont dégradées ces dernières années.

La SPC est accusée d’avoir partie liée à l’opposition pro-serbe et pro-russe au Parti démocratique des socialistes (DPS) de Milo Djukanovic qui domine la vie politique depuis le début des années 1990. Belgrade se servirait quant à lui de la SPC pour se mêler des affaires intérieures du Monténégro.

La SPC « figure parmi les instruments importants utilisés par les idéologues du nationalisme de la +Grande Serbie+ contre le Monténégro, contre l’indépendance, contre son identité nationale, culturelle et religieuse », affirme le dirigeant monténégrin de 57 ans.

La loi adoptée fin décembre prévoit de céder à l’Etat le contrôle des biens dont les communautés religieuses ne peuvent prouver qu’ils leur appartenaient avant 1918. A cette date, le Monténégro avait perdu son indépendance pour être intégré au royaume des Serbes, Croates et Slovènes.

– « Prières de masse » –

Le texte pourrait concerner une bonne partie des 650 églises et monastères du Monténegro. La SPC accuse le gouvernement de vouloir la « spolier » et des manifestations et « prières de masse » ont lieu deux fois par semaine pour réclamer son retrait.

La SPC « utilise une forme habile de manipulation pour leur faire croire que l’Etat va leur prendre leur saintes reliques », lance le président monténégrin, soulignant que les églises se retrouvant dans le giron de l’Etat continueront d’accueillir les « fidèles orthodoxes ».

C’est du « chantage », poursuit-il. La SPC « tente de se servir des croyants comme moyen de pression pour forcer l’Etat à renoncer à sa loi, c’est-à-dire le forcer à capituler ». C’est « absolument inacceptable ».

Pour lui, le Monténégro doit être doté de sa propre Eglise comme moyen de confirmer son identité nationale 14 ans après l’indépendance.

« Nous sommes mus par le besoin incontestable de parfaire les infrastructures spirituelles, sociales et de l’Etat afin de renforcer la conscience des citoyens de leur propre identité », dit-il.

Il faudrait « une Eglise orthodoxe autonome au Monténégro qui unirait tous les fidèles orthodoxes, ceux d’appartenance nationale serbe comme ceux d’appartenance nationale monténégrine », dit le président d’un pays où un tiers des 620.000 habitants s’identifient comme serbes.

– « Gagner les élections » –

Depuis 30 ans, une petite Eglise orthodoxe du Monténégro, très minoritaire, tente une renaissance mais elle n’est pas reconnue par le monde orthodoxe.

A l’approche des législatives prévues à l’automne, les critiques du président l’accusent de vouloir se servir de la controverse pour faire diversion et détourner l’attention des gens des problèmes économiques, de l’émigration massive ou de la corruption.

Le dirigeant qui alterne quasi sans discontinuer les fonctions de Premier ministre et de président est également taxé par ses détracteurs d’obstacle à la démocratie.

Ce à quoi il rétorque que les électeurs ont toujours pu s’exprimer librement et que ses opposants sont des mauvais perdants. « Si mes opposants croient que nous allons leur faire une faveur et leur permettre d’avoir le pouvoir sans élections (…) ils se trompent ».

En attendant, l’artisan de l’arrimage occidental du Monténégro, aujourd’hui le plus avancé des pays des Balkans occidentaux dans les négociations d’adhésion avec l’Union européenne, promet de poursuivre sur la voie des réformes.

« Je pense que nous pouvons remplir nos obligations et annoncer que le Monténégro sera prêt pour l’adhésion en 2025 » même si les questions de date ne sont pas prioritaires, dit-il. « La priorité, c’est de réussir à européaniser la société monténégrine ».

Ethiopie: la Commission électorale repousse de deux semaines les législatives, au 29 août

La Commission électorale éthiopienne a annoncé vendredi qu’elle comptait désormais organiser les très attendues prochaines élections législatives le 29 août, près de deux semaines après la date initialement annoncé en janvier.

Cette nouvelle date tombe toujours en plein cœur de la saison des pluies, ce qui avait été vivement critiqué le mois dernier, l’opposition rappelant notamment que beaucoup de routes du pays seront alors impraticables.

« Conformément aux dispositions légales, nous avons décidé de modifier la date des élections, au 29 août », a déclaré vendredi la présidente de la Commission électorale, Birtukan Mideksa.

Ces élections sont perçues comme une étape cruciale dans la transition politique que tente de mener à bien le Premier ministre, Abiy Ahmed, 43 ans, prix Nobel de la paix 2019, dans un contexte de violences communautaires croissantes.

Entré en fonctions en avril 2018 après plusieurs mois de manifestations antigouvernementales, M. Abiy espère que les Éthiopiens lui donneront le mandat pour mettre pleinement en œuvre les réformes politiques et économiques qu’il envisage.

« Nous travaillerons avec l’agence météorologique nationale pour minimiser l’impact de la saison des pluies sur le calendrier électoral », a ajouté Mme Mideksa, citée par la radio-télévision Fana BC, proche du pouvoir central.

La campagne officielle démarrerait le 28 mai, avec une publication des résultats devant survenir avant le 8 septembre.

Deux partis d’opposition, le Front de libération oromo (OLF) et Ezema, avaient notamment demandé en janvier à ce que le scrutin soit repoussé à fin août, en espérant que les pluies seront alors moins denses.

Lors des dernières législatives, en 2015, la coalition au pouvoir, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF) avait remporté les 547 sièges à pourvoir.

Mais depuis, Abiy Ahmed a décidé de transformer l’EPRDF en un parti politique unifié, le Parti éthiopien de la prospérité.

Cette modification controversée a cependant été rejetée par l’une des quatre composantes de l’EPRDF, le Front de libération des peuples du Tigré (TPLF), qui jusqu’à 2018 dominait la coalition.

Par ailleurs, l’ouverture décidée par M. Abiy a laissé libre cours aux vieilles rancœurs ethniques. Lors de la dernière éruption de violence, en octobre, des affrontements ethniques en Oromia ont provoqué la mort de 86 personnes. Et en 2018, l’Éthiopie a été le pays comptant le plus de déplacés au monde.

Syrie: un hélicoptère de l’armée abattu, Damas progresse dans le nord-ouest

Un hélicoptère de l’armée syrienne a été abattu vendredi dans le nord-ouest de la Syrie et son équipage tué, deuxième crash du genre cette semaine sur fond de tensions entre Ankara et Damas, qui poursuit sa progression face aux jihadistes et rebelles.

Le pouvoir de Bachar al-Assad, appuyé par son allié russe, a repris en décembre son offensive dans le nord-ouest syrien contre l’ultime grand bastion des jihadistes et des rebelles, malgré les avertissements du voisin turc.

Vendredi, les forces de Damas ont remporté une nouvelle victoire avec la reconquête d’une base militaire perdue il y a plus de sept ans, dans l’ouest de la province d’Alep.

Dans cette région, un hélicoptère de l’armée a été touché « par un missile ennemi près d’Orum al-Kobra », secteur « où sont déployés des groupes terroristes armés soutenus par la Turquie », selon une source militaire citée par l’agence officielle syrienne Sana.

« Cela a entraîné la chute de l’hélicoptère et la mort de son équipage », indique la source militaire, sans donner de bilan précis.

Faisant état de la mort de deux pilotes, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a imputé la chute de l’hélicoptère à un missile des forces turques.

Les autorités turques n’ont pas commenté dans l’immédiat, tandis que l’agence de presse officielle turque Anadolu a fait état du crash sans fournir de détails.

Ankara, qui soutient des groupes rebelles, maintient des troupes dans le nord-ouest syrien et y a envoyé des renforts ces derniers jours pour entraver l’avancée des forces gouvernementales.

Mardi déjà, un hélicoptère de l’armée syrienne avait été abattu par un tir également imputé par l’OSDH aux forces turques dans la province d’Idleb, voisine de celle d’Alep.

Les médias turcs avaient imputé le crash aux groupes rebelles syriens pro-Ankara.

– Base militaire reconquise –

Illustrant les tensions entre Damas et Ankara, des affrontements d’une violence inédite ont opposé début février les soldats turcs aux forces syriennes dans le nord-ouest.

Damas martèle son intention de reprendre l’intégralité de la province d’Idleb, sa dernière grande bataille stratégique à l’heure où le pouvoir contrôle plus de 70% du pays.

Les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) dominent plus de la moitié de la province d’Idleb ainsi que des secteurs attenants dans celles d’Alep, de Hama et de Lattaquié.

Des groupes rebelles et d’autres factions jihadistes moins influents sont également présents dans ces zones.

Poursuivant leur progression vendredi, les forces du régime ont repris la base 46, située à 12 kilomètres à l’ouest de la grande ville d’Alep, à l’issue de « violents combats » contre les jihadistes et des rebelles, selon l’OSDH.

Des forces turques se trouvaient sur cette base, mais elles s’en sont retirées jeudi, d’après la même source.

Avant de tomber en novembre 2012 aux mains des rebelles, la base était alors l’une des dernières places fortes du régime dans le nord-ouest. L’AFP avait vu des insurgés s’y installer après de violents combats pendant lesquels quelque 150 soldats avaient été tués ou exécutés.

– Ceinture de sécurité –

Désormais, la progression des prorégime se fait dans l’objectif d’établir « une ceinture de sécurité » autour d’une autoroute –reliant Alep à la capitale Damas– reprise dans son intégralité par le pouvoir cette semaine, a souligné le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Dans cette optique, les forces du régime « doivent conquérir les localités d’Orum al-Kobra et de Kafr Naha », dans la province d’Alep à l’ouest de l’autoroute, selon lui. Elles se trouvent à 2 km d’Orum al-Kobra.

Elles sont également à moins de 5 km de la ville d’Atareb, selon l’OSDH. Un correspondant de l’AFP a pu filmer jeudi cette cité de la province d’Alep, totalement désertée par ses habitants après la progression au sol des prorégime et des bombardements aériens meurtriers.

Depuis décembre, plus de 800.000 personnes ont été déplacées par les violences dans cette région, selon l’ONU. Plus de 380 civils ont été tués depuis la mi-décembre selon l’OSDH.

Déclenchée en mars 2011 avec la répression de manifestations pacifiques réclamant des réformes, la guerre en Syrie a fait plus de 380.000 morts.

Barrage sur le Nil: pas de percée lors des derniers pourparlers (Ethiopie)

Les dernières négociations menées cette semaine à Washington au sujet de l’immense barrage que l’Ethiopie construit sur le Nil bleu n’ont pas permis de trouver un accord global avec l’Égypte et le Soudan, ont indiqué vendredi plusieurs responsables éthiopiens.

Les parties se sont retrouvées pendant deux jours pour de nouveaux pourparlers facilités par le Trésor américain, qui s’est impliqué dans le dossier après que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi ait fait appel à Donald Trump.

L’Ethiopie estime que le Grand barrage éthiopien de la renaissance (Gerd), appelé à devenir la plus grande installation hydroélectrique d’Afrique, est essentiel pour son développement économique, mais l’Egypte s’inquiète de son impact sur le débit du fleuve, qui pourvoit à 97% de ses besoins en eau.

L’ambassadeur d’Ethiopie aux Etats-Unis, Fitsum Arega, a indiqué vendredi sur son comte Twitter que les discussions de cette semaine « s’étaient achevées sans un accord final ».

Le ministre Ethiopien de l’Eau, Seleshi Bekele, a pour sa part expliqué sur son propre compte que des progrès avaient été enregistrés mais que « plus de travail » était nécessaire pour parvenir à un accord d’ici la date-limite fixée en l’état à la fin du mois.

Cette absence de percée intervient alors que le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo doit se rendre en Ethiopie à partir de lundi soir pour la troisième et dernière étape d’une tournée africaine.

Jeudi, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin a rappelé dans un communiqué l’engagement des Etats-Unis « à faciliter la préparation de l’accord final qui sera soumis pour conclusion aux ministres et chef d’Etats d’ici la fin du mois ».

Fana BC, un média affilié au régime en place à Addis Abeba, a précisé vendredi que les dernières discussions portaient sur des points d’achoppement tels que la vitesse de remplissage du réservoir du barrage, qui pourra contenir 74 milliards de m3 d’eau.

L’Egypte craint une réduction drastique du débit du Nil en cas de remplissage trop rapide du réservoir par l’Ethiopie.

Le Nil bleu prend sa source en Ethiopie, rejoint le Nil blanc à Khartoum pour former le Nil, qui traverse ensuite l’Egypte et se jette dans la Méditerranée.