Syrie: 9 combattants prorégime tués par des bombardements turcs à Idleb

Neuf combattants du régime syrien ont été tués lundi par des bombardements turcs à Idleb où les forces de Damas avancent dans le cadre de l’offensive qu’elles mènent contre ce dernier bastion jihadiste et rebelle de Syrie avec le soutien de la Russie.

Des rebelles soutenus par la Turquie voisine sont parvenus à récupérer la localité de Nayrab, au sud-est de la ville d’Idleb, alors que l’artillerie turque tuait neuf combattants des forces du régime dans le secteur, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Un total de 94 combattants ont été tuées sur plusieurs fronts lundi dans la région d’Idleb, a d’autre part indiqué l’Observatoire. Parmi eux figurent 41 prorégime ainsi que 53 combattants jihadistes et rebelles alliés, selon la même source.

Plus tôt, l’Observatoire avait fait état de la mort de cinq civils, tués dans le secteur de Jabal al-Zawia par des frappes aériennes de l’allié russe du régime dans le sud de la province d’Idleb, où les combats se concentrent notamment à l’ouest de la grande ville de Maaret al-Noomane, a précisé l’OSDH.

La progression du régime a lieu au sud de l’autoroute stratégique M4, qui relie la grande ville d’Alep à la province côtière de Lattaquié, deux bastions du pouvoir de Bachar al-Assad, a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

A terme, l’objectif est de reconquérir les tronçons de cette autoroute qui traversent Idleb, pour l’instant tenus par les jihadistes et les rebelles, selon M. Abdel Rahmane.

« Ces dernières 24 heures, les forces du régime ont progressé et conquis 10 localités et villages » au sud de la M4, a-t-il affirmé.

« Les unités de l’armée syrienne poursuivent leur progression dans le sud d’Idleb », a confirmé l’agence de presse officielle Sana, rapportant la conquête dimanche et lundi d’au moins sept villages et localités.

Le régime a lancé son offensive en décembre dans le nord-ouest et près de 900.000 personnes ont été déplacées par les violences, d’après l’ONU, qui a prévenu lundi que les combats se rapprochaient « dangereusement » de leurs campements, risquant de provoquer un « bain de sang ».

Les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) dominent encore plus de la moitié de la province d’Idleb et des secteurs attenants dans celles d’Alep, de Hama et de Lattaquié.

La reprise des combats à Idleb intervient alors que ces dernières semaines les opérations se concentraient sur l’ouest de la province d’Alep.

Les forces gouvernementales ont reconquis tous les secteurs insurgés autour de la ville d’Alep. Elles ont également repris dans son intégralité une autre autoroute reliant la deuxième ville du pays à Damas.

Pour reconquérir l’autoroute M4, le régime devra « lancer des opérations contre Ariha et Jisr al-Choughour », deux villes qui se trouvent sur cette voie, prévient M. Abdel Rahmane.

Pour des experts, la bataille de Jisr al-Choughour risque de s’avérer particulièrement ardue pour le régime. La ville est dominée par les jihadistes du Parti islamique du Turkestan (TIP), dont les membres appartiennent majoritairement à la minorité musulmane ouïghoure de Chine.

Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques, la guerre en Syrie a fait plus de 380.000 morts.

Le Sénégal en avance pour la part de l’éolien dans son mix énergétique

L’éolien devrait représenter plus tôt que prévu une part significative du mix énergétique du Sénégal, avec la production à plein régime prévue en mai du premier parc de turbines à dimension industrielle du pays, a-t-on appris lundi auprès de l’entreprise qui mène le projet.

Le parc éolien de Taïba Ndiaye (ouest), présenté par ses promoteurs comme le plus grand projet du genre en Afrique de l’Ouest, a été officiellement inauguré lundi par le président sénégalais Macky Sall. En réalité, 16 éoliennes injectent déjà depuis décembre 50 mégawatts dans le réseau national de la société nationale d’électricité, la Senelec, a-t-on appris auprès de l’entreprise britannique Lekela.

A terme, 158,7 mégawatts seront livrés par 46 turbines s’élevant jusqu’à 180 mètres de haut, l’équivalent d’un immeuble de 60 étages, dans cette zone rurale proche de l’Atlantique.

Or le projet est en avance sur le calendrier « et la totalité des 158 mégawatts sera sur le réseau au mois de mai », a affirmé dans un message transmis à l’AFP le directeur général de Lekela Senegal, Massaer Cissé. En octobre, Lekela se fixait 2020 pour horizon.

Le président sénégalais a présenté le parc comme un moyen d’atteindre l’objectif de fournir l’électricité à tous dans le pays et de combattre le réchauffement climatique.

Taïba Ndiaye « permettra d’éviter le rejet de 300.000 tonnes de gaz carbonique par an. Avec la dynamique que nous avons lancée depuis 2014, nous en sommes désormais à 22% d’énergie renouvelable disponible sur l’ensemble de notre réseau national », a-t-il déclaré.

Le parc alimentera avec 450.000 mégawattheures par an près de deux millions de Sénégalais, sur une population de 15 millions. M. Sall a évoqué la possibilité d’un nouveau contrat pour augmenter encore ces capacités.

Le mégawattheure correspond à la quantité d’énergie produite en une heure par un mégawatt.

Le développement énergétique est un chapitre capital du Plan Sénégal Emergent (PSE) élaboré par le pouvoir et qui vise à transformer l’économie du pays en croissance pour le mettre sur la voie de l’émergence d’ici à 2025.

Dans un pays où la pauvreté affecte environ 40% de la population, la part de ceux qui ont accès à l’électricité est chiffrée à plus de 60%, mais avec une forte disparité aux dépens des campagnes. Le pouvoir compte élargir l’accès à une électricité bon marché, augmenter les capacités de production et rééquilibrer le mix, où le pétrole et le charbon importés prédominent lourdement.

Avec son ensoleillement et plus de 500 km de côte, le Sénégal dispose d’un potentiel d’énergie propre appréciable. Avec le fonctionnement à plein régime de Taïba Ndiaye, l’éolien représentera la moitié de l’énergie renouvelable disponible au Sénégal, à côté du solaire.

Lekela a par ailleurs des projets éoliens en opération en Afrique du Sud, et à différents stades d’avancement, également en Afrique du Sud en Egypte et au Ghana.

Une tempête de sable et de poussière recouvre la Mauritanie et le Sénégal

Visibilité de moins de 100 m, voitures au ralenti roulant avec leurs phares anti-brouillard allumés et des silhouettes fantomatiques circulant dans des rues quasi désertes: la capitale mauritanienne Nouakchott a été recouverte lundi d’un épais nuage de sable et de poussière, qui s’est étendu jusqu’au Sénégal.

« C’était une ambiance fin du monde, avec des silhouettes noyées dans la poussière », a constaté une journaliste de l’AFP, selon qui les vendeurs de rue étaient notamment nettement moins nombreux que d’habitude dans la capitale de ce vaste pays sahélien.

« La prudence est requise, surtout chez les transporteurs qui empruntent les grands axes routiers en raison de la possibilité de formation de petites dunes de sable provoquées par les tempêtes », a déclaré à l’AFP le directeur des prévisions de l’Office national de la météorologie, Sidi Ould Mohamed Lemine.

Ces conditions, provoquées par une zone de basse pression sur Nouakchott, le Sud et l’Est de la Mauritanie, perdureront jusqu’à mercredi, a-t-il ajouté, en recommandant la prudence aux personnes atteintes de maladies respiratoires, aux enfants et aux personnes âgées.

Une « couche dense de poussière » est également apparue lundi après-midi sur le nord du Sénégal, voisin de la Mauritanie, selon les services météorologiques sénégalais, qui prévoient à partir de mardi une « densification de la poussière » et une « visibilité fortement réduite ». Elle va progressivement toucher l’ensemble du territoire sénégalais jusqu’à jeudi, selon les même sources.

Les huit aéroports de l’archipel espagnol des Canaries, au large du Maroc, ont en revanche rouvert lundi, après avoir été fermés dimanche en raison d’une tempête de sable d’une ampleur exceptionnelle.

Le chef du gouvernement régional des Canaries, Angel Victor Torres, a évoqué un « week-end cauchemardesque », en assurant que cela avait été la pire tempête de sable ayant frappé les Canaries en quatre décennies.

Cameroun: la présidence rejette des « propos surprenants » d’Emmanuel Macron

La présidence camerounaise s’est offusquée lundi soir des « propos surprenants » du chef d’Etat français Emmanuel Macron, qui a promis samedi de mettre la « pression » sur son homologue camerounais Paul Biya.

« La présidence de la République du Cameroun rejette (…) les propos surprenants du président de la République française », a écrit son secrétaire général, Ferdinand Ngoh Ngoh, dans un communiqué.

Le président camerounais « est comptable de son action devant le seul peuple camerounais souverain et non devant un dirigeant étranger, fut-ce un ami », a-t-il assuré, indiquant que pour accomplir sa mission, le chef de l’Etat camerounais « n’a pas besoin, pour ce faire, de pression extérieure ».

Samedi, M. Macron avait promis à un activiste camerounais qui l’avait interpellé à Paris, en marge d’une visite au Salon de l’agriculture, de mettre « le maximum de pression » sur M. Biya pour que cessent « des violences au Cameroun qui sont intolérables ».

Le 14 février peu avant l’aube, des hommes armés – 40 à 50 portant tous des uniformes de l’armée et certains masqués, selon des témoignages recueillis par des travailleurs humanitaires contactés par l’AFP – ont attaqué le quartier de Ngarbuh, dans le village de Ntumbo, puis ont tué par balle et brûlé des habitants.

Selon l’ONU, qui a demandé une enquête indépendante et impartiale, 15 enfants dont neuf âgés de moins de cinq ans, font partie des 23 victimes, dans la partie anglophone du pays.

L’armée camerounaise qui évoque « cinq victimes » a assuré que le drame était le résultat d’un « malheureux accident », après l’explosion de plusieurs contenants de carburant au cours d’échanges de tirs entre forces de sécurité et rebelles sécessionnistes.

Depuis 2017, le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest peuplées principalement par la minorité anglophone camerounaise a déjà fait plus de 3.000 morts et 700.000 déplacés.

L’armée camerounaise comme les séparatistes armés sont accusés par des ONG internationales de défense des droits humains d’exactions contre des civils dans ces deux régions.

Brésil: 150 meurtres en cinq jours dans un Etat sans police militaire

L’Etat brésilien de Ceara (nord-est), où la police militaire s’est mutinée pour obtenir de meilleurs salaires, a enregistré 147 assassinats en cinq jours, soit cinq fois plus que la moyenne quotidienne, ont annoncé lundi les autorités.

Ces homicides ont eu lieu entre mercredi et dimanche, en pleine période de Carnaval au Brésil. Ils sont cinq fois plus nombreux que la moyenne de six meurtres par jour, enregistrés dans cet Etat depuis le début de l’année, selon le secrétariat pour la sécurité de Ceara.

Les policiers militaires (PM), un corps de maintien de l’ordre qui dépend des autorités de chaque Etat, ont interdiction de faire grève.

Mais après deux mois de négociations salariales infructueuses, des groupes de mutins ont lancé mardi l’occupation de casernes, ont attaqué plusieurs patrouilles et se sont mis en grève. Des voitures de police ont été volées et des installations ont été détruites.

Conséquence, le nombre d’assassinats sur la voie publique a grimpé en flèche.

Mercredi, le sénateur de centre-gauche Cid Gomes a été blessé par balles après avoir tenté, aux commandes d’une pelleteuse, de briser un piquet de grève de policiers mutinés à Sobral, ville située à 230 km de Fortaleza, la capitale de cet Etat.

Après avoir été hospitalisé, l’ex-ministre de l’Education du gouvernement de l’ancienne présidente Dilma Rousseff (2011-2016) est chez lui en convalescence.

Face à cette situation, le président Jair Bolsonaro a décidé vendredi l’envoi de 2.500 militaires et effectifs de la Garde nationale pour renforcer la sécurité à Ceara.

Lors d’une visite dans l’Etat, le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Sergio Moro, a dit souhaiter que « la situation se résolve le plus vite possible ».

Selon les médias locaux, 200 policiers militaires ont été suspendus pour leur participation à la mutinerie et 37 ont été incarcérés pour désertion.

Avec une population de quelque 8,8 millions d’habitants, l’Etat de Ceara avait été paralysé il y a un an par plus de 200 attaques de la part de factions criminelles, mécontentes du durcissement des conditions de détention dans les prisons de l’Etat.

Libye: les deux camps rivaux annoncent « suspendre » leur participation aux pourparlers de Genève

Les deux camps rivaux libyens invités par l’ONU à des pourparlers politiques mercredi à Genève ont annoncé séparément avoir suspendu leur participation au dialogue, invoquant des raisons différentes.

Le Parlement basé dans l’Est du pays qui appuie le maréchal Khalifa Haftar a annoncé qu’il ne participerait pas à la réunion parce que la mission de l’ONU en Libye (Manul) n’a pas approuvé la totalité de ses 13 représentants.

Son rival, le Haut conseil d’Etat (équivalent d’un sénat) qui soutient le Gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli a indiqué de son côté qu’il préférait attendre qu’un progrès soit réalisé dans les négociations militaires.

« C’est à la lumière des conclusions (des discussions militaires) que le Haut conseil d’Etat décidera s’il prend part ou non au dialogue politique ».

Interrogé par l’AFP, le porte-parole de la Manul a indiqué néanmoins que la date du lancement du dialogue politique sera maintenue.

« Le dialogue politique libyen sera maintenu comme prévu, le 26 février. De nombreux participants sont déjà arrivés à Genève et nous espérons que tous les (autres) participants invités emboîteront le pas », a déclaré Jean El Alam.

« Si la mission onusienne insiste pour organiser la réunion politique à la date prévue avant de connaître les conclusions du dialogue militaire, le Haut conseil d’Etat ne se considère pas tenu par les conclusions du dialogue politique », a par ailleurs déclaré lundi lors d’une conférence de presse le président du Conseil Khaled el-Mechri.

Une Commission militaire conjointe constituée de dix hauts responsables militaires – cinq pour chaque camp – s’est réunie jusqu’à dimanche à Genève et elle est parvenue à un « projet d’accord de cessez-le-feu » qui doit être finalisé en mars, selon la Manul.

« Les deux parties ont convenu de présenter le projet d’accord à leurs dirigeants respectifs pour de nouvelles consultations et de se réunir à nouveau le mois prochain pour reprendre les discussions », a indiqué la Manul dans un communiqué.

Depuis 2015, deux autorités rivales se disputent le pouvoir en Libye: le GNA reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l’Est, qui a lancé en avril 2019 une offensive pour s’emparer de Tripoli.

Cameroun: des centaines de jeunes manifestent devant l’ambassade de France contre des propos de Macron

Des centaines de jeunes Camerounais ont manifesté dans le calme lundi devant l’ambassade de France à Yaoundé, s’indignant de propos du président français Emmanuel Macron, qui a promis samedi de mettre la « pression » à son homologue camerounais Paul Biya, a constaté un journaliste de l’AFP.

Entre 400 et 600 jeunes, selon une estimation de la police et de la gendarmerie, s’étaient mobilisés à l’entrée de l’ambassade de France, chantant et dansant à la gloire de M. Biya, tout en s’insurgeant contre l’attitude de M. Macron.

De nombreux gendarmes et policiers étaient également présents pour éviter tout débordement, et la foule s’est dispersée vers 14H00 (13H00 GMT), selon un journaliste de l’AFP présent sur place.

La plupart des manifestants portaient des drapeaux du Cameroun tandis que d’autres brandissaient des pancartes hostiles au président français.

« M. Macron, le Cameroun n’est pas un Dom-Tom » (départements et territoires français d’Outre-Mer), « M. Macron mêle-toi de tes oignons », pouvait-on lire sur certaines pancartes.

« Nous sommes ici pour riposter aux propos de Macron parce qu’il a manqué de respect à notre patriarche (Paul Biya) », a expliqué un manifestant, Souley Aboubakar, président d’une des associations des jeunes partisans de M. Biya, à l’origine de ce rassemblement.

« Il (M. Macron) est un président de la République. Il doit être respecté, mais il doit respecter notre président », a-t-il ajouté. « Nous ne sommes pas une province de la France. Le Cameroun est un Etat souverain, indépendant depuis 1960 », a-t-il poursuivi, invitant M. Macron à présenter « des excuses ».

Samedi, M. Macron avait promis à un activiste camerounais qui l’avait interpellé à Paris, en marge d’une visite au Salon de l’agriculture, de mettre « le maximum de pression » sur M. Biya pour que cessent « des violences au Cameroun qui sont intolérables ».

Le 14 février peu avant l’aube, des hommes armés – 40 à 50 portant tous des uniformes de l’armée et certains masqués, selon des témoignages recueillis par des travailleurs humanitaires contactés par l’AFP – ont attaqué le quartier de Ngarbuh, dans le village de Ntumbo, puis ont tué par balle et brûlé des habitants.

Selon l’ONU, qui a demandé une enquête indépendante et impartiale, 15 enfants dont neuf âgés de moins de cinq ans, font partie des 23 victimes, dans la partie anglophone du pays.

L’armée camerounaise qui évoque « cinq victimes » a assuré que le drame était le résultat d’un « malheureux accident », après l’explosion de plusieurs contenants de carburant au cours d’échanges de tirs entre forces de sécurité et rebelles sécessionnistes.

Depuis 2017, le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest peuplées principalement par la minorité anglophone camerounaise a déjà fait plus de 3.000 morts et 700.000 déplacés.

L’armée camerounaise comme les séparatistes armés sont accusés par des ONG internationales de défense des droits humains d’exactions contre des civils dans ces deux régions.

Sollicitée, l’ambassade de France n’a pas réagi.

Nigeria: enquête sur une vidéo montrant un lamantin traîné dans la rue

Le ministère nigérian de l’Environnement a ordonné une enquête à la suite de la diffusion d’une vidéo montrant un lamentin – gros mammifère aquatique herbivore appartenant à une espèce protégée -, trainé dans une rue, qui a suscité l’indignation des organisations protectrices de l’environnement.

Sur cette vidéo dont la date n’est pas connue, mais partagée sur Twitter samedi, un groupe de jeunes hommes trainent le mammifère ligoté et gigotant dans une rue poussiéreuse.

La vice-ministre de l’Environnement a condamné dimanche sur Twitter cette « vidéo très dérangeante et désagréable » tournée dans le delta du Niger (sud), selon elle, appelant à une « campagne de sensibilisation dans les régions côtières pour protéger les lamantins ».

« Il est triste que les lamantins restent l’un des mammifères marins les plus intensément chassés », a-t-elle déploré, ajoutant que les autorités locales avaient été mobilisées pour tenter de retrouver le lamantin de la vidéo.

Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), il y a quelque 10.000 lamantins sur les côtes ouest-africaines, mais leur population décline rapidement.

Bien que la chasse au lamantin soit interdite au Nigeria, elle demeure pratiquée, ce mammifère étant recherché pour sa viande, son huile et ses organes, utilisés dans la médecine traditionnelle.

La pauvreté généralisée dans le delta du Niger, où les populations locales sont largement exclues des bénéfices des immenses richesses pétrolières de leur région, alimente la criminalité et la chasse illégale.

De plus, les fuites d’hydrocarbures y ont endommagé le milieu naturel de la faune aquatique, dont les lamantins.

Selon la Société nigériane de préservation de la Nature, les agences gouvernementales font rarement respecter la législation sur les espèces protégées.

Canada: la police démantèle un premier barrage ferroviaire en terre autochtone

La police canadienne a démantelé lundi un barrage autochtone qui paralyse depuis des semaines un axe ferroviaire crucial, alors que Justin Trudeau tente de mettre fin à une crise provoquée par la protestation contre un projet de gazoduc.

Les barrages qui ont essaimé dans tout le pays, en soutien à la nation Wet’suwet’en de Colombie-Britannique opposée à la construction d’un gazoduc sur son territoire ancestral, « doivent être levés maintenant », avait prévenu vendredi le Premier ministre. Il avait alors laissé la porte ouverte à une intervention policière faute de déblocage rapide.

Plusieurs dizaines de policiers sont intervenus lundi matin sans violence sur l’un des principaux barrages du pays: celui situé sur la réserve mohawk de Tyendinaga, près de Belleville (Ontario), à environ 200 km au nord-est de la métropole Toronto.

Le barrage de Tyendinaga est situé sur un axe stratégique pour le trafic ferroviaire entre l’est et l’ouest du Canada, ainsi qu’avec le nord des Etats-Unis.

Après une brève échauffourée avec quelques manifestants, filmée par l’un d’eux et diffusée sur les réseaux sociaux, la police a interpelé plusieurs personnes.

La police de l’Ontario « a la responsabilité légale de faire respecter l’injonction et nous avons commencé à le faire ce matin », a-t-elle indiqué dans un communiqué, alors qu’un ultimatum aux manifestants avait expiré dimanche à minuit.

« Tous les manifestants sont encouragés à quitter le site de façon pacifique », a ajouté la police, précisant que « le recours à la force ne se fera qu’en dernier recours ».

Les chefs héréditaires de la nation Wet’suwet’en à l’origine du mouvement devaient se réunir dans la journée en Colombie-Britannique pour décider de la suite à lui donner.

– Le spectre d’Oka –

Samedi, alors qu’ils visitaient un autre barrage en territoire mohawk, à Kahnawake, près de Montréal, plusieurs d’entre eux avaient réitéré leurs demandes, préalables à toute négociation avec le gouvernement: retrait complet de la police fédérale de leur territoire ancestral en Colombie-Britannique et suspension des travaux du gazoduc par la compagnie Coastal GasLink.

La mise en garde de Justin Trudeau n’a pas semblé dissuader les manifestants: si un barrage au sud de Montréal a été levé par la police vendredi soir, d’autres ont fleuri depuis pendant le weekend en Saskatchewan ou à Vancouver, dans l’ouest) du pays.

Lundi matin, quelques heures après l’intervention policière à Tyendinaga, des membres de la communauté mohawk de Kahnawake, qui bloquent également des voies sur leur territoire depuis plusieurs semaines, ont brièvement perturbé la circulation sur un pont menant à Montréal.

Dans la capitale Ottawa, plusieurs centaines de personnes ont défilé et dansé dans les rues lors d’une manifestation spontanée, a constaté l’AFP.

« Il est absolument essentiel que ces barricades soient levées », a réaffirmé lundi le ministre de la Sécurité publique Bill Blair, en marge d’une réunion d’urgence convoquée par Justin Trudeau à Ottawa.

Pour autant, « nous restons engagés à mettre en oeuvre le processus de réconciliation, mais ce sont deux questions distinctes », a-t-il ajouté.

Un Justin Trudeau à bout de patience avait durci le ton vendredi face aux manifestants. Il avait exigé la levée immédiate de tous ces barrages qui affectent l’économie canadienne, tout en appelant à une reprise du dialogue et une issue « pacifique » à cette crise.

M. Trudeau, qui a fait de la réconciliation avec les autochtones l’une des priorités de son deuxième mandat, marche sur des oeufs.

Pressé d’agir vite par l’opposition conservatrice, le dirigeant libéral veut éviter que la crise ne dégénère en cas d’incident lors d’une intervention policière, comme ce fut le cas à plusieurs reprises ces dernières décennies.

Il y a trente ans, la crise d’Oka au Québec, qui avait mobilisé les Mohawks en raison de l’agrandissement controversé d’un terrain de golf, avait fait un mort du côté des forces de l’ordre.

Cinq ans plus tard, c’est un militant autochtone qui avait été tué par balle par la police lors d’une intervention dans le parc provincial d’Ipperwash en Ontario.

Virus: l’OMS évoque un risque de « pandémie », mais recul de l’épidémie en Chine

Le directeur général de l’OMS a appelé lundi le monde à se préparer à une « éventuelle pandémie » du nouveau coronavirus, en jugeant « très préoccupante (…) l’augmentation soudaine » de nouveaux cas en Italie, en Corée du Sud et en Iran.

L’épidémie a en revanche reculé en Chine, d’où a surgi le nouveau coronavirus fin décembre et où 77.000 personnes ont été contaminées depuis.

Les experts de la mission conjointe de l’OMS qui se sont rendus dans plusieurs provinces chinoises, dont à Wuhan, épicentre de l’épidémie, ont en effet constaté que l’épidémie du Covid-19 a atteint en Chine « un pic, suivi d’un plateau, entre le 23 janvier et le 2 février, et qu’elle n’a cessé de décliner depuis lors », a déclaré à la presse le chef de l’agence spécialisée des Nations unies, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« Cela devrait donner aux pays l’espoir que ce virus peut être contenu », a-t-il insisté, saluant une fois de plus les mesures drastiques prises par la Chine où des dizaines de millions de personnes vivent confinées depuis des semaines.

Ailleurs dans le monde, l’épidémie de pneumonie virale s’est accélérée lundi, avec des bilans en forte hausse de la Corée du Sud à l’Iran, qui enregistrent désormais le plus grand nombre de cas de contamination et de décès en dehors de la Chine.

« Nous devons nous concentrer sur l’endiguement (de l’épidémie, ndlr), tout en faisant tout notre possible pour nous préparer à une éventuelle pandémie », a assuré Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« L’augmentation soudaine du nombre de cas en Italie, en Iran et en Corée du Sud est très préoccupante », a ajouté le patron de l’OMS, qui doit se rendre mardi à Téhéran avec des experts.

En Europe, l’Italie, qui compte désormais cinq morts, est devenue le premier pays du continent à mettre en place un cordon sanitaire autour d’une dizaine de villes du Nord.

L’Italie, passée de 6 à 219 cas en quatre jours, est le pays le plus touché en Europe et le troisième dans le monde après la Corée du Sud et la Chine.

« Nous devons comprendre la dynamique de l’épidémie en Iran. Cela va prendre quelques jours, une équipe arrive en Iran demain », a expliqué aux médias le Dr Michael Ryan, directeur du Programme pour les urgences de l’OMS.

Scientifiquement parlant, la mission conjointe qui s’est rendue en Chine a également permis de montrer « qu’il n’y a pas eu de changement significatif dans l’ADN du coronavirus », a indiqué le Dr. Tedros.

Quant au taux de mortalité en Chine, il est de 0,7%, et se situe entre 2 et 4% à Wuhan, a-t-il détaillé.

Les experts ont également constaté que les personnes qui ont été contaminées mais ne souffrent pas de symptômes graves ont un temps de guérison d’environ deux semaines, tandis que ceux qui sont sévèrement atteints se rétablissent dans un délai de trois à six semaines, a-t-il expliqué.

Précurseur à la base de militants inégalée, les atouts-clé de Bernie Sanders

Il a une base de militants que ses rivaux lui envient, un discours pour réduire les inégalités devenu un must pour tous les démocrates, et une capacité à débattre et résister aux attaques personnelles: voici les principales qualités qui ont fait de Bernie Sanders le favori de la course à l’investiture démocrate.

– Précurseur

Doyen de la course à 78 ans, le sénateur du Vermont, « socialiste » revendiqué, défend les droits des travailleurs et dénonce un système conçu pour les riches depuis les années 70.

Il a fait des inégalités, de l’augmentation du salaire minimum, d’une sécurité sociale sur le modèle européen un leitmotiv depuis 40 ans, alors que ses rivaux et le parti démocrate ne se sont emparés de ces thèmes que récemment. Il prône aussi un « +New Deal+ vert », vaste plan de relance de l’économie alliant justice sociale et lutte contre le changement climatique.

Depuis sa campagne malheureuse contre Hillary Clinton en 2016, le parti démocrate a évolué dans sa direction, et « les idées qui semblaient radicales il y a quatre ans sont devenues en quelque sorte dominantes », disait-il dimanche sur CBS.

« Si les grands partis refusent de prendre les décisions nécessaires pour changer les inégalités économiques dans ce pays, il ne faut pas s’étonner que les électeurs se tournent vers des candidats plus extrêmes idéologiquement », dit Costas Panagopoulos, professeur à Northeastern University.

-Base enthousiaste

Cette constance vaut au sénateur indépendant du Vermont le soutien d’une base électorale « très dévouée », que tous ses rivaux lui envient, souligne David Barker, politologue à l’American University de Washington. Seul Donald Trump peut se targuer d’une base aussi fidèle, selon plusieurs analystes.

Faite surtout de jeunes blancs lors de sa première campagne présidentielle en 2015-2016, cette base s’est diversifiée depuis pour inclure beaucoup plus d’électeurs noirs ou hispaniques, à l’image du soutien actif que lui apporte la jeune élue du Congrès Alexandria Ocasio-Cortez.

Sa victoire haut la main samedi dans le Nevada, première primaire du calendrier organisée dans un Etat où les minorités constituent une part importante de l’électorat, a confirmé l’élargissement de sa base.

Ses partisans sont aussi très généreux, et ont permis au sénateur de bénéficier d’un record de donations individuelles depuis le début de sa campagne (121 millions de dollars).

Utilisant avec dextérité les réseaux sociaux, ils peuvent s’avérer redoutables contre les détracteurs de leur héros. Les critiques contre les méthodes de ces « Bernie bro(thers) » vont d’ailleurs crescendo: le jeune candidat centriste Pete Buttigieg a pour la première fois épinglé publiquement M. Sanders sur ce point lors du dernier débat démocrate mercredi dernier.

– Infatigable

Fort de ses 40 ans d’expérience, et malgré une crise cardiaque qui aurait pu sonner le glas de sa campagne en octobre, Bernie Sanders enchaîne les meetings à travers le pays – où il harangue souvent la foule pendant plus d’une heure – à un rythme endiablé.

Depuis sa victoire dans le Nevada, Bernie Sanders porte désormais son attention vers la prochaine primaire en Caroline du Sud samedi avec l’espoir de l’emporter, ce qui lui donnerait un avantage certain pour le « Super mardi » du 3 mars, rendez-vous clé des primaires avec 14 Etats qui désigneront leur candidat.

– Fin communicateur anti-élite

Depuis 40 ans qu’il défend ses idées « socialistes », dont près de 30 ans comme élu au Congrès, Bernie Sanders a peaufiné ses arguments.

Avec sa dénonciation de Wall Street et son appel à changer « un système corrompu », sa présentation pédagogique du coût du système de santé privé américain ou de la dette étudiante, il est un débatteur aguerri, et un bon communicateur qui ne reculera pas devant Donald Trump, selon M. Barker.

Il partage avec le président un discours anti-élite et une spontanéité qui fait qu' »ils n’ont pas besoin de demander leur avis à un +focus group+ avant de s’exprimer », souligne Jim Campbell, politologue à l’université de Buffalo.

Lors du débat de mercredi dernier, Bernie Sanders a réussi à sortir quasi-indemne d’attaques contre son passé « communiste », émanant du milliardaire new-yorkais Michael Bloomberg, ou contre ses idées présentées comme « clivantes » par Pete Buttigieg.

Donald Trump l’a aussi déjà attaqué plusieurs fois sur son « socialisme » qui, pour beaucoup d’Américains, rime avec le communisme honni de la Guerre froide. Le président a ainsi rappelé son voyage avec sa femme à Moscou en 1988, ou sa défense à la même époque du régime sandiniste au Nicaragua.

Ces attaques font que beaucoup de démocrates modérés doutent que Bernie Sanders puisse emporter la présidentielle face à Trump en novembre.

Mais plusieurs sondages indiquent qu’il peut gagner. Un tout récent sondage CBS News/YouGov le voit ainsi devancer légèrement Trump au plan national, et d’autres sondages le prédisent gagnant dans des Etats-clé comme le Michigan, le Wisconsin ou la Pennsylvanie.

Harvey Weinstein jugé coupable d’agression sexuelle et de viol

Le producteur déchu Harvey Weinstein a été reconnu coupable lundi d’agression sexuelle et de viol, mais a évité une condamnation pour les accusations les plus graves, un verdict en demi-teinte qui constitue cependant une victoire pour le mouvement #MeToo.

Reconnu coupable d’agression sexuelle et de viol, Harvey Weinstein, 67 ans, est passible de 25 ans de prison au maximum, mais ne risque pas la perpétuité, car le jury l’a disculpé de la circonstance aggravante de comportement « prédateur », qui aurait pu lui valoir la prison à vie.

Sa peine sera déterminée ultérieurement par le juge James Burke, qui a présidé aux débats.

Il s’agit de la première reconnaissance de culpabilité dans une affaire post-#MeToo, celle de l’acteur Bill Cosby résultant de poursuites entamées en 2015, avant que le mouvement anti-agressions sexuelles ne commence en octobre 2017.

Le jury a eu besoin de cinq jours pour parvenir à une décision à l’unanimité sur certains chefs, condition nécessaire pour prononcer un verdict.

Les jurés devaient se déterminer sur le témoignage de trois femmes, parmi les plus de 80 qui ont accusé Harvey Weinstein de harcèlement ou d’agression sexuelle.

Au final, le jury ne l’a jugé coupable que des deux chefs les moins graves, l’agression sexuelle de l’ancienne assistante de production Mimi Haleyi, en 2006, et le viol de l’aspirante actrice Jessica Mann, en 2013.

Il a, en revanche, relaxé le producteur d’un chef de viol plus grave lié à Jessica Mann, mais surtout de la circonstance aggravante de comportement « prédateur ».

L’agression de Mimi Haleyi et le viol présumé de Jessica Mann étaient poursuivis en tant que tels, tandis que le viol d’une troisième femme, la comédienne Annabella Sciorra, bien que prescrit, pouvait, lui, déclencher cette circonstance aggravante.

Mais le jury a également déclaré Harvey Weinstein non coupable de ce viol remontant à l’hiver 1993, près avoir demandé à réentendre le témoignage de l’actrice durant ses délibérations.

– Témoins discrédités

Tout au long du procès, la défense avait cherché à discréditer le récit des trois femmes.

Les avocats d’Harvey Weinstein ont produit une série de courriers électroniques montrant que Mimi Haleyi et Jessica Mann avaient maintenu le contact, de leur propre initiative, avec l’accusé après les faits présumés.

Dans le cas de Jessica Mann, la victime présumée a même concédé avoir eu des relations sexuelles sans opposition avec Harvey Weinstein jusqu’en 2016.

« Ce n’était pas une relation », avait martelé la procureure Joan Illuzzi-Orbon. « Jessica Mann était la poupée de chiffon d’Harvey Weinstein. »

Mimi Haleyi a elle raconté avoir eu un rapport sexuel initié par l’accusé deux semaines environ après le viol présumé, sans manifester de résistance.

Jessica Mann a dit avoir maintenu des relations avec l’ancien magnat du cinéma par « peur », tandis que Mimi Haleyi a expliqué qu’il s’agissait pour elle de maintenir une « relation professionnelle ».

La défense avait cherché à dépeindre deux femmes opportunistes, prêtes à se soumettre aux caprices du producteur, voire à ses pulsions sexuelles, pour tenter de mettre un pied à Hollywood.

Les avocats d’Harvey Weinstein avaient aussi laissé entendre que les deux plaignantes avaient témoigné par intérêt, pour augmenter leurs chances d’obtenir du producteur des dommages et intérêts une fois celui-ci condamné.

« Elles ont sacrifié leur dignité, leur intimité, leur quiétude dans l’espoir de faire entendre leur voix » au procès, leur avait opposé la procureure.

La procureure Joan Illuzzi-Orbon et son adjointe Meghan Hast avaient souligné qu’en fait d’opportunités, elles n’avaient quasiment rien obtenu du magnat d’Hollywood.

L’accusation a aussi rappelé qu’aucune des deux femmes n’avait attaqué en justice Harvey Weinstein pour obtenir réparation financière et qu’elles n’avaient aucun intérêt à venir témoigner au procès.

Ce verdict de culpabilité pourrait constituer un tournant pour le mouvement #MeToo, mais aussi pour la jurisprudence de ce type d’affaires, qui donnent très rarement lieu à des condamnations.

M. Weinstein doit encore répondre d’une autre inculpation pour deux agressions sexuelles à Los Angeles, annoncée début janvier.

Pourfendeur de Wall Street, Bernie Sanders y a aussi ses fidèles

Bernie Sanders, grand favori pour l’investiture démocrate à la présidentielle américaine de novembre, a fait de Wall Street sa bête noire. Mais même au coeur de la finance new-yorkaise, ce socialiste revendiqué a ses fans.

Surfant sur une dynamique favorable avec sa nette victoire dans le Nevada samedi et plusieurs sondages nationaux récents qui le placent largement devant ses rivaux, le sénateur de 78 ans apparaît comme le grand favori pour obtenir l’investiture démocrate et défier Donald Trump en novembre.

Son projet de taxer les riches et de resserrer le contrôle des banques et du système financier effraye des barons des marchés new-yorkais, tels l’ex-PDG de Goldman Sachs Lloyd Blankfein ou le gestionnaire de fonds Leon Cooperman, qui a jugé mardi que Bernie Sanders était plus dangereux que le coronavirus pour les marchés financiers. Le milliardaire Warren Buffett a lui affirmé, lundi sur la chaîne CNBC, qu’il voterait « certainement » pour l’ancien maire de New York Michael Bloomberg, accusé par Bernie Sanders de vouloir acheter la nomination démocrate avec sa fortune personnelle.

Mais d’autres acteurs du secteur accueillent avec enthousiasme la montée en puissance du sénateur du Vermont.

« Je ne suis pas Lloyd Blankfein, je travaille dans une entreprise familiale et je dois payer ma facture de santé à la fin du mois », explique Wade Black, un des membres fondateurs de la société d’investissement Scarsdale Equities, depuis son bureau du Rockefeller Center, au coeur de Manhattan.

Pour ce souriant quadragénaire démocrate qui dit avoir viré plus à gauche avec l’âge, les opinions à Wall Street sont bien plus diverses que certains clichés ne le laissent entendre.

« Beaucoup des gens qui y travaillent sont de simples salariés, ils ne sont pas payés comme les dirigeants de fonds spéculatifs. Il y a des employés de banque, du personnel administratif. Ce serait choquant qu’ils ne reflètent pas la diversité d’opinions qui existe aux Etats-Unis », insiste-t-il.

Un avis auquel souscrit Daniel Alpert, 61 ans, co-fondateur de la banque d’investissement new-yorkaise Westwood Capital.

« Wall Street s’est rajeunie. On ne sait pas vraiment ce que les jeunes pensent, car ils sont muselés. Les plus âgés qui sont restés occupent aujourd’hui des postes de direction, mais ne font que répéter le même refrain », décrit M. Alpert.

Le creusement des inégalités rend selon lui le message de Bernie Sanders plus audible dans l’ensemble de la société américaine, y compris le monde de la finance.

– Soutien financier –

Il n’y a eu aucun sondage qui permette d’avoir une idée précise de la proportion d’employés du secteur qui soutiennent M. Sanders.

Mais selon le Center for Responsive Politics, qui comptabilise les donations politiques de groupes de campagne et de particuliers supérieures à 200 dollars, Bernie Sanders a touché 1,7 million de dollars du secteur de la finance, des assurances et de l’immobilier depuis le début de sa campagne il y a un an, sur un total de 108 millions collectés au 31 décembre 2019.

Une somme loin de celles provenant du même secteur qu’ont perçues ses rivaux démocrates Pete Buttigieg (4,4 millions) et Joe Biden (4,1 millions), sur une ligne plus modérée, ou Donald Trump (2,7 millions).

Les contributions issues de fonds spéculatifs, de groupes d’investissement privés ou de sociétés de capital-risque sont en revanche quasi-nulles pour le sénateur socialiste revendiqué, se targuant de dépendre essentiellement des dons modestes de particuliers.

Wade Black a lui versé « environ 400 dollars » pour la campagne de Bernie Sanders, disant contribuer sous le coup de l’émotion lorsqu’il estime que le candidat est injustement attaqué.

– Menace pour les marchés? –

Si Bernie Sanders s’en prend régulièrement à Wall Street et à la haute finance, opposant la classe dominante des 1% aux 99% restants de la population, ses soutiens dans ce secteur ne se sentent pas pour autant visés.

« Il parle des grandes banques d’investissement, comme Goldman Sachs ou Bank of America. Elles exercent un pouvoir immense, encore plus qu’en 2008 » lors de la crise financière mondiale, souligne M. Black.

Dans son programme, Bernie Sanders propose de démanteler ces établissements, « trop grands pour faire faillite » et de mettre fin à ce qu’il qualifie d’impunité pour leurs dirigeants.

Pour plusieurs milliardaires américains, ce projet de réforme et d’autres mesures dans la même veine font courir le risque d’un effondrement boursier si le sénateur accédait à la Maison Blanche.

« On avait dit la même chose pour Donald Trump. Le marché a chuté au lendemain de son élection avant de se reprendre. Tout cela est grotesque », balaie Dan Alpert.

Allemagne: une voiture fonce dans un défilé de carnaval, « plusieurs blessés »

Plusieurs personnes ont été blessées lundi lorsqu’une voiture a foncé dans un défilé de carnaval dans le centre de l’Allemagne, a annoncé la police, sans pouvoir préciser pour l’heure s’il s’agissait d’un acte délibéré.

Le conducteur du véhicule « a été arrêté », a précisé la police, alors qu’une partie de l’Allemagne célèbre le « lundi des roses », le point culminant des festivités du carnaval.

La police a dans la foulée annoncé sur Twitter l’annulation « par mesure de précaution » de tous les défilés de carnaval dans l’Etat-région de Hesse.

Selon des médias locaux, un break Mercedes gris métallisé a foncé dans la foule à Volkmarsen, près de Kassel, et au moins dix personnes ont été blessées, dont des enfants.

Selon le quotidien Bild, le nombre de blessés s’élevait à « plus de trente, dont environ un tiers grièvement ».

« Il est encore trop tôt » pour déterminer si le conducteur a délibérément foncé dans la foule, a indiqué à l’AFP une porte-parole de la police, qui n’a pas voulu non plus donner d’indications sur la gravité des blessures.

Des témoins interrogés par le quotidien régional Frankfurter Rundschau ont eu l’impression que le suspect visait particulièrement les enfants après avoir foncé à plein gaz dans la foule et poursuivi sa course sur une trentaine de mètres.

De nombreuses victimes gisaient au sol et ont été prises en charge par des équipes de secours déployées en masse dans cette commune de 7.000 habitants, situé dans l’Etat régional de Hesse.

– Vigilance –

Selon des témoins cités par les médias locaux, le véhicule a percuté la foule vers 14h30 (13h30 GMT).

Des photos publiées par les médias montraient une voiture Mercedes arrêtée devant l’entrée d’un parking de supermarché.

De nombreux véhicules de police et des pompiers ont investi les alentours de ce supermarché. Un hélicoptère a également atterri dans la zone, selon le quotidien local Hessische Niedersächische Allgemeine.

L’origine des faits n’est pas encore établie mais ils interviennent dans un contexte tendu en Allemagne, en particulier dans cet Etat de Hesse frappé mercredi dernier par une double fusillade raciste qui a fait neuf morts à Hanau.

Les autorités allemandes sont sur le qui-vive concernant la menace islamiste, particulièrement depuis un attentat au camion-bélier revendiqué par le groupe Etat islamique qui avait fait 12 morts en décembre 2016 à Berlin.

Depuis cette date, les autorités allemandes ont déjoué neuf tentatives d’attentat de ce type, dont deux en novembre 2019, selon des chiffres de l’Office fédéral de police criminelle.

Mais la menace d’un terrorisme d’extrême droite inquiète tout autant les autorités, avec le meurtre d’un élu allemand pro-migrants en juin 2019, puis une attaque visant une synagogue de Halle en octobre 2019, et enfin l’attentat de Hanau.

Les régions de l’Ouest et du Sud de l’Allemagne en particulier célèbrent actuellement le carnaval, rendez-vous annuel costumé très attendu.

Traditionnellement le lundi des roses consiste en un défilé de chars dans les rues des grandes villes comme Cologne, Düsseldorf ou Mayence.

Le carnaval est très suivi dans les régions à majorité catholique.

Le Botswana s’inquiète de la hausse du braconnage visant ses rhinocéros

Les autorités du Botswana ont tiré lundi la sonnette d’alarme à propos de la forte recrudescence des cas de braconnage visant leurs rhinocéros sauvages, dont près de 10% de la population a disparu au cours de l’année écoulée.

Au moins 46 d’entre eux ont été tués depuis avril dernier pour leurs cornes dans la seule réserve de Moremi (nord), a déclaré à l’AFP le directeur adjoint du ministère en charge de la Vie sauvage, Moemi Batshabang.

« Le braconnage a augmenté dans des proportions inquiétantes dans ce secteur », a ajouté M. Batshabang.

S’il accueille la plus importante population d’éléphants au monde, le Botswana ne recense plus aujourd’hui sur son territoire qu’un faible nombre de rhinocéros – blancs ou noirs – évalué entre 400 et 500 spécimens, selon ses statistiques.

La plupart ont élu domicile dans le célèbre delta de la rivière Okavango (nord), où se trouve la réserve de Moremi.

Les autorités du pays d’Afrique australe redoutent qu’au rythme actuel de la chasse illégale, leur population de rhinocéros soit entièrement rayée de la carte d’ici 2021.

Comme dans le reste du continent, le braconnage se nourrit de la forte demande pour leurs cornes, composées de kératine comme les ongles humains, issue de la Chine et du Vietnam notamment, où la médecine traditionnelle leur prête la faculté de soigner le cancer ou l’impuissance sexuelle.

Au marché noir, le kilogramme de cornes de rhinocéros se monnaie jusqu’à 60.300 dollars (55.000 euros).

En renforçant ses moyens de lutte contre braconniers et trafiquants, l’Afrique du Sud, qui abrite 80% de la population mondiale, a réussi à réduire de 23% le nombre de ses rhinocéros tués en 2019, selon les statistiques officielles.

Tanzanie: un journaliste libéré après avoir plaidé coupable de crimes économiques

Un journaliste d’investigation tanzanien, Erick Kabendera, dont la détention depuis sept mois a suscité une vive réprobation internationale, a été libéré lundi après avoir plaidé coupable de crimes économiques.

M. Kabendera travaille pour des médias nationaux et étrangers, comme The East African, dont le siège est au Kenya. Il a publié plusieurs analyses critiques sur la vie économique et politique dans la Tanzanie du président John Magufuli.

Il avait d’abord été détenu pour être interrogé sur sa nationalité avant que les charges ne soient transformées en sédition. Puis ces charges ont été abandonnées et finalement M. Kabendera a été inculpé en août 2019 de crimes économiques et blanchiment d’argent.

Il était détenu depuis et son procès a été reporté 11 fois. Il s’était même vu refuser d’assister aux funérailles de sa mère en janvier.

L’arrestation et les poursuites engagées contre ce journaliste indépendant réputé ont été pour beaucoup d’observateurs révélatrices de l’érosion de la liberté de la presse en Tanzanie depuis l’élection de M. Magufuli fin 2015.

M. Kabendera a plaidé coupable des chefs d’accusation de blanchiment d’argent et de non-paiement de 173 millions de shillings (69.000 euros) d’impôts.

Il a été libéré après avoir payé une amende de 250.000 shillings (100 euros) pour avoir omis de payer des impôts, mais doit encore verser 100 millions de shillings (39.933 euros) d’amende pour blanchiment d’argent.

Le journaliste a déclaré qu’il « appréciait le soutien de tous ».

« J’ai traversé des moments difficiles et finalement je suis libre. Je ne m’y attendais pas mais je suis reconnaissant pour tout le soutien », a-t-il dit.

Son avocat Jebra Kambole a précisé que l’amende restante serait payée en plusieurs versements.

Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne avaient dénoncé la « lente érosion » des droits en Tanzanie, citant l’exemple de M. Kabendera.

Reporters sans frontières (RSF), qui classe la Tanzanie de M. Magufuli parmi les régimes prédateurs de la liberté de la presse, et Amnesty International, entre autres, ont réclamé la libération de M. Kabendera.

Depuis l’élection de M. Magufuli, des meetings de partis d’opposition ont été interdits, des responsables de l’opposition arrêtés et poursuivis, des journaux fermés et des journalistes et artistes molestés ou menacés de mort, après avoir critiqué le gouvernement.

Surnommé le « bulldozer », M. Magufuli a fermé des journaux, interdit des rassemblements de l’opposition, mis un terme aux retransmissions en direct des sessions parlementaires et utilisé la loi sur les cybercrimes pour emprisonner les critiques.

Soudan du Sud: la voie de la paix reste pavée d’obstacles

Le président sud-soudanais, Salva Kiir, et son vieux rival Riek Machar partagent à nouveau tant bien que mal le pouvoir, mais la marche vers la paix sera encore longue et périlleuse pour leur pays, après six années d’une guerre civile destructrice.

Chef de la principale rébellion au Soudan du Sud, M. Machar est redevenu samedi vice-président, pour la troisième fois depuis l’indépendance en 2011 et conformément à un accord de paix conclu en 2018.

Il a donné l’accolade à M. Kiir, auquel l’oppose pourtant une inimitié viscérale à l’origine de tous les maux récents de leur pays, et qui a pour sa part proclamé « la fin officielle de la guerre ».

« C’est une étape cruciale, mais ce n’en est qu’une dans le très long parcours qui attend le Soudan du Sud pour sortir du conflit », souligne pour l’AFP Alan Boswell, expert auprès de l’International Crisis Group (ICG).

« Les Sud-Soudanais restent très sceptiques quant aux chances de voir ces deux dirigeants travailler ensemble et non l’un contre l’autre », ajoute-t-il.

L’annonce jeudi d’un accord sur la formation d’un gouvernement d’union nationale n’est intervenue que sous forte pression internationale et à quelques heures de la date butoir fixée au 22 février, après le report des deux échéances précédentes.

Pour y parvenir, les deux leaders ont dû se résoudre à des concessions de dernière minute, saluées par les partenaires internationaux.

La proposition de M. Kiir de revenir à un système fédéral de 10 États, au lieu de 32, a ainsi contribué à débloquer la situation. Même si son choix d’y ajouter trois « zones administratives » (Ruweng, Pibor et Abyei), dans des régions pétrolières, a été initialement mal accueilli par M. Machar.

– De nombreux motifs de dissension –

Et ce dernier a en retour pris le risque de sacrifier à sa sécurité personnelle, en acceptant qu’elle soit confiée aux troupes présidentielles.

Mais les motifs de dissension restent nombreux. Les deux camps continuent par exemple à maintenir leurs propres forces armées, le projet de créer une armée nationale unifiée forte de 83.000 hommes n’ayant guère avancé.

« C’est la confusion totale pour ce qui est des dispositions sécuritaires », observe M. Boswell. « Les deux camps gardent l’essentiel de leurs forces en réserve et ils ont recruté abondamment pour garnir leurs rangs ».

La situation pourrait dès lors facilement « échapper à tout contrôle », met en garde l’analyste.

Pour Luuk van der Vondervoort, chercheur au European institute of peace, la question est avant tout de savoir s’il y aura « un véritable partage du pouvoir », car « la dernière fois, ça n’avait pas été le cas ».

Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013 lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé M. Machar, son ex-vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.

Le conflit, marqué par des atrocités, dont des meurtres et des viols, a fait en six ans plus de 380.000 morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

– La reconstruction prendra « des générations » –

Un précédent accord de paix avait permis la nomination de M. Machar comme vice-président en 2016. Mais l’expérience n’avait duré que quelques semaines et s’était soldée par d’intenses combats entre ses troupes et celles de M. Kiir à Juba.

Pour M. Van der Vondervoort, il revient à la communauté internationale de maintenir l’impulsion. « Il faut avoir conscience que derrière toutes les images publiques et la rhétorique de la réconciliation, derrière les accolades et les sourires, cet accord n’a été rendu possible que par la pression continue de la région et des États-Unis ».

Cinq postes de vice-présidents ont été attribués, dont celui de premier vice-président confié à M. Machar, et les négociations se poursuivent pour la composition du gouvernement.

Certains observateurs veulent voir une lueur d’espoir dans l’apparente volonté de M. Kiir et Machar de faire des compromis.

« Pour l’instant, nous ne savons pas ce qui se passera car (M. Machar) n’a pas encore pris ses fonctions (…). Mais s’ils continuent à faire des compromis, alors nous verrons de bonnes choses se passer dans ce pays », estime Abraham Kuol Nyoun, professeur en sciences politiques à l’université de Juba.

La guerre civile a contraint plus de quatre millions de personnes à fuir leur foyer. Et, à l’écart des marchandages politiques, quelque 190.000 personnes continuent à vivre dans des camps placés sous protection de l’ONU, trop apeurés pour rentrer chez eux.

Des villes et villages entiers ont été détruits par ce brutal conflit ethnique et pour M. Boswell la reconstruction du pays prendra « des générations ».

« Recréer une identité nationale et favoriser le pardon national prendra beaucoup, beaucoup de temps », ajoute-t-il, remarquant que neuf ans après l’indépendance les leaders sud-soudanais doivent encore convaincre leur peuple que le « Soudan du Sud peut être viable et aller de l’avant ».

Accusé du meurtre de son ex-femme, le Premier ministre du Lesotho devant la justice

Le Premier ministre du Lesotho Thomas Thabane s’est présenté lundi à la surprise générale devant la justice de son pays pour y répondre des rocambolesques accusations du meurtre de son ex-épouse qui agitent le royaume depuis des semaines.

Officiellement en Afrique du Sud depuis vendredi dernier pour des « raisons médicales », M. Thabane, 80 ans, a fait une apparition inattendue en début de matinée devant un tribunal de la capitale Maseru, a constaté une journaliste de l’AFP.

Il était accompagné de sa deuxième femme Maesaiah Thabane, 42 ans, épousée deux mois après la mort de la première et déjà inculpée de complicité du meurtre de sa rivale.

A l’issue d’une brève audience, le dossier a été renvoyé devant la Haute Cour du Lesotho sans que le Premier ministre Thabane ne soit formellement inculpé.

Son avocat, Qhalehang Letsika a plaidé qu’il ne pouvait pas l’être tant qu’il dirigeait le gouvernement.

« Mon client ne peut pas être poursuivi tant qu’il exerce ce mandat mais il n’est pas au-dessus des lois », a-t-il expliqué, ajoutant que ses fonctions actuelles « lui assurent l’impunité ».

La juge en charge du dossier, Phethise Motanyane, a convenu que la situation était exceptionnelle et préféré renvoyé l’affaire devant l’instance supérieure. « Je dois avouer que ce dossier est inédit dans notre pays », a-t-elle commenté.

La date de l’audience devant la Haute Cour n’a pas été annoncée.

L’affaire déstabilise le sommet de ce petit pays coincé au cœur de la puissante Afrique du Sud depuis des mois.

– Remous politiques –

Elle a véritablement éclaté en janvier, lorsque le chef de la police a révélé dans un courrier rendu opportunément public qu’un appel passé sur le téléphone portable du Premier ministre avait été localisé sur les lieux du meurtre de sa femme.

Lipolelo Thabane, 58 ans, a été tuée par balle en juin 2017 à Maseru, deux jours avant l’investiture de son époux.

Sous la pression de l’opposition et de son propre parti, le Congrès de tous les Sothos (ABC), Thomas Thabane a annoncé quelques jours plus tard qu’il allait démissionner d’ici juillet.

Interrogé une première fois par la police sur les circonstances de cet assassinat, le chef du gouvernement avait été convoqué vendredi devant le tribunal de Maseru pour y être inculpé.

Mais il s’est alors fait porter pâle, officiellement en déplacement en Afrique du Sud pour des raisons médicales « d’urgence ». Son entourage a alors fait savoir qu’il ne serait pas prêt à comparaître avant le 27 février.

Son départ inopiné à l’étranger a un temps poussé les autorités à envisager l’émission d’un mandat d’arrêt à son encontre.

Sur le front politique, le principal parti d’opposition, le Congrès démocratique, a formellement déposé vendredi dernier devant le Parlement une motion de défiance contre le Premier ministre et son gouvernement.

Si elle obtient une majorité des voix des parlementaires, il devra démissionner ou proposer au roi Letsie III la dissolution du Parlement et l’organisation de nouvelles élections.

Le Lesotho a une longue histoire d’instabilité politique, illustrée par des coups d’Etat militaires en 1986 et 1991.

Frappé par le chômage, une épidémie de sida qui touche 23% de sa population de 2 millions d’habitants et un manque criant de services publics, il fait partie des pays les plus pauvres de la planète.

Foot: Adebayor a fait ses grands débuts au Paraguay sous le maillot d’Olimpia

L’attaquant togolais Emmanuel Adebayor, ancien joueur d’Arsenal et de Manchester City, a fait dimanche ses grands débuts dans le Championnat du Paraguay de football sous le maillot d’Olimpia.

Adebayor, 35 ans, est entré en jeu en début de seconde période du choc entre Olimpia et Cerro Porteno, en remplacement du vétéran paraguayen Roque Santa Cruz, son ancien coéquipier à Manchester City et grand ami.

La rencontre s’est soldée par un nul 1-1. Si Adebayor, chaleureusement accueilli par les supporters d’Olimpia, est resté muet, il a bien failli offrir la victoire à sa nouvelle équipe d’une tête qui a rasé la transversale du but de Cerro Porteno.

Le Togolais formé au FC Metz, finaliste de la Ligue des champions 2004 avec Monaco, était sans club depuis décembre et la résiliation de son contrat avec le club turc de Kayserispor.

Il est également passé par le Real Madrid et Tottenham.

Le Club Olimpia, une des formations de la capitale Asuncion, a remporté les quatre derniers titres de champion du Paraguay et pointe après six journées à la 4e place du tournoi d’ouverture avec 11 points, soit cinq de moins que le leader, Libertad.

Olimpia dispute également la Copa Libertadores et affrontera en phase de poules les Brésiliens de Santos, le club argentin de Defensa y Justicia et les Equatoriens de Delfin.

Afrique du Sud: des femmes porteuses du VIH stérilisées de force dans des hôpitaux (rapport)

Une cinquantaine de Sud-Africaines porteuses du VIH ont été stérilisées de force dans des hôpitaux en Afrique du Sud, a révélé lundi une enquête qui fait état de nombreuses violations de leurs droits et appelle à une action gouvernementale.

Cette enquête a été lancée en 2015 lorsque deux organisations de défense des droits des femmes ont approché la Commission pour l’égalité des sexes en Afrique du Sud (CGE) avec 48 cas documentés de stérilisation forcée.

La CGE avait réuni des témoignages sous serment de plaignantes faisant état de ces stérilisations.

« Toutes les femmes qui ont déposé plainte étaient des femmes noires qui étaient majoritairement porteuses du VIH », a déclaré la cheffe du CGE, Keketso Maema, citée dans ce rapport publié lundi.

« Alors qu’elles étaient sur le point d’accoucher (…) elles ont été contraintes ou forcées de signer des formulaires dont elles ont appris par la suite qu’il s’agissait de formulaires de consentement permettant par divers moyens à l’hôpital de les stériliser », selon les termes du document.

Tous les cas mentionnés dans le rapport ont eu lieu entre 2002 et 2015.

Des enquêteurs ont découvert que du personnel hospitalier menaçait de refuser de prodiguer à ces femmes des soins médicaux si elles ne signaient pas ces formulaires.

Certaines des plaignantes, selon ce rapport, ont déclaré avoir reçu ces formulaires alors qu’elles vivaient des moments de « douleur extrême » au cours desquels elles ne pouvaient pleinement comprendre le contenu de ces formulaires et ce qu’elles étaient en train de signer.

Toutes ces femmes ont accouché par césarienne, facilitant une intervention chirurgicale de stérilisation.

Elles ont été nombreuses à tomber en dépression après avoir découvert qu’elles ne pourraient plus avoir d’enfants, et certaines ont été abandonnées par leur conjoint.

– Pas de questions –

Une de ces victimes a déclaré aux enquêteurs qu’elle avait découvert tardivement que ses trompes de Fallope – une des parties constituantes de l’appareil génital féminin et dont le rôle est indispensable dans le processus de reproduction – avaient été sectionnées après un accouchement.

Elle a appris ce qui lui était arrivé plusieurs années après avoir consulté un médecin privé pour comprendre son infertilité nouvelle.

Après son accouchement, elle était restée à l’hôpital pendant une période anormalement longue pour être soignée pour une infection de sa cicatrice après une césarienne.

« Elle (…) n’a jamais été informée de ce qui lui était arrivé », selon les termes du rapport, citant des extraits de son témoignage.

Une autre plaignante a du signer les formulaires et au moment où elle demandait à l’infirmière pourquoi elle devait le faire, celle-ci lui a répondu: « Vous les gens porteurs du VIH vous ne vous posez pas de questions quand vous faites des bébés ».

« Pourquoi posez-vous des questions maintenant, vous devriez être stérilisés, les personnes vivant avec le VIH, vous aimez faire des bébés, et ça nous ennuie. Signez les formulaires et partez ».

La commission a conclu que ces femmes ont été exposées à des violations graves des droits humains et subi « des traitements dégradants ». En outre, elle accuse le personnel hospitalier d’avoir failli à leur « obligation de soins ».

Ce rapport a été communiqué au ministère sud-africain de la Santé, qui n’a pas souhaité s’exprimer dans l’immédiat.

Le nombre total de personnes vivant avec le VIH en Afrique du Sud est passé d’environ 4,64 millions en 2002 à 7,97 millions en 2019, selon des statitisques gouvernementales.

En 2019, 13,5% de la population totale en Afrique du Sud était séropositive.

L’opposition appelle les Togolais à contester la rélection du président, ses électeurs se disent « résignés »

L’opposition a appelé les Togolais à « défendre la vérité des urnes », au lendemain de la victoire contestée du président sortant Faure Gnassingbé reconduit pour un quatrième mandat, mais le pays était très calme, les partisans de l’opposition se disant « résignés ».

Faure Gnassingbé, 53 ans, a été reconduit à la tête de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest lors d’un scrutin aux chiffres officiels « inédits », tant par son score (72% des voix) que par le taux de participation de 77%.

C’est la première fois que des résultats officiels sont annoncés aussi rapidement au Togo, à peine plus de 24 heures après le scrutin, et la Commission électorale indépendante (Ceni) a « pris tout le monde de court », selon un diplomate missionné dans le pays.

« Les observateurs internationaux n’avaient même pas encore fait leurs déclarations », note cette source, estimant qu’il était « impossible de compiler et centraliser physiquement -des quelque 9.000 bureaux de vote du pays- sans système électronique ».

« Il ne s’est pas embêté avec des résultats au coude à coude », analyse cet observateur, « il a voulu faire passer le message que c’est lui le patron ».

La situation commençait à se crisper quelques heures avant cette annonce: les deux camps s’étaient d’ores et déjà déclarés vainqueurs, et le candidat outsider de l’opposition, Agbéyomé Kodjo, crédité de 18% des suffrages selon les résultats officiels, dénonçait des fraudes et des irrégularités.

Dès lundi matin, un appel de l’opposant à « défendre la vérité des urnes » circulait à travers le pays, sur l’application de messagerie Whatsapp, sans guère rencontrer d’écho.

A Lomé, quelques véhicules de l’armée et des forces de l’ordre patrouillaient dans les rues, tandis que la population se rendait au travail et vaquait à ses occupations ordinaires.

Les Togolais étaient descendus par dizaines de milliers dans les rues en 2017 et 2018 pour demander la démission de Faure Gnassingbé, dans des manifestations réprimées dans le sang.

Mais le pouvoir a tenu bon et en 2019, le Parlement votait une révision de la Constitution lui permettant de se présenter pour un quatrième et cinquième mandats.

– ‘Fatigués’ –

Les électeurs de l’opposition se sont dit « déçus » voire « trahis » par l’opposition historique de l’Alliance nationale pour le changement, qui a remporté un score très faible (4%), mais de manière générale beaucoup ne croient plus à l’alternance et sont résignés après plus d’un demi-siècle de la même famille au pouvoir.

Dans les quartiers de Lomé acquis à l’opposition, on échangeait, mais d’une manière générale, les gens se disent « fatigués ».

« Chaque jour, c’est toujours le même qui gagne, nous on voulait le changement mais cela ne peut pas arriver ici », explique Caleb, un commerçant partisan de « Kodjo », à l’AFP.

« Même si Kodjo appelle à descendre dans la rue je ne crois pas que j’irai. On a manifesté mais rien ne change, je vais pas mettre ma vie en danger », a-t-il ajouté.

« Les résultats sont faux mais nous sommes résignés. Qu’est-ce qu’on peut faire? Si tu sors dans la rue on te tue, on te frappe », renchérit Dodji, le client d’un restaurant de rue qui prenait son café lundi matin.

De son côté, le président sortant n’a pas fait pour l’instant de discours à la nation, mais a fêté sa victoire avec ses supporters dans un « village présidentiel », construit à Lomé à l’occasion de la campagne électorale.

Il est apparu en costume gris clair et casquette bleue estampillée d’un F pour « Faure », et a remercié « la jeunesse togolaise mobilisée pour célébrer (…) la démocratie ».

« La vérité vient d’éclater (…). Ceux qui voulaient s’agiter se sont agités, mais nous sommes restés calmes », a-t-il déclaré sous les applaudissements des partisans d’Unir (Union pour la république).

Lundi matin, sur son compte officiel Twitter, les internautes pouvaient lire un bref message: « Merci pour la confiance renouvelée. Oui, allons-y ».

M. Gnassingbé, arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui avait lui-même dirigé le Togo pendant 38 ans, a été réélu depuis lors de scrutins tous contestés par l’opposition.

Il garde d’importants alliés parmi ses pairs africains et avec la France, ex-puissance coloniale impliquée dans la lutte contre les mouvements jihadistes au Sahel voisin, qui restent particulièrement sensibles à la stabilité du Togo dans cette région volatile.

« Comme des réfugiés »: à Wuhan, la lutte des habitants confinés pour se nourrir

« On a l’impression d’être des réfugiés »: à Wuhan, la ville berceau du coronavirus coupée du monde depuis un mois, les habitants confinés luttent pour se nourrir, entre une offre raréfiée, des restrictions d’achat et une envolée du prix des légumes.

Son quartier a été verrouillé sans préavis: Guo Jing, une jeune femme de 29 ans, est désormais cloîtrée chez elle.

Elle a vu sa liberté de circulation réduite progressivement à néant: d’abord, le 23 janvier, il est devenu interdit de quitter Wuhan, coupée du monde dans l’espoir d’endiguer l’épidémie, apparue dans cette ville de 11 millions d’âmes du centre de la Chine.

Puis, les habitants n’ont plus eu le droit de quitter leur complexe résidentiel ou bloc d’habitation qu’une fois tous les trois jours.

Et désormais, même cette permission a disparu: Guo Jing ne peut plus mettre un pied dehors et dépend désormais des livraisons à domicile.

« Certes, je peux vivre ainsi encore un mois », explique-t-elle, évoquant ses stocks de légumes marinés et d’oeufs.

Tous n’ont pas cette chance: pour les millions de Chinois piégés à Wuhan, l’interdiction de quitter sa résidence suscite d’angoissantes questions pratiques.

« Quand les provisions que nous avons chez nous seront terminées, j’ignore totalement où nous pourrons faire des achats », s’inquiète Pan Hongsheng, qui vit avec son épouse et ses deux enfants.

Les habitants de cette ville bouclée depuis un mois ont été contactés par l’AFP par téléphone et par messagerie.

Certaines communautés ou résidences passent des commandes en gros après de supermarchés.

Rien de tel dans le voisinage de M. Pan: « Tout le monde s’en fiche », se désole-t-il auprès de l’AFP. « Notre petit de trois ans n’a même plus de lait en poudre! ».

Pan Hongsheng est dans l’impossibilité de transmettre des médicaments à ses beaux-parents octogénaires habitant un autre quartier. « On a l’impression d’être des réfugiés », commente-t-il, amer.

– « On ne peut pas choisir » –

Les autorités appellent à la patience: « Le contrôle étroit des communautés dérange un peu la vie des gens, c’est inévitable », a simplement constaté devant la presse Qian Yuankun, vice-secrétaire du Parti communiste dans la province.

Les achats groupés de nourriture s’envolent, organisés sur des groupes de discussion improvisés sur la messagerie mobile WeChat.

Certains commerces vendent des paniers de produits frais au poids, à condition que les commandes soient groupées à une même adresse.

Dans le quartier de Guo Jing, on peut acheter 6,5 kilos de légumes de cinq variétés, dont des patates et des choux, au prix fort de 50 yuans (6,60 euros).

« Vous ne pouvez pas choisir ce que vous aimeriez manger. Les préférences personnelles ne sont plus de saison », soupire la jeune femme.

Le système des achats groupés laisse de côté certaines communautés de petite taille, puisque les supermarchés exigent un nombre minimum de commandes.

« Honnêtement, on ne peut pas faire autrement », se justifie Yang Nan, patronne d’un supermarché Laocunzhang, qui impose un minimum de 30 commandes groupées. « Nous avons seulement quatre véhicules » et un effectif réduit.

Un autre supermarché indique à l’AFP ne satisfaire que 1.000 commandes au maximum par jour.

« C’est devenu très compliqué de recruter » des coursiers, observe Wang Xiuwen, salarié du département logistique du magasin, indiquant être réticent à accepter des bras extérieurs… par crainte des contaminations.

– Légumes « déjà pourris »-

L’intensité des restrictions varie cependant selon les quartiers.

Une jeune femme de 24 ans, s’exprimant sous couvert d’anonymat, explique à l’AFP que les occupants de son immeuble peuvent sortir, une personne par foyer à la fois, et payer des livreurs directement pour leur ramener des courses.

Dans d’autres districts, les supermarchés ont interdiction de vendre directement aux particuliers, ce qui oblige à s’en remettre aux comités de quartiers ou organisations de résidents capables d’acheter en gros.

Ainsi, le complexe résidentiel de David Dai, dans les faubourgs de Wuhan, organise des commandes groupées au prix fort.

« Mais la réalité est horrible (…) On reçoit des tas de tomates et d’oignons déjà pourris », s’énerve ce père de 49 ans, selon qui le tiers des aliments livrés est bon à jeter. Sa famille en est réduite à faire sécher des épluchures de navets pour ajouter des nutriments aux futurs repas, raconte-t-il.

Le pire, c’est l’incertitude, conclut Ma Chen, un jeune trentenaire vivant seul.

Faute de savoir quand une prochaine commande sera possible et combien de temps dureront les restrictions, « je ne sais jamais quelle quantité de nourriture acheter ».

L’Irak annonce un premier cas de coronavirus, un citoyen iranien (officiel)

L’Irak a annoncé lundi son premier cas de contamination au nouveau coronavirus, un étudiant en religion iranien dans la ville sainte chiite de Najaf, alors que le pays a déjà interdit les voyages entre l’Irak et son grand voisin iranien.

Cet homme, âgé d’une trentaine d’années selon une source médicale, est le premier cas officiellement annoncé en Irak, un pays au système de santé totalement délabré qui accueille sur son sol de nombreux pèlerins et étudiants en religion venus d’Iran.

L’Iran est en première ligne face au nouveau coronavirus, avec 12 cas recensés jusqu’ici, soit le plus grand nombre de cas de décès en dehors de Chine, épicentre de la maladie.

L’homme atteint de la pneumonie virale Covid-19 était lundi en quarantaine dans un hôpital de Najaf, au sud de Bagdad. Tout membre du personnel lui fournissant des soins était ensuite passé avec ses habits sous un jet de produit désinfectant, a constaté un photographe de l’AFP.

Aussitôt cette annonce faite, la direction de l’Education de cette province a annoncé « suspendre jusqu’à nouvel ordre les examens de fin de premier semestre » dans l’ensemble des établissements scolaires et universitaires de la province.

L’Irak, inquiet des décès en Iran et de l’annonce d’une première contamination dans un autre pays voisin, le Koweït, a fermé sa frontière à l’est avec les deux pays.

Bagdad a également interdit les voyages vers et depuis l’Iran jeudi, mais la direction de la Santé de Najaf a affirmé lundi dans son communiqué que le premier malade d’Irak était entré « avant l’interdiction d’entrée sur le territoire prononcée contre les Iraniens ».

En Iran, la plupart des dernières contaminations ont eu lieu à Qom, une ville sainte à 150 km au sud de Téhéran qui revêt une importance particulière pour les chiites, une communauté très présente au Liban, en Irak et au Koweït, ce qui alimente la psychose en Irak.

Les Irakiens s’étaient déjà inquiétés de la diffusion du nouveau coronavirus en Chine: plusieurs compagnies pétrolières chinoises opèrent avec leur personnel en Irak. Alors que le bilan en Chine avoisine les 2.600 morts, l’entrée sur le territoire irakien de tout étranger en provenance de Chine a été interdite par Bagdad.

Les Irakiens sont d’autant plus préoccupés que leur pays est en pénurie chronique de médicaments et compte moins de 10 médecins pour 10.000 habitants, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Coronavirus: Téhéran promet la « transparence » après des accusations

Les autorités de Téhéran ont promis lundi la transparence sur l’épidémie de nouveau coronavirus en Iran, démentant catégoriquement que l’épidémie ait pu faire un cinquantaine de morts comme l’affirme un député accusant le gouvernement de « mentir au peuple ».

« Je nie catégoriquement cette information », a déclaré le vice-ministre de la Santé, Iraj Harirtchi, interrogé sur le chiffre avancé par Ahmad Amirabadi Farahani.

Cet élu ultraconservateur de la ville de Qom –où ont été annoncés, le 19 février, les premiers cas et décès liés au nouveau coronavirus– a assuré que le nombre de morts s’élevait dimanche soir à « environ 50 personnes » pour cette ville sainte chiite située à 150 km au sud de Téhéran et dont la province est la plus touchée par l’épidémie.

« Je demande à notre frère qui déclare ce chiffre de 50 morts de nous fournir la liste de leurs noms dans une lettre. Si le nombre de décès à Qom atteint la moitié ou le quart de ce chiffre, je démissionnerai », a rétorqué le vice-ministre de la Santé.

« Nous nous engageons à être transparents sur la publication des chiffres », a renchéri le porte-parole du gouvernement Ali Rabii. « Nous annoncerons tout chiffre concernant le nombre de morts sur l’ensemble du pays », a-t-il promis.

L’agence de presse Ilna, proche des réformateurs, a été la première à publier les accusations formulées par M. Amirabadi Farahani devant des médias iraniens, à l’issue d’une session à huis clos consacrée au coronavirus avec le ministre de la Santé, Saïd Namaki.

Le député a également accusé le gouvernement de « ne pas dire la vérité » sur l’ampleur de l’épidémie en Iran, selon l’agence semi-officielle Isna.

« Le reste des médias n’a pas publié ce chiffre, mais nous préférons ne pas censurer ce qui concerne le coronavirus car la vie du peuple est en danger », a déclaré à l’AFP Fatemeh Mahdiani, rédactrice en chef de l’agence Ilna.

– Annonce tardive –

L’agence Fars, proche des ultraconservateurs, a ensuite nuancé, rapportant que l’élu de Qom avait parlé d’un bilan « inférieur à 50 » morts dans sa ville, en réponse à une question lui demandant si le total était de 60 morts.

« Malheureusement, le coronavirus est arrivé à Qom depuis trois semaines et cela a été annoncé (trop) tard », a ajouté l’agence en citant le député.

Les autorités ont annoncé lundi la mort de quatre nouvelles personnes infectées par le virus Covid-19.

Ces décès portent à 12 le nombre de personnes tuées en Iran par l’épidémie de pneumonie virale, sur un total de 61 personnes contaminées dans le pays, selon les derniers chiffres du ministère de la Santé.

Ce bilan place l’Iran au premier rang des pays touchés par la maladie en dehors de Chine, d’où est partie le virus et où l’on recense presque 2.600 morts.

Après la province de Qom, où 34 cas de contamination ont été recensés, suivent celles de Téhéran avec 13 cas, Gilan (nord, 6 cas), Markazi (centre, 4 cas), Ispahan (centre, 2 cas), et les provinces de Hamédan (ouest) et Mazandaran (nord), avec un cas chacune, selon le ministère.

Hormis pour les deux premiers décès à Qom, les autorités ne précisent plus le lieu des nouveaux cas mortels.

– Commerçant ou clandestins? –

La confiance de la population iranienne dans les autorités est mise à rude épreuve depuis l’affaire de l’avion de ligne ukrainien dans lequel 176 personnes, majoritairement iraniennes et canadiennes, ont péri.

Les forces armées avaient reconnu leur responsabilité dans le drame trois jours après les faits et après le démenti par les autorités civiles de la thèse d’un tir de missiles avancée par le Canada dès le soir de la catastrophe.

Lundi, le Koweït et Bahreïn ont annoncé avoir détecté leurs premiers cas de personnes infectées par le nouveau coronavirus, ajoutant qu’elles revenaient d’Iran, pays riverain situé sur la rive opposée du Golfe.

Le ministère de la Santé de Koweït a précisé que trois personnes revenant de Machhad, la deuxième ville d’Iran, avaient été testées positives au virus.

Les autorités iraniennes n’ont encore annoncé aucun cas de contamination dans cette ville sainte et très important centre de pèlerinage chiite, dans le nord-est du pays.

De son côté, l’Irak a annoncé son premier cas de contamination, un étudiant en religion iranien dans la ville sainte chiite de Najaf.

A l’issue de la session à huis clos des députés avec le ministre de la Santé, le porte-parole du bureau du Parlement iranien, Assadollah Abbassi, a déclaré que celui-ci avait pointé, comme « cause de l’infection au coronavirus en Iran », « des personnes entrées illégalement dans le pays depuis le Pakistan, l’Afghanistan et la Chine », selon Isna.

La veille, le ministre avait pourtant déclaré que l’une des personnes tuées par la maladie à Qom était « un commerçant (local) qui avait effectué plusieurs voyages en Chine ».

Le nord de l’Italie se barricade doucement face au virus

Le militaire n’a pas de masque. D’un geste automatique, il remonte son écharpe sur le nez en s’approchant des conducteurs. Petit à petit, la routine de la quarantaine s’installe à l’entrée de Casalpusterlungo, une des villes du nord de l’Italie frappées par le coronavirus.

C’est un rond-point banal, posé au milieu de la plaine lombarde. Deux de ses bretelles sont bloquées par des voitures des douanes. Au-delà, on est en « zone rouge », là où ont été identifiés des foyers d’infection au coronavirus. Là où plusieurs dizaines de milliers d’habitants sont placés depuis dimanche en stricte quarantaine. Théoriquement.

Seuls sont autorisés à entrer dans la zone rouge les camions transportant des produits de première nécessité (médicaments, nourriture), les policiers, le personnel médical ou les personnes bénéficiant de dérogations exceptionnelles.

Idem pour la sortie. Mais certains conducteurs, voire des cyclistes, franchissent le barrage et quittent la zone de quarantaine.

« Ils ne sont pas résidents dans la zone, ils l’ont juste traversée », explique un militaire, en concédant que la quarantaine est en train de se mettre en place et que les procédures sont parfois encore flexibles.

De nombreux automobilistes et camionneurs sont toutefois refoulés, dans le calme général. Même le chauffeur désespéré -« mais où je vais, moi ? qu’est ce que je vais faire ? »- et qui lance en faisant demi-tour « Pays de bouffons! » élève à peine la voix.

– Eau potable –

« La population est généralement très coopérative », reprend le militaire au barrage.

Et l’angoisse reste très contenue. « Si on devait avoir peur, qu’est-ce qui se passerait ? », sourit Gianluca Bragalini, un employé d’une société de distribution d’eau potable qui s’apprête à entrer en zone rouge avec une dizaine d’autres collègues. « On doit garantir le fonctionnement des services publics. Imaginez si l’eau potable venait à manquer ? ».

Arrive à pied Angela Grechi, responsable d’une association de protection des chats. Elle s’inquiète pour 80 félins abrités à Somaglia, une commune dans la zone rouge, qui n’auront bientôt plus à manger.

« J’espérais pouvoir livrer la nourriture ici au rond-point à notre responsable locale, mais il faut une autorisation de la préfecture », soupire-t-elle. « Je sais, ça paraît dérisoire de s’inquiéter pour des chats, mais… », lance-t-elle en tournant les talons.

Avec onze villes en quarantaine depuis dimanche, soit plus de 50.000 habitants confinés, l’Italie est devenue le premier pays européen à prendre des mesures drastiques pour contenir l’épidémie de Covid-19.

Quatre personnes sont mortes dans le nord du pays depuis vendredi, et plus de 200 cas ont été recensés. En Lombardie, la région de Milan, les autorités ont décidé la fermeture des écoles pendant une semaine et l’annulation de toutes les manifestations culturelles et sportives.

– ‘Situation absurde’ –

A quelques kilomètres de Casalpusterlengo, autre rond-point, autre barrage. Ambiance tout aussi tranquille, mais visions parfois angoissantes, comme cette ambulance qui rentre dans la zone à tombeau ouvert, conduite par un homme au visage entièrement masqué et revêtu d’une combinaison totale.

Stefano Medaglia, un menuisier de 32 ans, sa femme et leur bébé dans sa poussette arrivent à pied de la zone rouge jusqu’au rond-point.

« On est sortis faire quelques pas, on reste éloignés des autres gens, on prend nos précautions », explique le jeune homme originaire de Bertonico, une commune sous quarantaine. « Là-bas, c’est calme, il n’y a pas d’alarmisme. Mais c’est une situation étrange, absurde », soupire M. Ledaglia, qui craint pour l’activité de son entreprise familiale à Somaglia, autre ville dans la zone rouge.

« Je viens demander aux carabiniers (gendarmes, ndlr) s’il est possible de se déplacer d’une ville à l’autre à l’intérieur de la zone de quarantaine », explique-t-il. Il repart avec une réponse assez floue.

Pendant ce temps, certaines voitures entrent dans la zone, sans qu’on comprenne vraiment pourquoi. « Tant qu’elles restent sur la départementale, ca va. Il ne faut pas qu’elles prennent les petites routes et aillent dans les villages », dit un carabinier. Et comment peut-on le vérifier ? Il hausse les épaules.

Virus : l’Italie confine onze villes du Nord pour endiguer la contagion

Un cordon sanitaire était en place lundi autour de onze villes du nord de l’Italie, cœur économique du pays, pour endiguer la propagation du coronavirus, qui y a déjà fait cinq morts.

La soudaine flambée depuis vendredi des cas de nouveau coronavirus, passés de 6 à 219 en quatre jours, fait de l’Italie le pays le plus touché en Europe et le troisième dans le monde après la Corée du Sud et la Chine.

L’annonce lundi de la mort d’un homme de 88 ans près de Milan, en Lombardie (nord-ouest), a fait grimper le bilan à cinq décès, tous survenus dans le nord du pays : quatre en Lombardie et un en Vénétie (nord-est). Il s’agissait à chaque fois de personnes âgées et souvent déjà atteintes d’autres pathologies.

Le premier décès d’un Italien – et premier d’un Européen – avait été annoncé vendredi dans un village près de Padoue en Vénétie.

Le patient numéro 1 pour la Lombardie est un homme de 38 ans, Mattia, cadre de la multinationale anglo-néerlandaise Unilever à Casalpusterlengo. L’origine de sa contamination reste cependant un mystère, du propre aveu du ministère de la Santé.

L’Italie a multiplié depuis les mesures de précaution, dont la mise en semi-confinement des quelque 52.000 habitants d’une dizaine de villes du Nord: les lieux publics y sont fermés, sauf quelques magasins de première nécessité et les pharmacies de garde.

Le chef de la Protection civile italienne Angelo Borrelli a cherché lundi à rassurer la population: « Nous sommes intervenus à travers des mesures fortes et importantes, et donc je pense que notre pays est en mesure de garantir la sécurité », a-t-il assuré lors d’une conférence de presse.

Par précaution, toutes les excursions scolaires sont suspendues à l’intérieur et l’extérieur de la péninsule. Cette crise sanitaire a fait chuter la bourse de Milan, capitale économique du pays (-4,7%, vers 13H00 GMT).

Par ailleurs, une soixantaine de passagers venus de Lombardie et de Vénétie voyageant à bord d’un avion de la compagnie italienne Alitalia se sont vu interdire lundi de débarquer à l’île Maurice.

En Lombardie, région la plus touchée avec 167 cas, le métro de Milan était à moitié vide lundi matin, avec de nombreux passagers équipés de masques de protection.

Ecoles, universités, mais aussi musées, cinémas et théâtres dont la prestigieuse Scala, ainsi que la cathédrale gothique, symbole de la ville, sont fermés.

– Cinémas désertés –

Certains supermarchés milanais sont déjà dévalisés et le maire de la ville Beppe Sala a appelé ses concitoyens à la raison: « plutôt que de courir dans les supermarchés pour s’accaparer des aliments, il faudrait prendre soin des plus faibles, en particulier des personnes âgées qui sont celles qui courent le plus de risques ».

Les bars devront baisser leurs rideaux de 18H00 à 6H00 du matin, suspendant de fait la tradition locale de l’apéritif.

« Nous sommes sûrs que les mesures que nous avons prises empêcheront la contagion de se répandre », a assuré le président de Lombardie, Attilio Fontana.

En Ligurie (nord-ouest), la célébration des messes a été interrompue. Seuls les enterrements et les mariages restent programmés, mais en petit comité.

Les cinémas du pays sont aussi désertés: ce week-end, les recettes ont chuté de 44% par rapport au week-end précédent.

Outre la Lombardie, voisine de la Suisse, c’est en Vénétie, proche de la Slovénie, qu’ont été détectés le plus grand nombre de cas (27 cas dont un mort).

La Vénétie a décrété dimanche l’interruption des festivités du célèbre carnaval de Venise -qui devait s’achever mardi- ainsi que des manifestations sportives et la fermeture des écoles et musées. Mais bars et restaurants restent ouverts.

Trois autres régions sont touchées: l’Emilie-Romagne (nord), le Piémont (nord-ouest) frontalier de la France, et le Trentin-Haut-Adige (nord-est), frontalier de l’Autriche.

Autour des principaux foyers, écoles et universités sont fermées, tout comme tous les lieux publics (bars, restaurants, bibliothèques, mairies, salles de sport).

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Julian Assange, héros controversé d’une transparence parfois troublée

Dangereux propagateur de secrets d’Etat, qu’il faut juger, ou héros traqué de la liberté d’informer, qu’il faut protéger, le fondateur de Wikileaks Julian Assange fait figure d’ardent défenseur d’une transparence controversée.

A 48 ans, l’Australien à la chevelure argentée affronte à partir de lundi une procédure judiciaire cruciale: la justice britannique examine la demande d’extradition des Etats-Unis qui veulent le juger pour espionnage.

La justice américaine lui reproche d’avoir diffusé en 2010 plus de 700.000 documents sur les activités militaires et diplomatiques de Washington sur sa plateforme Wikileaks. Il risque jusqu’à 175 ans de prison aux Etats-Unis.

Les appels se sont multipliés ces derniers mois pour dénoncer le traitement subi par Assange, incarcéré à la prison de Belmarsh, au sud-est de Londres.

Ses conditions de détention ont été dénoncées par le rapporteur de l’ONU sur la torture Nils Melzer comme une « situation inhumaine », qui mettrait sa vie « en danger ». Un collectif de médecins a assimilé le traitement qui lui est réservé à de la « torture psychologique ».

C’est dans cet établissement pénitentiaire de haute-sécurité qu’il est incarcéré depuis qu’il a été extrait de l’ambassade d’Equateur à Londres, où il s’était réfugié, déguisé en coursier, le 19 juin 2012, alors sous le coup de poursuites pour viol en Suède, depuis abandonnées.

Son image de « cyber-warrior » s’est brouillée au fil des ans, en particulier avec la diffusion par sa plateforme, en 2016, à un moment-clé de la campagne présidentielle américaine, de milliers de courriels piratés provenant du Parti démocrate et de l’équipe d’Hillary Clinton, qui ont contribué à fragiliser la candidate.

Ces révélations avaient alors suscité des éloges appuyés du candidat Donald Trump. « J’adore WikiLeaks », affirmait-il lors d’un meeting. D’après la CIA, ces documents ont été obtenus par Wikileaks auprès d’agents russes, ce que nie la plateforme.

Cet épisode a alimenté les soupçons de collusion avec la Russie d’un Assange dont les révélations se font souvent au détriment des Etats-Unis, et qui a collaboré avec la chaîne de télévision RT, proche du Kremlin.

– « Le plus dangereux du monde » –

L’Australien a commencé dans la vie en étant ballotté de droite à gauche par sa mère, Christine Ann Assange, une artiste de théâtre qui s’était séparée de son père avant même sa naissance.

Il compare son enfance à celle de Tom Sawyer, entre construction de radeau et explorations diverses de son environnement. Jusqu’à l’âge de 15 ans, il vit dans plus de 30 villes australiennes et fréquente de nombreuses écoles avant de se poser à Melbourne où il étudie les mathématiques, la physique et l’informatique.

Doué, travailleur, il est happé par la communauté des hackers et commence à pirater les sites internet de la Nasa ou du Pentagone en utilisant le pseudonyme de « Mendax ».

C’est à cette époque qu’il a un fils, Daniel, dont il se disputera la garde avec la mère. Lorsqu’il lance WikiLeaks dans le but de « libérer la presse » et de « démasquer les secrets et abus d’État », il devient, selon un de ses biographes, « l’homme le plus dangereux du monde ».

Il se fait connaître du grand public en 2010 avec la publication de centaines de milliers de documents américains. Un coup d’éclat qui vaut à cet homme grand et mince au teint diaphane d’être présenté comme un champion de la liberté d’informer.

Mais en même temps que sa notoriété grandit, les critiques s’accumulent.

En 2011, les cinq journaux (dont The New York Times, The Guardian et Le Monde) associés à WikiLeaks condamnent la méthode de la plateforme, qui rend publics des télégrammes du département d’Etat américain non expurgés. Ils estiment que les documents sont susceptibles de « mettre certaines sources en danger ». La critique sera également formulée par le lanceur d’alerte Edward Snowden.

Chargé de rédiger l’autobiographie de Julian Assange, Andrew O’Hagan a fini par jeter l’éponge avec ce verdict définitif : « L’homme qui se targue de dévoiler les secrets de ce monde ne supporte pas de dévoiler les siens ».

Mais un noyau dur lui est resté fidèle, à l’instar de l’actrice américaine Pamela Anderson, ou encore la créatrice de mode Vivienne Westwood.

Julian Assange: des révélations à l’audience d’extradition

Voici les grandes étapes de la saga judiciaire autour de Julian Assange, incarcéré près de Londres. La justice britannique examine à partir de lundi la demande d’extradition du fondateur de Wikileaks vers les Etats-Unis, où l’Australien de 48 ans est accusé d’espionnage.

– Révélations et mandat d’arrêt –

Fin juillet 2010, la presse mondiale publie 70.000 documents confidentiels sur les opérations de la coalition internationale en Afghanistan diffusés par le site internet WikiLeaks. 400.000 rapports concernant l’invasion américaine en Irak sont publiés en octobre puis, un mois plus tard, le contenu de 250.000 câbles diplomatiques américains.

Le 18 novembre, la Suède lance un mandat d’arrêt européen contre Julian Assange dans le cadre d’une enquête pour viol et agression sexuelle de deux Suédoises en août 2010. L’Australien assure que les jeunes femmes étaient consentantes.

Assange se livre à la police britannique le 7 décembre. Il est détenu neuf jours puis assigné à résidence.

En février 2011, un tribunal londonien valide la demande d’extradition de la Suède. L’Australien redoute d’être extradé aux États-Unis et d’y encourir la peine de mort.

– Réfugié à l’ambassade d’Équateur –

Le 19 juin 2012, Assange se réfugie à l’ambassade d’Équateur à Londres et demande l’asile politique. L’Équateur, présidé alors par la figure de la gauche sud-américaine Rafael Correa, le lui accorde en août puis exige en vain un sauf-conduit de Londres pour qu’Assange se rende en Équateur.

Il restera cloîtré dans l’ambassade pendant près de sept ans, période pendant laquelle il obtiendra même la nationalité équatorienne avant d’en être déchu.

Le 2 avril 2019, le président équatorien Lenin Moreno — qui a rompu avec son prédécesseur — affirme qu’Assange a violé l’accord sur ses conditions d’asile. Le 11, Assange est arrêté dans l’ambassade par la police britannique.

– Enquête sur le viol rouverte –

Aussitôt, l’avocate de la femme qui accuse Julian Assange de viol en Suède en 2010 annonce qu’elle va demander au parquet la réouverture de l’enquête. Le parquet l’avait classée sans suite en 2017 faute de pouvoir faire avancer la procédure.

Le 14, l’avocate d’Assange déclare que son client est prêt à coopérer avec les autorités suédoises si celles-ci demandent son extradition mais que la priorité reste d’éviter une extradition vers les États-Unis.

Le 1er mai, Julian Assange est condamné à 50 semaines de prison par un tribunal londonien pour violation des conditions de sa liberté provisoire.

Le 13, le parquet de Stockholm annonce la réouverture de l’enquête pour viol puis demande le placement en détention d’Assange. Demande refusée par la justice suédoise le 3 juin.

– Nouvelle inculpation américaine –

Le 23 mai 2019, la justice américaine, qui l’accuse déjà de « piratage informatique », l’inculpe de 17 nouveaux chefs en vertu des lois anti-espionnage. Assange encourt jusqu’à 175 ans d’emprisonnement. Son audience d’extradition vers les Etats-Unis, prévue le 30 mai, est reportée pour raison de santé en février 2020.

Le 31, le rapporteur de l’ONU sur la torture, après avoir rencontré Assange en prison, estime qu’il présente « tous les symptômes (de) torture psychologique ». Il affirmera début novembre que le traitement infligé à Assange met sa vie « en danger ».

Le 21 octobre, Julian Assange, confus et bredouillant, comparaît pour la première fois en personne devant le tribunal de Westminster.

– Abandon des poursuites en Suède –

Le 19 novembre, le parquet suédois annonce le classement sans suite de l’enquête pour viol, faute de preuves.

« Tous les actes d’enquête ont été épuisés (…) sans apporter les preuves requises pour une condamnation », alors que les faits seront prescrits le 17 août 2020, précise le parquet.

– Audience d’extradition à Londres

La justice britannique examine à partir du 24 février 2020 la demande américaine d’extradition du fondateur de Wikileaks. Les audiences sont prévues toute la semaine, avant d’être interrompues pour reprendre pour trois semaines à compter du 18 mai.

Afrique du Sud: des femmes porteuses du VIH stérilisées de force dans des hôpitaux (rapport)

Une cinquantaine de Sud-Africaines porteuses du VIH ont été stérilisées de force dans des hôpitaux en Afrique du Sud, a révélé lundi une enquête qui fait état de nombreuses violations de leurs droits et appelle à une action gouvernementale.

Cette enquête a été lancée en 2015 lorsque deux organisations de défense des droits des femmes ont approché la Commission pour l’égalité des sexes en Afrique du Sud (CGE) avec 48 cas documentés de stérilisation forcée.

La CGE avait réuni des témoignages sous serment de plaignantes faisant état de ces stérilisations.

« Toutes les femmes qui ont déposé plainte étaient des femmes noires qui étaient majoritairement porteuses du VIH », a déclaré la cheffe du CGE, Keketso Maema, citée dans ce rapport publié lundi.

« Alors qu’elles étaient sur le point d’accoucher (…) elles ont été contraintes ou forcées de signer des formulaires dont elles ont appris par la suite qu’il s’agissait de formulaires de consentement permettant par divers moyens à l’hôpital de les stériliser », selon les termes du document.

Des enquêteurs ont découvert que du personnel hospitalier menaçait de refuser de prodiguer à ces femmes des soins médicaux si elles ne signaient pas ces formulaires.

Certaines des plaignantes, selon ce rapport, ont déclaré avoir reçu ces formulaires alors qu’elles vivaient des moments de « douleur extrême » au cours desquels elles ne pouvaient pleinement comprendre le contenu de ces formulaires et ce qu’elles étaient en train de signer.

La commission a conclu que ces femmes ont été exposées à des violations graves des droits humains et subi « des traitements dégradants ». En outre, elle accuse le personnel hospitalier d’avoir failli à leur « obligation de soins ».

Ce rapport a été communiqué au ministère sud-africain de la Santé, qui n’a pas souhaité s’exprimer dans l’immédiat.

Le nombre total de personnes vivant avec le VIH en Afrique du Sud est passé d’environ 4,64 millions en 2002 à 7,97 millions en 2019, selon des statitisques gouvernementales.

En 2019, 13,5% de la population totale en Afrique du Sud était séropositive.

Faure Gnassingbé, l’héritier discret qui s’est imposé à la tête du Togo

Héritier d’une dynastie à la tête du Togo depuis plus d’un demi-siècle, Faure Gnassingbé s’est affirmé comme un président implacable avec ses adversaires, et a remporté un quatrième mandat au terme d’une élection à nouveau contestée par l’opposition.

« Bébé Gnass », comme le surnommaient avec une certaine condescendance ses adversaires politiques, a longtemps été en quête de légitimité vis-à-vis de son père, le général Gnassingbé Eyadéma – « le Vieux » – qui a dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 ans.

Faure Gnassingbé, après avoir été propulsé au pouvoir par l’armée à la mort de son père en 2005, a remporté sa première élection quelques mois plus tard, au terme d’un scrutin marqué par des violences ayant fait 400 à 500 morts, selon l’ONU.

Mais, pour cette quatrième élection, le chef de l’Etat a voulu montrer une image de réconciliateur, proche du peuple.

« La vérité vient d’éclater après l’annonce des résultats qui nous placent loin devant nos adversaires », a déclaré brievement le président sortant le soir de sa victoire, costume taillé sur mesure et casquette bleue marquée d’un F, comme « Faure », sur la tête.

Selon les chiffres officiels, le candidat d’Unir (Union pour la république), le parti au pouvoir, a remporté 72,36% des suffrages, un score inédit, avec un taux de participation de 76% bien plus élevé qu’en 2015 (61%), mais l’opposition a dénoncé de nombreuses fraudes et irrégularités.

L’opposition et la société civile n’ont cessé de dénoncer un régime autoritaire, des arrestations arbitraires et l’absence d’alternance démocratique: des critiques « exagérées », selon le chef de l’Etat.

« L’intimidation (des opposants, ndlr), c’est plus une réputation qu’une réalité (…) En tous cas je ne me sens pas l’âme d’un dictateur », a-t-il insisté lors d’un entretien accordé à l’AFP et au journal Le Monde, depuis le palais présidentiel à Lomé en amont de l’élection.

– « Sans passion » –

Pendant cette campagne, le chef de l’Etat de 53 ans s’est adonné aux bains de foule, dont il n’a jamais été très coutumier. Toutefois, sa grande réserve était encore palpable et sa voix était basse dans ses discours.

Car si l’exercice du pouvoir est bien rôdé après quinze années à la tête du petit pays d’Afrique de l’Ouest, le chef de l’Etat reste un personnage mystérieux, qui n’a jamais accordé une interview à la presse locale.

« Il est très méfiant, il parle peu », confie à l’AFP un de ses collaborateurs. « J’ai parfois l’impression qu’il n’a confiance en personne ».

« Il est indéchiffrable », ajoute un de ses proches. « Il est très difficile de savoir ce qu’il pense. C’est un homme qui gouverne sans passion (…), il ne fait jamais rien dans l’émotion ou la précipitation ».

Féru de religion, il prie beaucoup et s’est rendu au sanctuaire de la Vierge à Lourdes, dans le sud-ouest de la France, ces derniers mois, selon son entourage.

– Stabilité –

Célibataire, « Faure » est également connu pour être un homme à femmes, et aurait plusieurs enfants et petits-enfants. Il est lui-même issu d’une fratrie qui pourrait s’élever à plus de 50 frères et soeurs.

L’histoire mouvementée de la dynastie Gnassingbé a d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre.

Un de ses demi-frères, Kpatcha, qui fut son ministre de la Défense, est toujours détenu dans une prison de Lomé après un coup d’Etat manqué en 2009. La famille reste profondément divisée et beaucoup n’ont cessé de dénoncer « un coup monté » pour évincer son rival.

Ces dernières années, le Togo n’a pas connu le sursaut de croissance attendu, stagnant aux alentours de 5% ces dernières années et la moitié de la population vit sous le seuil de l’extrême pauvreté.

Mais le chef de l’Etat peut compter sur de solides soutiens à l’intérieur, avec au premier chef l’armée, mais aussi sur la scène internationale et régionale.

La France, ex-puissance coloniale, allié traditionnel de la dynastie Gnassingbé et présente au Sahel voisin dans la lutte contre les mouvements jihadistes, est particulièrement sensible à la stabilité du Togo dans cette région volatile.

Alors qu’il visitait en campagne électorale les postes de l’armée sur la frontière avec le Burkina Faso, Faure Gnassingbé a posé en père de la nation, appelant « les populations, les leaders religieux, et les chefs traditionnels » à ne pas se soulever contre les forces de défense et de sécurité.

Lors de manifestations massives en 2017 et 2018, des dizaines, voires des centaines de milliers de personnes étaient descendues dans les rues pour demander sa démission.

Mais le pouvoir a tenu bon et le parlement a finalement voté une révision constitutionnelle en 2019 permettant au chef de l’Etat de se représenter pour deux mandats de cinq ans supplémentaires en 2020 et 2025.