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RDC : Tshisekedi à la croisée des chemins

Le chef de l'Etat congolais a pu replacer son pays sur l'échiquier politique mondial mais peine à tenir ses promesses…

Le chef de l’Etat congolais a pu replacer son pays sur l’échiquier politique mondial mais peine à tenir ses promesses de campagne.L’arrivée de Félix-Antoine Tshisekedi à la tête de la République Démocratique du Congo (RDC) a suscité beaucoup d’espoir. Joseph Kabila, après dix-huit ans de règne sans partage, lui a cédé pacifiquement les rênes du pays.

Le chef de file de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) s’est hissé, le 24 janvier 2019, à la magistrature suprême sans effusion de sang. Une première pour ce géant de l’Afrique centrale habitué aux transitions politiques mouvementées.

Le nouvel homme fort de Kinshasa est le fils de l’opposant historique, Etienne Tshisekedi, décédé quelques mois auparavant. Mais qu’a-t-il fait en deux ans d’exercice du pouvoir ? Pas grand-chose ! Et pour cause, les tensions entre sa famille politique et celle de son prédécesseur et ex-allié ont fortement entravé le bon fonctionnement de l’Etat.

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Cette situation a poussé l’actuel président à mettre en exécution sa menace d’antan. Celle-ci consistait d’abord à reprendre en main l’Assemblée nationale où le Front Commun pour le Congo (FCC) de Kabila était dominant.

Les fidèles de Tshisekedi ont ainsi renversé, le 10 décembre 2020, la présidente Jeanine Mabunda. Ces temps-ci, le Premier ministre Sylvestre Ilunga, est également visé par une motion de censure déposée au bureau provisoire du parlement. Dans le gouvernement, les 2/3 des ministres sont issus des rangs du FCC. La crise tant redoutée s’est donc installée. Son issue déterminera le futur de ce pays immense.

Dans un discours prononcé à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance, l’actuel chef de l’Etat a soutenu que « le devenir de la Nation est toujours entre les mains d’une classe politique, toutes tendances confondues, qui demeure versatile, et qui peine à arracher la Nation du cercle vicieux de l’instabilité et de la pauvreté ».

Corruption endémique

C’était l’un des thèmes phares de la campagne électorale de Félix Tshisekedi (57 ans). Ce dernier avait promis d’être « intraitable dans la lutte contre la corruption ». Son directeur de cabinet en a fait les frais.

En effet, Vital Kamerhe a été condamné à 20 ans de travaux forcés dans le cadre du procès des 100 jours. Il était accusé du détournement de plus de 50 millions de dollars destinés au Programme d’urgence des 100 jours, de blanchiment de capitaux et de corruption.

La République Démocratique du Congo dispose de ressources minières importantissimes. Mais elle reste toujours parmi les pays les plus pauvres au monde. Le revenu moyen annuel y est de 457 dollars américains par habitant.

M. Tshisekedi a indiqué, en juin dernier, que « le Congolais moyen a perdu 60 % de sa richesse au cours des soixante dernières années ». Selon plusieurs observateurs, cette situation économique exécrable est, en grande partie, due à la corruption.

La dégringolade de l’ancien Zaïre se mesure notamment à travers « (son) réseau routier (qui) ne représente plus que 10 % de ce qu’il était en 1960 et le réseau ferroviaire que 20 % », se désolait le natif de Kinshasa.

En tout cas, la vision du président de l’ancienne colonie belge est de « fonder un État moderne, vaincre la pauvreté, construire un Congo fort tourné vers son développement dans la paix et la sécurité, un Congo réconcilié avec lui-même ».

Suite à son élection, Tshisekedi a lancé plusieurs chantiers. Toutefois, le nouveau coronavirus devrait entraîner une récession économique de -2,2 % en 2020. Car les exportations congolaises ont connu une baisse drastique. Toutefois, la reprise progressive de l’activité économique mondiale et le lancement de la production de la mine de Kamoa-Kakula (sud) devraient permettre un rebond de la croissance à 4,5 % en 2022.

Insécurité persistante

A l’est de la RDC, les armes crépitent toujours. Des violences sont souvent notées dans la province de l’Ituri. Principalement à Djugu, Irumu ou encore à Mahagi. De ce fait, la Mission de l’Onu en RDC (Monusco) et le Bureau conjoint des Nations Unies pour les Droits de l’Homme (BCNUDH) dans ce pays ont appelé les autorités à renforcer les efforts de sécurisation de cette zone.

Des combattants de divers groupes armés ont intensifié leurs assauts contre des civils. Ces attaques, à forte dimension intercommunautaire, ont causé au moins 647 morts, dont 120 femmes et 115 enfants, entre mai et décembre 2020, d’après le BCNUDH.

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En outre, à en croire Amnesty International, « l’insécurité et l’impunité continuent de mettre en péril les droits humains » en RDC. « Bien que Tshisekedi ait pris des mesures positives, telles que gracier des prisonniers politiques et autoriser des détracteurs en exil à rentrer, des seigneurs de guerre et des auteurs présumés de terribles atteintes aux droits humains demeurent en liberté du fait de l’immobilisme de son gouvernement », a soutenu, il y a un an, Deprose Muchena, directeur du programme Afrique de l’est et Afrique australe de l’ONG.

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