Biden loin devant, les démocrates attendent la décision de Sanders

Joe Biden voit se profiler un duel face à Donald Trump lors de la présidentielle américaine, mais le clan démocrate attend désormais avec fébrilité de savoir si son rival Bernie Sanders se retirera pour favoriser le rassemblement.

L’ancien vice-président de Barack Obama a remporté mardi lors des primaires une série de victoires convaincantes, dans le Mississippi, le Missouri, l’Idaho, mais surtout le Michigan, prise chargée en symboles.

Désormais archi-favori pour l’investiture, il pourrait, dans un scénario inimaginable il y a encore 15 jours, se retrouver bientôt seul en piste pour se préparer à affronter le milliardaire républicain le 3 novembre.

Mais « Bernie », qui a, comme il y a quatre ans, su électriser les foules autour de ses promesses d’assurance-maladie universelle et d’études gratuites, n’a pas encore dit un mot sur ses intentions.

Et les jours à venir s’annoncent périlleux pour le parti démocrate, hanté par le souvenir de 2016 où l’acrimonie entre ses équipes et celles d’Hillary Clinton lui avait coûté cher.

Bernie Sanders se retirera-t-il de la course avant le débat prévu dimanche pour amorcer un rapprochement? Joe Biden saura-t-il trouver les mots pour séduire les électeurs de Sanders – souvent jeunes – qui déplorent son manque d’audace ? Reprendra-t-il à son compte des mesures – fortes ou symboliques – mises en avant par le sénateur du Vermont ?

Pour Julian Zelizer, professeur d’histoire à l’université de Princeton, les deux septuagénaires devront faire un pas l’un vers l’autre.

« Oui, il sera crucial que Sanders mobilise sa base électorale derrière le candidat. Mais Biden devra faire un geste envers le mouvement enthousiaste de Sanders. Cela demandera des efforts réciproques », soulignait-il sur Twitter.

Certaines personnalités, telles que l’étoile montante démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, soutien actif de « Bernie », pourraient jouer un rôle d’intermédiaire.

– Obama toujours silencieux –

« C’est plus qu’un +come-back+, selon moi », a affirmé Joe Biden mardi soir, « c’est un +come-back+ pour l’âme de la Nation », qu’il a promis de « restaurer » en l’emportant sur l’ancien homme d’affaires de New York.

Louant l' »énergie » et la « passion » des troupes du sénateur socialiste, il a tendu la main à ce dernier. « Nous avons le même but et ensemble, nous battrons Donald Trump, nous rassemblerons ce pays ».

L’ancien « VP » de Barack Obama a confirmé sa capacité à s’imposer très largement dans le Sud des Etats-Unis et auprès des Afro-Américains, un électorat-clé pour les démocrates.

Mais sa large avance dans un bastion industriel du Midwest comme le Michigan est aussi encourageante pour les démocrates qui espèrent s’y imposer en novembre face à Donald Trump pour retrouver la Maison Blanche.

Après plus de trente-cinq ans comme sénateur et huit ans comme bras droit de Barack Obama, « Joe », connu pour se gaffes à répétition et ses faux-pas, devra cependant faire taire les interrogations sur son état de santé. Car Donald Trump a déjà prévenu: il l’attaquera sans relâche sur ce thème.

Barack Obama reste, pour l’heure, très discret. Selon toute vraisemblance, il devrait attendre que sa famille politique ait désigné son champion pour sortir du bois et peser de tout son poids sur la prochaine échéance électorale.

Une autre inconnue pèse sur le long marathon électoral à venir: l’évolution de l’épidémie de coronavirus aux Etats-Unis.

Par mesure de précaution, Joe Biden et Bernie Sanders ont dû annuler leurs meetings prévus mardi soir dans l’Ohio.

L’équipe de Donald Trump, qui a jusqu’ici plutôt minimisé la menace, a de son côté annoncé un rassemblement le 19 mars dans le Wisconsin baptisé « Les catholiques avec Trump ».

Interrogé mardi sur ce thème, le vice-président Mike Pence est resté évasif: « Je suis convaincu que l’équipe de campagne prendra en compte toutes les informations disponibles et prendra les meilleures décisions possibles ».

De son côté, Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des maladies infectieuses, a souligné combien il était impossible, face à une situation « qui évolue en permanence », de faire des recommandations pour les meetings de campagne des mois à venir.

Italie: la grande fuite des touristes

Ils sont les seuls touristes devant la majestueuse cathédrale de Florence: ce couple croulant sous les valises s’apprête à quitter l’Italie, où les mesures limitant sévèrement les déplacements ont accablé un secteur touristique déjà en berne.

« Tout est fermé, nous rentrons à la maison », soupire Alex Gross, un Allemand de 32 ans, pendant que sa fiancée vérifie nerveusement le statut de leur vol sur son portable. « Enfin, si notre vol n’est pas annulé! »

Beaucoup de vacanciers avaient déjà pris la poudre d’escampette au début de l’épidémie dans la péninsule, où le coronavirus a infecté à ce jour plus de 10.000 personnes et fait 631 morts, notamment dans le nord, son poumon économique.

Le ciel est bleu et le soleil brille des Alpes à la Sicile, mais les quelques touristes encore présents n’ont plus que deux options: rester dans leur hôtel et dévaliser le mini-bar, ou alors tout simplement rentrer chez eux.

« 90% de nos réservations ont été annulées », se désole Nicola, directeur d’un hôtel florentin qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.

Du Colisée à la Tour de Pise, le gouvernement a fermé les portes de tous les musées et monuments, ordonné la fermeture des bars et restaurants dès 18H00, et demandé aux 60 millions de quitter leur domicile seulement cas de strict nécessité, et ce jusqu’au 3 avril.

– « Etrangement calme » –

Une flopée de compagnies aériennes ont décidé de suspendre leurs liaisons avec l’Italie, dont Air France, Ryanair, Easyjet et British Airways, et de nombreux pays ont imposé des restrictions de voyage.

« Je ne sais pas si on peut partir de Milan. Personne ne semble vraiment comprendre ce qui se passe », se lamente Nick Manager, un Texan au regard perdu errant autour de l’immense gare centrale de la capitale lombarde.

Fini les foules sur la place Saint-Pierre à Rome, le long des canaux à Venise ou sur le site archéologique de Pompéi près de Naples.

Un silence pesant règne sur la place romaine Campo de’ Fiori, qui bourdonne habituellement du matin au soir avec son marché en plein air et ses bars fréquentés par les étudiants étrangers.

Stefano Ruggiero, 48 ans, qui gère une parfumerie près du Ponte Vecchio à Florence, est sous le choc: « Jamais la rue n’a été aussi calme » depuis l’ouverture de son établissement en 1911, dit-il. « Même après la terrible inondation de 1966, quand la boue (déposée par les eaux débordant du fleuve Arno) avait tout dévasté, il y avait plus de gens ».

Les musiciens de rue ont eux aussi plié bagage: « C’est étrangement calme ».

Selon l’Association professionnelle des hôteliers italiens Federalberghi, les réservations ont chuté de 80% au niveau national, soit une perte évaluée à 2,5 milliards d’euros.

Et ce chiffre n’inclut pas les pertes enregistrées dans les autres maillons du secteur touristique, qui englobe aussi les transports, les restaurants et les commerces.

Représentant 13% du PIB, ce secteur emploie environ un million de personnes, qui craignent désormais pour leur emploi.

– Sacrifices –

Le gouvernement a débloqué des milliards d’euros pour affronter l’impact de l’épidémie sur l’économie, mais le Premier ministre Giuseppe Conte a annoncé ce week-end à ses compatriotes qu’ils devraient faire de gros sacrifices pour endiguer le virus et empêcher l’effondrement du système sanitaire italien.

Pour Nicola, le directeur d’hôtel de Florence, cela signifie que la plupart des hôtels vont être contraints de fermer, « bien qu’il soit possible qu’on demande à certaines grosses structures comme la nôtre de rester ouverts au cas où on leur demande de pallier le manque de lits dans les hôpitaux ».

Agostino Ferrara, 52 ans, propriétaire du restaurant Spada dans le centre de Florence, explique qu’il a été contraint de mettre une grande partie de son personnel en chômage technique face à la chute du nombre quotidien de couverts de 140 à 20.

« Je n’ai jamais vu une situation pareille », confie-t-il, entouré de son personnel désoeuvré.

« Je reste quand même optimiste, parce qu’on sait que les gens ont tendance à oublier les choses horribles », ajoute-t-il en souriant. « J’espère qu’on va s’en sortir et que dans quelques semaines, dans quelques mois, les touristes reviendront en Italie, encore plus nombreux qu’avant. »

Coronavirus: 46 touristes d’un bateau de croisière rapatriés d’Egypte

Quarante-six touristes français et américains, retenus depuis vendredi sur un bateau de croisière à Louxor (sud de l’Egypte) en raison de cas de coronavirus, ont été rapatriés dans la nuit de mardi à mercredi, a indiqué le ministère du Tourisme dans un communiqué.

« Un groupe de 46 touristes français et américains ont quitté le bateau de croisière (…) où 45 cas positifs avaient été annoncés » parmi la centaine de personnes qui se trouvaient à bord, selon la même source.

En outre, mercredi matin, 18 touristes indiens ont également été transférés à l’aéroport du Caire en vue de leur rapatriement, selon Abdel Fattah el-Assi, le président de l’autorité de surveillance des installations touristiques.

Il s’agirait des derniers ressortissants étrangers présents sur le « A-Sara », bateau de croisière immobilisé depuis la semaine dernière à Louxor en raison de contaminations au Covid-19.

« Ces étrangers ont quitté le gouvernorat de Louxor et ont été rapatriés (…) à la demande de leurs pays et en coordination avec l’OMS », a souligné mardi soir le ministère de la Santé dans un autre communiqué.

L’un des ressortissants français qui se trouvaient à bord du A-Sara, Lucas Bonnamy, a confirmé qu’il avait été évacué avec les autres ressortissants français et américains présents sur le bateau.

Toutefois, aucune source officielle française, ni américaine, ne confirmait mercredi matin les nationalités ou le nombre de touristes rapatriés.

« Nous avons eu un retour en France », a confirmé M. Bonnamy dans un message à l’AFP avant de préciser que les touristes avaient reçu pour instruction de faire leur bagages vers 16H00 (14H00 GMT).

« Au bout d’une heure, après avoir patienté et signé des papiers, nous sommes partis (escortés) par la police jusqu’à l’aéroport de Louxor », avant d’être transférés au Caire puis à Paris.

Selon lui, les proches qui sont restés hospitalisés en Egypte « vont bien ». Trentre-trois des touristes à bord du bateau dont 14 français ont été hospitalisés ce weekend.

Nicolas Gruwé, fils de l’un des rapatriés sollicité par l’AFP, pense que son père, âgé de 54 ans, sera confiné en quarantaine mais « n’en sait rien officiellement encore ».

Mardi soir, le ministère de la Santé a indiqué que 25 des 45 personnes testées positives au nouveau coronavirus sur le A-Sara avaient été testées négatives à la suite d’un second test.

Japon: commémorations modestes pour le tsunami de 2011

Le Japon a sobrement commémoré mercredi le souvenir du grand tsunami du 11 mars 2011 qui a aussi entraîné la catastrophe nucléaire de Fukushima, l’épidémie de coronavirus ayant conduit à l’annulation des principaux hommages publics dans le pays.

« C’est le moment de prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter la propagation du virus sur notre sol », a déclaré le Premier ministre Shinzo Abe lors d’une petite cérémonie dans ses bureaux à Tokyo.

Le Premier ministre a aussi exprimé ses condoléances aux victimes et renouvelé sa promesse de poursuivre la reconstruction des régions touchées par le désastre, toujours sinistrées neuf ans après.

La télévision japonaise a montré des images de familles venues se recueillir mercredi dans plusieurs endroits de la préfecture de Miyagi, particulièrement touchée par la catastrophe, qui a fait au total environ 18.500 morts et disparus dans le nord-est du Japon.

Comme chaque année, le pays a observé une minute de silence à 14H46 (05H46 GMT). Le moment exact où, il y a neuf ans jour pour jour, un terrible séisme sous-marin de magnitude 9,0 a secoué l’archipel avant qu’un gigantesque raz-de-marée ne s’abatte sur les côtes nord-est du pays.

Sous une pluie fine au parc Hibiya, dans le centre de Tokyo, des passants, pour la plupart arborant des masques chirurgicaux, se sont rassemblés pour prier en silence devant un autel entouré de fleurs de cerisiers.

Naoya Matsuoka, employé dans une entreprise financière, a jugé important de braver le coronavirus pour venir rendre hommage aux victimes. « Nous sommes confrontés à de nombreux problèmes et nous entendons beaucoup d’incitations à ne pas maintenir d’événements, mais la catastrophe (du 11 mars 2011) est quelque chose que nous ne devons pas oublier, donc c’est pour cela que je suis là », a-t-il expliqué.

En raison du coronavirus, le gouvernement japonais a annulé cette année la grande cérémonie nationale qui avait lieu tous les ans à Tokyo depuis 2012 en présence du Premier ministre, de membres de la famille impériale, d’élus locaux, de diplomates et de proches de victimes.

Le tsunami a entraîné la plus grave catastrophe nucléaire depuis celle de Tchernobyl en avril 1986 en URSS.

L’accident de la centrale nucléaire de Fukushima a forcé 160.000 personnes à fuir la région, face aux radiations.

« Plus de 40.000 résidents n’ont toujours pas pu retrouver leur foyer », a rappelé mercredi dans un communiqué le gouverneur de la préfecture de Fukushima, Masao Uchibori, exhortant la population du pays à maintenir son soutien aux sinistrés.

« Derrière l’intérêt faiblissant et les rumeurs nocives, il y a des enfants qui continuent de vivre des moments douloureux, et des résidents qui souffrent de solitude », a-t-il souligné.

Si le démantèlement complet de la centrale nucléaire n’est pas attendu avant quatre décennies, l’Etat espère mettre en avant lors des Jeux olympiques de Tokyo cet été les efforts de reconstruction accomplis jusqu’à maintenant.

Le relais de la flamme olympique au Japon doit notamment démarrer symboliquement le 26 mars de la région de Fukushima.

En Libye, la guerre premier rempart contre le coronavirus ?

Faisant fi des appels des autorités sanitaires à éviter les rassemblements pour se prémunir contre le nouveau coronavirus, Moayed al-Missaoui suit dans un café bondé de la capitale libyenne un match du championnat italien de football retransmis à la télévision.

Comme lui, de nombreux Libyens estiment que le conflit qui déchire leur pays a au moins un aspect positif. Pour eux, la fermeture du seul aéroport international de Tripoli et les liens limités avec l’étranger à cause de la guerre les protège du Covid-19: si l’épidémie a touché les pays voisins, aucun cas n’a été rapporté à ce jour en Libye.

« Nous sommes à l’abri des virus en Libye, un pays dont la capitale est assiégée et dont les issues terrestres et aéroportuaires sont fermées », avance Moayed al-Missaoui.

Pour cet universitaire de Tripoli, les Libyens n’ont « rien à craindre », contrairement aux pays ayant des contacts permanents avec le reste du monde.

Lui et ses amis ont les yeux rivés sur l’écran pour suivre un match qui se joue en Italie dans un stade vide. On entend clairement à la télévision l’écho des coups de sifflet de l’arbitre et les cris des entraîneurs, tranchant avec la brouhaha dans le café.

Les matchs du championnat italien ont été chamboulés cette semaine par l’épidémie de nouveau coronavirus, qui a conduit les autorités italiennes à imposer un huis clos généralisé, dans un pays parmi les plus touchés au monde qui vit désormais sous cloche.

« Nos voisins italiens sont privés du plaisir d’assister au match dans les stades et même dans les cafés et les places publiques alors que c’est du pur plaisir pour nous », lance Moayed avec le sourire.

– Zéro cas –

Son voisin, Diya Abdel Karim, estime qu’il est plus « sensé » de gérer cette épidémie avec décontraction pour éviter la vague de panique qui règne dans les pays touchés.

« Il vaut mieux ne pas susciter la peur et la panique chez les gens pour que les autorités puissent appliquer des mesures sanitaires préventives sans pression », estime ce dentiste, soulignant toutefois qu' »il faut être vigilant ».

Jusqu’ici, les autorités libyennes affirment qu’aucun cas de contamination n’a été recensé, ce qui n’écarte pas l’existence de cas isolés non contrôlés, dans un pays en proie au chaos depuis des années.

« Grâce à Dieu, nous n’avons enregistré aucun cas », confirme à l’AFP Badreddine al-Najjar, président du Centre national de lutte contre les maladies (CNLM).

Le CNLM, une entité gouvernementale basée à Tripoli, prévoit toutefois des mesures préventives face à d’éventuelles contaminations provenant notamment des pays mitoyens de la Libye ayant enregistrés des cas de Covid-19.

« Le virus entoure la Libye de tous les côtés. (…) Il est nécessaire de surveiller ce danger transfrontalier », même si les déplacements vers et depuis la Libye sont limités, ajoute M. Najjar.

Tunisie, Algérie et Egypte ont annoncé cette semaine des cas de Covid-19, « mais on ne peut pas encore parler d’épidémie », souligne-t-il.

Quoi qu’il en soit, les autorités sanitaires se préparent, selon M. Najjar: « Dès la semaine prochaine, les cellules de quarantaine et d’isolement seront prêtes ».

– Rupture de stock –

Exemple de l’isolement de la Libye du reste du monde du fait des conflits armés et des violences qui secouent le pays depuis la chute en 2011 de Mouammar Kadhafi, aucun avion civil ne se pose actuellement dans la capitale.

Pour se rendre d’Europe à Tripoli, il faut aller à Tunis ou à Istanbul, puis prendre un vol pour Misrata et enchaîner sur un trajet de 200 km en voiture jusqu’à Tripoli, si les conditions de sécurité le permettent. Une autre option est une journée en voiture de Tunis jusqu’au poste-frontière Ras Jédir, avant d’enchaîner sur un trajet ardu de 150 km jusqu’à la capitale, durant lequel le coronavirus n’est pas la principale source d’insécurité.

Fin 2019, un journaliste de l’AFP a mis plus d’une semaine avant de pouvoir rejoindre Tripoli depuis une capitale européenne.

Mais certains Libyens craignent néanmoins de ne pas être à l’abri d’une contamination dont les effets seraient alors catastrophiques dans un pays où la guerre a tué des centaines de personnes et déplacé plus de 150.000 autres.

Alors ils prennent des précautions.

Cela a déjà entraîné des ruptures de stocks dans les pharmacies et les supermarchés pour certains produits.

« Les importations de gel hydroalcoolique, de masques et de gants ont nettement augmenté », précise à l’AFP Mounir el-Hazel, directeur d’une société d’importation de matériel médical.

« Commerçants, pharmaciens et particuliers, (…) se préparent à d’éventuelles pénuries », explique-t-il.

Et certains en profitent. Selon cet homme d’affaires, les prix de certains produits ont été multipliés par trois, voire six, par rapport au mois de décembre.

Russie: Poutine « pour toujours »? Soutiens et opposition se mobilisent

Les fidèles du Kremlin comme les opposants se mobilisaient mercredi après un nouveau coup de théâtre de Vladimir Poutine, qui a ouvert avec une réforme constitutionnelle la voie à son maintien à la présidence jusqu’en 2036.

Cet amendement à la loi fondamentale, ajouté mardi à la surprise générale à une réforme plus vaste, permettra à l’homme fort de Russie de « réinitialiser » son compteur de mandats présidentiels, afin de lui donner le droit de se représenter en 2024 mais aussi en 2030. La Cour constitutionnelle doit valider la manoeuvre, à la demande de M. Poutine.

Adoptée en troisième lecture mercredi par les députés, l’ensemble de la révision constitutionnelle, qui inclut aussi un renforcement des prérogatives présidentielles, des mesures sociales et des principes sociétaux conservateurs, doit être validé encore par la chambre haute du Parlement et un « vote populaire » le 22 avril.

Les alliés politiques du président se sont réjouis de la possibilité du maintien au pouvoir de M. Poutine, 67 ans, aux commandes de la Russie depuis 20 ans.

– Faire face aux ennemis –

Le loyal maire de Moscou, Sergueï Sobianine, a estimé ainsi qu’interdire à M. Poutine de se représenter en 2024, du fait de l’actuel limite à deux mandats consécutifs, était « un facteur déstabilisateur » pour le pays.

Il a fait valoir la « stabilité » du pouvoir face aux ennemis « intérieurs et extérieurs » de la Russie, qui « tentent de saper notre indépendance et notre économie ».

Le président de la chambre basse du Parlement, Viatcheslav Volodine, a estimé que la réforme « renforcera le pays ». La présidente de la chambre haute, Valentina Matvienko, a assuré elle que les élections de 2024 n’étaient pas pour autant « jouées d’avance ».

Du côté des détracteurs du pouvoir, cette mesure surprise prouve que M. Poutine a l’intention de rester indéfiniment au pouvoir, même s’il avait assuré le contraire par le passé.

Certains ont aussi dénoncé la décision mardi de Sergueï Sobianine de bannir les rassemblements de plus de 5.000 personnes, officiellement pour cause d’épidémie de coronavirus.

Cette annonce est cependant intervenue juste après que l’opposition a annoncé son intention de manifester courant mars contre M. Poutine à Moscou, théâtre cet été de vastes manifestations qui avaient été réprimées.

« 1) Vous annoncez que vous allez rester au pouvoir pour toujours. 2) L’opposition veut organiser des protestations. 3) Sous prétexte de lutte contre le coronavirus, vous interdisez les rassemblement à Moscou », a ironisé le populaire blogueur StalinGulag.

– Un « putsch » –

La figure de proue des opposants, Alexeï Navalny, a lui dénoncé une réforme qui permet à Poutine de briguer un mandat « comme si c’était la première fois ».

« Techniquement, ce qui se passe aujourd’hui est un putsch », a lâché son bras doit, Leonid Volkov.

Dès le vote en deuxième lecture mardi par les députés, une centaine de personnes s’étaient rassemblées près des murs du Kremlin pour protester contre l' »impensable ».

Une nouvelle action de protestation a commencé mercredi devant le Parlement.

Justifiant les amendements à la Constitution, M. Poutine a jugé mardi qu’un « pouvoir présidentiel fort est absolument nécessaire à la Russie » et estimé que la « stabilité (…) devait être prioritaire ».

Vladimir Poutine avait déjà pris tout le monde de court en janvier en annonçant qu’il voulait lancer une révision constitutionnelle, la première depuis l’adoption de la Constitution russe en 1993. Cette initiative avait immédiatement été considérée comme une manière de préparer l’après-2024.

La révision concerne à la fois le système politique, renforçant notamment les pouvoir de l’exécutif, mais donne aussi des droits socio-économiques tels qu’un salaire minimum garanti et une indexation des retraites.

Elle entérine aussi le virage conservateur de la Russie, dotant la loi fondamentale de la mention de « foi en Dieu », de la nécessité de politiques publiques natalistes ainsi que du principe d’un mariage possible uniquement entre un homme et une femme.

Séoul, l’élève modèle de la lutte contre le coronavirus?

Après avoir enregistré une flambée de contaminations, la Corée du Sud est parvenue à réduire de façon significative le nombre de nouveaux cas de Covid-19 tout en gardant, apparemment, un taux de létalité relativement bas.

Mercredi, Séoul totalisait 7.755 cas confirmés, ce qui fait d’elle le quatrième pays le plus touché. Mais le nombre de nouveaux cas s’est considérablement réduit, et seules 60 personnes sont mortes.

Cela fait-il de la Corée du Sud un modèle à suivre dans la lutte contre l’épidémie?

Comment Séoul a géré l’épidémie?

Contrairement à la Chine qui a choisi de cloîtrer une partie de sa population, Séoul a adopté une stratégie mêlant information du public, participation de la population et une campagne massive de dépistage.

Les proches de toutes les personnes contaminées sont ainsi recherchées de façon systématique, avant de se voir proposer un test de dépistage.

Les déplacements des malades avant qu’ils ne soient testés positifs sont reconstitués au travers des images de vidéosurveillance, de l’utilisation de leur carte bancaire ou du bornage de leur smartphone, puis rendus publics. Des sms sont même envoyés aux gens quand un nouveau cas est détecté près de chez eux ou de leur travail.

Cette stratégie a suscité des interrogations évidentes quant à la protection de la vie privée. Mais elle en a aussi poussé certains à se faire tester.

La Corée du Sud a réalisé davantage de dépistages qu’aucun autre pays, à un rythme d’environ 10.000 par jours, ce qui a permis de s’attaquer très tôt aux nouveaux foyers d’infection.

Comment Séoul a fait autant de tests?

Mercredi, le nombre total de tests effectués s’élevait à 220.000. Le pays compte 500 cliniques habilitées pour les réaliser, dont une quarantaine de cliniques ambulantes, afin de minimiser les contacts entre malades potentiels et travailleurs de la santé.

La Corée du Sud a en fait appris de ses propres erreurs et notamment de la carence de tests disponibles lors de la crise en 2015 du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers).

Alors elle a accéléré les procédures de mise sur le marché des tests, et quelques semaines après l’apparition du coronavirus en Chine, Séoul donnait son feu vert à la mise à disposition des cliniques d’un tout nouveau test diagnostiquant le Covid-19 en six heures.

Comment la population a réagi?

Les autorités ont lancé une campagne de « prise de distances sociales » en exhortant les gens à rester chez eux, à éviter les rassemblements et à minimiser les contacts. Conséquence: des quartiers d’ordinaires bondés se sont vidés, tandis que magasins et restaurants peinaient à attirer les clients.

Quantités d’événements sportifs ou culturels ont été annulés et le port du masque s’est généralisé, comme le préconisait le gouvernement, qui a pu compter sur une population particulièrement respectueuse des consignes.

Pourquoi la létalité est si basse?

Il est impossible de calculer aujourd’hui précisément le taux de létalité du Covid-19 qui ne pourra être affiné qu’après l’épidémie.

L’observation des chiffres transmis par les gouvernements donne cependant le sentiment d’une mortalité beaucoup plus faible en Corée du Sud qu’ailleurs.

Divers facteurs expliquent cette impression. La campagne de dépistage a permis une prise en charge précoce des malades. Son ampleur fait qu’il y a beaucoup plus de chances de repérer les malades ne présentant pas ou très peu de symptômes et qui ne seraient pas testés dans les autres pays. Repérer davantage de malades réduit mathématiquement la proportion de décès.

En outre, la population infectée au Sud a un profil unique, puisque la plupart des personnes contaminées sont des femmes, et près de la moitié ont moins de 40 ans.

Les autorités l’expliquent par le fait que plus de 60% des cas de contamination sont liés à l’Eglise Shincheonji de Jésus, une organisation religieuse souvent accusée d’être une secte. La plupart de ses membres sont des femmes, pour beaucoup âgées d’une vingtaine ou d’une trentaine d’années.

Or on sait que le taux de létalité du coronavirus augmente avec l’âge et les plus de 80 ans -et en particulier les hommes- sont les plus à risque.

La Corée du Sud, un exemple à suivre?

« Les tests sont une mesure initiale cruciale pour contrôler un virus », estime Masahiro Kami, de l’Institut pour la recherche sur les politiques médicales, basé à Tokyo. « C’est donc un bon modèle, pour tous les pays. »

La Corée du Sud a « agi vite et bien », abonde Marylouise McLaws, de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud.

« C’est très dur pour les autorités de se résoudre à des mesures aussi fortes. Ce qui fait que c’est souvent fait de façon tardive. »

En Libye, la guerre premier rempart contre le coronavirus ?

Faisant fi des appels des autorités sanitaires à éviter les rassemblements pour se prémunir contre le nouveau coronavirus, Moayed al-Missaoui suit dans un café bondé de la capitale libyenne un match du championnat italien de football retransmis à la télévision.

Comme lui, de nombreux Libyens estiment que le conflit qui déchire leur pays a au moins un aspect positif. Pour eux, la fermeture du seul aéroport international de Tripoli et les liens limités avec l’étranger à cause de la guerre les protège du Covid-19: si l’épidémie a touché les pays voisins, aucun cas n’a été rapporté à ce jour en Libye.

« Nous sommes à l’abri des virus en Libye, un pays dont la capitale est assiégée et dont les issues terrestres et aéroportuaires sont fermées », avance Moayed al-Missaoui.

Pour cet universitaire de Tripoli, les Libyens n’ont « rien à craindre », contrairement aux pays ayant des contacts permanents avec le reste du monde.

Lui et ses amis ont les yeux rivés sur l’écran pour suivre un match qui se joue en Italie dans un stade vide. On entend clairement à la télévision l’écho des coups de sifflet de l’arbitre et les cris des entraîneurs, tranchant avec la brouhaha dans le café.

Les matchs du championnat italien ont été chamboulés cette semaine par l’épidémie de nouveau coronavirus, qui a conduit les autorités italiennes à imposer un huis clos généralisé, dans un pays parmi les plus touchés au monde qui vit désormais sous cloche.

« Nos voisins italiens sont privés du plaisir d’assister au match dans les stades et même dans les cafés et les places publiques alors que c’est du pur plaisir pour nous », lance Moayed avec le sourire.

– Zéro cas –

Son voisin, Diya Abdel Karim, estime qu’il est plus « sensé » de gérer cette épidémie avec décontraction pour éviter la vague de panique qui règne dans les pays touchés.

« Il vaut mieux ne pas susciter la peur et la panique chez les gens pour que les autorités puissent appliquer des mesures sanitaires préventives sans pression », estime ce dentiste, soulignant toutefois qu' »il faut être vigilant ».

Jusqu’ici, les autorités libyennes affirment qu’aucun cas de contamination n’a été recensé, ce qui n’écarte pas l’existence de cas isolés non contrôlés, dans un pays en proie au chaos depuis des années.

« Grâce à Dieu, nous n’avons enregistré aucun cas », confirme à l’AFP Badreddine al-Najjar, président du Centre national de lutte contre les maladies (CNLM).

Le CNLM, une entité gouvernementale basée à Tripoli, prévoit toutefois des mesures préventives face à d’éventuelles contaminations provenant notamment des pays mitoyens de la Libye ayant enregistrés des cas de Covid-19.

« Le virus entoure la Libye de tous les côtés. (…) Il est nécessaire de surveiller ce danger transfrontalier », même si les déplacements vers et depuis la Libye sont limités, ajoute M. Najjar.

Tunisie, Algérie et Egypte ont annoncé cette semaine des cas de Covid-19, « mais on ne peut pas encore parler d’épidémie », souligne-t-il.

Quoi qu’il en soit, les autorités sanitaires se préparent, selon M. Najjar: « Dès la semaine prochaine, les cellules de quarantaine et d’isolement seront prêtes ».

– Rupture de stock –

Exemple de l’isolement de la Libye du reste du monde du fait des conflits armés et des violences qui secouent le pays depuis la chute en 2011 de Mouammar Kadhafi, aucun avion civil ne se pose actuellement dans la capitale.

Pour se rendre d’Europe à Tripoli, il faut aller à Tunis ou à Istanbul, puis prendre un vol pour Misrata et enchaîner sur un trajet de 200 km en voiture jusqu’à Tripoli, si les conditions de sécurité le permettent. Une autre option est une journée en voiture de Tunis jusqu’au poste-frontière Ras Jédir, avant d’enchaîner sur un trajet ardu de 150 km jusqu’à la capitale, durant lequel le coronavirus n’est pas la principale source d’insécurité.

Fin 2019, un journaliste de l’AFP a mis plus d’une semaine avant de pouvoir rejoindre Tripoli depuis une capitale européenne.

Mais certains Libyens craignent néanmoins de ne pas être à l’abri d’une contamination dont les effets seraient alors catastrophiques dans un pays où la guerre a tué des centaines de personnes et déplacé plus de 150.000 autres.

Alors ils prennent des précautions.

Cela a déjà entraîné des ruptures de stocks dans les pharmacies et les supermarchés pour certains produits.

« Les importations de gel hydroalcoolique, de masques et de gants ont nettement augmenté », précise à l’AFP Mounir el-Hazel, directeur d’une société d’importation de matériel médical.

« Commerçants, pharmaciens et particuliers, (…) se préparent à d’éventuelles pénuries », explique-t-il.

Et certains en profitent. Selon cet homme d’affaires, les prix de certains produits ont été multipliés par trois, voire six, par rapport au mois de décembre.

Pour les Angolaises, la double peine du changement climatique

C’était la corvée qu’elle redoutait le plus. Chaque fois que sa mère lui ordonnait de chercher de l’eau pour arroser les récoltes familiales, là-haut dans les montagnes du sud de l’Angola, Tehandjila Quessale se raidissait imperceptiblement.

Quitter l’école. Trois heures de marche. Se glisser dans la file d’attente au point d’eau. Et puis attendre pour remplir son seau, souvent jusqu’à la nuit. Une épreuve.

Et pour Tehandjila, 16 ans, le plus dur restait encore à faire. Regagner son hameau des alentours de Lubango, la capitale de la province de Huila. « J’avais peur des attaques de garçons », se souvient l’adolescente. Au moins deux filles qu’elle connaît ont été violées au retour du puits.

Comme si la sécheresse qui fissure la terre et la faim qui serre les estomacs ne suffisaient pas, les femmes de la province de Huila vivent aussi dans la peur de l’agression.

Ces dernières semaines, les pluies torrentielles qui ont lessivé la campagne des alentours lui ont apporté un peu de répit. Tehandjila peut désormais trouver de l’eau à une source toute proche de la petite maison de pierres qu’elle partage avec sa mère et ses six frères et sœurs.

Mais la pluie a aussi détruit la récolte de la famille et fait ressurgir le spectre de la famine.

Elle menace aujourd’hui 45 millions de personnes dans toute l’Afrique australe, selon les dernières évaluations de l’ONU.

Dans la province de Huila, les égarements de la météo ont poussé la plupart des hommes hors de leurs villages pour aller chercher du travail à Lubango. Et laissé aux femmes la lourde responsabilité de nourrir les enfants.

« Le changement climatique a un impact considérable sur la vie des femmes », résume Florbela Fernandes, du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP).

– Hommes absents –

L’ONU estime qu’elles constituent jusqu’à 80% des bataillons des déplacés par le réchauffement de la planète.

« A chaque crise, on constate que les groupes déjà les plus vulnérables sont ceux qui souffrent le plus », poursuit la représentante du FNUAP en Angola, « ces situations les exposent encore plus à la violence et aux abus ».

Les ONG opérant dans la province de Huila ont recensé plusieurs cas de femmes ou jeunes filles contraintes à des relations sexuelles en échange d’argent ou de nourriture.

Les pressions de l’environnement ne sont pas seules en cause. « C’est aussi une question de culture », estime Florbela Fernandes, « dans la plupart des pays africains, ce sont les filles et les femmes qui assument l’essentiel du travail à la maison ».

Le père de Tehandjila a trouvé un emploi de gardien à Lubango, mais il n’en fait guère profiter sa famille.

« Quand il revient à la maison, il est confronté à la faim. Alors il fait ce qu’il veut et moi, je me débrouille », lâche son épouse Mousaka Fernanda, 47 ans, en désherbant, les pieds dans la boue, son petit lopin de maïs.

« Les enfants ne demandent rien à leur père », ajoute-t-elle, « c’est à leur mère qu’ils réclament de quoi manger ».

Et ce n’est pas une mince affaire. Depuis des années que la sécheresse frappe la région, Mousaka Fernanda s’en sort en troquant son « macau », une liqueur locale qu’elle fabrique avec du sorgho, contre un peu de nourriture. Un gros kilo de maïs pour deux coupes de « macau ».

De quoi calmer la faim de la famille quelques jours seulement.

– Bouches à nourrir –

Alors quand sa fille aînée, Domingas, a appris qu’elle était enceinte, sa mère l’a pressée d’épouser le père de son enfant pour aller vivre avec lui.

« Ma mère ne voulait pas d’une bouche en plus à nourrir », explique la jeune femme de 19 ans, « moi j’étais contre ».

Le compagnon de Domingas Quessala a depuis quitté le foyer pour prendre un emploi dans la fabrique de jus de fruits de la ville voisine de Humpata. Désormais seule, la jeune maman confie elle aussi subir le harcèlement et les « agressions » des garçons pendant ses corvées d’eau.

« Les filles sont les premières victimes des séparations familiales », constate Anaina Lourenço, de l’ONG World Vision International. « Elles finissent par être obligées d’aider leurs mères et, très souvent, arrêtent leurs études ».

Dans un petit village de l’autre côté de la vallée, Cristina Canaino, 14 ans, a ainsi déserté les bancs de son école en 2018, lorsque son père a quitté sa famille de cinq enfants.

« Il est parti à la ville chercher du travail à cause de la sécheresse », raconte son épouse Ceu Jacinta, 32 ans, « on ne l’a pas revu depuis ». Elle n’a eu d’autre choix que de faire travailler sa fille Cristina dans un champ pour une poignée de kwanzas.

Ici aussi, les pluies ont récemment détruit une partie des récoltes de la famille et le ciel ne semble pas vouloir s’éclaircir. « S’il continue à pleuvoir, on ne pourra même pas ramasser un peu de maïs », redoute Ceu Jacinta.

Comble d’infortune, l’humidité a fait s’écrouler le toit de chaume de leur hutte. « Si mon mari était resté là », se lamente la cheffe de famille, « je ne pense pas que tout ça serait arrivé ».

Israël: Gantz va être placé sous protection rapprochée après des menaces

Benny Gantz, le principal rival du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, va être placé sous protection rapprochée de l’Etat à la suite de menaces sur internet, a annoncé le Shin Beth, le service de sécurité intérieure.

« Le Premier ministre a approuvé la recommandation du Shin Beth d’assurer une protection rapprochée de M. Gantz », a indiqué mardi le service de sécurité.

Cette décision doit encore être entérinée par une commission sécuritaire indépendante.

La protection de M. Gantz, chef du parti centriste « Bleu-Blanc », est jusque-là assurée par le service de sécurité du Parlement et avait déjà été renforcée après qu’il eut été insulté et menacé pour avoir dit vouloir former un gouvernement avec le soutien des partis arabes israéliens.

M. Gantz a relayé samedi sur Twitter un message disant qu’il devait « être assassiné comme Rabin », en référence à l’assassinat du Premier ministre travailliste Yitzhak Rabin en 1995 par un extrémiste juif, après une campagne haineuse contre lui d’une partie de la droite israélienne, alors menée par M. Netanyahu.

Benjamin « Netanyahu, arrête cette incitation à la violence, ne dis pas que tu n’étais pas au courant » des menaces en ligne, a commenté M. Gantz sur Twitter.

En Israël, seules sept personnes, dont le chef de l’opposition, reçoivent automatiquement la protection du Shin Beth.

M. Gantz, dont le parti est arrivé deuxième aux législatives du 2 mars après le Likoud (droite) de M. Netanyahu, n’est pas chef de l’opposition car ce titre ne peut être attribué qu’après la formation d’un gouvernement.

Or, Israël est dirigé par un gouvernement de transition depuis plus d’un an, deux précédents scrutins n’ayant pas abouti à la formation d’un cabinet.

MM. Gantz et Netanyahu mènent actuellement des tractations pour tenter de rallier des députés à leurs blocs car ni l’un ni l’autre n’est parvenu à obtenir l’appui de 61 parlementaires, seuil requis pour la formation d’un gouvernement.