La chute de l’Emir de Kano: symbole de la toute-puissance des politiques sur le pouvoir traditionnel

Un Emir « bavard comme une pie », dĂ©logĂ© de son palais par des services de renseignement en armes, puis « banni » hors des frontiĂšres de son royaume: cela pourrait ĂȘtre l’intrigue d’une tragĂ©die de Shakespeare. Mais la scĂšne a bel et bien eu lieu lundi dans le nord du Nigeria.

Muhammadu Sanusi II, 58 ans, Ă©tait une des plus grandes figures du pouvoir traditionnel au Nigeria, et son influence s’exerçait sur un vaste territoire de 10 millions de personnes dans le nord musulman.

Mais il a Ă©tĂ© « dĂ©trĂŽné » manu militari lundi aprĂšs un vote du Parlement de l’Etat de Kano, avec « effet immĂ©diat » et dĂ©logĂ© en hĂ©licoptĂšre.

La scĂšne, aussi rare qu’inattendue, tĂ©moigne des inimitiĂ©s entre deux pouvoirs: le pouvoir traditionnel, religieux et millĂ©naire, quasiment divin diront certains, et le pouvoir politique, moderne et mortel, fait d’alliances et de coups bas.

Depuis la colonisation britannique, qui a relĂ©guĂ© les leaders traditionnels Ă  un rĂŽle honorifique au profit d’un systĂšme dĂ©mocratique, les deux pouvoirs travaillent plus ou moins en accord, l’un n’empiĂ©tant pas sur la chose publique, et l’autre ne s’immisçant pas dans les affaires du religieux.

Mais depuis que Lamido Sanusi a remplacĂ© son grand-oncle sur le trĂŽne en 2014, il n’a pas hĂ©sitĂ© Ă  brouiller les cartes et Ă  donner son avis nĂ©gatif sur la gestion de l’Etat de Kano, voire sur les politiques Ă©conomiques du pays.

Ancien banquier, il a Ă©tĂ© gouverneur de la Banque centrale du Nigeria avant d’accĂ©der au trĂŽne, et n’a pas hĂ©sitĂ©, Ă  cette fonction trĂšs exposĂ©e, Ă  dĂ©noncer des dĂ©tournements massifs.

Cela lui avait dĂ©jĂ  valu sa place, sous le gouvernement de Goodluck Jonathan, qui l’a presque aussitĂŽt renvoyĂ©. Mais, mĂȘme en tant qu’Emir, Sanusi II n’a pas perdu son « amour pour la controverse ».

« Ce n’est un secret pour personne que nombre de nos hommes politiques sont ineptes et peu Ă©duquĂ©s », Ă©crit-il en 2017. « Les NigĂ©rians le savent et attendent peu de leurs leaders », avait alors dĂ©clarĂ© l’Emir.

– « Trop c’est trop » –

C’Ă©tait oublier que les salaires des chefs traditionnels, et pour certains leur succession, n’est pas de l’ordre du divin, mais bien entre les mains des politiciens locaux.

Sanusi II s’est mis Ă  dos l’homme le plus important de l’Etat de Kano, le gouverneur Abdullahi Ganduje, qui lui reproche d’avoir soutenu en sous-main le candidat de l’opposition aux derniĂšres Ă©lections de 2019.

Il a depuis tout essayé pour affaiblir son rÎle et ternir son image.

Il a divisĂ© son Émirat en quatre territoires et la police anti-corruption a multipliĂ© les enquĂȘtes contre la figure royale.

Son excommunion lundi pour « irrespect » et « insubordination » a Ă©tĂ© le geste ultime d’une guerre ouverte entre les deux hommes. Une guerre que le pouvoir coutumier ne semble plus ĂȘtre en mesure de gagner.

« Le gouverneur a dĂ©cidĂ© que c’en Ă©tait trop », remarque Adewunmi Falode, professeur d’histoire Ă  l’UniversitĂ© de Lagos. « C’est le signal que le vrai pouvoir reste entre les mains du gouvernement », argue le spĂ©cialiste.

Ses prĂ©dĂ©cesseurs avaient pu compter sur le soutien populaire en de pareilles circonstances. En 1963, des milliers de personnes avaient protestĂ© contre le renvoi de l’Ă©mir de l’Ă©poque (le grand-pĂšre de Sanusi II) par les autoritĂ©s, puis en 1981, les manifestations avaient tournĂ© au bain de sang lorsque le gouvernement avait tentĂ© de dĂ©trĂŽner Ado Bayero, son grand-oncle.

– Aura mystique –

Mais cette fois, les rues de Kano, capitale millĂ©naire de l’Émirat, sont restĂ©s imperturbables, beaucoup ne se retrouvant pas dans ce chef moderne et trĂšs « occidentalisé ».

Les chefs religieux, particuliĂšrement conservateurs et rigoristes dans cette rĂ©gion du Nord musulman, lui ont tournĂ© le dos, lui reprochant ses critiques ouvertes et rĂ©pĂ©tĂ©es contre l’influence de l’Arabie saoudite au Nigeria, jugeant les courants wahhabites et salafistes « intolĂ©rants ».

Son franc-parler, dont il s’est souvent targuĂ©, lui a aujourd’hui coĂ»tĂ© sa place.

« Par tradition, l’Emir ne doit ĂȘtre ni vu ni entendu », confie un membre de sa Cour Ă  l’AFP.

« Mais Sanusi n’a pas respectĂ© cette tradition, s’exprimant sur tout et sur rien, bavard comme une pie (…) cela a affaibli l’aura mystique et le prestige qui doit rĂ©gner autour de sa personne », poursuit-il.

« Il a dĂ©truit des murs de 500 ans d’Ăąge pour les remplacer par des matĂ©riaux modernes et maintenant le palais ressemble Ă  Buckingham Palace ».

Lamido Sanusi, qui reste toutefois trĂšs apprĂ©ciĂ© dans le reste du pays depuis son passage Ă  la Banque Centrale, pourrait toutefois tirer partie de ce « dĂ©trĂŽnement », pour enfin s’exprimer autant qu’il le souhaite et faire une carriĂšre politique.

« Quittez cette institution mourante oĂč un homme qui sait Ă  peine lire et Ă©crire peut vous rĂ©duire au silence, et hissez vous Ă  une place oĂč vous pourrez avoir un impact global sur la sociĂ©té », rĂ©sume le cĂ©lĂšbre Ă©crivain et avocat nigĂ©rian Elnathan John.

abu-joa-del-spb/jpc/jhd

La BCE prĂȘte Ă  sortir l’arsenal monĂ©taire face au coronavirus

Seule grande banque centrale Ă  n’avoir pas encore rĂ©agi Ă  l’Ă©pidĂ©mie de coronavirus, la Banque centrale europĂ©enne devrait sortir jeudi un nouvel arsenal monĂ©taire face Ă  cette menace aussi inĂ©dite que difficile Ă  Ă©valuer.

« Chacun espÚre que la banque centrale ramÚnera le calme », alors que la panique des marchés a atteint des niveaux rappelant la crise financiÚre de 2008-2009, souligne Bruno Cavalier, économiste chez Oddo Seydler.

En perturbant la vie quotidienne et l’Ă©conomie avant de se muer « en choc financier majeur », aux consĂ©quences imprĂ©visibles, cette Ă©pidĂ©mie constitue « le premier vrai test pour Christine Lagarde », aux manettes de la depuis novembre, observe M. Cavalier.

D’autant que la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale amĂ©ricaine a baissĂ© ses taux de 0,5 point dĂšs le 3 mars, sans attendre sa rĂ©union mi-mars ni une quelconque action coordonnĂ©e. Et qu’elle a Ă©tĂ© imitĂ©e mercredi par la Banque d’Angleterre.

Si les banquiers centraux avaient rĂ©pondu de concert Ă  la crise des « subprime », Ă  l’Ă©tĂ© 2008, cette fois chacun a agi « dans son coin » et mis les autres « sous pression, voire en difficulté », estime Eric Dor, directeur de recherche Ă  l’Institut d’Ă©conomie scientifique et de gestion (IESEG).

– PrĂȘts aux PME –

Ainsi, la Fed n’a guĂšre apaisĂ© les marchĂ©s et a de surcroĂźt renchĂ©ri l’euro face au dollar. Cela complique la tĂąche de la BCE: un euro fort nuit Ă  la compĂ©titivitĂ© de la zone euro et rĂ©duit les pressions inflationnistes. Or l’institut est depuis 2013 en-dessous de son objectif, soit une inflation tendant vers 2%.

Personne ne doute donc que la BCE dĂ©livre jeudi son ordonnance anti-coronavirus, malgrĂ© des marges de manƓuvre rĂ©duites puisque son principal taux, permettant aux banques de se refinancer, est dĂ©jĂ  Ă  zĂ©ro depuis 2016.

Dans un communiquĂ© laconique la semaine derniĂšre, l’institution a promis des mesures « appropriĂ©es », et surtout « ciblĂ©es », face Ă  l’Ă©pidĂ©mie.

Jeudi, elle pourrait donc innover avec un programme de prĂȘts bancaires ciblant les PME en difficultĂ©, pour aider les entreprises perturbĂ©es par l’Ă©pidĂ©mie Ă  boucler leurs fins de mois, indique Ă  l’AFP une source proche de la BCE.

CĂŽtĂ© taux, l’institut pourrait descendre Ă  -0,60%, contre -0,50% jusque-lĂ , celui appliquĂ© aux liquiditĂ©s que les banques laissent Ă  la banque centrale au lieu de les prĂȘter aux mĂ©nages et aux entreprises.

DestinĂ©e Ă  stimuler l’offre de crĂ©dits, cette politique de taux bas vaut dĂ©jĂ  Ă  la BCE de vives critiques, en particulier en Allemagne, oĂč on l’accuse de spolier les Ă©pargnants.

Autre piste: augmenter le rythme des rachats de dette sur le marchĂ©, rĂ©activĂ©s depuis novembre 2019 Ă  raison de 20 milliards d’euros par mois, « aussi longtemps que nĂ©cessaire ».

– Aux Etats d’agir –

Mais pour que la politique monĂ©taire ne soit pas seule Ă  la manƓuvre, Mme Lagarde a interpellĂ© mardi les chefs de gouvernement europĂ©ens en faisant « rĂ©fĂ©rence Ă  (la crise financiĂšre de) 2008 » lors d’une confĂ©rence tĂ©lĂ©phonique, a indiquĂ© Ă  l’AFP une source europĂ©enne.

Elle souhaitait mettre les dĂ©cideurs devant leurs responsabilitĂ©s, quand bien mĂȘme les effets du virus sur l’Ă©conomie restent « trĂšs difficiles Ă  prĂ©voir », a ajoutĂ© Mme Lagarde, selon la mĂȘme source.

L’Allemagne, dĂ©jĂ  critiquĂ©e par la BCE pour sa rĂ©ticence Ă  recourir Ă  la dĂ©pense publique, a cette fois promis de faire « ce qui est nĂ©cessaire », a indiquĂ© mercredi la chanceliĂšre, Angela Merkel, quitte Ă  revenir sur son dogme du zĂ©ro dĂ©ficit.

Pays europĂ©en le plus touchĂ© par l’Ă©pidĂ©mie du Covid-19, alors mĂȘme qu’elle est dĂ©jĂ  fragilisĂ©e par son Ă©norme dette publique, l’Italie a dĂ©bloquĂ© mercredi une enveloppe d’aides de 25 milliards d’euros.

Enfin, l’UE a fait miroiter mardi un « fonds d’investissement en rĂ©ponse » Ă  l’Ă©pidĂ©mie allant jusqu’Ă  25 milliards d’euros. Le lendemain, elle prĂ©cisait cependant qu’il s’agirait d’enveloppes dĂ©jĂ  existantes.

Quant aux mesures attendues jeudi de la BCE, elles peuvent au moins « contribuer Ă  stopper la dĂ©route des marchĂ©s », souligne Florian Hense, Ă©conomiste chez Berenberg. Un enjeu crucial pour maintenir un bon niveau de « liquidité » et Ă©viter d’asphyxier un peu plus les entreprises.

Taux, prĂȘts aux PME, QE: la potion anti-coronavirus attendue de la BCE

PressĂ©e d’agir face Ă  l’Ă©pidĂ©mie de coronavirus, la Banque centrale europĂ©enne devrait dĂ©gainer jeudi une sĂ©rie de mesures pour calmer les marchĂ©s financiers et soutenir les secteurs les plus touchĂ©s.

Voici les principales actions envisagées.

– Baisser un taux

Comme la BCE maintient son principal taux à zéro depuis mars 2016, elle ne dispose pas des marges de manoeuvre de la Réserve fédérale américaine, qui vient de descendre le sien de 0,5 point pour le porter dans une fourchette de 1% à 1,25%.

Mais les gardiens de l’euro pourraient abaisser leur « taux de dĂ©pĂŽt », qui s’applique aux liquiditĂ©s que les banques choisissent de leur confier faute de les distribuer sous forme de crĂ©dits.

DĂ©jĂ  nĂ©gatif, Ă  -0,50%, ce taux pourrait ĂȘtre portĂ© Ă  -0,60%, tout en laissant la possibilitĂ© de nouvelles baisses, pour inciter encore plus fortement les banques Ă  prĂȘter aux mĂ©nages et aux entreprises.

– Soulager les banques

Consciente que ce taux négatif rogne les marges des banques, la BCE exonÚre une partie des liquidités en excÚs, selon un systÚme dit « two-tier » inauguré en septembre et élargi en novembre.

Selon Eric Dor, de l’Institut d’Ă©conomie scientifique et de gestion, l’institut pourrait encore relever la proportion des dĂ©pĂŽts dispensĂ©s de ce prĂ©lĂšvement: il pourrait dĂ©sormais reprĂ©senter « dix » fois les rĂ©serves obligatoires constituĂ©es par les banques pour faire face aux retraits de leurs clients, contre « six » actuellement.

La mesure profiterait principalement aux banques allemandes et françaises, aujourd’hui les plus pĂ©nalisĂ©es par les taux nĂ©gatifs.

– Soutenir les PME

Depuis octobre, la BCE mĂšne sa troisiĂšme campagne de prĂȘts gĂ©ants aux banques (dits TLTRO), Ă  des taux trĂšs avantageux, Ă  condition que les banques prĂȘtent Ă  leur tour aux mĂ©nages ou aux entreprises.

Comme elles empruntent au niveau du taux de dĂ©pĂŽt, soit -0,50%, les banques recourant au TLTRO sont de fait rĂ©munĂ©rĂ©es par la BCE quand elles prĂȘtent de l’argent.

Il semble difficile d’assouplir encore ces conditions Ă  quelques jours d’une nouvelle vague, mais la BCE pourrait concevoir un nouveau type de prĂȘts ciblant « les entreprises non financiĂšres les plus touchĂ©es par la crise », en particulier les PME, selon Frederik Ducrozet, stratĂ©giste chez Pictet Wealth Management.

La Banque d’Angleterre vient d’ailleurs de faire de mĂȘme mercredi, en mĂȘme temps qu’elle abaissait son principal taux.

– Augmenter les rachats de dette

La BCE a réactivé depuis novembre ses rachats de dette publique et privée, sa puissante arme anti-crise baptisée « QE » (« Quantitative Easing », « Assouplissement quantitatif »), déjà déployée entre mars 2015 et fin 2018.

L’institution dĂ©tenait fin fĂ©vrier 2.623 milliards d’euros de dette Ă  son bilan, afin de maintenir de bonnes conditions financiĂšres sur les marchĂ©s.

Mais le conseil des gouverneurs de la BCE Ă©tait apparu divisĂ© comme jamais en septembre, au moment de dĂ©cider la reprise de ces rachats de dette Ă  raison de 20 milliards d’euros par mois.

La BCE pourrait toutefois augmenter le rythme de ses achats, Ă  30 milliards par mois selon les observateurs, en accentuant par exemple la part de la dette d’entreprise rachetĂ©e.

Elle pourrait aussi modifier les rĂšgles qui limitent le rachat de dette souveraine, voire envisager le rachat de dette ou d’actions de banques si la crise s’aggrave, avance Florian Hense, analyste chez Berenberg.

Mais la contestation n’est pas prĂšs de s’Ă©teindre en Allemagne, oĂč la Cour constitutionnelle doit se prononcer le 24 mars sur la validitĂ© du « QE ». Des eurosceptiques veulent faire Ă©tablir qu’Ă  travers cet outil, la BCE viole l’interdiction de financer directement les Etats.

Italie: le blocus de Codogno est levé, les habitants restent inquiets

Cette petite ville lombarde Ă©tait devenue le symbole de l’arrivĂ©e du coronavirus en Italie: placĂ©s 15 jours en stricte quarantaine les habitants de Codogno (nord) ont Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă  ressortir cette semaine et sont dĂ©sormais logĂ©s Ă  la mĂȘme enseigne que les autres Italiens, mais l’angoisse est toujours lĂ .

Dans les rues, peu de voitures; les bars et les restaurants restent pour la plupart fermĂ©s et au MacDonald, les clients se font rares; pour entrer dans les supermarchĂ©s, il faut patienter une demi-heure dans une file oĂč les clients se tiennent Ă  distance rĂ©glementaire, masque sur la bouche, les entrĂ©es se faisant au rythme des sorties.

« La situation ne s’est pas amĂ©liorĂ©e. Les gens sortent, mais ont toujours peur », dit Roberta Franceschini, 30 ans, employĂ©e du bar Mania. « A mes yeux, la situation reste la mĂȘme qu’il y a quelques jours. Personne ne sort, c’est un dĂ©sastre », dit Marino Boccardi, 67 ans.

Ces deux semaines de quarantaine entamĂ©es le 23 fĂ©vrier, entourĂ©s d’un cordon Ă©tanche surveillĂ© par la police, « ont Ă©tĂ© difficiles, cela a dictĂ© les vies de chacun d’entre nous », raconte Antonio Zetti, un retraitĂ© de 58 ans. « L’avenir m’inquiĂšte. Nous ne savons pas si la pĂ©riode nĂ©cessaire pour surmonter l’impact social » de cet isolement « relĂšve du trĂšs long terme ou du long terme », poursuit-il.

La dĂ©cision de rouvrir le pĂ©rimĂštre Ă©tanche autour de Codogno avait Ă©tĂ© commentĂ©e comme une bonne nouvelle dans le pays, bien vite Ă©clipsĂ©e par l’interdiction de rassemblement et la restriction des dĂ©placements dans toute l’Italie dĂ©cidĂ©es le lendemain par les autoritĂ©s.

« Nous avons besoin d’exporter le modĂšle Codogno Ă  toute la Lombardie parce qu’il a dĂ©montrĂ© qu’il fonctionne. Codogno est l’unique endroit de Lombardie oĂč la contagion s’est rĂ©duite », s’est fĂ©licitĂ© mercredi le prĂ©sident de la rĂ©gion Lombardie, Attilio Fontana.

Des voix s’Ă©taient toutefois trĂšs vite Ă©levĂ©es contre cette levĂ©e de la quarantaine, mettant en garde contre tout optimisme dĂ©mesurĂ©. C’est vrai que Codogno est l’endroit « oĂč les contagions diminuent, contrairement au reste de l’Italie », dit Ă  l’AFP Roberto Burioni, professeur de virologie Ă  l’universitĂ© Vita-Salute San Raffaelle de Milan.

« Mais cela n’a pas de sens Ă  l’heure actuelle de parler d’immunitĂ© de groupe, parce qu’on ne sait pas encore si un individu qui a contractĂ© le virus, et qui a guĂ©ri, est dĂ©finitivement protĂ©gĂ© contre une infection ultĂ©rieure », poursuit le spĂ©cialiste.

Taux, prĂȘts aux PME, QE: la potion anti-coronavirus attendue de la BCE

PressĂ©e d’agir face Ă  l’Ă©pidĂ©mie de coronavirus, la Banque centrale europĂ©enne devrait dĂ©gainer jeudi une sĂ©rie de mesures pour calmer les marchĂ©s financiers et soutenir les secteurs les plus touchĂ©s.

Voici les principales actions envisagées.

– Baisser un taux

Comme la BCE maintient son principal taux à zéro depuis mars 2016, elle ne dispose pas des marges de manoeuvre de la Réserve fédérale américaine, qui vient de descendre le sien de 0,5 point pour le porter dans une fourchette de 1% à 1,25%.

Mais les gardiens de l’euro pourraient abaisser leur « taux de dĂ©pĂŽt », qui s’applique aux liquiditĂ©s que les banques choisissent de leur confier faute de les distribuer sous forme de crĂ©dits.

DĂ©jĂ  nĂ©gatif, Ă  -0,50%, ce taux pourrait ĂȘtre portĂ© Ă  -0,60%, tout en laissant la possibilitĂ© de nouvelles baisses, pour inciter encore plus fortement les banques Ă  prĂȘter aux mĂ©nages et aux entreprises.

– Soulager les banques

Consciente que ce taux négatif rogne les marges des banques, la BCE exonÚre une partie des liquidités en excÚs, selon un systÚme dit « two-tier » inauguré en septembre et élargi en novembre.

Selon Eric Dor, de l’Institut d’Ă©conomie scientifique et de gestion, l’institut pourrait encore relever la proportion des dĂ©pĂŽts dispensĂ©s de ce prĂ©lĂšvement: il pourrait dĂ©sormais reprĂ©senter « dix » fois les rĂ©serves obligatoires constituĂ©es par les banques pour faire face aux retraits de leurs clients, contre « six » actuellement.

La mesure profiterait principalement aux banques allemandes et françaises, aujourd’hui les plus pĂ©nalisĂ©es par les taux nĂ©gatifs.

– Soutenir les PME

Depuis octobre, la BCE mĂšne sa troisiĂšme campagne de prĂȘts gĂ©ants aux banques (dits TLTRO), Ă  des taux trĂšs avantageux, Ă  condition que les banques prĂȘtent Ă  leur tour aux mĂ©nages ou aux entreprises.

Comme elles empruntent au niveau du taux de dĂ©pĂŽt, soit -0,50%, les banques recourant au TLTRO sont de fait rĂ©munĂ©rĂ©es par la BCE quand elles prĂȘtent de l’argent.

Il semble difficile d’assouplir encore ces conditions Ă  quelques jours d’une nouvelle vague, mais la BCE pourrait concevoir un nouveau type de prĂȘts ciblant « les entreprises non financiĂšres les plus touchĂ©es par la crise », en particulier les PME, selon Frederik Ducrozet, stratĂ©giste chez Pictet Wealth Management.

La Banque d’Angleterre vient d’ailleurs de faire de mĂȘme mercredi, en mĂȘme temps qu’elle abaissait son principal taux.

– Augmenter les rachats de dette

La BCE a réactivé depuis novembre ses rachats de dette publique et privée, sa puissante arme anti-crise baptisée « QE » (« Quantitative Easing », « Assouplissement quantitatif »), déjà déployée entre mars 2015 et fin 2018.

L’institution dĂ©tenait fin fĂ©vrier 2.623 milliards d’euros de dette Ă  son bilan, afin de maintenir de bonnes conditions financiĂšres sur les marchĂ©s.

Mais le conseil des gouverneurs de la BCE Ă©tait apparu divisĂ© comme jamais en septembre, au moment de dĂ©cider la reprise de ces rachats de dette Ă  raison de 20 milliards d’euros par mois.

La BCE pourrait toutefois augmenter le rythme de ses achats, Ă  30 milliards par mois selon les observateurs, en accentuant par exemple la part de la dette d’entreprise rachetĂ©e.

Elle pourrait aussi modifier les rĂšgles qui limitent le rachat de dette souveraine, voire envisager le rachat de dette ou d’actions de banques si la crise s’aggrave, avance Florian Hense, analyste chez Berenberg.

Mais la contestation n’est pas prĂšs de s’Ă©teindre en Allemagne, oĂč la Cour constitutionnelle doit se prononcer le 24 mars sur la validitĂ© du « QE ». Des eurosceptiques veulent faire Ă©tablir qu’Ă  travers cet outil, la BCE viole l’interdiction de financer directement les Etats.

Coronavirus: Trump suspend tous les voyages de l’Europe vers les Etats-Unis pour 30 jours

Le prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump a annoncĂ© mercredi la suspension pour 30 jours de tous les voyages depuis l’Europe vers les Etats-Unis afin d’endiguer l’Ă©pidĂ©mie de nouveau coronavirus qui a de nouveau affolĂ© les marchĂ©s financiers.

« J’ai dĂ©cidĂ© de prendre des actions fortes mais nĂ©cessaires pour protĂ©ger la santĂ© et le bien-ĂȘtre de tous les AmĂ©ricains », a annoncĂ© M. Trump lors d’une allocution solennelle depuis le Bureau ovale de la Maison Blanche

« Pour empĂȘcher de nouveaux cas de pĂ©nĂ©trer dans notre pays, je vais suspendre tous les voyages en provenance d’Europe vers les Etats-Unis pour les 30 prochains jours », a-t-il ajoutĂ©, dĂ©plorant que l’Union europĂ©enne n’ait pas pris « les mĂȘmes prĂ©cautions » que les Etats-Unis face Ă  la propagation du virus.

Cette mesure, qui entrera en vigueur vendredi à minuit (04H00 GMT samedi), ne concernera pas le Royaume-Uni, a précisé le milliardaire républicain.

Au cours de son allocution de dix minutes, le président de la premiÚre puissance mondiale a qualifié le nouveau coronavirus de « virus étranger ».

Il y a quelques jours, le chef de la diplomatie amĂ©ricaine Mike Pompeo avait provoquĂ© une polĂ©mique, et l’ire de PĂ©kin, en parlant de « virus de Wuhan ».

Le 45e prĂ©sident des Etats-Unis a achevĂ© son discours en martelant sa conviction que l’avenir des Etats-Unis restait « plus radieux que personne ne peut l’imaginer ».

Le prĂ©sident amĂ©ricain est accusĂ© par nombre d’Ă©lus dĂ©mocrates de vouloir minimiser Ă  tout prix l’ampleur de la crise sanitaire Ă  venir et d’envoyer des messages confus, parfois en contradiction avec ceux des autoritĂ©s sanitaires.

« Cela va disparaßtre, restez calme », avait-il encore déclaré mardi. « Tout se déroule bien. Beaucoup de bonnes choses vont avoir lieu ».

– « L’Europe est la nouvelle Chine » –

M. Trump a par ailleurs appelĂ© le CongrĂšs amĂ©ricain Ă  adopter rapidement une rĂ©duction des taxes sur les salaires pour aider les mĂ©nages amĂ©ricains Ă  surmonter l’impact Ă©conomique de l’Ă©pidĂ©mie de coronavirus.

Cette proposition faite par son administration en dĂ©but de semaine n’a pas eu un Ă©cho trĂšs favorable auprĂšs des Ă©lus, y compris de son propre parti.

Le prĂ©sident a aussi annoncĂ© le report de la date butoir de paiement des impĂŽts pour certains individus et entreprises, qui devrait permettre selon lui de rĂ©injecter 200 milliards de dollars de liquiditĂ©s supplĂ©mentaires dans l’Ă©conomie.

Wall Street a connu une nouvelle sĂ©ance noire mercredi: le Dow Jones Industrial Average s’est effondrĂ© de 5,87%, Ă  23.550,74 points, et le Nasdaq a perdu 4,70%, Ă  7.952,05 points.

Quelques heures avant l’allocution prĂ©sidentielle, le directeur des Centres de dĂ©tection et de prĂ©vention des maladies (CDC) Robert Redfield avait estimĂ© que le principal risque de propagation de l’Ă©pidĂ©mie pour les Etats-Unis venait d’Europe.

« La vraie menace pour nous, c’est dĂ©sormais l’Europe », avait-il affirmĂ©. « C’est de lĂ  qu’arrivent les cas. Pour dire les choses clairement, l’Europe est la nouvelle Chine ».

DĂ©but fĂ©vrier, Washington avait provisoirement interdit l’entrĂ©e aux Etats-Unis des non-AmĂ©ricains s’Ă©tant rĂ©cemment rendus en Chine. Le prĂ©sident Trump a longtemps invoquĂ© cette dĂ©cision drastique pour assurer que la propagation de l’Ă©pidĂ©mie Ă©tait sous contrĂŽle sur le territoire amĂ©ricain.

Le dĂ©partement d’Etat a aussi recommandĂ© aux ressortissants amĂ©ricains d’Ă©viter les voyages non indispensables en Italie, un avertissement aux voyageurs susceptible d’ĂȘtre au moins partiellement Ă©tendu au reste de l’Europe.

Les Etats-Unis ont dĂ©passĂ© mercredi la barre des 1.200 cas d’infection au nouveau coronavirus, et 38 personnes en sont mortes, selon les statistiques de l’universitĂ© amĂ©ricaine Johns Hopkins.

Le CongrĂšs amĂ©ricain bride l’action militaire de Trump contre l’Iran

Le CongrĂšs des Etats-Unis a dĂ©finitivement adoptĂ© mercredi une rĂ©solution visant Ă  limiter une action militaire de Donald Trump contre l’Iran, un camouflet pour le prĂ©sident amĂ©ricain, qui devrait toutefois y opposer son veto.

Le texte prĂ©sentĂ© par l’opposition dĂ©mocrate avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© approuvĂ© mi-fĂ©vrier par le SĂ©nat, grĂące au soutien d’une partie des membres du camp du milliardaire rĂ©publicain qui dominent la chambre haute. Il a Ă©tĂ© adoptĂ© mercredi par la Chambre des reprĂ©sentants, qui est elle Ă  majoritĂ© dĂ©mocrate, par 227 voix contre 186.

Là aussi, six républicains ont joint leur voix à celles des démocrates.

Il doit maintenant ĂȘtre soumis au prĂ©sident Trump pour promulgation, mais la Maison Blanche a dĂ©jĂ  fait savoir qu’il y opposerait son veto.

Selon cette rĂ©solution, le prĂ©sident des Etats-Unis ne peut pas engager ses militaires dans des « hostilitĂ©s contre la RĂ©publique islamique d’Iran » ou « toute partie de son gouvernement ou de son armĂ©e » sans « autorisation explicite » du CongrĂšs, sous la forme d’une dĂ©claration de guerre ou d’un feu vert spĂ©cifique.

Il s’agit d’une rĂ©ponse parlementaire aux tensions entre les deux pays ennemis, qui avaient atteint leur paroxysme lorsque Washington a tuĂ© le 3 janvier, dans une frappe ordonnĂ©e par Donald Trump, le puissant gĂ©nĂ©ral iranien Qassem Soleimani.

Les dĂ©mocrates et certains rĂ©publicains avaient exprimĂ© leur inquiĂ©tude de voir l’escalade dĂ©gĂ©nĂ©rer en confrontation militaire directe. Mais aprĂšs une riposte de TĂ©hĂ©ran qui a tirĂ© des missiles sur des bases utilisĂ©es par l’armĂ©e amĂ©ricaine en Irak sans faire de mort, la tension extrĂȘme Ă©tait quelque peu retombĂ©e.

– Nouvelle escalade en Irak –

L’administration Trump affirme que sa « campagne de pression maximale » contre TĂ©hĂ©ran, avec des sanctions sans prĂ©cĂ©dent, ainsi que la frappe du 3 janvier, ont « rĂ©tabli la dissuasion Ă  l’encontre de la RĂ©publique islamique ».

Mais les attaques contre les forces amĂ©ricaines en Irak, le plus souvent attribuĂ©es par Washington Ă  l’Iran ou Ă  ses alliĂ©s locaux, n’ont pas totalement cessĂ©.

Des tirs de roquette contre une base militaire en Irak ont mĂȘme fait mercredi pour la premiĂšre fois trois morts, dont deux soldats amĂ©ricain et britannique.

AussitĂŽt aprĂšs cette attaque –la plus meurtriĂšre recensĂ©e contre une base abritant des soldats amĂ©ricains depuis plusieurs annĂ©es–, des raids aĂ©riens ont visĂ© des positions de supplĂ©tifs de l’Iran Ă  la frontiĂšre entre l’Irak et la Syrie, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Cette nouvelle escalade pourrait représenter un test pour la volonté de contrÎle du CongrÚs.

Pour l’Ă©lu dĂ©mocrate Steny Hoyer, « dans de nombreux pays au monde, une seule personne » dĂ©cide s’il convient d’envoyer des jeunes Ă  la guerre: « ce sont des dictateurs ». « Nos pĂšres fondateurs n’ont pas voulu que des dictateurs dirigent l’AmĂ©rique », a-t-il lancĂ© avant le vote.

« Pendant des annĂ©es, le CongrĂšs a abdiquĂ© ses responsabilitĂ©s en matiĂšre de guerre. Mais maintenant une majoritĂ© transversale au SĂ©nat et Ă  la Chambre a clairement statuĂ© que nous ne devrions pas nous engager dans des hostilitĂ©s avec l’Iran sans un vote du CongrĂšs », s’est fĂ©licitĂ© dans un communiquĂ© le sĂ©nateur dĂ©mocrate Tim Kaine, auteur de la rĂ©solution.

Il a soulignĂ© que son texte permettait au prĂ©sident de dĂ©fendre les Etats-Unis en cas d’attaque.

Selon lui, « si le président Trump est sérieux au sujet de sa promesse de mettre fin aux guerres sans fin, il promulguera cette résolution ».

Or, l’ex-homme d’affaires new-yorkais avait prĂ©venu avant le vote du SĂ©nat qu’une telle loi lancerait « un trĂšs mauvais signal » pour la sĂ©curitĂ© des Etats-Unis. S’il confirme son veto, le CongrĂšs ne devrait pas rĂ©ussir Ă  rĂ©unir la majoritĂ© qualifiĂ©e nĂ©cessaire pour passer outre.

L’Ă©lu rĂ©publicain Mike McCaul lui a fait Ă©cho en estimant que les « ennemis » de l’AmĂ©rique suivaient ce dĂ©bat de prĂšs. « Il faut qu’ils aient bien Ă  l’esprit que s’ils tuent des AmĂ©ricains, ils vont en payer le prix », a-t-il lancĂ© sous les applaudissements nourris de son camp, aprĂšs avoir saluĂ© la mort de Qassem Soleimani.

Au Mali, le tombeau des Askia, patrimoine mondial, va ĂȘtre rĂ©habilitĂ©

Le tombeau des Askia Ă  Gao (nord-est), un des quatre sites au Mali inscrits au patrimoine de l’Unesco, va ĂȘtre rĂ©habilitĂ©, ont indiquĂ© mercredi les autoritĂ©s maliennes et une organisation de sauvegarde des monuments en zone de conflit.

Le plan de rĂ©habilitation, qui s’étend sur deux ans jusqu’en 2022, doit permettre de sauvegarder « un tĂ©moignage spectaculaire de la richesse du patrimoine malien », a dĂ©clarĂ© Ă  l’AFP Valery Freland, directeur de l’Aliph, organisation qui finance Ă  hauteur de 500.000 dollars le projet en collaboration avec l’Etat malien.

Le site du tombeau des Askias, construit en terre en 1495 par l’empereur songhoy Askia Mohamed, comprend un tombeau pyramidal et une mosquĂ©e. Celle-ci, l’une des plus grandes de la ville, est encore utilisĂ©e par les habitants.

Le site ne présente pas de signe flagrant de dégradation, mais le risque est structurel.

« Il faut restaurer certains piliers, notamment », a dĂ©clarĂ© le directeur du patrimoine malien, Moulaye Coulibaly, lors d’une visite sur place. A cela doit s’ajouter une rĂ©fection du mur d’enceinte et de la mosquĂ©e attenante au tombeau, entre autres.

ClassĂ© au patrimoine mondial en 2004, le site a Ă©tĂ© ajoutĂ© en 2012 sur la liste du patrimoine en pĂ©ril, en raison du conflit armĂ© qui commençait alors Ă  affecter le Mali et qui se poursuit aujourd’hui.

Cette annĂ©e-lĂ , quand un groupe jihadiste avait occupĂ© Gao pendant dix mois, la population de la ville s’était levĂ©e pour protĂ©ger ce patrimoine, l’un des principaux hĂ©ritages de la culture songhoy dont le peuple rĂ©gna sur un large empire ouest-africain entre le 15e et le 16Ăšme siĂšcles.

« Nous avons craint que les jihadistes fassent comme Ă  Tombouctou » oĂč ils avaient dĂ©truit plusieurs mausolĂ©es, explique Mahamane Hameye, membre de la sociĂ©tĂ© civile et parmi les fondateurs du mouvement des « Patriotes » qui dĂ©fendit le tombeau.

La menace jihadiste s’est Ă©loignĂ©e du fait de la prĂ©sence de forces maliennes, françaises et onusiennes.

CrĂ©Ă©e en 2017 sous l’impulsion de la France, l’Aliph est une organisation internationale de sauvegarde du patrimoine en zone de conflit. Huit pays en sont donateurs, parmi lesquels la France, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite.

Irak: des tirs de roquettes font trois morts dont deux soldats américain et britannique

Des tirs de roquettes contre une base militaire en Irak ont pour la premiĂšre fois fait trois morts mercredi, dont deux soldats amĂ©ricain et britannique, marquant une escalade dans les tensions entre Washington et ses alliĂ©s d’une part, et TĂ©hĂ©ran et ses supplĂ©tifs de l’autre.

AussitĂŽt aprĂšs cette attaque –la plus meurtriĂšre recensĂ©e contre une base abritant des soldats amĂ©ricains depuis plusieurs annĂ©es–, des raids aĂ©riens ont visĂ© des positions de supplĂ©tifs de l’Iran Ă  la frontiĂšre entre l’Irak et la Syrie, a indiquĂ© Ă  l’AFP le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. Ces raids ont notamment visĂ© des factions armĂ©es irakiennes.

Ces tirs de roquette sont la 22Ăšme attaque depuis la fin octobre contre des intĂ©rĂȘts amĂ©ricains en Irak. Ils n’ont pas Ă©tĂ© revendiquĂ©s mais Washington –qui dirige la coalition internationale antijihadiste en Irak– attribue rĂ©guliĂšrement ces attaques aux factions irakiennes pro-Iran.

AprĂšs les raids aĂ©riens, qui semblent ĂȘtre des reprĂ©sailles, le spectre de nouvelles violences plane en Irak, oĂč les tensions entre les deux grands alliĂ©s du pouvoir Ă  Bagdad, TĂ©hĂ©ran et Washington, ont dĂ©jĂ  dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© ces derniers mois.

– « Dix explosions » –

Deux soldats, l’un amĂ©ricain et l’autre britannique, ainsi qu’un sous-traitant amĂ©ricain ont Ă©tĂ© tuĂ©s mercredi soir dans le tir de dix roquettes sur la base irakienne de Taji, au nord de Bagdad, a indiquĂ© Ă  l’AFP un responsable militaire amĂ©ricain.

Plus tĂŽt, un responsable de la coalition internationale antijihadiste emmenĂ©e par les Etats-Unis avait affirmĂ© Ă  l’AFP que l’attaque avait fait plusieurs blessĂ©s, certains lĂ©gĂšrement touchĂ©s et d’autres griĂšvement atteints.

Le responsable n’avait pas prĂ©cisĂ© leur nationalitĂ©. La coalition compte des dizaines d’Etats membres, dont les Etats-Unis qui ont dĂ©ployĂ© 5.200 soldats sur diverses bases militaires en Irak.

Quelques heures plus tard, « dix explosions » ont secouĂ© une zone au sud de la ville syrienne de Boukamal, frontaliĂšre de l’Irak, a rapportĂ© Ă  l’AFP M. Abdel Rahmane.

« Trois avions probablement de la coalition internationale ont visĂ© des positions iraniennes et des factions armĂ©es alliĂ©es, dont le Hachd al-Chaabi irakien », a indiquĂ© le directeur de l’OSDH, en rĂ©fĂ©rence Ă  cette coalition de paramilitaires dĂ©sormais intĂ©grĂ©s aux forces rĂ©guliĂšres irakiennes.

Les attaques à la roquette contre des soldats, des diplomates ou des installations des Etats-Unis en Irak ont déjà tué un sous-traitant américain et un soldat irakien par le passé.

– Marasme politique –

RĂ©guliĂšrement, une ou plusieurs roquettes s’abattent sur des bases accueillant des soldats amĂ©ricains ou sur l’ultrasĂ©curisĂ©e Zone verte de Bagdad oĂč siĂšge l’ambassade amĂ©ricaine. Mais le nombre de roquettes tirĂ©es mercredi est particuliĂšrement Ă©levĂ©.

Deux jours aprĂšs la mort d’un AmĂ©ricain dans les tirs de 30 roquettes sur une base militaire irakienne Ă  Kirkouk (nord) fin 2019, l’armĂ©e amĂ©ricaine avait frappĂ© cinq bases, en Irak et en Syrie, d’une faction armĂ©e pro-Iran, les brigades du Hezbollah, faisant 25 morts dans ses rangs.

Les tensions s’Ă©taient ensuite accentuĂ©es entre Washington et TĂ©hĂ©ran, menant Ă  l’assassinat Ă  Bagdad du puissant gĂ©nĂ©ral iranien Qassem Soleimani et de son lieutenant irakien dans une frappe amĂ©ricaine, ainsi qu’Ă  des bombardements iraniens de bases irakiennes abritant des soldats amĂ©ricains en reprĂ©sailles.

La coalition internationale formĂ©e contre le groupe Etat islamique (EI) en 2014 continue de combattre et d’apporter un appui aĂ©rien aux troupes irakiennes car si l’EI a perdu son territoire, il conserve des cellules clandestines toujours capables de mener des attaques.

Dimanche, deux soldats amĂ©ricains ont Ă©tĂ© tuĂ©s dans des combats contre des jihadistes dans le nord irakien, alors mĂȘme que la coalition avait annoncĂ© suspendre ses activitĂ©s en Irak en raison des tensions entre TĂ©hĂ©ran et Washington.

Le Parlement irakien a rĂ©cemment votĂ© l’expulsion des 5.200 soldats amĂ©ricains du pays, une dĂ©cision qui doit encore ĂȘtre appliquĂ©e par le gouvernement. Mais l’Irak est plongĂ© depuis des mois dans le marasme politique et est en proie depuis dĂ©but octobre Ă  un mouvement de contestation antigouvernemental inĂ©dit.

Le gouvernement dĂ©missionnaire depuis dĂ©cembre n’a toujours pas Ă©tĂ© remplacĂ© faute d’accord au sein du Parlement le plus Ă©clatĂ© de l’histoire rĂ©cente de l’Irak.

L’OMS qualifie l’Ă©pidĂ©mie du Covid-19 de « pandĂ©mie »

L’Organisation mondiale de la santĂ© (OMS) a qualifiĂ© mercredi l’Ă©pidĂ©mie du Covid-19, qui a contaminĂ© plus de 110.000 personnes dans le monde depuis fin dĂ©cembre, de « pandĂ©mie », mais a assurĂ© que le coronavirus pouvait « ĂȘtre maĂźtrisé ».

Au cours des deux derniĂšres semaines, le nombre de cas en dehors de la Chine a Ă©tĂ© multipliĂ© par 13 et le nombre de pays touchĂ©s a triplĂ©, selon l’OMS.

« Nous sommes profondĂ©ment prĂ©occupĂ©s tant par les niveaux alarmants de propagation et de gravitĂ© que par les niveaux alarmants d’inaction » dans le monde, a dĂ©clarĂ© le directeur gĂ©nĂ©ral de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en confĂ©rence de presse Ă  GenĂšve.

« Nous avons donc estimĂ© que le Covid-19 peut ĂȘtre qualifiĂ© de pandĂ©mie », a-t-il dit.

« Nous n’avons jamais vu une pandĂ©mie dĂ©clenchĂ©e par un coronavirus », a-t-il dit.

« DĂ©crire la situation comme une pandĂ©mie ne change pas l’Ă©valuation de la menace posĂ©e par ce coronavirus. Cela ne change pas ce que fait l’OMS, et cela ne change pas ce que les pays devraient faire », a-t-il affirmĂ©.

Le patron de l’OMS a estimĂ© que dans « les jours et les semaines Ă  venir », le nombre de cas, de dĂ©cĂšs et de pays touchĂ©s allait augmenter. Mais il a appelĂ©, une fois de plus, les pays Ă  agir pour « contenir » l’Ă©pidĂ©mie, qui a fait plus de 4.000 morts dans le monde.

« Nous devons ĂȘtre plus agressifs », a insistĂ© Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Plusieurs pays ont dĂ©montrĂ© que le virus peut ĂȘtre supprimĂ© ou maĂźtrisé ».

Comme ces derniers jours, l’OMS a continuĂ© d’appeler la communautĂ© internationale Ă  « endiguer » l’Ă©pidĂ©mie plutĂŽt que de simplement en « attĂ©nuer » l’impact.

– ‘Italie et Iran souffrent’ –

Apparu en dĂ©cembre en Chine, le coronavirus affecte tous les continents, sauf l’Antarctique, et perturbe la vie quotidienne et Ă©conomique dans un nombre croissant de pays.

« L’Iran et l’Italie sont en premiĂšre ligne, ils souffrent », a soulignĂ© le directeur exĂ©cutif du Programme pour les urgences de l’OMS, Michael Ryan, assurant que d’autres pays allaient connaĂźtre la mĂȘme situation.

« En ce moment en Iran, il y a une pĂ©nurie d’appareils d’assistance respiratoire, d’oxygĂšne », a-t-il dĂ©taillĂ©.

Le directeur gĂ©nĂ©ral de l’OMS a assurĂ© pour sa part que « l’Iran fait de son mieux ». « Ils ont besoin de beaucoup d’Ă©quipements. Nous essayons de mobiliser davantage de soutien pour l’Iran », a-t-il insistĂ©.

Les responsables de l’OMS n’ont en revanche pas souhaitĂ© Ă©tablir la liste des pays qui n’agissaient pas assez face Ă  l’Ă©pidĂ©mie, M. Ryan faisant valoir que l’agence spĂ©cialisĂ©e des Nations unies « ne critiquait pas les Etats membres en public ». « Ce que nous essayons de faire c’est de travailler avec les Etats membres ».

Il a en revanche critiquĂ© les pays qui imposaient beaucoup trop de conditions, telles qu’ĂȘtre trĂšs ĂągĂ© ou revenir de Chine, pour tester les personnes.

Il a également appelé la communauté internationale à renforcer son systÚme de surveillance, à mieux protéger les centres hospitaliers et à ne pas cesser de détecter les cas et de suivre les contacts des personnes malades afin de stopper la chaßne de transmission du coronavirus.

Et « d’autres pays ne communiquent pas bien avec leur population », tandis que d’autres peinent Ă  s’organiser et coordonner leur action, a dĂ©clarĂ© l’expert de l’OMS.