Le coronavirus en France: 4 morts, plus de 200 cas, 5 foyers

Quatre personnes porteuses du nouveau coronavirus sont décédées pour le moment en France, où ont été identifiés à ce jour 212 cas confirmés répartis majoritairement autour de quelques foyers, dont le principal dans l’Oise.

– Quatre morts –

+ Après plusieurs jours en réanimation à l’hôpital Bichat à Paris, un touriste chinois de 81 ans est mort le 14 février. Son décès a été le tout premier officiellement enregistré en Europe.

Arrivé en France le 23 janvier, cet homme originaire de la province de Hubei avait, dans un premier temps, consulté les urgences sans être repéré comme un cas suspect car il ne correspondait pas aux critères. Il avait de la fièvre mais ni toux ni signe respiratoire et ne venait pas de Wuhan, épicentre de l’épidémie, mais d’une ville située à 400 km au nord. Il a ensuite développé des problèmes respiratoires qui ont motivé un changement de son classement et le test s’est révélé positif le 28 janvier.

+ Un enseignant de 60 ans d’un collège de Crépy-en-Valois dans l’Oise est décédé dans la nuit du 25 au 26 février à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière à Paris. Il était alors le premier Français décédé en lien avec le nouveau coronavirus. Il n’avait pas voyagé dans une zone touchée par le virus.

+ La troisième victime est une femme de 89 ans dont le décès a été annoncé le 2 mars. Elle a été « testée en post-mortem à l’hôpital de Compiègne »,et « avait d’autres pathologies », selon le directeur général de la Santé Jérôme Salomon. Elle était aussi originaire de l’Oise (de Crépy-en-Valois).

+ Un homme de 92 ans, qui faisait partie du regroupement de cas du Morbihan est décédé mardi 3 mars à l’hôpital de Vannes.

– Cinq regroupements de cas –

Selon Santé Publique France, 12 régions françaises comptent au moins un cas (11 en métropole + la Guadeloupe), mais la situation est très contrastée.

Les zones où circule le virus, dans lesquelles la « chaîne de transmission » est connue pour « 3 cas sur 4 », « sont bien identifiées », a souligné mardi le Pr Salomon.

+ L’Oise est le département le plus touché, avec au moins 91 cas confirmés, dont deux des quatre décédés. Les rassemblements sont interdits sur tout le département. Selon les autorités, les investigations sont toujours en cours pour déterminer l’origine de la contamination.

Neuf communes « cluster » sont visées par des mesures de restrictions, notamment la fermeture des établissements scolaires: Crépy-en-Valois, Vaumoise, Lamorlaye, Lagny-le-Sec, Creil, Montataire, Villers-Saint-Paul, Nogent-sur-Oise et la Croix-Saint-Ouen.

+ La commune de La Balme-de-Sillingy en Haute-Savoie a désormais dépassé les 20 cas confirmés. Sur les premiers cas annoncés dans cette commune, un homme revenait d’un déplacement en Lombardie, un des foyers de l’épidémie en Italie.

+ Dans le Morbihan, 13 cas ont pour l’instant été confirmés et un de ces patients est décédé. Trois communes sont particulièrement touchées: Crac’h, Auray et Carnac.

+ Le dernier foyer identifié mardi regroupe dix cas, parmi des personnes ayant participé en février à un rassemblement organisé par une église évangélique à Mulhouse.

+ D’autre part, onze cas ont été confirmés parmi les participants à un voyage touristique en Egypte début février.

– Hospitalisations –

Selon le Pr Salomon, la « quasi totalité » des patients contaminés sont hospitalisés, mais pas nécessairement dans le département où ils vivent.

Dix d’entre eux sont dans un état grave en réanimation, mais la plupart des autres patients sont hospitalisés simplement pour isolement, et cette situation pourrait changer si l’épidémie continue à se propager.

« 80% des cas sont bénins, il n’y a pas beaucoup de sens, si dans les prochains jours il y a beaucoup de cas, à ce que les cas soient systématiquement hospitalisés alors qu’ils ont des symptômes très mineurs », a indiqué mardi le Pr Salomon. « Ils pourraient parfaitement bénéficier d’un maintien à domicile ».

Dans cette optique, il va falloir organiser le travail « entre l’hôpital et la médecine de ville » pour identifier les patients qui « vont assez bien » pour rester chez eux et ceux qui doivent « bénéficier d’une hospitalisation (personnes fragiles, âgées ou à risques particuliers) », a-t-il ajouté, précisant que cette organisation serait « déclinée selon les spécificités des territoires ».

– Douze guérisons –

Douze personnes contaminées avant la brusque accélération de l’épidémie la semaine dernière sont guéries.

Il s’agit de la fille de 50 ans du touriste chinois décédé et d’un couple de trentenaires chinois qui avaient fait partie des premiers cas annoncés le 24 janvier. Mi-février, un homme d’origine chinoise de 48 ans, passé par Wuhan, a pu sortir à son tour après 22 jours d’hospitalisation à Bordeaux.

A Paris, un médecin libéral, contaminé par un patient chinois reparti ensuite pour Taïwan, où il a déclaré la maladie, a pu quitter l’hôpital guéri, tout comme une franco-chinoise de 33 ans revenue de Chine le 7 février.

Six Britanniques, dont un enfant, avaient été contaminés par un compatriote de retour de Singapour qu’ils avaient côtoyé dans un chalet des Contamines-Montjoie (Haute-Savoie) où il avait séjourné quelques jours fin janvier avant de repartir dans son pays. Ils sont tous ressortis de l’hôpital.

Algérie: ouverture du procès d’une figure populaire du « Hirak »

Le procès de l’opposant Karim Tabbou, figure de proue du mouvement de contestation qui secoue l’Algérie depuis plus d’un an, s’est ouvert mercredi matin à Alger.

Chef d’un petit parti d’opposition non enregistré, l’Union démocratique et sociale (UDS), M. Tabbou, 46 ans, est notamment « accusé d’incitation à la violence » et est en détention provisoire depuis fin septembre.

Il est devenu l’une des figures les plus populaires du « Hirak », le mouvement de protestation antirégime, et son portrait est régulièrement brandi lors des manifestations hebdomadaires.

Selon des journalistes sur place, la police a tenté de disperser un rassemblement de soutien organisé devant le tribunal de Sidi M’hamed, où se tient ce procès, et a procédé à plusieurs interpellations.

Avant de fonder l’UDS, M. Tabbou avait été de 2007 à 2011 premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), plus ancien parti d’opposition d’Algérie.

Si le Hirak n’a pas de structure formelle, Karim Tabbou en est l’un des visages et l’une des voix.

Placé en détention une première fois le 12 septembre 2019 après avoir été inculpé « d’atteinte au moral de l’armée » par un tribunal de Tipaza, à l’ouest d’Alger, il avait été remis en liberté le 25 septembre. A nouveau arrêté dès le lendemain, il a été inculpé cette fois d' »incitation à la violence » et une nouvelle fois incarcéré.

Plusieurs dizaines de personnes restent poursuivies et en détention dans le cadre du « Hirak », selon les organisations de défense des droits humains, leur nombre précis étant difficile à établir en raison des remises en liberté et des interpellations qui se succèdent concomitamment.

Après 55 ans d’enquête sur la mort de Ben Barka, toujours les mêmes questions

Pour Maurice Buttin, la disparition de Mehdi Ben Barka est « l’affaire de toute une vie ». A 91 ans, cet avocat saisit toutes les occasions pour poser inlassablement les mêmes questions, sans réponse depuis l’enlèvement du célèbre opposant marocain, le 29 octobre 1965 à Paris.

« Qui a tué ? Qu’est devenu le corps ? Mon combat, c’est d’apporter ces réponses à la famille », explique à l’AFP celui qui représente la famille Ben Barka depuis 55 ans.

« C’est un combat de justice et de vérité », dit avec force cet homme engagé qui connaît sur le bout des doigts l’histoire du Maroc où il a grandi et fait ses premières plaidoiries en défendant des militants nationalistes.

Au moment de sa disparition, le principal opposant d’Hassan II (1961-1999), chef de l’opposition socialiste et figure de l’Internationale socialiste, vivait en exil, frappé par deux condamnations à mort par contumace au Maroc.

Le militant de 45 ans a été vu pour la dernière fois devant un drugstore du boulevard Saint-Germain à Paris où il avait été attiré sous prétexte d’un rendez-vous pour un film sur la décolonisation.

– « Toujours rien » –

En 1966 et 1967, les procès-fleuve en présence de plus de 200 témoins ont permis d’établir que son enlèvement avait été planifié par les services secrets marocains du +Cab 1+ avec la complicité de policiers et de truands français. Les principaux suspects, jugés par contumace, ont échappé à la justice. La famille a déposé une nouvelle plainte en 1975.

Les dix juges d’instruction successifs de la plus longue enquête jamais menée en France n’ont pas réussi à lever la chape de plomb qui entoure cette affaire d’Etat. Et la famille Ben Barka s’interroge encore sur les responsabilités de la France et du Maroc ou même d’Israël et des Etats-Unis.

Pendant des années, Maurice Buttin a « fait toutes les bibliothèques et épluché les archives des uns et des autres » en quête du moindre indice. Il ne lâche pas, même si « après 55 ans d’enquête, on ne sait toujours rien sur ce qui s’est passé ».

Infatigable, cet homme robuste au front couronné de cheveux blancs s’est déplacé fin février à Rabat pour marquer le centenaire de la naissance du militant internationaliste. Au programme, conférence de presse et dédicace de son livre « Ben Barka, Hassan II, De Gaulle, ce que je sais d’eux ».

Plusieurs hypothèses macabres entourent le destin de Ben Barka: coulé dans du béton près d’une autoroute. Découpé en morceaux, dissous dans une cuve d’acide, jeté dans la chaux. Enterré en région parisienne sous la mosquée d’Evry.

Le journaliste français Joseph Tual qui a enquêté pendant plus de 30 ans sur l’affaire soutient que sa tête a été rapatriée au Maroc, présentée au roi Hassan II et enfouie dans une ancienne prison secrète de Rabat.

Le journaliste israélien Ronin Bergman, auteur d’un livre-enquête sur les opérations du Mossad, assure pour sa part que les services secrets israéliens ont, à la demande des Marocains, aidé les tueurs à se débarrasser du corps.

Pour Me Buttin, le roi Hassan II a donné l’ordre de ramener de force l’opposant au Maroc, après une vaine tentative pour le faire rentrer de plein gré.

« Il n’a pas donné l’ordre de le tuer, mais il est tout de même coupable de sa mort, provoquée par une bavure de ses ravisseurs », avance-t-il.

Pour lui, l’enquête est restée bloquée parce qu’au Maroc, « le statut de droit divin (du roi) rend impossible toute forme de critique ».

– « Rabat sait » –

« Seul Rabat sait la vérité, mais ceux qui savent refusent de parler », regrette-t-il. Et avec le temps, « presque tous ceux qui ont été impliqués dans l’enlèvement sont morts ».

Restent encore, selon lui, un agent français, Antoine Lopez, « qui a perdu la tête » et « deux Marocains qui vivent à Rabat » en toute tranquillité.

Miloud Tounsi, soupçonné d’être l’agent du Cab 1 opérant sous l’identité de Larbi Chtouki pour coordonner l’opération, et le général Hosni Benslimane, ancien chef de la gendarmerie royale qui officiait à l’époque au cabinet du ministre de l’Intérieur Mohamed Oufkir, n’ont jamais été inquiétés par les mandats d’arrêt lancés contre eux en 2007 par la justice française.

Côté français, aucun dossier, y compris ceux déclassifiés, « ne contient de réponse sur les circonstances de la disparition du corps et du décès », selon Me Buttin. Mais les documents pas encore déclassifiés « pourraient permettre de connaître le niveau des complicités » en France, selon lui.

« Tant que Dieu me prête vie, je continue », explique l’avocat avec un grand sourire. Retraité depuis 15 ans, il ne plaide plus mais reste actif sur ce dossier « par fidélité » pour la famille, par « idéal de justice ».

Après 55 ans d’enquête sur la mort de Ben Barka, toujours les mêmes questions

Pour Maurice Buttin, la disparition de Mehdi Ben Barka est « l’affaire de toute une vie ». A 91 ans, cet avocat saisit toutes les occasions pour poser inlassablement les mêmes questions, sans réponse depuis l’enlèvement du célèbre opposant marocain, le 29 octobre 1965 à Paris.

« Qui a tué ? Qu’est devenu le corps ? Mon combat, c’est d’apporter ces réponses à la famille », explique à l’AFP celui qui représente la famille Ben Barka depuis 55 ans.

« C’est un combat de justice et de vérité », dit avec force cet homme engagé qui connaît sur le bout des doigts l’histoire du Maroc où il a grandi et fait ses premières plaidoiries en défendant des militants nationalistes.

Au moment de sa disparition, le principal opposant d’Hassan II (1961-1999), chef de l’opposition socialiste et figure de l’Internationale socialiste, vivait en exil, frappé par deux condamnations à mort par contumace au Maroc.

Le militant de 45 ans a été vu pour la dernière fois devant un drugstore du boulevard Saint-Germain à Paris où il avait été attiré sous prétexte d’un rendez-vous pour un film sur la décolonisation.

– « Toujours rien » –

En 1966 et 1967, les procès-fleuve en présence de plus de 200 témoins ont permis d’établir que son enlèvement avait été planifié par les services secrets marocains du +Cab 1+ avec la complicité de policiers et de truands français. Les principaux suspects, jugés par contumace, ont échappé à la justice. La famille a déposé une nouvelle plainte en 1975.

Les dix juges d’instruction successifs de la plus longue enquête jamais menée en France n’ont pas réussi à lever la chape de plomb qui entoure cette affaire d’Etat. Et la famille Ben Barka s’interroge encore sur les responsabilités de la France et du Maroc ou même d’Israël et des Etats-Unis.

Pendant des années, Maurice Buttin a « fait toutes les bibliothèques et épluché les archives des uns et des autres » en quête du moindre indice. Il ne lâche pas, même si « après 55 ans d’enquête, on ne sait toujours rien sur ce qui s’est passé ».

Infatigable, cet homme robuste au front couronné de cheveux blancs s’est déplacé fin février à Rabat pour marquer le centenaire de la naissance du militant internationaliste. Au programme, conférence de presse et dédicace de son livre « Ben Barka, Hassan II, De Gaulle, ce que je sais d’eux ».

Plusieurs hypothèses macabres entourent le destin de Ben Barka: coulé dans du béton près d’une autoroute. Découpé en morceaux, dissous dans une cuve d’acide, jeté dans la chaux. Enterré en région parisienne sous la mosquée d’Evry.

Le journaliste français Joseph Tual qui a enquêté pendant plus de 30 ans sur l’affaire soutient que sa tête a été rapatriée au Maroc, présentée au roi Hassan II et enfouie dans une ancienne prison secrète de Rabat.

Le journaliste israélien Ronin Bergman, auteur d’un livre-enquête sur les opérations du Mossad, assure pour sa part que les services secrets israéliens ont, à la demande des Marocains, aidé les tueurs à se débarrasser du corps.

Pour Me Buttin, le roi Hassan II a donné l’ordre de ramener de force l’opposant au Maroc, après une vaine tentative pour le faire rentrer de plein gré.

« Il n’a pas donné l’ordre de le tuer, mais il est tout de même coupable de sa mort, provoquée par une bavure de ses ravisseurs », avance-t-il.

Pour lui, l’enquête est restée bloquée parce qu’au Maroc, « le statut de droit divin (du roi) rend impossible toute forme de critique ».

– « Rabat sait » –

« Seul Rabat sait la vérité, mais ceux qui savent refusent de parler », regrette-t-il. Et avec le temps, « presque tous ceux qui ont été impliqués dans l’enlèvement sont morts ».

Restent encore, selon lui, un agent français, Antoine Lopez, « qui a perdu la tête » et « deux Marocains qui vivent à Rabat » en toute tranquillité.

Miloud Tounsi, soupçonné d’être l’agent du Cab 1 opérant sous l’identité de Larbi Chtouki pour coordonner l’opération, et le général Hosni Benslimane, ancien chef de la gendarmerie royale qui officiait à l’époque au cabinet du ministre de l’Intérieur Mohamed Oufkir, n’ont jamais été inquiétés par les mandats d’arrêt lancés contre eux en 2007 par la justice française.

Côté français, aucun dossier, y compris ceux déclassifiés, « ne contient de réponse sur les circonstances de la disparition du corps et du décès », selon Me Buttin. Mais les documents pas encore déclassifiés « pourraient permettre de connaître le niveau des complicités » en France, selon lui.

« Tant que Dieu me prête vie, je continue », explique l’avocat avec un grand sourire. Retraité depuis 15 ans, il ne plaide plus mais reste actif sur ce dossier « par fidélité » pour la famille, par « idéal de justice ».

Afghanistan: frappe américaine et attaques des talibans, la paix s’éloigne

Le processus de paix en Afghanistan paraît chaque jour plus hypothétique, les Etats-Unis ayant annoncé mercredi une première frappe aérienne contre les talibans depuis l’accord de Doha alors que les insurgés ont tué au moins 20 soldats et policiers afghans.

Mardi, après « une très bonne conversation » avec le mollah Baradar, principal négociateur du processus de Doha, le président Donald Trump avait déduit que les talibans « veulent mettre fin à la violence ». Mais sur le terrain, la réalité semble toute autre.

Les insurgés n’ont cessé de multiplier les attaques contre les forces afghanes, depuis qu’ils ont mis fin lundi à une trêve partielle qui avait duré neuf jours.

Cette diminution des combats, exigée par Washington, leur a permis de signer un accord historique samedi à Doha, dans lequel Washington s’est engagé à retirer les troupes étrangères d’Afghanistan sous 14 mois, en échange du respect par les insurgés de certaines garanties, dont leur participation à un dialogue inter-afghan sur l’avenir du pays, censé démarrer le 10 mars.

En outre, « les dirigeants des talibans avaient promis à la communauté internationale qu’ils réduiraient la violence et non qu’ils augmenteraient les attaques », a pointé sur Twitter le colonel Sonny Leggett, porte-parole des forces américaines en Afghanistan.

Or la violence est encore montée d’un cran: au moins 20 policiers et soldats ont été tués lors d’attaques talibanes dans la nuit de mardi à mercredi.

« Des combattants talibans ont attaqué au moins trois avant-postes de l’armée dans le district d’Imam Sahib à Kunduz, tuant au moins dix soldats et quatre policiers », a indiqué Safiullah Amiri, membre du conseil provincial de Kunduz (Nord).

La police locale et un cadre du ministère de la Défense ont confirmé ce bilan.

Dans l’Oruzgan (Sud), « six policiers ont été tués et sept blessés » par les talibans à Tarinkot, a indiqué Zergai Ebadi, porte-parole du gouverneur de la province.

– ‘Défendre nos partenaires afghans’ –

Mardi déjà, un porte-parole du ministère afghan de l’Intérieur dénombrait 33 attaques talibanes contre les forces des sécurité afghanes dans 16 des 34 provinces du pays.

Le colonel Leggett a lui fait état, « sur la seule journée du 3 mars », de 43 attaques des talibans contre des points de contrôle des forces afghanes dans le Helmand, province du Sud considérée comme un des principaux fiefs des insurgés.

En retour, « les Etats-Unis ont conduit mercredi une frappe aérienne à Nahr-e Saraj, dans le Helmand, contre des combattants talibans qui attaquaient activement les forces de sécurité afghanes. C’était une frappe défensive », a tweeté le militaire américain.

« Nous sommes engagés pour la paix, mais nous avons la responsabilité de défendre nos partenaires afghans », a-t-il poursuivi pour justifier cette première frappe américaine depuis les accords de Doha, mais également leur « première frappe contre les talibans » depuis le début de la trêve partielle, il y a « 11 jours ».

Cette détérioration sécuritaire fait peser des craintes sur le dialogue inter-afghan, censé réunir talibans, gouvernement afghan, opposition et société civile. Des pourparlers historiques, les talibans refusant depuis 18 ans de reconnaître les autorités de Kaboul, qu’ils qualifient de « marionnette » des Etats-Unis.

Mais au-delà de la situation sécuritaire, d’autres obstacles s’annoncent: le président afghan Ashraf Ghani rejette l’un des principaux points de l’accord de Doha, la libération de jusqu’à 5.000 prisonniers talibans en échange de celle de jusqu’à 1.000 membres des forces afghanes aux mains des insurgés.

Selon les talibans, qui font désormais de cette mesure un préalable à tout démarrage des discussions inter-afghanes, le mollah Baradar a demandé à M. Trump de « ne laisser personne prendre des mesures qui enfreignent les termes de l’accord ».

Masque, thermomètre, suivi high-tech : le quotidien chamboulé en Chine

Prise de température régulière, masque obligatoire dans les commerces, suivi des habitants grâce aux nouvelles technologies : c’est désormais la vie quotidienne en Chine, où la mobilisation nationale contre le coronavirus se manifeste partout.

L’épidémie de pneumonie Covid-19 a infecté plus de 80.000 personnes dans le pays, dont près de 3.000 mortellement.

Mais elle faiblit depuis plusieurs semaines. La conséquence de mesures de prévention drastiques qui ont chamboulé le quotidien des Chinois.

Le nouveau coronavirus se rappelle ainsi à la mémoire de chacun dès la commande d’un taxi. A Shanghai, les chauffeurs, désormais équipés de gants blancs, exigent des passagers qu’ils portent un masque.

A Wenzhou (est), un conducteur de voiture de transport avec chauffeur (VTC) va même plus loin : il a installé une paroi transparente en plastique entre les sièges avant et arrière.

Une mesure nationale lancée par Didi Chuxing (l’équivalent en Chine de Uber). L’entreprise dit avoir investi 100 millions de yuans (13 millions d’euros) pour installer ces équipements censés protéger hermétiquement chauffeurs et passagers.

Les trains, eux, sont désertés par des Chinois inquiets du risque de contagion. Ce qui n’empêche pas les sites de réservation de billets d’afficher des wagons « complets » ou ne disposant plus que d’une poignée de places assises.

Explication : afin d’éviter que les voyageurs soient assis trop près les uns des autres, le système ne permet de réserver qu’une petite partie des sièges.

– Code couleur –

Dans un climat de suspicion, les géants de l’internet Alibaba et Tencent ont créé des applications mobiles qui permettent aux Chinois d’attester de leur niveau de risque supposé auprès des autorités.

Ils peuvent s’en servir pour obtenir dans leur téléphone un code QR, dont la couleur dépend de leurs visites (ou non) dans des lieux classés à risque : vert (aucune restriction n’est imposée), jaune (quarantaine de 7 jours) ou rouge (quarantaine de 14 jours).

Ce système alimente cependant des critiques en matière de vie privée, car il se fonde sur l’analyse des déplacements effectués par l’utilisateur de l’application.

Avoir ce code QR est devenu quasi-obligatoire dans plusieurs villes afin de sortir des gares ou d’utiliser les transports publics.

A Wenzhou, taxis, hôtels et commerces exigent de voir la couleur de chaque code avant de laisser quiconque entrer ou monter à bord.

Tout accueil dans les établissements hôteliers se traduit désormais par des contrôles de températures. Ils sont réalisés par des employés vêtus de masques et pointant des thermomètres électroniques vers le front ou les poignets des clients.

« Avez-vous de la fièvre? Vous sentez-vous mal? Avez-vous voyagé dans le Hubei récemment? », demande le réceptionniste d’un hôtel de Wenzhou.

– ‘N’avancez pas!’ –

Des contrôles qui se répètent partout dans la ville.

Le journaliste de l’AFP a ainsi eu sa température mesurée une dizaine de fois en une journée : par les chauffeurs de taxis, le propriétaire d’un restaurant, le vendeur d’une épicerie ou encore lors d’un contrôle nocturne devant la porte de sa chambre par une employée de l’hôtel.

« N’avancez pas! Restez où vous êtes », a-t-elle déclaré sur un ton sec, avant qu’un petit bip sonore n’annonce le résultat. « Tout est normal. Bonne soirée! »

La psychose ambiante autour du virus conduit même à l’abandon provisoire du savoir-vivre chinois.

La bienséance impose généralement de saisir à deux mains une carte de visite que quelqu’un vous tend, en signe de respect. Mais une responsable de la municipalité de Wenzhou, plutôt que de prendre celle du journaliste de l’AFP, lui a demandé de la placer sur une table.

Et au moment de serrer la main d’un autre fonctionnaire, celui-ci a poliment décliné.

« Par mesure de précaution, il vaut mieux éviter de se saluer ainsi », a-t-il souri, avant de proposer en échange un amical « coude-à-coude ».

Migrants: heurts à la frontière turco-grecque

Des heurts se sont produits mercredi à la frontière turco-grecque, faisant au moins un blessé parmi les migrants, selon des correspondants de l’AFP.

Près du poste-frontière de Pazarkule (Kastanies, côté grec) un migrant a été blessé à la jambe par des tirs en provenance du côté grec après avoir tenté avec un groupe de réfugiés de découper le grillage dressé à la frontière pour pénétrer en territoire grec, a constaté un photographe de l’AFP.

Des échauffourées ont suivi cet incident au cours desquelles des migrants ont lancé des pierres en direction des forces de sécurité grecques qui ont riposté en faisant usage de gaz lacrymogènes.

Plusieurs ambulances turques sont arrivées dans le secteur à la suite de ces heurts.

Dans une vidéo fournie à l’AFP par le gouvernement grec, on voit des policiers turcs en train de tirer des grenades lacrymogènes contre les policiers grecs au poste-frontière.

Selon des correspondants de l’AFP présents côté turc de la frontière à Kastanies, des colonnes de de migrants de la zone tampon se sont approchés mercredi matin des fils barbelés.

Des tirs en l’air dont l’origine ne pouvait être déterminée, des cris, des sirènes de police pouvaient être entendus. De la fumée se dégageait d’un gros feu.

Des cordons de policiers casqués et lourdement équipés se tenaient prêts côtés grec, selon la même source.

La Turquie, qui tente d’obtenir davantage de soutien occidental en Syrie face au régime syrien et son allié russe, a ouvert vendredi sa frontière avec la Grèce pour laisser passer vers l’Europe les migrants se trouvant déjà sur son territoire.

Après cette annonce, plusieurs milliers de personnes ont afflué au point de passage de Pazarkule. Plusieurs canots pneumatiques transportant des migrants sont en outre arrivés sur les îles égéennes de Lesbos, Chios et Samos.

Entre samedi et lundi soir, « 24.203 tentatives d’entrées illégales ont été évitées, 183 personnes ont été arrêtées », selon le gouvernement grec.

Au Pakistan, la pire invasion de criquets depuis près de 30 ans

Dans la région de Pipli Pahar (Est), le fracas d’ustensiles en métal vient briser la sérénité des champs de blé. A l’origine du tintamarre, des paysans tentent d’effrayer des criquets pèlerins, dont c’est la pire invasion au Pakistan depuis près de 30 ans.

Chaque jour, au lever du soleil, des nuages de pesticides obscurcissent l’air. Les villageois ramassent alors des pelletées d’insectes morts, qu’ils remettent à des fonctionnaires contre une récompense de 20 roupies pakistanaises (12 centimes d’euros) par kilo.

« Je n’avais pas vu une telle invasion de toute ma carrière », s’effraie Shehbaz Akhtar, un fonctionnaire chargé de l’éradication des criquets dans la province du Pendjab, le grenier à céréales du Pakistan.

Le Pakistan connaît sa pire attaque de criquets pèlerins depuis 27 ans, ont déclaré des responsables fédéraux et locaux à l’AFP.

D’après l’ONU, fortes pluies et cyclones ont déclenché une multiplication « sans précédent » des populations de criquets l’an passé dans la péninsule arabique.

Les essaims ont ensuite quitté le désert du Baloutchistan (Sud-Ouest), près de la frontière iranienne, où ils se reproduisent habituellement, pour s’abattre sur le Pendjab et le Sindh (Sud).

Les criquets pèlerins avaient déjà fait de lourds dégâts dans le nord-ouest de Inde, voisin du Pakistan, ces derniers mois. Une année de conditions climatiques extrêmes les ont également vu dévaster une dizaine de pays d’Afrique de l’Est cette année.

Au Pakistan, aucune donnée officielle ne permet de savoir combien de terres ont été touchées ni combien ils menacent la sécurité alimentaire ou même l’économie du pays, dont l’agriculture pèse 20% du PIB.

– ‘Vaincre’ les criquets –

Les autorités, qui affirment procéder à des enquêtes locales dont beaucoup sont encore en cours, ont déclaré une urgence nationale. Une « opération de combat » a été lancée pour « vaincre » les criquets, affirme Shehbaz Akhtar.

« Nous pulvérisons deux fois par jour ici », acquiesce Fayyaz Azeem, juché sur un tracteur, un masque sur le visage et les mains gantées, pour épandre des pesticides, une fois à l’aube et une autre fois le soir.

Mais la méthode est lente, face à des essaims pouvant parcourir 150 km quotidiennement. Souvent, lorsque les criquets sont tués dans un champ, ils ont déjà détruit le suivant. Les produits chimiques sont en outre si forts qu’ils rendent les céréales inconsommables ensuite.

L’ami et voisin chinois a proposé son aide face au fléau, envoyant des équipes d’experts pour évaluer la crise, se réjouit Muhammad Hashim Popalzai, secrétaire au ministère de la sécurité alimentaire, interrogé par l’AFP.

Sur la base de leur recommandations, Pékin pourrait proposer la pulvérisation aérienne – une méthode beaucoup plus rapide et efficace. Le Pakistan pourrait également importer des pesticides de Chine.

– Vigilance –

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), s’implique également, selon M. Popalzai, permettant la tenue de réunions entre Inde et Pakistan, deux puissances nucléaires aux relations exécrables, pour empêcher les essaims de se propager.

Mais pour beaucoup, le mal est déjà fait. Une catastrophe quand « nos moyens de subsistance dépendent des récoltes », déplore Muhammad Ismaeel Wattoo, un autre agriculteur touché par le fléau à Pipli Pahar.

Dans la province du Sindh, les responsables craignent l’impact des criquets sur la production de coton, qui atteint son maximum pendant l’été. D’après la Chambre d’agriculture du Sindh, environ 40% de toutes les cultures ont été détruites « à Karachi et dans les environs ».

Zafar Hayyat, le président du Bureau des agriculteurs du Pakistan, impute la faute aux autorités. La dernière invasion de cette ampleur date d’il y a si longtemps que « le gouvernement n’était plus vigilant », regrette-t-il.

Les autorités doivent en outre rester sur le qui-vive car « après la saison de reproduction, il y a un risque que les essaims reviennent en juin », avertit-il.

Mais pour certains à Pipli Pahar, les efforts déjà déployés ont été trop faibles, ou trop tardifs. Assise au coin d’un champ de blé avec sa vache, Rafiya Bibi observe les nuages de pesticides qui l’entourent.

Les criquets ont déjà détruit ses cultures de colza, de tournesol, de piments et de tabac, qu’elle avait payées avec un prêt de 45.000 roupies (260 euros) du gouvernement, une fortune en milieu rural.

Sans récolte, elle craint de ne pas pouvoir rembourser son prêt. Et soupire: « tout ce qu’il me reste, c’est pleurer. »

Voter ou non pour l’extrême gauche ? Le dilemme du parti de Merkel en Thuringe

Voter pour un candidat d’extrême gauche en Thuringe ou s’abstenir et faire le jeu de l’extrême droite ? Le parti conservateur d’Angela Merkel va devoir résoudre ce dilemme mercredi pour sortir du blocage cette région d’Allemagne.

Pour la deuxième fois en un mois, les élus du Parlement de ce Land d’ex-RDA vont tenter d’élire leur président.

En février, l’élection surprise du candidat du petit parti libéral FDP, grâce aux voix de la droite conservatrice CDU et de l’extrême droite AfD, avait provoqué un séisme en Allemagne.

L’élection de Thomas Kemmerich grâce aux suffrages de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), devenue la deuxième force politique régionale, avait en effet brisé un tabou datant de l’après-guerre.

– Malédiction –

Face au tollé, le dirigeant libéral avait dû renoncer 24 heures après à ses fonctions, plongeant les institutions dans la paralysie.

Cette crise politique a eu des répercussions jusqu’à la tête de la CDU, la dauphine d’Angela Merkel, Annegret Kramp-Karrenbauer, renonçant à présider le parti et à viser la chancellerie en 2021, faute d’autorité sur ses troupes en Thuringe.

Et jusqu’au bout une malédiction a semblé s’acharner sur cette région, parmi les plus défavorisées d’Allemagne. Le nouveau coronavirus a en effet menacé dans les dernières heures la tenue du scrutin.

Un membre du groupe CDU, potentiellement exposé au Covid-19, a dû subir un dépistage, qui s’est révélé mardi soir négatif. Dans le cas contraire, l’élection aurait été reportée sine die.

Cette dernière menace dissipée, l’élection va opposer Bodo Ramelow (Die Linke, extrême gauche), président sortant de la région, à Bjorn Höcke, dirigeant local de l’AfD.

Agé de 47 ans, M. Höcke est le chef de file de la frange la plus radicale de l’AfD, « L’Aile », surveillée par les services de renseignements.

Violemment xénophobe, cette branche de l’AfD n’hésite pas à remettre en cause la culture de la repentance pour les crimes nazis, socle de l’identité allemande d’après-guerre.

M. Ramelow, 64 ans, qui a perdu sa majorité de gauche lors des élections en octobre, devrait recevoir le soutien des sociaux-démocrates du SPD et des écologistes. Mais il a besoin de 4 voix supplémentaires pour atteindre la majorité absolue de 46 voix.

Les libéraux, que l’élection M. Kemmerich a plongé dans une crise aiguë, devraient eux s’abstenir.

Tous les regards sont donc tournés vers les conservateurs de la CDU, les faiseurs de rois de cette élection.

– « Chaos » –

Le parti d’Angela Merkel, qui élira le 25 avril un nouveau président et probable candidat à la chancellerie l’an prochain, a jusqu’ici toujours exclu de voter pour des candidats de l’extrême gauche, du fait notamment de ses liens présumés avec l’ancien régime est-allemand.

Les candidats à la succession de Mme Kramp-Karrenbauer partagent cette réticence.

Friedrich Merz, ennemi juré de la chancelière et tenant d’un retour aux sources conservatrices du parti, comme les candidats supposés plus modérés, Armin Laschet, dirigeant de la région de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, et Norbert Röttgen, ex-ministre de l’Environnement, réprouvent tout vote pour Die Linke.

Des cadres de la CDU, dont le chef de file des jeunes du parti, Tilman Kuban, militent eux aussi pour que leurs élus s’abstiennent.

Mais sur le plan local, les prises de position sont plus ambiguës.

Sans donner de consigne claire en faveur de Die Linke, plusieurs dirigeants, comme le nouveau chef de file de la CDU en Thuringe, Mario Voigt, ont ainsi appelé ces derniers jours les élus à « ne pas se soustraire à leurs responsabilités ». Les électeurs « veulent que cesse le chaos », a-t-il fait valoir.

M. Ramelow se veut lui aussi confiant. Politicien madré, il pense, après avoir consulté l’ensemble des groupes hors AfD, pouvoir obtenir « suffisamment de suffrages des groupes parlementaires démocratiques » pour être élu.

En Argentine, la légalisation de l’avortement revient au centre du débat

Le débat sur la légalisation de l’avortement ressurgit en Argentine, où les pro et anti-IVG fourbissent leurs armes tandis qu’un nouveau projet de loi va être très prochainement débattu au Parlement à l’initiative du président Alberto Fernandez.

Dans ce pays sud-américain de 45 millions d’habitants, berceau du pape François, l’avortement n’est légal qu’en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère. Mais chaque année, environ 400.000 avortements sont pratiqués, selon les organisations de Défense des droits des femmes.

Ces avortements se déroulent la plupart du temps dans des conditions d’hygiène précaires pour les plus pauvres, ou dans des cliniques privées pour celles qui peuvent débourser environ 1.000 euros. Une Argentine qui avorte s’expose à une peine de prison jusqu’à quatre ans, selon le code pénal, et le praticien risque la même sanction.

En juin 2018, lors d’un vote historique, la chambre des députés avait approuvé la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) jusqu’à la 14e semaine, mais le Sénat l’avait finalement rejetée quelques semaines plus tard.

Depuis cette date, les deux chambres ont été partiellement renouvelées et le nouveau président de centre-gauche s’est fermement engagé à présenter devant le Parlement un nouveau projet de loi en faveur de la légalisation.

« Toute la société doit respecter la décision individuelle de chacun à disposer de son corps », a déclaré le chef de l’Etat le 1er mars, à l’ouverture de la session ordinaire du Congrès, où il a promis de déposer le projet « dans les dix jours ».

A l’approche du débat parlementaire et de la Journée internationale des femmes, les mouvements féministes ont prévu de descendre dans la rue pour maintenir la pression sur les parlementaires, alors que l’Eglise catholique, les évangéliques et les groupes « pro-vie » sont aussi bien décidés à donner de la voix.

« Avoir un président qui se prononce en faveur (de la légalisation), c’est un succès de nous toutes. C’est un moment historique et nous devons rester mobilisées dans la rue », explique à l’AFP Victoria Tesoriero, de la Campagne nationale pour le droit à un avortement sûr, légal et gratuit.

En Amérique latine, l’Argentine a été pionnière pour la promulgation de lois sur le mariage homosexuel et l’identité de genre. En cas de légalisation de l’avortement, le pays rejoindrait Cuba, l’Uruguay, le Guyana et la province de Mexico.

– « Militantisme du président » –

Mais les opposants ne désarment pas.

« Le militantisme actif du président nous inquiète. Il va faire tout son possible pour que cela soit voté. La pression sur les provinces et les gouverneurs peut d’une certaine manière influencer le vote des sénateurs », redoute Camila Duro, porte-parole du mouvement Frente Joven (Front jeune).

« Nous voulons alerter le pouvoir politique que dans le pays, une majorité, qui apparaît dans les sondages et qui se mobilise dans la rue, n’est pas d’accord avec ce projet de loi », ajoute-t-elle.

Selon la dernière enquête d’opinion sur les croyances et comportements religieux en Argentine, le nombre de personnes qui affirment que l’avortement est un droit pour les femmes a doublé en dix ans, passant de 14,1% en 2008 à 27,3% en 2019.

Parallèlement, le nombre de personnes qui estiment que l’avortement doit être maintenu « interdit » a aussi augmenté, même si dans une moindre proportion, passant de 16,9% en 2008 à 18,7% en 2019.

Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, l’Eglise catholique a prévu une messe à la Basilique de Notre-Dame de Lujan, important lieu de pèlerinage, à 75 km à l’ouest de Buenos Aires, avec pour thème « Oui aux femmes, oui à la vie ».

« L’église est prête à jouer un rôle de premier plan et à faire pression sur le gouvernement Fernandez qui a reçu le soutien de divers secteurs catholiques pendant la campagne, en particulier sur les questions de la faim et de la pauvreté » accentuées par la profonde crise économique, souligne Camila Duro.

Le lendemain, les mouvements féministes ont annoncé une grève des femmes, ainsi qu’une manifestation pro-IVG devant le palais du Congrès, avec les désormais célèbres foulards verts, symbolisant la lutte en faveur de la légalisation.