Ukraine: Zelensky remanie son gouvernement pour sauver sa popularité

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lancé mercredi un remaniement en profondeur de son gouvernement au motif de faibles résultats économiques et sur fond d’un déclin de sa popularité.

Le Parlement ukrainien a nommé au poste de Premier ministre Denys Chmygal, l’un des adjoints de son prédécesseur Oleksiï Gontcharouk, contraint lui à démissionner après six mois en poste au motif de piètres résultats économiques.

« Le précédent gouvernement faisait tout son possible, mais aujourd’hui, les Ukrainiens ont besoin d’un gouvernement qui fera même l’impossible » et œuvrera « pour les gens », a déclaré le président en présentant son candidat aux députés.

Au total, 291 parlementaires ont voté pour sa nomination après avoir entériné plus tôt dans la journée la démission de M. Gontcharouk.

Son successeur de 45 ans a pour sa part promis de s’attaquer « sans délai » aux « défis » économiques du pays. « Chaque Ukrainien doit voir que l’Etat le protège », a-t-dit.

En poste depuis neuf mois, l’ancien comédien Zelensky a été élu président sur la promesse de « casser le système », éradiquer la corruption endémique et introduire de nouveaux visages dans un paysage politique sclérosé.

– « Il ne suffit plus d’être nouveau » –

Dominé par son parti Serviteur du peuple, le Parlement a ainsi nommé fin août un gouvernement comprenant de nombreux novices. M. Gontcharouk devenu à 35 ans le plus jeune Premier ministre de l’histoire de l’Ukraine n’avait alors que quatre mois d’expérience au sein de l’exécutif.

Mercredi, M. Zelensky a fait comprendre que cette stratégie n’avait pas marché. « Ce gouvernement a des acquis » mais « pour les Ukrainiens cela ne suffit pas », a-t-il déclaré, évoquant de nombreux problèmes sociaux qui n’ont pas été réglés et soulignant la nécessité de « corriger les erreurs ».

« Près de 10 millions de nos concitoyens vivent près du seuil de pauvreté », a-t-il affirmé, accusant aussi les forces de l’ordre du laxisme: « On promettait à la société ukrainienne la victoire sur la corruption. Pour l’instant, ce n’est même pas un match nul! »

« Il s’est avéré qu’il ne suffit pas d’être nouveau », a résumé lundi un des dirigeants du parti présidentiel Oleksandr Kornienko.

C’est la chute de sa propre popularité et celle du gouvernement au début de l’année qui est devenue « la dernière goutte » faisant déborder la vase pour M. Zelensky, explique l’analyste politique Volodymyr Fesenko.

La cote d’approbation du président a baissé à 47% en février contre 62% en décembre suite à des scandales impliquant plusieurs responsables gouvernementaux, selon un récent sondage.

Les députés ont nommé la plupart des ministres, dont plusieurs avec une expérience au gouvernement. Le jeune ministre de la Défense Andriï Zagorodniouk a ainsi été remplacé par un général à la retraite, Andriï Taran, 65 ans.

Le chef de la diplomatie Vadym Prystaïko est devenu vice-Premier ministre pour l’intégration européenne et son prédecesseur à ce poste Dmytro Kouleba a été nommé ministre des Affaires étrangères.

Le nouveau Premier ministre avait dirigé la région d’Ivano-Frankivsk (ouest) depuis août dernier et jusqu’à sa nomination au poste de vice-Premier ministre.

S’il avait occupé de 2017 à 2019 des postes importants au sein du groupe DTEK appartenant à Renat Akhmetov, homme le plus riche du pays à la réputation controversée, M. Chmygal n’est pas considéré comme un proche de l’oligarque.

– Pause avec le FMI –

« Il était l’un des gouverneurs les plus favorables aux affaires que j’ai rencontré en Ukraine », a commenté pour l’AFP Andy Hunder, président d’American Chamber of Commerce (ACC) en Ukraine en le décrivant comme un homme « à la tête froide, prudent et sérieux ».

En revanche, « le timing du remaniement est assez mauvais » en raison de l' »incertitude » globale liée à la propagation mondiale du nouveau coronavirus, qui risque de provoquer « un ralentissement des marchés mondiaux », prévient M. Hunder.

Le changement du gouvernement et notamment le remplacement de la ministre des Finances Oksana Markarova très prisée des Occidentaux par un ancien risque de compliquer les négociations sur une nouvelle tranche d’aide financière du Fonds monétaire international (FMI), préviennent les experts.

Cette aide est cruciale pour Kiev, confronté à une guerre avec les séparatistes prorusses dans l’est et à de lourdes difficultés économiques. « Le FMI est comme un sceau d’approbation pour les investisseurs qui vont voir ce que le FMI fera », souligne M. Hunder.

Echec cuisant pour Bloomberg, malgré son trésor de guerre

Manque de charisme, débats catastrophiques, passif avec les minorités, c’est une série de facteurs qui a mené au revers politique humiliant de Mike Bloomberg, sorti mercredi de la course à l’investiture démocrate.

Il n’aura tenu que 101 jours. Le temps pour lui de dépenser plus de 550 millions de dollars en publicité, un record historique pour une campagne politique.

En comptant l’équipe de plus de 2.000 salariés embauchés pour la campagne, les antennes locales, les déplacements, la facture pourrait être proche du record absolu de 737 millions dépensés par Barack Obama pour sa réélection, en 2011-12.

« Mike Bloomberg a fait le pari que son immense fortune pourrait lui offrir l’investiture démocrate. Il a perdu », résume Doug Muzzio, professeur en sciences politiques à Baruch College.

Entré en campagne très tard, le 24 novembre, neuf mois après Bernie Sanders et sept après Joe Biden, l’ancien maire de New York a-t-il trop attendu?

Pour James Thurber, professeur à American University, même si Mike Bloomberg s’était présenté plus tôt, « certains des mêmes problèmes structurels, des problèmes liés à sa personnalité, auraient déjà été là ».

Pour John Zogby, analyste politique, la décision de faire l’impasse sur les quatre premier scrutins a laissé une impression d’arrogance. « Si vous voulez être président, il faut faire campagne humblement en Iowa, dans le New Hampshire, vous devez aller taper aux portes. C’est comme ça que marche le système. »

« La première raison de l’échec de Mike Bloomberg, c’est le candidat Mike Bloomberg », renchérit Doug Muzzio. « Il est ennuyeux, technocratique, il n’est pas exaltant. Les hommes politiques établissent généralement un lien avec les gens. Pas Mike Bloomberg. »

L’entrepreneur n’a ainsi pas saisi les deux fenêtres que lui a offert le parti démocrate lors des deux débats du 19 et du 25 février, en allant jusqu’à modifier les règles de participation.

Pour Lincoln Mitchell, professeur à l’université Columbia, ces deux sorties en demi-teinte ont été un tournant et l’ont exposé. « S’il n’avait pas été sur scène, la course à l’investiture serait très différente aujourd’hui. »

Outre ses prestations, critiquées, sa présence en a aussi fait une cible privilégiée pour ses rivaux, offrant un répit bienvenu à Joe Biden, jusqu’ici régulièrement attaqué lors de ces débats, souligne Lincoln Mitchell.

Même si l’élément n’aura pas été décisif, le souvenir de sa politique sécuritaire à la tête de New York, jugée discriminatoire par beaucoup, a aussi joué un rôle.

« Il faisait une percée chez les électeurs afro-américains, mais ça allait continuer à le poursuivre », estime Lincoln Mitchell, en particulier face à Joe Biden, dont l’image est très directement associée à celle de Barack Obama.

– Le centre embouteillé –

Autre problème, en se positionnant au centre, Mike Bloomberg a rejoint une voie déjà bien embouteillée par des candidats qui se présentaient tous en alternative au programme très à gauche de Bernie Sanders.

« Il a fait du mal à (Pete Buttigieg et Amy Klobuchar) en essayant de séduire le même public », observe James Thurber, « mais cela lui a aussi été préjudiciable quand il a fallu se distinguer de Joe Biden. »

Après avoir indiqué qu’il n’écartait pas de se maintenir dans la course assez tard, l’homme qui a fait sa fortune grâce à des terminaux de marchés s’est finalement retiré dès le lendemain des premiers scrutins auxquels il a participé.

« Le fait qu’il soutienne Biden est un immense coup de pouce pour le parti démocrate », estime James Thurber. « Maintenant, la question cruciale est de savoir s’il va utiliser ses moyens pour l’aider, parce que Biden n’a pas beaucoup d’argent. »

Durant les trois mois qu’a duré la campagne Bloomberg, elle a souvent été présentée comme innovante, notamment pour son investissement dans les réseaux sociaux.

« Il n’y avait rien de révolutionnaire dans sa campagne ou dans son approche », tempère Doug Muzzio. « Ce qui était révolutionnaire, c’était la capacité de la financer. »

« Ce que l’histoire retiendra, c’est de l’ordre de l’anecdote », assure-t-il, « qui dira: Mike Bloomberg en 2020, trois-quarts de milliard de dollars et une poignée de délégués. »

Continuité contre révolution: Sanders et Biden, septuagénaires très différents

Ils sont septuagénaires, veulent battre Donald Trump et sont des vétérans de la politique avec plusieurs décennies au Congrès au compteur. Là s’arrêtent les ressemblances entre Joe Biden, chef de file des démocrates modérés, et Bernie Sanders, qui prône une « révolution » politique.

Au lendemain du « Super Tuesday », avec le retour fracassant de l’ancien vice-président de Barack Obama dans la course à l’investiture démocrate, c’est bien un duel entre ces deux hommes aux positionnements très éloignés qui se dessine.

– Deux hommes, deux styles –

Sourire éclatant, chevelure soigneusement peignée, Joe Biden est un homme politique à l’ancienne, démonstratif et volontiers tactile. Accolades, poignées de main appuyées, voire baiser sur la tête d’une ancienne élue, ses marques d’affection lui ont valu d’être au centre d’une polémique qu’il a désamorcée en arguant de sa bonne foi et des « normes sociales » changeantes.

L’ancien sénateur du Delaware de 77 ans a un capital sympathie certain, dû en grande partie au fait qu’il n’hésite pas à montrer émotions et empathie. Même ses gaffes, nombreuses, contribuent à l’humaniser.

Sa vie privée a été marquée par la tragédie. Et les deuils qu’il a connus – la mort de sa femme et de leur petite fille dans un accident de voiture en 1972, le décès de son fils Beau d’un cancer en 2015 – sont bien connus des Américains.

Plus austère, Bernie Sanders, 78 ans, avec ses cheveux blancs rebelles, a un style plus rugueux.

Réputé bougon et peu sociable, bien qu’il se déride en meeting et soit chaleureux avec ses partisans, il est passionné jusqu’à être perçu comme colérique.

Connu – et caricaturé – pour la manière dont il agite les bras ou pointe du doigt en parlant, le sénateur du Vermont est farouchement indépendant. Contrairement à son rival, pilier de l’establishment démocrate, il n’a jamais été encarté au parti.

Son ardeur à défendre des idées résolument à gauche a clairement apporté un nouveau souffle aux démocrates et suscite l’enthousiasme chez ses partisans, mais fait grincer des dents chez ses détracteurs qui l’accusent d’être aussi polarisant que Donald Trump.

Pour les deux septuagénaires, la question de la santé s’est en revanche posée. Bernie Sanders a subi un infarctus en octobre, et Joe Biden a régulièrement des difficultés d’élocution qui sèment le doute sur sa forme.

– Continuité contre révolution –

Avec ses positions centristes, Joe Biden se place dans la continuité. Pour de nombreux Américains nostalgiques de l’époque plus apaisée de l’avant-Trump, « Oncle Joe » est rassurant et incarne une certaine normalité.

« Les gens ne veulent pas d’une révolution, ils veulent des résultats », martèle-t-il en référence aux mesures radicales proposées par Bernie Sanders.

Qui rétorque qu' »on ne peut pas battre Trump avec toujours les mêmes vieilles recettes ».

Bernie Sanders est un socialiste autoproclamé – terme toujours choquant pour certains aux Etats-Unis, pour qui il a des relents de Guerre froide – et dit vouloir révolutionner l’Amérique.

– Vote noir, vote latino –

Les différences entre les deux hommes sont aussi évidentes dans leur base.

Le come-back de Joe Biden lors du « Super Tuesday » est ainsi en grande partie dû à sa popularité chez l’électorat noir.

Il a aussi été davantage choisi par les femmes, les personnes plus âgées et les personnes diplômées.

Quant à Bernie Sanders, il a pu compter, notamment en Californie, sur les Hispaniques, et a aussi attiré les jeunes et les électeurs indépendants.

Mais le vote latino, comme les autres, est loin d’être homogène, et des déclarations de M. Sanders vantant certains aspects de la révolution cubaine ainsi que d’anciens voyages dans des pays communistes, revenus hanter sa campagne, pourraient lui nuire notamment en Floride. Cet Etat clé de l’élection présidentielle américaine accueille une importante communauté de réfugiés cubains.

– Politiques –

« Bernie » croit fermement à une entière refonte d’un système de santé américain « cruel » et plaide pour une assurance maladie universelle et gratuite.

Il promet aussi d’effacer la totalité de la dette étudiante, ce qui a été applaudi par ses soutiens mais a suscité des interrogations sur le financement de cette mesure.

Joe Biden, lui, veut se présenter comme un politicien plus souple et se targue de pouvoir travailler avec les républicains. Ce qui lui a été reproché par ceux qui jugent qu’il a été trop complaisant avec eux.

Sur la dette étudiante, il va moins loin que son rival, proposant de renforcer les voies permettant aux étudiants d’alléger, ou d’annuler, leurs dettes. Il défend farouchement la réforme de la santé passée sous le mandat de Barack Obama.

M. Sanders est allé à l’offensive mercredi, en affirmant que « Joe allait devoir s’expliquer » sur son programme et son passif, évoquant notamment son vote en faveur de la guerre en Irak. « Bernie », également sénateur à l’époque, avait voté contre.

Mali: le Premier ministre en visite hautement symbolique dans le fief touareg de Kidal

Le Premier ministre malien Boubou Cissé a entamé mercredi une visite hautement symbolique à Kidal (nord), fief touareg, un nouveau geste censé manifester le rétablissement de la souveraineté de l’Etat sur le territoire, ont constaté des correspondants de l’AFP.

Cette visite intervient trois semaines après le retour de l’armée dans la ville contrôlée par d’ex-rebelles touareg.

Dans un contexte de grave détérioration sécuritaire au Mali et au Sahel, le retour de l’armée le 13 février et la visite du Premier ministre mercredi se veulent autant d’affirmations d’une restauration de l’autorité de l’Etat malien, qui ne s’exerce plus sur de larges étendues du pays.

Avant ces dernières semaines, l’Etat malien n’avait quasiment pas repris pied à Kidal depuis mai 2014. Les forces maliennes avaient été chassées de Kidal quand une visite du Premier ministre de l’époque, Moussa Mara, avait donné lieu à des affrontements avec les rebelles touareg, qui avaient causé de lourdes pertes dans les rangs de l’armée.

Kidal est depuis contrôlée par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), alliance à dominante touareg d’anciens groupes armés rebelles. La CMA est signataire de l’accord de paix d’Alger de 2015 avec une alliance de groupes armés progouvernementaux appelée la Plateforme.

Le chef du gouvernement a été accueilli à son arrivée par des représentants de l’ex-rébellion, de l’Etat dans la région et de la mission de paix de l’ONU (Minusma), autre actrice de la crise malienne, ont constaté les correspondants de l’AFP. Il a prévu de passer deux nuits à Kidal au cours d’un déplacement qui doit s’achever vendredi dans le nord du pays.

Il doit rencontrer les unités de l’armée récemment revenue à Kidal. Ces unités sont supposées donner l’exemple de la réconciliation puisqu’elles comprennent d’anciens rebelles intégrés dans l’armée malienne conformément à l’accord de paix d’Alger.

La mise en oeuvre de cet accord ainsi que le redressement de l’autorité de l’Etat sont considérés comme des composantes politiques indispensables à une sortie de crise, en plus de l’action purement militaire menée par les forces maliennes, françaises, africaines et onusiennes.

Kidal, à 1.500 km au nord-est de Bamako, est le bastion culturel touareg et le berceau historique des clans les plus influents. C’est aussi une région qui a été marginalisée depuis l’indépendance malienne et où sont nées les différentes rebellions touareg.

Le Mali est confronté depuis 2012 aux insurrections indépendantistes, salafistes et jihadistes et aux violences intercommunautaires qui ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés. Parties du nord du pays, les violences se sont propagées au centre et aux pays voisins, le Burkina Faso et le Niger.

L’accord d’Alger tarde à être appliqué et de vastes étendues du nord demeurent sous le contrôle des ex-rebelles indépendantistes.

Les forces maliennes et des pays voisins sont par ailleurs en butte à des attaques jihadistes qui ont fait des centaines de morts dans leurs rangs ces derniers mois. Les jihadistes exploitent ou fomentent les violences intercommunautaires.

Alger et Madrid se disent « en accord à 100% » sur leur frontière maritime

L’Algérie et l’Espagne ont déclaré mercredi n’avoir aucun désaccord sur le tracé de la frontière maritime entre les deux pays en Méditerranée, à l’occasion d’une visite de la cheffe de la diplomatie espagnole à Alger.

Cette visite survient alors que l’Algérie a décidé unilatéralement en avril 2018 d’étendre ses eaux territoriales jusqu’à proximité de l’archipel espagnol des Baléares.

La ministre espagnole, Arancha Gonzalez Laya, a rencontré son homologue algérien, Sabri Boukadoum, avant de s’entretenir avec le président Abdelmadjid Tebboune.

« Je voudrai être très claire au sujet des frontières maritimes sur lesquelles l’Algérie et l’Espagne sont d’accord à 100%. Nous n’avons pas de problème à fixer les frontières maritimes », a affirmé Mme Gonzalez Laya lors d’une conférence de presse conjointe avec son collègue algérien.

« Les deux pays ont le droit de fixer leurs frontières maritimes, selon les règles des Nations unies. (…) Quand il y a un chevauchement des zones maritimes, il faut une négociation pour arriver à un accord », a-t-elle expliqué en rejetant tout « unilatéralisme ».

M. Boukadoum a abondé. « Nous n’avons pas de problème de délimitation des frontières maritimes entre l’Espagne et l’Algérie », a-t-il assuré de son côté, affichant lui aussi sa « volonté de négocier dans le futur pour tout chevauchement des espaces maritimes ».

Il a démenti que le nouveau tracé des eaux territoriales algériennes en Méditerranée engloble l’île de de Cabrera, comme l’avait rapporté le quotidien espagnol El Pais.

« L’Algérie ne veut aucune région, ni Cabrera, ni Ibiza. Elle veut uniquement le dialogue et le partenariat avec l’Espagne », a insisté le chef de la diplomatie algérienne.

Cette première visite à Alger de la nouvelle ministre espagnole des Affaires étrangères a été reportée à deux reprises depuis le début de l’année par les autorités algériennes, selon la presse espagnole et algérienne.

L’Algérie fournit à l’Espagne près de la moitié de son gaz naturel.

La ministre espagnole a salué « une coopération utile et performante dans la migration, la lutte contre le terrorisme et une très bonne relation en matière énergétique » avec l’Algérie.

La question des frontières maritimes est également un sujet de désaccord entre l’Espagne et le Maroc, où Mme Gonzalez Laya s’est rendue fin janvier.

Si cette dernière a reconnu le « droit » du Maroc à délimiter ses frontières maritimes, elle a affirmé que cela devait se faire en accord avec les normes internationales alors que Rabat a adopté deux lois délimitant son espace maritime, auquel ont été intégrés les eaux du Sahara occidental, une mesure controversée.

Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental a été le théâtre d’un conflit jusqu’en 1991 entre le Maroc, qui a annexé le territoire en 1975, et le Front Polisario, qui, soutenu par l’Algérie, réclame l’indépendance de cette étendue désertique de 266.000 km2 dans une région riche en phosphates et bordée d’eaux poissonneuses.

Coronavirus: le droit de retrait, un droit et des situations « au cas par cas »

Face à la crise du coronavirus, le droit de retrait n’est pas automatique et, comme dans toute situation concernant la santé des salariés, l’employeur est tenu de la protéger.

Loi et réalité ne font cependant pas toujours bon ménage et chaque situation devrait être examinée au cas par cas, estiment des spécialistes de la question.

Pour la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, interrogée mercredi, « la situation sanitaire ne justifie pas un droit de retrait ».

Employés du Louvre, chauffeurs de bus, salariés habitant l’Oise, l’un des principaux foyers, l’ont pourtant déjà testé et pourraient faire des émules.

La législation l’encadre strictement: tout salarié peut se retirer d’une situation de travail s’il estime qu’elle présente « un danger grave et imminent » pour sa santé. L’employeur, tenu de respecter les directives gouvernementales sanitaires, ne peut l’en empêcher. Et il a une obligation de résultat concernant la prévention. En cas de contentieux, c’est un juge qui tranche, explique à l’AFP Jean-Paul Teissonière, avocat spécialisé dans les questions de santé au travail.

« Mais comment mesurer l’imminence du danger? », s’interroge-t-il. « Certains métiers sont plus exposés que d’autres. Il faut apprécier chaque situation et évaluer le risque au cas par cas. Toutes les entreprises ne sont pas exposées à l’identique, tous les métiers non plus, ceux en contact avec le public le sont plus », détaille-t-il.

« Nous conseillons la prudence avant d’exercer ce droit de retrait qui n’intervient que si l’employeur ne respecte pas les préconisations », dit à l’AFP Philippe Portier, spécialiste de ces questions à la CFDT. Si l’exercice de ce droit « est jugé abusif, cela peut avoir des conséquences graves pour le salarié, de la sanction au licenciement », dit-il.

« En pratique, salariés et employeurs s’entendent souvent sur une solution mais il y a des zones grises », concède ce syndicaliste.

« Tout salarié est en droit de cesser son activité après en avoir averti son employeur, s’il estime que les mesures sont insuffisantes pour protéger sa santé, ce qui suscite de l’anxiété, elle aussi nocive à sa santé », rappelle néanmoins Jérôme Vivenza, responsable de ces questions à la CGT.

Droit d’alerte

« Même en pleine forme, on peut considérer que les mesures prises sont insuffisantes au vu de l’exposition, notamment en cas de contact avec le public », assure Marc Benoit, secrétaire général CGT à l’INRS (santé et sécurité au travail), citant le cas d’un chauffeur routier qui serait obligé d’assurer une livraison, sans protection particulière, dans le département de l’Oise.

A la SNCF, indique Anne Guezennec, responsable à la CFDT Cheminots, les élus du personnel « ont d’abord exercé leur droit d’alerte » pour « réclamer des mesures de protection supplémentaires pour certains métiers », comme ceux en contact avec la clientèle. C’est, précise-t-elle, « l’inspection du travail qui tranchera ».

Une cellule de crise nationale a également été mise en place dans l’entreprise ferroviaire et des réunions régulières pour traiter les demandes. « Dans certains endroits on réfléchit à la désinfection totale des trains dans les centres de maintenance », ajoute-t-elle.

Le Louvre, fermé depuis dimanche en raison du droit de retrait invoqué par son personnel, a rouvert ses portes mercredi. Des réunions avec les syndicats ont abouti à la mise en place de mesures de protection du personnel, comme la distribution de solutions hydroalcooliques et l’autorisation de mener des contrôles plus distants.

Des chauffeurs de bus des réseaux franciliens Transdev et Keolis ont eux aussi exercé leur droit de retrait, notamment dans l’Essonne, tandis que le syndicat Unsa a averti que les salariés de la RATP pourraient exercer ce droit si l’opérateur ne prenait pas de mesures de protection supplémentaires, comme des gants, des masques pour les conducteurs et des lingettes désinfectantes. Chez Air France, masques, gants et gels hydroalcooliques ont été distribués aux personnels comme dans nombre d’entreprises.

Interrogé sur le sujet, une médecin du travail dans un grand groupe de presse a rappelé qu’en cas de passage au stade 3 de l’épidémie, les salariés les plus fragiles (maladies chroniques, déficience immunitaire… ) pourraient se voir proposer du télétravail. Plus généralement, elle déplore « une inquiétude excessive sur le risque infectieux qui a tendance à minimiser tous les autres risques pour la santé (environnementaux, chimiques…) ».

Libye: Paris regrette la démission de l’émissaire de l’ONU Ghassam Salamé

La France a regretté mercredi la démission de l’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, et réitéré son appel à un « cessez-le-feu durable » dans ce pays déchiré par le conflit entre les autorités de Tripoli et l’homme fort de l’Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar.

« La France a appris avec regret l’annonce de la démission du représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Libye », a déclaré un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, saluant « la compétence et la conviction » avec lesquelles M. Salamé a conduit sa mission depuis juin 2017.

Ghassan Salamé a démissionné lundi pour des « raisons de santé », au moment où le processus politique dans ce pays, en proie à la guerre civile, est plus que jamais dans l’impasse.

Depuis 2017, Ghassan Salamé a tenté en vain de convaincre les belligérants libyens d’unifier les institutions de l’Etat et d’organiser des élections en vue de mettre fin aux divisions dans le pays.

« Nous saluons ses efforts en faveur d’un cessez-le-feu et du lancement d’un dialogue politique interlibyen sous l’égide des Nations unies », a relevé le porte-parole du Quai d’Orsay.

« La France souhaite que cette dynamique se poursuive et appelle l’ensemble des acteurs à s’engager en faveur d’un cessez-le-feu durable, d’un meilleur contrôle des ressources et d’un dialogue politique représentatif et inclusif », a-t-il ajouté.

« La France réitère son plein soutien aux efforts en ce sens du secrétaire général des Nations unies, a-t-il assuré.

Depuis 2015, deux autorités rivales se disputent le pouvoir en Libye: le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l’Est.

Ghassan Salamé a régulièrement dénoncé les ingérences étrangères en Libye qui se poursuivent, malgré les engagements pris à la conférence internationale de Berlin en janvier, compliquent le conflit dans le pays et rendent difficile toute solution politique.

Le GNA est soutenu par la Turquie et le Qatar, le maréchal Haftar par les Emirats arabes unis, la Russie, l’Egypte et l’Arabie saoudite. La France est aussi soupçonnée de soutenir en coulisses l’homme fort de l’Est libyen, ce qu’elle dément.

Nigeria: 14 morts dans l’attaque jihadiste d’une base militaire dans le nord-est

Des jihadistes présumés ont attaqué mercredi une base militaire dans l’Etat du Borno, dans le nord-est du Nigeria, tuant 14 personnes, selon un nouveau bilan communiqué par des sources sécuritaires.

Les insurgés sont arrivés à l’aube à bord de camions militarisés et ont mené un raid sur la base de la ville de Damboa, à la frontière avec la forêt de Sambisa, repaire des combattants fidèles à la faction de Boko Haram dirigée par Abubakar Shekau.

Dans la matinée, un officier militaire et un milicien avaient d’abord fait état de six morts.

« Nous avons perdu quatre policiers et deux miliciens », -combattant aux côtés de l’armée nigériane dans la lutte contre les jihadistes-, avait déclaré sous couvert de l’anonymat l’officier.

Il a ensuite déclaré à l’AFP que le bilan s’était alourdi avec six soldats tués: « Nous avons également perdu six soldats dans l’attaque tandis que six autres ont été blessés ».

« Un avion de chasse a été déployé alors que les terroristes fuyaient et a frappé deux de leurs véhicules, tuant 13 d’entre eux », a-t-il ajouté.

Le chef des milices civiles, Ibrahim Liman, a fait état d’une cinquantaine d’habitants blessés par les tirs, dont deux sont ensuite décédés de leurs blessures.

« Deux civils initialement blessés par des éclats sont morts », a précisé M. Liman.

Selon un habitant de Damboa, Modu Malari, l’armée a repoussé les insurgés de la ville après deux heures de combat au cours desquelles les jihadistes ont utilisé des armes lourdes et des roquettes.

Le conflit entre les forces armées nigérianes et Boko Haram a fait quelque 35.000 morts depuis 2009 et près de deux millions de personnes ne peuvent toujours pas regagner leurs foyers, selon l’ONU. Il s’est étendu au Niger, au Tchad et au Cameroun voisins.

Coronavirus: alerte aux fake news, trois arrestations au Maroc

Les autorités marocaines ont lancé mercredi un appel à la vigilance face à la multiplication des « fake news » concernant l’épidémie de nouveau coronavirus, avec au moins trois arrestations de mauvais plaisantins ces derniers jours.

« Certains comptes sur des réseaux sociaux et des applications de messagerie instantanée (…) procèdent à la publication d’informations mensongères et erronées attribuées à des institutions officielles » pour annoncer des mesures sanitaires préventives, selon un communiqué publié mercredi par le ministère marocain de l’Intérieur.

Mardi, le ministère marocain de l’Education a dénoncé avec vigueur « une photo truquée » circulant sur les réseaux sociaux pour annoncer la fermeture de toutes les écoles du pays à partir de mercredi.

Le même jour, le quotidien l »Economiste » a démenti une « fausse information » circulant avec son logo officiel sur les réseaux sociaux concernant un « nouveau foyer » dans une banlieue de Casablanca.

« Toutes les dispositions légales seront prises (…) en vue d’identifier les personnes impliquées dans la publication de ces allégations et mensonges », prévient le communiqué de l’Intérieur.

Deux personnes qui tournaient des vidéos canulars dans la rue en annonçant à des passants avoir été contaminés à l’étranger « pour voir leurs réactions » ont ainsi été arrêtées à Marrakech (centre), selon un message publié mardi sur le compte twitter de la sûreté nationale (DGSN).

La DGSN avait déjà annoncé la semaine dernière l’interpellation d’un habitant de Tetouan (nord) qui avait annoncé dans une vidéo « enregistrer des morts liés au virus ».

Le royaume a fait état lundi d’un premier cas confirmé de contamination au Covid-19 concernant un Marocain en provenance d’Italie, placé en isolement dans un hôpital de Casablanca.

Depuis, plusieurs manifestations publiques comme le salon annuel de l’agriculture ou un Grand prix de judo, ont été annulées par précaution.

Les rumeurs les plus folles et conseils préventifs les plus insolites ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux marocains après l’annonce d’un premier cas déclaré en Algérie voisine, le 25 février dernier.

Coronavirus: l’Italie envisage de fermer toutes ses écoles et universités

Le gouvernement italien doit adopter mercredi un nouveau train de mesures pour contrer l’épidémie de coronavirus, parmi lesquelles la probable fermeture de toutes les écoles et universités ainsi que la tenue des matches de foot à huis clos.

Une décision sur les écoles sera prise « dans les prochaines heures », a annoncé en début d’après-midi la ministre de l’Education, Lucia Azzolina, peu après que plusieurs agences italiennes ont annoncé que la décision avait déjà été prise.

« Aucune décision sur la fermeture des écoles n’a été prise, nous avons demandé un avis plus approfondi au comité technico-scientifique, la décision sera prise dans les prochaines heures », a rectifié devant la presse la ministre, sortie momentanément d’une réunion du gouvernement pour apporter ces précisions.

Le conseil des ministres est entièrement dédié à la crise du coronavirus, alors que l’Italie est le troisième pays le plus touché au monde après la Chine et la Corée du Sud: 79 personnes contaminées sont mortes dans le pays, qui compte au total 2.502 cas, selon le dernier décompte publié mardi.

Selon le quotidien Il Corriere della Sera, la décision de fermer écoles et universités à partir de jeudi et jusqu’à mi-mars « a déjà été prise, mais ne sera annoncée qu’après le dernier feu vert du comité scientifique ».

Si la Lombardie (la région de Milan), l’Emilie-Romagne et la Vénétie (autour de Venise) sont les trois régions les plus touchées, la quasi-totalité des 21 régions italiennes ont recensé des cas de contagion, excepté pour le moment le Val D’Aoste, frontalier de la France.

– Tout le territoire –

Ces mesures, réunies dans un décret et valables pour un mois, devraient concerner tout le territoire national, et non plus une zone limitée dans le Nord du pays, où sont concentrés l’essentiel des cas.

Selon les médias, le projet de décret recommande de respecter une distance de sécurité d’au moins un mètre entre les personnes, d’éviter poignées de mains et bises, et de jouer les matches de foot à huis clos.

Les supporteurs n’auront pas non plus accès aux entraînements des équipes. Les mesures affectant le football, adoptées pour un mois, pourront être révisées au bout de deux semaines.

Le décret prévoit aussi d’éviter au maximum rassemblements et foules. C’est pourquoi tous les salons, conférences et congrès devraient être reportés, en particulier dans le secteur de la santé, de manière à libérer au maximum le personnel sanitaire.

Il sera aussi conseillé à toutes les personnes âgées de plus de 75 ans de rester chez elles et de ne pas fréquenter de lieux publics. Ce conseil est étendu aux personnes de plus de 65 ans présentant des pathologies susceptibles de s’aggraver au contact du coronavirus.

L’essentiel des morts italiens étaient des personnes âgées – en moyenne des octogénaires et nonagénaires – ou atteintes de pathologies antérieures.

Outre la distance de sécurité à respecter entre les personnes, il sera recommandé d' »éternuer et tousser dans un mouchoir en évitant le contact des mains avec les sécrétions respiratoires » et d' »éviter les échanges de bouteilles et verres, en particulier durant les activités sportives ».

Selon la ministre de l’Education, le conseil des ministres a également « discuté de mesures économiques ».

L’économie italienne, déjà anémique, est affectée par l’épidémie, en particulier le secteur du tourisme qui représente 13% du PIB. L’association professionnelle Confturismo-Confcommercio (tourisme et commerce) prévoit ainsi 31,6 millions de touristes en moins pour la période allant du 1er mars au 31 mai, soit une perte de 7,4 milliards d’euros.