Tunis: un policier tué dans un attentat-suicide devant l’ambassade américaine

Un policier a été tué et cinq autres ont été blessés, ainsi qu’un civil, dans un attentat-suicide perpétré vendredi devant l’ambassade des Etats-Unis à Tunis, première attaque dans la capitale tunisienne depuis celle revendiquée par le groupe Etat islamique (EI) en juin 2019.

En fin de matinée, une forte explosion a secoué le quartier des Berges du Lac, à une dizaine de kilomètres du centre-ville, où se trouve l’ambassade américaine, protégée par d’importants barrages de sécurité.

« Notre siège de travail est à 300 mètres de là mais l’explosion était tellement forte que les vitres de notre bâtiment ont tremblé », a expliqué à l’AFP Haykel Boukraa, 49 ans. « C’était la panique totale. Des collègues ont même eu une crise d’angoisse (…). On ne savait pas si on devait sortir ou rester au bureau ».

La police scientifique a été dépêchée sur les lieux, survolés par un hélicoptère, alors que des policiers sous le choc ont bouclé le périmètre, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« C’est dur de devoir continuer à travailler alors que tu viens de voir tes collègues blessés », a réagi un policier sur place.

– Engin artisanal –

L’attentat n’avait pas été revendiqué vendredi soir.

Les deux assaillants arrivés en deux-roues ont enclenché leur charge explosive à l’approche des policiers en faction devant l’ambassade, selon des policiers sur les lieux.

Une camionnette de police très endommagée et des débris soufflés à 200 mètres à la ronde témoignaient de la violence de la déflagration.

Un lieutenant de 52 ans est décédé de ses blessures. Cinq autres policiers ont été touchés ainsi qu’une femme, légèrement atteinte, a indiqué le ministre de l’Intérieur Hichem Mechichi, précisant qu’ils étaient dans un état stable.

« Il s’agissait d’un engin explosif artisanal et nous sommes à la recherche de ceux qui ont participé à sa fabrication », a ajouté le ministre.

Plusieurs médias ont fait état de descentes de police dans deux quartiers populaires du nord de Tunis.

« Toutes les unités de sécurité ont été placées en état d’alerte élevée », a indiqué le ministère de l’Intérieur.

Selon son porte-parole Khaled Ayouni, « c’est la patrouille de police qui était visée plutôt que l’ambassade ».

L’ambassadeur américain Donald Blome a salué la « protection immédiate » apportée par les autorités.

De retour d’une visite à Tunis, un haut responsable américain chargé de la Défense, R. Clarke Cooper, a souligné à Washington que la Tunisie était de plus en plus efficace contre l’extrémisme violent, saluant la réaction « rapide » des autorités vendredi.

Le parquet anti-terroriste a ouvert une enquête, a indiqué à l’AFP son porte-parole, Sofiene Selliti, soulignant qu’il n’y avait pas encore eu d’arrestation. Il y avait « une grande quantité d’explosif », a-t-il ajouté, précisant que des analyses ADN étaient en cours pour identifier les kamikazes.

Le président de la République Kais Saied et le président de l’Assemblée Rached Ghannouchi ont rendu visite aux blessés.

« Lutter contre le terrorisme passe par une approche pas seulement sécuritaire mais aussi culturelle et sociale » a souligné M. Saied. Le parti d’inspiration islamiste Ennahdha de M. Ghannouchi, principale force politique du pays, a appelé « les institutions à redoubler d’efforts » contre le terrorisme et adopter une contestée loi élargissant les prérogatives des forces de l’ordre.

Un quart de finale de la Coupe d’Afrique des champions de football, prévu vendredi soir à Tunis, a été maintenu.

– Etat d’urgence –

Chaque attaque replonge le pays dans le souvenir des attentats-suicide dont il a été l’objet après sa révolution de 2011.

La Tunisie reste d’ailleurs sous état d’urgence depuis une attaque suicide revendiquée par l’EI en novembre 2015, dans laquelle 12 agents avaient été tués.

Après la chute de la dictature en 2011, la Tunisie a été confrontée à un essor de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de dizaines de soldats et de policiers, mais aussi de nombreux civils et de 59 touristes étrangers.

En septembre 2012, l’ambassade américaine avait déjà été assaillie par des manifestants issus pour la plupart de la mouvance salafiste, qui entendaient protester contre un film islamophobe réalisé aux Etats-unis. Quatre personnes avaient été tuées lors de violents affrontements entre police et manifestants.

La situation sécuritaire s’est néanmoins nettement améliorée ces trois dernières années.

Mais des attaques contre les forces de sécurité ont encore lieu, notamment dans les massifs montagneux frontaliers de l’Algérie, et ponctuellement à Tunis.

Fin juin 2019, un double attentat suicide revendiqué par l’EI avait visé des membres des forces de l’ordre à Tunis et coûté la vie à un policier.

Outre l’EI, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a perpétré plusieurs attaques meurtrières au cours de la décennie écoulée.

Fin février, Aqmi a confirmé le décès d’un de ses chefs, Abou Iyadh, fondateur du groupe jihadiste tunisien proche d’al-Qaïda, Ansar al Charia, notamment accusé d’avoir orchestré les violences contre l’ambassade américaine en 2012.

Tunis: un policier tué dans un attentat-suicide devant l’ambassade américaine

Un policier a été tué et cinq autres ont été blessés, ainsi qu’un civil, dans un attentat-suicide perpétré vendredi devant l’ambassade des Etats-Unis à Tunis, première attaque dans la capitale tunisienne depuis celle revendiquée par le groupe Etat islamique (EI) en juin 2019.

En fin de matinée, une forte explosion a secoué le quartier des Berges du Lac, à une dizaine de kilomètres du centre-ville, où se trouve l’ambassade américaine, protégée par d’importants barrages de sécurité.

« Notre siège de travail est à 300 mètres de là mais l’explosion était tellement forte que les vitres de notre bâtiment ont tremblé », a expliqué à l’AFP Haykel Boukraa, 49 ans. « C’était la panique totale. Des collègues ont même eu une crise d’angoisse (…). On ne savait pas si on devait sortir ou rester au bureau ».

La police scientifique a été dépêchée sur les lieux, survolés par un hélicoptère, alors que des policiers sous le choc ont bouclé le périmètre, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« C’est dur de devoir continuer à travailler alors que tu viens de voir tes collègues blessés », a réagi un policier sur place.

– Engin artisanal –

L’attentat n’avait pas été revendiqué vendredi soir.

Les deux assaillants arrivés en deux-roues ont enclenché leur charge explosive à l’approche des policiers en faction devant l’ambassade, selon des policiers sur les lieux.

Une camionnette de police très endommagée et des débris soufflés à 200 mètres à la ronde témoignaient de la violence de la déflagration.

Un lieutenant de 52 ans est décédé de ses blessures. Cinq autres policiers ont été touchés ainsi qu’une femme, légèrement atteinte, a indiqué le ministre de l’Intérieur Hichem Mechichi, précisant qu’ils étaient dans un état stable.

« Il s’agissait d’un engin explosif artisanal et nous sommes à la recherche de ceux qui ont participé à sa fabrication », a ajouté le ministre.

Plusieurs médias ont fait état de descentes de police dans deux quartiers populaires du nord de Tunis.

« Toutes les unités de sécurité ont été placées en état d’alerte élevée », a indiqué le ministère de l’Intérieur.

Selon son porte-parole Khaled Ayouni, « c’est la patrouille de police qui était visée plutôt que l’ambassade ».

L’ambassadeur américain Donald Blome a salué la « protection immédiate » apportée par les autorités.

De retour d’une visite à Tunis, un haut responsable américain chargé de la Défense, R. Clarke Cooper, a souligné à Washington que la Tunisie était de plus en plus efficace contre l’extrémisme violent, saluant la réaction « rapide » des autorités vendredi.

Le parquet anti-terroriste a ouvert une enquête, a indiqué à l’AFP son porte-parole, Sofiene Selliti, soulignant qu’il n’y avait pas encore eu d’arrestation. Il y avait « une grande quantité d’explosif », a-t-il ajouté, précisant que des analyses ADN étaient en cours pour identifier les kamikazes.

Le président de la République Kais Saied et le président de l’Assemblée Rached Ghannouchi ont rendu visite aux blessés.

« Lutter contre le terrorisme passe par une approche pas seulement sécuritaire mais aussi culturelle et sociale » a souligné M. Saied. Le parti d’inspiration islamiste Ennahdha de M. Ghannouchi, principale force politique du pays, a appelé « les institutions à redoubler d’efforts » contre le terrorisme et adopter une contestée loi élargissant les prérogatives des forces de l’ordre.

Un quart de finale de la Coupe d’Afrique des champions de football, prévu vendredi soir à Tunis, a été maintenu.

– Etat d’urgence –

Chaque attaque replonge le pays dans le souvenir des attentats-suicide dont il a été l’objet après sa révolution de 2011.

La Tunisie reste d’ailleurs sous état d’urgence depuis une attaque suicide revendiquée par l’EI en novembre 2015, dans laquelle 12 agents avaient été tués.

Après la chute de la dictature en 2011, la Tunisie a été confrontée à un essor de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de dizaines de soldats et de policiers, mais aussi de nombreux civils et de 59 touristes étrangers.

En septembre 2012, l’ambassade américaine avait déjà été assaillie par des manifestants issus pour la plupart de la mouvance salafiste, qui entendaient protester contre un film islamophobe réalisé aux Etats-unis. Quatre personnes avaient été tuées lors de violents affrontements entre police et manifestants.

La situation sécuritaire s’est néanmoins nettement améliorée ces trois dernières années.

Mais des attaques contre les forces de sécurité ont encore lieu, notamment dans les massifs montagneux frontaliers de l’Algérie, et ponctuellement à Tunis.

Fin juin 2019, un double attentat suicide revendiqué par l’EI avait visé des membres des forces de l’ordre à Tunis et coûté la vie à un policier.

Outre l’EI, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a perpétré plusieurs attaques meurtrières au cours de la décennie écoulée.

Fin février, Aqmi a confirmé le décès d’un de ses chefs, Abou Iyadh, fondateur du groupe jihadiste tunisien proche d’al-Qaïda, Ansar al Charia, notamment accusé d’avoir orchestré les violences contre l’ambassade américaine en 2012.

Dans la ville syrienne d’Idleb, on ne croit pas à la trêve

Réfugié à Idleb depuis quelques années, après avoir fui les violences ailleurs en Syrie, Fadi Khatib ne croit plus aux trêves. Au premier jour d’un cessez-le-feu annoncé par Moscou et Ankara, cet énième accord est selon lui voué à l’échec comme les précédents.

Dominée par des jihadistes, la région rebelle d’Idleb proche de la Turquie a fait l’objet de plusieurs offensives menées par le régime de Damas avec l’appui de Moscou, ponctuées de trêves ayant toutes volé en éclat.

Entretemps, le régime n’a eu de cesse de grignoter du terrain, reprenant près de la moitié de la province d’Idleb.

Entré en vigueur à minuit (jeudi à 22H00 GMT), l’accord russo-turc met fin à des semaines de violences ayant tué près de 500 civils et provoqué le déplacement de près d’un million de personnes, l’exode le plus massif en neuf ans de guerre en Syrie.

« Le régime (syrien) et la Russie jouent toujours à ce jeu. Ils conquièrent des régions, concluent une trêve puis lancent une nouvelle offensive d’envergure » pour étendre leur emprise, affirme à l’AFP Fadi Khatib, âgé de 26 ans.

« Comment pourrais-je croire à cette trêve? », demande-t-il.

Il y a quelques années, Abou Saïd a fui avec son épouse et son enfant la localité de Daraya, près de la capitale, pour rejoindre avec d’autres opposants au régime de Bachar al-Assad la province d’Idleb, transformée en ultime refuge pour des dizaines de milliers d’habitants de régions reconquises par Damas.

« Je ne suis pas optimiste et n’espère rien de cet accord », lâche-t-il.

« Il n’y a pas un seul accord de trêve qu’ils (les Russes et le régime syrien) n’aient pas violé », ajoute ce père de famille âgé de 24 ans. Si une « nouvelle offensive est lancée (…) nous quittons le pays », se résout-il.

– « Mensonge et tromperie » –

Les zones d’Idleb contrôlées par les insurgés abritent environ trois millions d’habitants, dont la moitié ont été déplacés depuis d’autres régions reconquises par le régime.

Dans la ville de Dana, près de la frontière turque, Abou Bassel, qui a fui le sud d’Idleb, tombée en grande partie dans l’escarcelle du régime, n’est guère plus optimiste.

« Cette trêve n’est autre que mensonge et tromperie de la part de la Russie (…) visant à consolider les nouvelles positions du régime syrien » conquises à la faveur de la dernière offensive lancée en décembre.

« Ils vont bientôt recommencer à grignoter » du terrain dans la région.

Soutenu par la Russie depuis 2015, le régime syrien a enchaîné ces dernières années les victoires contre rebelles et jihadistes, et contrôle aujourd’hui plus de 70% du territoire national.

Une partie de la région d’Idleb échappe toujours au contrôle de Damas, alors que la guerre en Syrie entre le 15 mars dans sa dixième année.

Au fil du conflit, « le régime a toujours conclu une trêve après chaque avancée pour se réorganiser et repartir d’un bon pied », souligne Adnane, un déplacé de 30 ans.

« Le régime va poursuivre ses opérations (…) sous le silence coupable de la communauté internationale qui assiste à tous ces massacres et destructions et ne bouge pas son petit doigt pour les déplacés », déplore-t-il.

Dans la ville de Bennich, dans le nord d’Idleb, relativement à l’abri des bombardements, les habitants ne voient aucun intérêt à un cessez-le-feu qui ne prévoirait pas le retour des déplacés dans leurs foyers.

« Nous sommes pour un cessez-le-feu mais à condition que les civils puissent revenir chez eux », affirme Fadi Obeid, ingénieur agronome.

A défaut de cela, l’accord « restera lettre morte ».

« Hirak »: les Algériens défient dans la rue le coronavirus

Les partisans du mouvement de contestation antirégime (« Hirak ») sont descendus dans la rue vendredi à Alger pour la 55e semaine consécutive, moins nombreux que d’habitude mais défiant avec humour l’épidémie du nouveau coronavirus.

« Ce peuple est déterminé à poursuivre son combat. Ni corona (sic) ni les arrestations ne l’arrêteront », a déclaré à l’AFP Boudjema, 56 ans.

Après avoir obtenu la démission du président Abdelaziz Bouteflika en avril, les partisans du « Hirak » continuent d’exiger le changement du « système » en place depuis l’indépendance en 1962.

Des milliers de personnes ont défilé pacifiquement dans le centre de la capitale et se sont dispersées en fin d’après-midi, une mobilisation moindre que les vendredis précédents, selon un journaliste de l’AFP.

La police a procédé à des interpellations, d’après des témoins.

Parmi les manifestants, quelques-uns seulement arboraient des masques de protection contre le nouveau coronavirus. Les policiers, eux, en portaient tous.

Dix-sept cas de maladie Covid-19 ont été confirmés à ce jour par l’Institut Pasteur d’Algérie: un ressortissant italien et 16 Algériens d’une même famille ayant été en contact avec des proches résidant en France, selon le ministère de la Santé.

« Dieu nous protège, on n’a pas besoin de porter de masques comme les policiers », a scandé la foule.

« Le corona, on peut l’attraper n’importe où, dans le métro, le bus ou même dans le magasin où je travaille, donc pas question de nous faire peur avec ces masques que portent les policiers », a réagi Sarah, 29 ans, vendeuse.

« Vous voulez nous faire peur avec le corona? Ça ne marche pas! Si on compte le nombre de jeunes clandestins noyés en mer, ou tous les Algériens morts pendant la décennie noire (la guerre civile des années 1990, NDLR), à côté le corona ne nous fait pas du tout peur. Le combat continue! », a renchéri Brahim, un chômeur de 31 ans.

– « Détenus du Hirak » –

A côté du slogan emblématique « Etat civil et non militaire », on pouvait lire sur une pancarte: « Plutôt le Corona que vous », à l’adresse des dirigeants algériens, fustigés depuis plus d’un an par le mouvement de contestation populaire.

Multipliant les jeux de mots, les internautes n’étaient pas en reste: « Ceux qui rejoignent le +Hirak+ seront préservés du coronavirus et de ceux qui nous appauvrissent. Nous vaincrons », a tweeté l’un d’eux.

D’importants défilés ont eu lieu en province, notamment à Oran et Mostaganem (nord-ouest), à Sétif et Constantine (nord-est) ainsi qu’à Tizi Ouzou et Boumerdès, à l’est d’Alger, où plusieurs personnes ont été arrêtées, selon des militants sur place.

Comme chaque semaine depuis le début du mouvement, de nombreux manifestants ont brandi des portraits de héros de la révolution algérienne (la guerre d’indépendance contre la France de 1954 à 1962, NDLR) ou de « détenus du Hirak », arrêtés.

Ainsi était à nouveau omniprésent dans le cortège algérois le portrait de l’opposant Karim Tabbou, figure de proue de la contestation, en détention, contre lequel un tribunal d’Alger a requis cette semaine quatre ans de prison ferme pour « incitation à la violence », une charge qu’il nie.

Amnesty International a appelé vendredi dans un communiqué les autorités à libérer « immédiatement » les manifestants détenus du « Hirak ».

« Toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique doivent être libérées immédiatement et sans condition, et toutes les charges retenues contre elles doivent être abandonnées », a déclaré Philip Luther, un responsable régional d’Amnesty.

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Coronavirus: ne pas s’affoler mais ne pas sous-estimer

Le coronavirus, apocalypse planétaire ou broutille sur laquelle on fait trop de battage? Ni l’un ni l’autre, répondent les experts à cette question qui taraude le grand public: les risques, bien réels, pèsent sur les plus fragiles et sur les hôpitaux qui doivent éviter d’être débordés.

– Qui est le plus à risque?

La mortalité augmente nettement avec l’âge: c’est ce que montre l’analyse la plus complète à ce jour, publiée le 17 février par les autorités chinoises, puis le 24 dans la revue médicale américaine Jama.

Sur près de 45.000 cas confirmés, le taux moyen de mortalité est de 2,3%. Mais aucun décès n’est à déplorer parmi les enfants de moins de 10 ans. Jusqu’à 39 ans, le taux de mortalité reste très bas, à 0,2%, puis passe à 0,4% chez les quadragénaires, 1,3% chez les 50-59 ans, 3,6% chez les 60-69 ans et 8% chez les 70-79 ans.

Les personnes âgées de plus de 80 ans sont les plus à risque avec un taux de mortalité de 14,8%.

« Le problème, c’est que quand on parle d’un mort lié au coronavirus, on ne précise presque jamais la raison pour laquelle il est mort », dit à l’AFP Michel Cymes, médecin et animateur télé très populaire en France.

« Quand quelqu’un de 85 ans meurt du coronavirus, ce n’est pas le coronavirus qui le tue », mais plus souvent « les complications qui atteignent des organes qui n’étaient pas en bon état », ajoute-t-il.

Autre facteur de risque: le fait d’avoir une maladie chronique (insuffisance respiratoire, pathologie cardiaque, antécédent d’AVC, cancer…).

Mais les millions de personnes qui souffrent de ces maladies ne doivent pas paniquer pour autant.

Pour le professeur français Jean-Christophe Lucet, le risque concerne avant tout les patients atteints des formes sévères de ces maladies. « Il faut être extrêmement clair » sur ce point, souligne-t-il à l’AFP.

« Le patient qui a un diabète, le patient qui a une hypertension artérielle, c’est des patients qui ne sont pas des patients à risque », rassure-t-il. « Les patients à risque, ce sont ceux qui ont des maladies cardiaques graves, des maladies respiratoires sévères, par exemple des bronchopneumathies chroniques obstructives (BPCO) avancées ».

– A quel nombre de morts s’attendre?

Plus mortel que la grippe saisonnière, mais moins virulent que les précédentes épidémies liées à un coronavirus: voilà où semble se situer la dangerosité du Covid-19, même si l’on ne connaît pas encore avec précision son taux de mortalité.

Selon l’étude du 24 février, la maladie est bénigne dans 80,9% des cas, « grave » dans 13,8% des cas et « critique » dans 4,7% des cas.

A ce stade, 3,4% des patients confirmés positifs dans le monde sont décédés. Mais sur quelque 100.000 cas positifs au total, plus de la moitié sont déjà guéris, selon l’université américaine Johns Hopkins, qui tient un décompte quotidien.

La dangerosité d’une maladie ne dépend pas seulement du taux de mortalité dans l’absolu, mais aussi de sa faculté à se répandre plus ou moins largement.

« Même si seuls 3% des cas décèdent, ça peut faire des chiffres importants si 30% ou 60% d’une population sont infectés », souligne le Dr Simon Cauchemez, de l’Institut Pasteur à Paris.

« Nous n’allons pas tous mourir : dans le pire scénario, 0,4% des Belges mourront, en large majorité dans les plus de 80 ans. Arrêtez la psychose », a écrit cette semaine sur son blog le médecin belge Philippe Devos, dans une analyse du risque intitulée « Coronavirus: Armageddon ou foutaise? »

– Les hôpitaux vont-ils être débordés?

C’est le principal danger de l’épidémie en cours.

Alors que le nombre de cas augmente un peu partout, l’enjeu est de « ne pas saturer les capacités d’hospitalisation des établissements de santé et (…) réserver les ressources des établissements de santé aux cas les plus graves », selon un guide du ministère de la Santé français destiné aux soignants.

Au fur et à mesure que les cas se multiplient, les patients atteints par une forme légère du Covid-19 ne sont plus hospitalisés mais restent chez eux. De même, des hospitalisations non urgentes sont repoussées pour laisser la place aux malades les plus touchés par le Covid-19.

Si l’hôpital sature, « on a un gros risque de monter à (…) 33.150 morts sur 11 millions d’habitants (0,3% de la population belge qui meurt). C’est +peu+ (on ne va pas tous mourir comme on l’entend parfois) mais quand même 100 fois plus que le nombre de tués sur les routes chaque année », écrit le Dr Devos.

L’autre priorité est d’éviter que les soignants soient eux-même contaminés en nombre, ce qui rendrait encore plus difficile la prise en charge des malades.

Si ces questions sont déjà cruciales dans les pays riches, elles se posent avec encore plus d’acuité dans les pays pauvres.

– Quelle transmission, quels symptômes?

Le virus se transmet essentiellement par voie respiratoire et par contact physique. La transmission par voie respiratoire se fait dans les gouttelettes de salive expulsées par le malade, par exemple quand il tousse. Les scientifiques estiment que cela nécessite une distance de contact rapprochée (environ un mètre).

Pour éviter la contagion, les autorités sanitaires insistent sur l’importance des mesures-barrières: éviter de se serrer la main et de s’embrasser, se laver les mains fréquemment, tousser ou éternuer dans le creux de son coude ou dans un mouchoir jetable, porter un masque si on est malade…

Les symptômes les plus courants « comprennent les troubles respiratoires, de la fièvre, une toux, un essoufflement et des difficultés respiratoires », indique l’OMS. « Dans les cas les plus graves, l’infection peut entraîner une pneumonie, un syndrome respiratoire aigu sévère, une insuffisance rénale, voire la mort ».

Il n’existe ni vaccin ni médicament et la prise en charge consiste à traiter les symptômes. Certains patients se voient malgré tout administrer des antiviraux ou d’autres traitements expérimentaux, dont l’efficacité est en cours d’évaluation.

– Quid des animaux domestiques?

Le cas d’un chien testé « faiblement positif » à Hong-Kong, alors que son maître était lui-même contaminé, a soulevé des questions sur les infections homme-animal.

Mais les scientifiques insistent sur le fait que ce cas est isolé et qu’on ne peut en tirer aucune conclusion.

« Il faut faire la différence entre une vraie infection et le fait de simplement détecter la présence du virus », souligne le Pr Jonathan Ball, de l’université anglaise de Nottingham.

« Cela nécessite d’en savoir plus, mais il ne faut pas paniquer, ajoute-t-il. Je doute que ce chien puisse transmettre le virus à un autre chien ou à un homme, en raison du faible niveau de virus détecté. Le vrai moteur de l’épidémie, c’est la transmission d’humain à humain. »

Pas de femme à la Maison Blanche: l’Amérique s’interroge (encore) sur le sexisme

Avec le départ d’Elizabeth Warren, la dernière femme ayant des chances d’être élue présidente des Etats-Unis quitte une course à la Maison Blanche qui avait pourtant démarré avec une diversité record. Quatre ans après la défaite d’Hillary Clinton, les candidates sont-elles victimes de sexisme aux Etats-Unis?

« Le plus difficile, c’est pour toutes ces petites filles qui vont devoir attendre quatre ans de plus » pour voir une femme à la Maison Blanche, a confié Elizabeth Warren, 70 ans, en annonçant jeudi son retrait de la course à l’investiture démocrate.

Son départ ne laisse plus qu’une femme en lice, la jeune élue Tulsi Gabbard qui n’a fait que de petits scores dans les urnes jusqu’ici, et deux hommes septuagénaires, Joe Biden et Bernie Sanders.

Comme pour les quatre autres femmes qui ont jeté l’éponge mais aussi les hommes, le départ d’Elizabeth Warren s’explique parce qu’elle n’a pas réussi à convaincre les électeurs, notamment en n’ayant pas su trouver sa voie entre l’aile gauche et plus modérée du parti démocrate.

Mais « si vous dites que non, il n’y a pas eu de sexisme, un milliard de femmes vont penser +sur quelle planète vivez-vous?+ », a souligné Elizabeth Warren.

« A-t-elle mené une campagne parfaite? Bien sûr que non », reconnaît Debbie Walsh, directrice du Centre pour les femmes américaines en politique (CAWP).

« Personne ne le fait. Bernie Sanders n’a pas mené une campagne parfaite et Joe Biden n’a certainement pas mené de campagne parfaite. Mais il est difficile d’imaginer qu’un candidat masculin, avec ses compétences, son intelligence, son empathie et sa façon de connecter avec les foules » ne serait pas allé « beaucoup plus loin dans cette élection » que Mme Warren.

« Cela démontre que dans ce pays, les femmes ne sont pas encore sur un pied d’égalité, qu’il y a encore du sexisme, de la misogynie » à l’heure de briguer la plus haute fonction politique, explique-t-elle à l’AFP.

Un biais d’autant plus accentué cette année que les électeurs démocrates ont un grand objectif en tête: battre Donald Trump en novembre.

Or « les femmes et les minorités sont encore perçues comme des choix risqués » pour gagner, regrette Mme Walsh.

Par les hommes, mais surtout par les femmes, d’après un sondage CNN datant de janvier: 20% des femmes interrogées y déclaraient qu’une femme ne pouvait pas gagner la Maison Blanche, contre 9% chez les hommes.

– « Element de misogynie » –

« Il s’agit d’une compétition, vous faites campagne et les gens vous suivent » ou non, « mais je pense vraiment qu’il y a un certain élément de misogynie là-dedans », a réagi la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, jeudi.

« Mais je pense que les Américains sont prêts » à voir une femme présidente, a-t-elle ajouté, en rappelant que Hillary Clinton était arrivée « très près » en novembre 2016.

Battue par Donald Trump, elle avait alors déclaré:

« Je sais que nous n’avons pas encore brisé le plus haut et le plus dur des plafonds de verre, mais un jour, quelqu’un le fera et, espérons-le, plus tôt qu’on ne l’imagine ».

Deux ans plus tard, en 2018, les Américains ont envoyé un nombre record de femmes au Congrès américain, grâce notamment à la mobilisation des électrices.

– « Nous persévérons » –

Une « misogynie » en partie « inconsciente », des « défis » plus grands: d’autres ex-prétendantes à la Maison Blanche, comme la sénatrice Kamala Harris ou l’auteure Marianne Williamson, ont témoigné de leur expérience après le départ d’Elizabeth Warren.

Les candidates sont prises en étau, souligne Debbie Walsh, car elle doivent d’une part davantage démontrer que les hommes qu’elles sont « fortes » et « compétentes » mais, comme dans le cas d’Elizabeth Warren, si « elle souligne ses compétences, on la perçoit comme arrogante ».

Ses attaques virulentes contre le milliardaires Michael Bloomberg lui ont aussi valu d’être qualifiée d' »agressive », un mot rarement attaché à Bernie Sanders pourtant connu pour son ton combatif.

« Elle est méchante et les gens ne l’aiment pas », a affirmé Donald Trump vendredi. Il avait qualifié Hillary Clinton de « teigne » en 2016. Un mot devenu cri de ralliement féministe.

Elizabeth Warren, elle, ne perd pas espoir.

« Cela prendra juste un peu plus de temps avant que nous puissions avoir une femme à la Maison Blanche », a-t-elle déclaré sur MSNBC, sans écarter la possibilité de se représenter.

« Nous ne pouvons pas perdre espoir parce que la seule façon que cela change, c’est de s’y remettre demain et de reprendre le combat. Nous persévérons. »

Coronavirus: un premier cas à l’intérieur du micro-Etat du Vatican

La Cité du Vatican, le plus petit Etat du monde, où réside le pape François, a annoncé vendredi son premier cas de coronavirus.

Il a été détecté dans le modeste centre médical, situé non loin d’une des portes d’accès au territoire de ce micro-Etat, qui accueille en temps normal des habitants, des employés ou des retraités du Vatican, dont des membres du clergé.

Vendredi, il a provisoirement mis fin à toutes les consultations « pour assainir les locaux après la découverte hier d’un cas positif de Covid-19 sur un patient », a annoncé le Saint-Siège.

La Cité du Vatican, en grande partie enserrée derrière des murs élevés de part et d’autre de la place Saint-Pierre, s’étend seulement sur 44 hectares (0,44 km2). Cet insolite Etat ne compte que 450 habitants, dont une centaine de gardes suisses vivant ensemble dans une caserne.

Mais à ses points d’entrée, filtrés par les gardes suisses, passent des milliers de visiteurs internationaux et d’employés du Vatican vivant à Rome, qui se déplacent à pied ou en voiture.

Le centre médical fermé vendredi jouxte un supermarché également réservé aux employés, ainsi qu’une pharmacie accessible à tous les touristes à condition d’avoir une ordonnance en main.

Ces lieux étaient relativement désertés ces derniers jours, tout comme la Basilique Saint-Pierre et les musées du Vatican (qui ont une entrée séparée dans la Cité du Vatican), mais aussi la capitale italienne, submergée par les annulations de séjours.

– « J’ai peur », confie soeur Lucilia –

« J’ai peur parce que c’est une chose nouvelle, il y a beaucoup de cas, beaucoup de morts », a confié à l’AFP soeur Lucilia, une Brésilienne de 41 ans, allée faire ses adieux à la place Saint-Pierre avant de rentrer au pays.

Sara Riveiro, une touriste de Barcelone de 27 ans, balaie en revanche toute inquiétude: « Non je n’ai pas peur, le taux de mortalité est très bas, je suis jeune et en bonne santé ».

Sa concitoyenne Sandra Martinez, une étudiante en histoire de l’art du même âge, s’inquiète davantage. « J’ai des amis qui sont rentrés d’Italie et ont dû rester deux semaines en quarantaine », raconte-t-elle. « J’espère que ça ne va pas m’arriver ! »

Une fois désinfecté, le centre médical sera rouvert au public, a dit à l’AFP le porte-parole du Vatican, Matteo Bruni.

Ce dernier a précisé que « tous les patients passés dans le centre médical » étaient « en train d’être avertis », sans donner d’indications sur l’état du patient testé positif.

Vendredi quelques bureaux de la Secrétairerie d’Etat du Vatican (le gouvernement central) ont aussi été « fermés par précaution », a précisé une source vaticane à l’AFP. Une fois décontaminés, ils ont été rouverts.

– Activité du pape: mesures attendues –

L’Italie est actuellement le deuxième pays pour le nombre des morts provoquées par le coronavirus et le troisième en termes de contaminations.

Cela fait plus d’une semaine que le pape, à la tête des 1,3 milliard de catholiques, n’a pas quitté son lieu de résidence à quelques pas de la basilique Saint-Pierre.

Le Vatican a annoncé jeudi que de nouvelles mesures de précaution relatives à ses activités étaient à l’étude.

Elles pourraient concerner dès dimanche l’Angélus, que François célèbre habituellement d’une fenêtre du Palais apostolique surplombant la place Saint-Pierre, face à la foule massée en contrebas.

Le Vatican n’a pas encore précisé si le pape, âgé de 83 ans, serait tenu à distance de la foule des audiences générales du mercredi.

L’Argentin Jorge Bergoglio est connu pour apprécier les poignées de main et les baisers sur la joue ou le front, ne semblant pas être effrayé pour lui-même par les risques sanitaires ainsi encourus.

Coronavirus: résultats attendus des tests sur un navire de croisière californien

Les autorités sanitaires de Californie attendaient vendredi le résultat des tests réalisés sur des passagers d’un paquebot de croisière soupçonnés d’avoir contracté le coronavirus pour décider si le navire qui croise au large de San Francisco pouvait accoster.

« C’est un gros bateau, nous devons prendre une décision importante », a commenté depuis la Maison Blanche le président américain Donald Trump, en ratifiant la loi votée la veille au Congrès sur un plan d’urgence de 8,3 milliards de dollars pour financer la lutte contre l’épidémie.

Des échantillons ont été prélevés jeudi à bord du Grand Princess sur 45 personnes, passagers et membres d’équipage, a indiqué dans un communiqué jeudi soir la compagnie Princess Cruises, propriétaire du navire.

« Tous les passagers ont été invités à rester dans leur cabine en attendant le résultat des tests » attendu vendredi, a précisé le croisiériste.

Le Grand Princess avait interrompu son circuit à la suite de la découverte de symptômes chez certains de ses 3.533 passagers et membres d’équipage.

Un homme de 71 ans qui voyageait à bord de ce navire durant une précédente croisière est mort du Covid-19 à son retour en Californie. Une soixantaine de touristes ayant participé à la même croisière étaient demeurés à bord pour poursuivre leur circuit.

Pour l’instant, les passagers ne se plaignent pas « même si ça pourrait changer au cas où on reste coincés dans nos cabines pendant trop longtemps », a raconté à l’AFP Carolyn Wright, l’une des passagères.

Cette photographe professionnelle de 63 ans, qui habite au Nouveau-Mexique, a critiqué les médias qui « en font toute une histoire ».

« Il y a eu deux cas (de coronavirus) sur la croisière précédente et ils font comme si tout le monde à bord avait la peste », s’est-elle agacée.

Les autorités californiennes ont refusé que le Grand Princess accoste à San Francisco et le bateau est resté au large en attendant de savoir si des cas de Covid-19 étaient confirmés à bord.

– Le virus « va disparaître » –

Le gouvernement « travaille » avec le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, qui a déclaré l’état d’urgence dans tout l’Etat, a souligné Donald Trump.

Selon Mary Ellen Carroll, responsable des situations de crise pour San Francisco, les autorités fédérales et californiennes devront déterminer le meilleur endroit possible pour faire accoster le Grand Princess, à San Francisco ou ailleurs.

La compagnie Princess Cruises possède également le Diamond Princess, qui avait été placé en quarantaine en février au Japon avec plus de 700 contaminations, dont six mortelles.

Comme les autorités l’avaient annoncé, le coronavirus continue à se propager dans le pays, au Texas, dans le Nevada, dans le Colorado et dans le Maryland, aux portes de la capitale fédérale Washington, jusqu’à présent encore épargnée officiellement.

Au total, plus de 200 personnes ont été contaminées aux Etats-Unis et au moins 12 sont décédées dont onze dans le seul Etat de Washington (nord-ouest), selon un bilan établi par l’AFP à partir des chiffres officiels.

« Il y a peu de cas » par rapport à d’autres grands pays touchés par l’épidémie, a expliqué Donald Trump, demandant à la population de « rester calme » face au coronavirus. « Il va disparaître », a-t-il assuré.

Le président devrait se rendre dans un centre de prévention et de contrôle des maladies (CDC) à Atlanta vendredi, après avoir annulé sa visite en raison d’un cas suspect de coronavirus au sein du personnel du centre, qui s’est révélé négatif.

En Russie, de nouveaux partis accusés de faire le jeu du Kremlin

Adieu les jeux vidéo! Viatcheslav Makarov, cofondateur du célèbre « World of Tanks », se lance en politique. Mais certains en Russie soupçonnent la création du parti de ce « geek » d’être une ruse visant à protéger la majorité au pouvoir.

L’hypothèse est née dès l’annonce, début janvier, de la création du parti « Démocratie directe », qui organisait jeudi un premier congrès en marge d’une conférence sur les technologies numériques à Moscou.

Invitée surprise: Maria Boutina, une jeune Russe emprisonnée 18 mois aux Etats-Unis pour avoir tenté d’infiltrer les milieux politiques.

« Chaque Russe doit connaître l’art du hacking pour se protéger des menaces étrangères », a affirmé celle qui a désormais une émission sur la chaîne pro-Kremlin RT. « Et Dieu soit loué, ce parti compte des spécialistes des technologies informatiques ».

Pour s’y consacrer, Viatcheslav Makarov, 40 ans, a quitté l’entreprise Wargaming, fondée au Bélarus et à l’origine du populaire jeu de guerre « World of Tanks ».

« Le Kremlin est une barrière que nous essayons d’éviter mais pas de faire tomber », a-t-il dit à l’AFP. Reconnaissant des contacts au sein de la présidence, il s’est défendu d’être « un projet du pouvoir » et affirme financer le parti avec sa propre fortune.

Ces derniers mois, plusieurs partis ciblant chacun un public précis ont été lancés en Russie, avec dans le viseur les élections régionales de septembre, puis les législatives de 2021.

L’un des plus remarqués, « Pour la Vérité », est dirigé par l’écrivain nationaliste Zakhar Prilépine, qui a combattu parmi les séparatistes pro-russes de l’est de l’Ukraine. Lui aussi nie avoir créé sa formation à la demande des autorités mais compte parmi ses sympathisants l’acteur américain Steven Seagal, grand fan de Vladimir Poutine.

Ont aussi vu le jour depuis le début de l’année le parti écologiste « Alternative verte », « Une vie digne » tourné vers la jeunesse, ou le parti pro-business « Nouvelles personnes ». Au total, 39 partis ont été créés en 2019, selon les autorités, dont 17 lors du dernier trimestre.

– « Illusion de concurrence » –

Le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, n’a pas cette chance: son équipe tente en vain depuis sept ans d’enregistrer son parti alors que son Fonds de lutte contre la corruption (FBK) est actuellement visé par une enquête pour « blanchiment ».

De l’avis des experts, il est peu probable que l’absence de Navalny soit compensée par un de ces nouveaux partis.

« Leur but est de donner l’illusion d’une concurrence politique, d’attirer de nouveaux électeurs et de neutraliser une opposition plus dangereuse », explique à l’AFP la politologue russe Ekaterina Schulmann.

Leurs chances d’atteindre les 5% nécessaires pour entrer au Parlement sont quasi nulles, mais leurs voix, tout en dopant la participation, n’iront pas à d’autres formations pouvant capitaliser sur le mécontentement des Russes, comme le Parti communiste ou celui du nationaliste Vladimir Jirinovski.

« L’objectif est vraiment de minimiser les risques de baisse de popularité du parti au pouvoir Russie Unie », souligne l’experte Tatiana Stanovaïa, du centre de réflexion R. Politik.

Le parti présidentiel connaît une sérieuse désaffection sur fond de stagnation économique. Il plafonne à 32,7% des intentions de vote, loin des 54% obtenus aux législatives de 2016, selon l’institut public de sondages Vtsiom.

– Chanteur de rock –

Outre ces nouveaux partis, une entrée en politique a été très commentée: celle de Sergueï Chnourov, leader du groupe de rock Leningrad, immensément populaire en Russie.

« Avec moi ce sera clairement plus joyeux », a-t-il lancé après avoir rejoint le « Parti de la croissance », dirigé par le représentant du Kremlin auprès des entrepreneurs, Boris Titov.

Jusque-là poil à gratter des autorités, volontiers moqueur, le chanteur a pris soin de supprimer sur les réseaux sociaux plusieurs messages critiquant la politique des autorités.

Pour Tatiana Stonovaïa, ce ralliement s’inscrit dans un contexte de « dépolitisation » : « On voit cela en Europe, la crise des partis traditionnels, l’idée de miser sur des gens sans lien avec la politique ».

« Ce n’est pas une tentative de parler de l’avenir du pays, mais plutôt une volonté d’éviter les vrais problèmes », ajoute la politologue.

Même en l’absence de programmes sérieux, reste une possibilité, ajoute Ekaterina Schulmann: celle que ces partis réalisent une percée électorale et perturbent le très rodé jeu politique russe.

« Comme la confiance envers les partis existants baisse, des entités politiques pensées comme des +parasites+ peuvent avoir plus de succès qu’attendu », dit-elle.

Turquie-Grèce: heurts frontaliers, l’UE cherche à dissuader les migrants

De nouveaux heurts ont brièvement éclaté vendredi à la frontière gréco-turque entre policiers grecs tirant des grenades lacrymogènes et des migrants lançant des pierres, au moment où l’Union européenne a averti les réfugiés que ses portes leur étaient fermées.

Après ces échauffourées, des centaines de migrants se sont massés devant le poste-frontière de Pazarkule (appelé Kastanies, côté grec), scandant « liberté », « paix » et « ouvrez les portes ! », selon un photographe de l’AFP.

Certains brandissaient au-dessus des barbelés des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Nous voulons vivre en paix ».

« Nous voulons simplement une meilleure vie, une situation meilleure, vivre en liberté », explique à l’AFP Amir Massoud, un Iranien, masque sanitaire sur le visage pour se protéger du gaz lacrymogène.

Après l’annonce le 28 février par le président turc Recep Tayyip Erdogan de l’ouverture de ses frontières vers l’UE, plusieurs milliers de migrants se sont dirigés vers la Grèce, réveillant en Europe le souvenir de la crise migratoire de 2015.

L’Union européenne a vivement dénoncé un « chantage » aux migrants au moment où Ankara réclame un appui occidental en Syrie, pays où la Turquie mène une opération militaire et est confrontée à un afflux de déplacés vers sa frontière.

L’UE a adressé vendredi un message aux migrants visant à les dissuader de se rendre à la frontière turco-grecque.

« Je veux envoyer un message clair: n’allez pas à la frontière. La frontière n’est pas ouverte », a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, après une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres à Zagreb.

– Condamnations à Lesbos –

Les autorités grecques ont accusé vendredi les forces turques de tirer des grenades lacrymogènes et des fumigènes du côté grec de la frontière. « Il y a eu des attaques coordonnées ce matin », a déclaré un responsable grec.

Selon Athènes, les autorités turques distribuent en outre du matériel pour découper les grillages empêchant les migrants de passer du côté grec.

Face à cette frontière terrestre fermée à double tour, plusieurs centaines de migrants ont réussi a gagner les îles égéennes en prenant la mer depuis la semaine dernière.

Dans un contexte déjà particulièrement tendu ces dernières semaines, où les habitants des îles s’opposent à la construction de nouveaux camps de rétention, les nouvelles arrivées ont suscité une explosion de colère à l’encontre des travailleurs humanitaires et des journalistes en particulier.

A Lesbos, deux habitants ont été condamnés vendredi à trois mois de prison avec sursis pour des violences commises le week-end dernier.

Alors que des milliers de migrants sont désormais bloqués à la frontière gréco-turque, des campements de fortune se sont formés du côté turc.

De nombreux migrants dorment à l’air libre malgré le froid. Les plus chanceux, souvent des familles avec enfants, ont confectionné des tentes avec des bâches, dont ils émergent chaque matin le visage exténué.

– Exploités –

Certains d’entre eux exprimaient vendredi leur frustration croissante contre Ankara, estimant avoir été dupés par des autorités turques leur ayant fait croire qu’ils pourraient aisément franchir la frontière.

« On nous a dit: +Soit vous traversez illégalement, soit vous partez d’ici+. Mais nous ne sommes pas venus pour franchir la frontière illégalement », dit à l’AFP Sina, un Iranien. « Nous sommes ici parce que la Turquie nous a autorisés à venir ».

Des autocars garés non loin du poste frontalier de Pazarkule proposaient vendredi d’emmener des migrants vers le fleuve Meriç (Evros, en grec), qui sépare la Turquie et la Grèce.

Toute un système d’exploitation des migrants s’est par ailleurs développé, des vendeurs ambulants turcs écoulant à des prix décuplés des bouteilles d’eau, de la nourriture ou du matériel pour fabriquer des abris.

Un homme vendait ainsi cinq mètres de film plastique étirable pour 200 livres turques (30 euros), contre quelques dizaines de livres dans le marché. Autour de lui, des migrants afghans, pakistanais ou d’autres nationalités se pressaient, billets à la main.

Les nouveaux heurts interviennent au lendemain de la signature, à Moscou, d’un accord de cessez-le-feu dans la région d’Idleb (nord-ouest de la Syrie) entre M. Erdogan et le président russe Vladimir Poutine.

Un responsable de la présidence turque a déclaré à l’agence de presse étatique Anadolu que ce cessez-le-feu ne signifiait pas qu’Ankara allait fermer ses frontières avec l’Europe.

burs-gkg/ezz/ayv