La vie brisée des femmes stérilisées à leur insu en Afrique du Sud

La terre s’est dérobée sous ses pieds il y a quatre ans, le jour où Bongekile Msibi, mère sud-africaine d’une adolescente de 15 ans, a appris la raison pour laquelle elle n’arrivait pas à avoir un deuxième enfant: elle n’avait plus d’utérus.

« Je ne comprenais pas ce que le médecin disait », se rappelle la mère de 32 ans, tentant de retenir ses larmes. « Comment était-ce possible ? J’avais un enfant, cela voulait dire que j’avais un utérus. »

Bongekile Msibi s’est alors lancée corps et âme dans une enquête pour comprendre l’inconcevable.

Ses investigations l’ont conduite naturellement à l’hôpital Chris Hani Baragwanath, un immense établissement public de Johannesburg où elle a donné naissance à sa fille en 2005.

Là, en 2016, un obstétricien lui a expliqué nonchalamment que son utérus avait été enlevé dans la foulée de son accouchement.

Bongekile Msibi fait partie des 48 femmes victimes de stérilisation forcée entre 2002 et 2015 en Afrique du Sud, selon une enquête publiée fin février.

Dans ce rapport accablant, la Commission pour l’égalité des sexes en Afrique du Sud (CGE) dénonce le « traitement cruel, barbare ou inhumain et dégradant » infligé à des femmes, toutes noires, au moment de leur accouchement par césarienne dans des hôpitaux publics du pays.

– « Ils se prennaient pour Dieu » –

La plupart étaient séropositives. Pas Bongekile Msibi. Mais elle avait 17 ans au moment de la naissance de son unique fille. Mineure, donc vulnérable.

Des personnels de santé « ont profité de la situation, ils se prennaient pour Dieu », dénonce la jeune femme dans un entretien accordé à l’AFP. « Ils se croyaient habilités à faire ce que bon leur semble, au moment où (…) on était allongée inerte ».

En 2016, l’obstétricien lui a affirmé que la stérilisation avait été décidée pour lui sauver la vie. Bongekile Msibi n’y croit pas.

Les lois sud-africaines interdisent la stérilisation de force, mais les médecins n’ont pas besoin de consentement du patient quand sa vie est en danger.

Dans la plupart des cas recensés par la CGE, raconte Tamara Mathebula, à la tête de cette commission, les professionnels de santé ont expliqué à leurs patientes que l’opération était nécessaire « parce que vous êtes séropositive, parce que vous avez la tuberculose, parce qu’on pense que vous avez trop d’enfants… et regardez-vous, vous êtes pauvre, on ne peut pas vous laisser continuer ».

Mais « ce ne sont pas des raisons pour (…) ligaturer des trompes ou enlever l’utérus », s’offusque Tamara Mathebula.

Des femmes auraient également été menacées de ne pas être soignées si elles ne signaient pas les documents autorisant l’opération irréversible, d’autres ont été contraintes de les signer dans des moments d' »extrême douleur », selon la CGE.

Mais pour Bongekile Msibi, il n’y a pas eu de consentement signé en 2005.

– Mutilée –

Déterminée à faire la lumière sur son infertilité, la consultante a engagé une longue bataille: elle a écrit aux autorités sanitaires, à des responsables politiques et organisé un sit-in.

Les autorités « manquent d’empathie. Elles sont totalement insensibles. Elles se comportent comme si elles venaient d’enlever un ongle et qu’il allait repousser », estime Bongekile Msibi, depuis son salon coquet d’une banlieue de Johannesburg.

« Je ne peux pas simplement m’asseoir et accepter de ne pas avoir d’utérus. Je ne sais même pas pourquoi », ajoute-t-elle, « j’ai ce sentiment de ne pas être entière ».

Après la publication du rapport de la CGE, le ministère de la Santé a accepté de rencontrer prochainement les plaignantes. Maigre consolation pour les victimes.

Sur ce sujet sensible, le ministère est peu loquace. « On attend une réponse de la CGE en vue d’un communiqué conjoint », balbutie sa porte-parole, Lwazi Manzi.

Les femmes stérilisées de force galèrent dans leur vie privée. Certaines ont été « abandonnées par leur mari car elles n’étaient plus utiles en termes de reproduction », explique Tamara Mathebula.

Peu après la découverte de son infertilité, Bongekile Msibi et son partenaire se sont séparés. « Il voulait des enfants, raconte la jeune femme. Je ne pouvais pas lui en donner ».

Le Michigan aux urnes, Biden espère creuser l’écart sur Sanders

Plusieurs millions d’Américains étaient appelés aux urnes mardi dans le Michigan et cinq autres Etats pour un nouveau rendez-vous des primaires démocrates qui pourrait permettre à Joe Bien de prendre un avantage décisif sur Bernie Sanders.

« Cela va être une MAUVAISE journée pour Bernie-le-dingue », a prédit Donald Trump qui suit avec attention, tweets moqueurs à l’appui, le processus qui désignera son adversaire pour l’élection du 3 novembre.

Fort de son spectaculaire rebond il y a une semaine et de sondages flatteurs, Joe Biden, 77 ans, ancien vice-président de Barack Obama, espère creuser son avance face au sénateur du Vermont, âgé lui de 78 ans.

Si son élan se concrétise, les primaires démocrates, largement éclipsées par l’épidémie du coronavirus, pourraient se décanter très rapidement.

Idaho, Mississippi, Missouri, Dakota du Nord, Washington: cinq autres Etats sont appelés aux urnes mais tous les yeux sont rivés vers le Michigan où Bernie Sanders où avait créé la surprise face à Hillary Clinton lors des primaires de 2016.

Au-delà des 125 délégués en jeu, le résultat dans cet Etat industriel de la région des Grands Lacs aura une forte dimension symbolique.

Si Bernie Sanders, qui prône une « révolution politique », parvient à renouveler l’exploit, il peut espérer se relancer. Mais si, comme le prédisent les sondages, il est vaincu dans cet Etat, il pourrait devoir dire adieu à ses rêves de Maison Blanche.

A Detroit, plus grande ville du Michigan, nombre d’électeurs avaient bravé le froid et la nuit pour se rendre tôt aux urnes lors de ce « Mini Tuesday », comme l’ont qualifié des médias américains en référence au « Super Tuesday » du 3 mars.

Cecilia Covington, artiste de 61 ans, première à voter dans l’école primaire de Chrysler, dans le centre de la ville, affichait un soutien sans faille à Biden.

« Nous devons chasser le 45e (président) du pouvoir », explique-t-elle à l’AFP, évoquant Donald Trump. « Je pense que Biden porte une vision et une promesse de rassemblement », ajoute-t-elle, se disant convaincue qu’il est le mieux placé dans le camp démocrate pour battre le milliardaire républicain.

– « Nouvelle génération de dirigeants » –

A l’exception d’Elizabeth Warren qui n’a pas fait connaître sa préférence, les anciens grands candidats se sont ralliés à l’ancien vice-président: Michael Bloomberg, Pete Buttigieg, Amy Klobuchar, Kamala Harris et Cory Booker.

Tous jugent qu’il est le plus à même de battre Donald Trump et appellent les démocrates au « rassemblement » pour éviter que le milliardaire républicain n’emporte un second mandat de quatre ans.

Le programme de gauche de Bernie Sanders, sur l’assurance maladie ou la gratuité des études, est perçu comme « révolutionnaire » aux Etats-Unis et l’establishment démocrate craint qu’il n’effraie les électeurs centristes.

A la veille du scrutin, « Bernie » et « Joe » ont sillonné le Michigan s’attachant à marquer leurs différences mais se gardant d’attaques trop frontales. L’un et l’autre se sont engagés à soutenir le vainqueur de la compétition contre Donald Trump, cible de leurs principales piques.

Conscient que son âge pouvait être un handicap, même si son adversaire est plus âgé que lui, Joe Biden s’est présenté comme un « pont » vers une nouvelle génération de dirigeants démocrates.

« Il y a une nouvelle génération de leaders que vous voyez derrière moi. Ils sont l’avenir de ce pays », a-t-il lancé en présence de Kamala Harris, Cory Booker et Gretchen Whitmer, la gouverneure du Michigan qui lui a apporté son soutien.

De son côté, Bernie Sanders, qui l’a remporté dans cet Etat face à Hillary Clinton lors de la primaire de 2016, a participé à une table-ronde sur le nouveau coronavirus, qui a contaminé plus de 600 personnes et fait au moins 26 morts aux Etats-Unis.

Epinglant les déclarations selon lui « stupides » du président sur le virus, il en a profité pour vanter ses promesses d’assurance maladie universelle qui donnerait à chaque Américain « un droit à la santé ».

Depuis le début de cette crise sanitaire, des écoles ont été fermées et de nombreux Américains placés en quarantaine, mais la campagne présidentielle n’a pas été affectée.

bur-jca/leo

Pakistan : « attaques coordonnées » contre la marche des femmes d’Islamabad, dénoncent ses organisatrices

Les organisatrices de la journée internationale des femmes d’Islamabad ont dénoncé mardi des « attaques coordonnées » d’islamistes contre la manifestation dimanche dans la capitale pakistanaise, qui avait été visée par des pierres, briques et autres bâtons.

« C’était une attaque coordonnée des forces patriarcales et de la droite (religieuse) contre le mouvement des femmes », a lancé Ismat Shahjahan, l’une des organisatrices de l’événement, lors d’une conférence de presse. « Nous demandons une enquête judiciaire indépendante », a-t-elle poursuivi.

La police d’Islamabad a ouvert dimanche soir une enquête contre 35 suspects, dont les organisateurs d’une contre-manifestation islamiste, pour avoir stimulé « les sentiments religieux » de leurs partisans afin qu’ils attaquent les participants de la Journée de la femme.

Ses organisatrices estiment toutefois que la police a volontairement minimisé la gravité de l’attaque qu’elles ont subi et minoré les chefs d’accusations retenus contre les suspects.

Une fine clôture, protégée par un mince cordon policier, avait été installée entre les deux rassemblements. D’un côté, de nombreux hommes et quelques femmes voilées proclamant leur « liberté de vivre selon la charia ».

De l’autre, une manifestation mixte et colorée réclamant plus de droits pour les femmes, dans un pays où les violences à leur encontre sont multiples. Les violences étaient survenues après plusieurs heures de coexistence de ces manifestations.

Les femmes se battent depuis des décennies pour leurs droits les plus élémentaires au Pakistan, où les violences commises contre elles sont « omniprésentes et insolubles », selon la Commission nationale des droits de l’homme.

Une grande partie de la société vit sous un code patriarcal permettant l’oppression des femmes qui tentent de s’en affranchir, en choisissant par exemple leur mari ou en travaillant hors de la maison.

Des centaines de Pakistanaises sont ainsi tuées chaque année, souvent par des proches, pour avoir insulté leur « honneur », selon des organisations de défense des droits de l’Homme.

Les opposants aux marches des femmes avaient tenté de les faire interdire, en vain, par la justice, à Islamabad et Lahore, la grande ville de l’Est, où des centaines d’entre elles se sont rassemblées dimanche.

Coronavirus: Trump veut soutenir l’économie et sauver sa campagne

Donald Trump veut rapidement déployer une série de mesures pour soutenir une économie menacée par les conséquences de l’épidémie du nouveau coronavirus et tenter ainsi de préserver l’un de ses principaux arguments de campagne dans la course à la Maison Blanche.

Ces mesures, censées être annoncées mardi, devraient viser les entreprises mais aussi les ménages. Elles seront « majeures » et « de grande ampleur », avait promis lundi le président américain, qui brigue un deuxième mandat à la tête de la première économie du monde.

Il avait alors évoqué des coupes dans les taxes salariales et une aide aux personnes payées à l’heure, reconnaissant que « le monde a été pris de court » par le coronavirus.

Sa fille et conseillère, Ivanka Trump, a dit mardi matin, sur son compte Twitter, que Donald Trump « s’engage à soutenir les travailleurs payés à l’heure et à rendre des prêts de crise accessibles aux petites entreprises. Une baisse des charges sociales est également sur la table ».

Beaucoup d’Américains ne pourront financièrement pas se permettre de cesser de travailler lors d’une éventuelle quarantaine, vu le peu de jours maladie dont ils disposent chaque année. Beaucoup de travailleurs sont par ailleurs payés à l’heure.

Le président américain « utilisera tous les outils à sa disposition pour protéger le travailleur américain », a souligné Ivanka Trump.

Le principal conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow, avait indiqué vendredi que l’administration envisageait des mesures de relance « ciblées » pour aider les entreprises et les personnes les plus touchées, y compris celles qui seraient placées en quarantaine. Distribuer « un millier de dollars à tout le monde » n’aurait en revanche selon lui « pas d’effet à long terme sur la croissance économique ».

« Une réponse budgétaire est la plus appropriée face à la propagation du virus », a commenté pour l’AFP Rubeela Farooqi, chef économiste chez High Frequency Economics (HFE).

Pour elle, l’administration Trump peut envisager « des arrêts maladie payés ainsi qu’une réduction temporaire des charges sociales. Je pense également qu’il est d’important d’offrir un soutien ciblé aux petites entreprises » qui peuvent être « particulièrement vulnérables ».

– Mesures parlementaires –

Donald Trump a de nouveau tempêté mardi matin contre une Réserve fédérale qu’il juge « minable et lente », l’appelant à une nouvelle baisse des taux. La Fed a abaissé la semaine dernière ses taux en urgence, les maintenant toutefois plus élevés que ceux des autres pays, notamment européens.

Il doit par ailleurs recevoir mercredi à la Maison Blanche les patrons des principales grandes banques américaines, selon des sources bancaires à l’AFP.

L’épidémie de Covid-19 a fait plonger les marchés, Wall Street enregistrant lundi sa plus lourde dégringolade sur une séance en plus de 11 ans.

Mais démocrates et républicains devront arriver à se mettre d’accord, alors que les mesures présentées par le président devront être validées par le Congrès pour être adoptées, et que le temps presse.

La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a reconnu lundi soir que « de nouvelles mesures parlementaires (allaient) vite devenir nécessaires ».

Mais « compte tenu des informations selon lesquelles l’administration Trump envisage de nouvelles réductions d’impôts pour les grandes entreprises touchées par le coronavirus », elle a réitéré son appel à « prioriser la santé et la sécurité des travailleurs Américains sur les intérêts des entreprises ».

La dernière crise économique d’ampleur remonte à 2007, lorsque la bulle immobilière avait éclaté, entraînant les Etats-Unis dans une année et demi de récession, jusqu’en juillet 2009.

Le président George W. Bush avait alors annoncé un plan de relance de 152 milliards de dollars, pour favoriser la croissance et aider les ménages surendettés, via notamment l’envoi d’un chèque à 130 millions de ménages pour stimuler rapidement la consommation, mais les récipiendaires avaient préféré rembourser leurs dettes.

Un plan de sauvetage de la finance doté de 700 milliards de dollars avait été adopté en octobre 2008.

Et moins d’un mois après son arrivée à la Maison Blanche en janvier 2009, Barack Obama avait lancé un nouveau plan de relance de 787 milliards de dollars, axé sur la consommation et l’immobilier, constitué d’allégements fiscaux et de dépenses publique.

Chute des cours du pétrole: pour l’Algérie, « la situation est critique », estime un expert

L’effondrement des cours du pétrole rend la situation « critique » pour l’Algérie en raison de sa dépendance à la rente pétrolière, avertit le professeur Mourad Preure, un spécialiste algérien des hydrocarbures et ancien dirigeant du groupe public pétrolier Sonatrach.

Pour ce géopoliticien de l’énergie, la chute des prix de l’or noir rend « envisageables » les scénarios « les plus pessimistes » pour l’économie mondiale.

Q: Quel impact attendre de la chute des prix du pétrole sur l’économie algérienne?

R: « L’Algérie est excessivement exposée aux fluctuations du marché pétrolier du fait de la faible diversification de son économie.

L’impact sera très fort avec des recettes d’hydrocarbures déjà en deçà des besoins. Selon toute vraisemblance, ces recettes en 2020 vont se situer dans un créneau entre 34 milliards de dollars, soit leur niveau actuel, et plus ou moins 20 milliards de dollars, selon les évolutions possibles de la crise.

Dans tous les cas, la situation est critique. Elle impose, d’abord, un effort rigoureux d’anticipation des menaces mais aussi des opportunités, car toute crise recèle des opportunités ».

Q: Quelles sont ces opportunités et les solutions possibles pour l’Algérie?

R: « Il est clair que, parmi les priorités, figurent une puissante accélération des réformes économiques, une profonde modernisation de la gouvernance et une amélioration du climat des affaires.

L’Algérie, toutes proportions gardées, a les moyens, notamment financiers, et des avantages comparatifs naturels, pour surmonter cette crise.

Mais il lui faut une stratégie novatrice: diversifier l’économie et aller vers la transition énergétique ».

Q: Quelles sont les probabilités que l’effondrement des cours persiste, soit du fait de la crise du coronavirus, soit de la volonté de certains producteurs de dicter les règles du marché?

R: « Nous sommes face à un véritable choc baissier, plus grave encore qu’en 2014.

Ce choc survient dans un contexte exceptionnel. L’économie chinoise subit un sévère ralentissement qui a un effet déflagrant sur l’industrie pétrolière mondiale.

Dans ce contexte, où il y a une surabondance de l’offre (de pétrole) et où la demande ralentit, les scénarios les plus pessimistes sont envisageables.

Une diffusion plus large de l’épidémie pourrait même conduire à +un collapsus+ de l’économie mondiale. Nous sommes dans une situation de grande imprévisibilité.

De fait, le « consensus d’Alger » qui avait réuni en 2016 les pays de l’Opep et des pays non Opep, avec à leur tête la Russie, n’a pas résisté à cette crise.

En effet, le partage des sacrifices consécutifs à une baisse de la production pour soutenir les prix est différent, vu le niveau de vulnérabilité plus fort de l’Arabie saoudite et des autres membres de l’Opep par rapport à la Russie, dont l’économie est plus diversifiée et qui peut se suffire d’un baril à 42,4 dollars (ndlr: Moscou a basé ses prévisions budgétaires 2020 sur un baril de Brent à 42,4 dollars).

La guerre des prix engagée inconsidérément par l’Arabie Saoudite, comme chaque fois dans l’histoire, se conclura encore par un affaiblissement des pays producteurs. Et des niveaux de prix en dessous de 30 dollars le baril ne sont plus à exclure.

Certes, on peut anticiper un retour de la Russie à la table des négociations et un ralentissement de la production américaine. Mais les incertitudes, excessivement fortes, quant à l’évolution de l’économie mondiale, orientent les marchés qui tendent à surréagir aux crises, entraînant un +effet papillon+, vers un enchaînement chaotique qui risque fort d’être inédit dans l’Histoire ».

Burundi: six candidatures retenues pour la présidentielle de mai

La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) du Burundi a validé six candidatures à l’élection présidentielle du 20 mai et en a rejeté quatre autres pour « dossiers incomplets », a annoncé mardi son président.

« Au total, dix candidats ont présenté des dossiers de candidature à l’élection présidentielle. (Ils) ont été soumis à une analyse approfondie sur la base principalement de la Constitution et du code électoral », a déclaré à Bujumbura le président de la Ceni, Pierre-Claver Kazihise.

Six candidats ont vu leurs « dossiers acceptés », a ajouté M. Kazihise. Parmi eux, se trouvent le général Evariste Ndayishimiye, candidat du parti CNDD-FDD au pouvoir, et Agathon Rwasa, candidat du Conseil national pour la liberté (CNL), le principal parti d’opposition.

Les candidatures de l’actuel premier vice-président Gaston Sindimwo, du parti Uprona dominé par la minorité tutsi, et de Léonce Ngendakumana, du Frodebu, le parti ayant remporté les premières élections démocratiques au Burundi en 1993, ont également été retenues.

Enfin, la Ceni a validé les candidatures de deux indépendants, Francis Rohero et Dieudonné Nahimana.

La commission n’a pas donné la raison du rejet des dossiers de l’ancien président de transition Domitien Ndayizeye, présenté par la coalition d’opposition Kira, de Jacques Bigirimana, candidat du parti FNL proche du pouvoir, d’Anicet Niyonkuru, candidat du parti d’opposition CPD récemment rentré d’exil, et de Valentin Kavakure, jeune candidat du petit parti FPN.

Ces quatre personnalités ont toutefois deux jours pour faire appel devant la Cour constitutionnelle. Le CDP d’Anicet Niyonkuru a déjà annoncé son intention de déposer ce recours.

La campagne pour la présidentielle aura lieu du 27 avril au 17 mai, selon un calendrier publié par la Ceni.

Le président Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, avait surpris en annonçant en juin 2018 qu’il ne se présenterait pas à sa succession en 2020, alors que la nouvelle Constitution modifiée par référendum le lui permettait.

L’annonce en avril 2015 de sa candidature à un troisième mandat avait plongé le Burundi dans un cycle de violences et de violations massives des droits humains qui ont fait 1.200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes, selon les estimations de la Cour pénale internationale, laquelle a ouvert une enquête.

Israël: un tribunal rejette la demande de report du procès de Netanyahu

Un tribunal a rejeté mardi la demande de report du procès pour corruption de Benjamin Netanyahu, dont l’ouverture est prévue le 17 mars, date limite à laquelle le président israélien doit désigner la personne chargée de former un gouvernement.

Les avocats de M. Netanyahu, Premier ministre qui a clamé avoir remporté « la plus grande victoire » de sa carrière lors des législatives du 2 mars, avaient envoyé lundi une lettre au tribunal de Jérusalem pour demander un report de 45 jours de l’ouverture du procès. Ils avaient affirmé ne pas avoir reçu « l’ensemble des pièces du dossier collectées durant l’enquête ».

Mais le tribunal a estimé qu’il n’y avaient pas de motifs suffisants justifiant un report.

« L’audience à venir est réservée à la lecture seulement » des chefs d’accusation, indique la décision de justice consultée par l’AFP.

« Une réponse de l’accusé aux charges (qui pèsent contre lui) n’est pas nécessaire à ce stade », ajoute le document.

Benjamin Netanyahu, seul chef du gouvernement dans l’histoire d’Israël à être inculpé en cours de mandat, est poursuivi pour corruption, malversation et abus de confiance dans trois affaires.

M. Netanyahu clame son innocence et se dit victime d’une « chasse aux sorcières » des services du ministère public et des médias.

Le procès doit s’ouvrir alors que Benjamin Netanyahu, au pouvoir sans discontinuer depuis une décennie, et ses alliés de droite tentent de former un gouvernement face à une opposition farouche, après les élections du 2 mars, les troisièmes en moins d’un an.

A l’issue du scrutin, ni M. Netanyahu ni son principal rival, le centriste Benny Gantz, ne sont parvenus à obtenir l’appui de 61 parlementaires, seuil requis pour former un gouvernement.

Des députés envisagent actuellement de proposer une loi qui permettrait d’empêcher toute personne inculpée de former un gouvernement.

Afrique du Sud: victoire du président Ramaphosa contre la cheffe de la lutte anti-corruption

La justice sud-africaine a tranché mardi en faveur du président Cyril Ramaphosa une controverse sur le financement de sa campagne pour la direction de son parti, estimant qu’il n’avait pas tenté de cacher au Parlement un don électoral.

Dans un rapport publié en 2019, la médiatrice de la République Busisiwe Mkhwebane, chargée de la lutte contre la corruption, avait accusé M. Ramaphosa d’avoir menti sur le financement de sa campagne de 2017 pour la présidence de son parti, le Congrès national africain (ANC).

Ce document était accablant pour Cyril Ramaphosa, qui s’est fait le chantre de la lutte contre la corruption. Mme Mkhwebane l’y avait accusé d’avoir trompé les députés de façon « délibérée » sur un don de 500.000 rands (environ 27.000 euros) de la part d’un groupe industriel sulfureux.

Interpellé par des députés, le chef de l’Etat avait initialement répondu que cette somme avait été versée à son fils Andile, consultant pour l’entreprise en question, Bosasa.

Puis il avait fait marche arrière en affirmant qu’il s’agissait d’un don électoral fait, selon lui, à son insu. Il avait plaidé la bonne foi, assurant qu’il ne disposait pas des bonnes informations lorsqu’il avait répondu à la question au Parlement.

Mardi, la Haute Cour de Pretoria lui a donné raison.

« Les conclusions » de la médiatrice selon lesquelles « le président n’aurait pas révélé des dons » pour sa campagne « sont irrationnelles », a déclaré le juge Elias Matojane.

Le magistrat a également rejeté les soupçons de « blanchiment d’argent » et d' »enrichissement personnel » du chef de l’Etat avancés par la médiatrice, estimant qu’il n’y avait « rien » pour les étayer.

Le président Ramaphosa a « salué » le jugement, réaffirmant son « engagement pour un gouvernement honnête ».

Cyril Ramaphosa a décroché la présidence de l’ANC en décembre 2017 puis pris les rênes du pays en février 2018 après la démission de Jacob Zuma, mis en cause dans des scandales politico-financiers.

Dans son jugement cinglant pour la médiatrice, la Haute Cour de Pretoria a estimé que Busisiwe Mkhwebane, réputée proche de Jacob Zuma, avait « fait preuve d’un manque complet de connaissances de base du droit ».

Mme Mkhwebane, dont la justice a déjà annulé plusieurs rapports, est sous le coup d’une procédure parlementaire visant à mettre fin à son mandat, qui expire en 2023.

Un an après, le Mozambique toujours affecté par les effets du cyclone Idai

Près de 100.000 personnes sinistrées lors du passage du cyclone Idai sur le Mozambique, le Zimbabwe et le Malawi continuent à vivre dans des abris de fortune un an après la catastrophe, ont déploré mardi plusieurs ONG.

Le 14 mars 2019, la tempête tropicale Idai a frappé de plein fouet la deuxième ville du Mozambique, Beira (centre), et ses 500.000 habitants puis a poursuivi sa route vers l’intérieur des terres au Zimbabwe et au Malawi voisins.

Son passage a fait officiellement plus d’un millier de morts, quelque 3 millions de sinistrés et causé d’énormes dégâts, aussi bien à l’habitat qu’aux cultures et réserves alimentaires.

Un an plus tard, Care International, Oxfam et Save the Children ont déploré que, faute d’un engagement financier suffisant de la part des donateurs internationaux, les populations sinistrées restaient dans une situation très précaire.

« En pleine crise climatique, gouvernements et humanitaires se battent encore pour obtenir les ressources nécessaires au rétablissement de la situation et à la reconstruction », a déclaré la responsable d’Oxfam au Mozambique, Rotafina Donco.

Trois mois après le passage d’Idai, l’ONU avait estimé à 3,2 milliards de dollars le montant de l’enveloppe nécessaire aux travaux de reconstruction au seul Mozambique. Le montant des promesses d’aide des donateurs internationaux n’avait alors atteint que 1,2 milliard de dollars.

Depuis plusieurs saisons, toute l’Afrique australe souffre de graves épisodes de sécheresse auxquels succèdent des inondations et des tempêtes d’une ampleur inédite, attribuée par les experts au réchauffement climatique.

Selon l’ONU, quelque 45 millions d’habitants de la pointe sud du continent sont aujourd’hui menacés par la famine.

« Les personnes et les pays les plus vulnérables souffrent tandis que le monde attend des principaux pollueurs qu’ils prennent leur juste part pour réduire les émissions de carbone de moitié d’ici 2030 », a regretté Marc Nosbach, de Care Mozambique.

Avec ses 2.500 km de côtes, le Mozambique figure parmi les cinq pays de la planète les plus menacés par le changement climatique, selon la Banque mondiale.

Ethiopian Airlines célèbre le 1er anniversaire du crash du vol ET302

La compagnie Ethiopian Airlines a célébré mardi le premier anniversaire du crash du vol ET302 en rassemblant les proches des victimes pour une cérémonie sur les lieux de l’accident, au sud-est de la capitale Addis Abeba.

Le 10 mars 2019, six minutes après son décollage d’Addis Abeba, le Boeing 737 MAX à destination de Nairobi s’était écrasé dans un champ, tuant sur le coup les 157 passagers et membres d’équipage. Les victimes provenaient de plus de 30 pays différents.

« Alors que les amis et les familles venues du monde entier se réunissent en Ethiopie pour honorer la mémoire de leurs êtres chers, je rends hommage aux victimes de cet accident et souhaite à leurs familles de rester fortes », a déclaré sur Twitter le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed.

Les forces de sécurité ont empêché la presse d’accéder au lieu de la cérémonie. Mais les journalistes ont pu observer les voitures des familles de victimes s’y rendant.

Plusieurs familles avaient déjà plusieurs fois visité le site au cours de l’année écoulée, notamment immédiatement après l’accident, puis quand les restes des victimes ont été rapatriés dans leur pays d’origine à la fin 2019.

Mais la Française Catherine Berthet, qui a perdu sa fille Camille, âgée de 28 ans, n’était avant cette semaine encore jamais venue en Ethiopie depuis l’accident.

Elle s’est résolue à assister à cette cérémonie à la demande d’un médecin, qui espérait que cela l’aiderait à faire son deuil, a-t-elle raconté à l’AFP.

« Si vous perdez un enfant dans un accident de voiture, vous pouvez souvent voir le corps et c’est important. Je n’aurai pas cette chance car ma fille est morte dans un accident d’avion, son corps est en un million de morceaux », a-t-elle déclaré.

« Alors c’est important d’aller dans le pays où elle a vécu ses derniers instants », a-t-elle ajouté.

Virginie Fricaudet, présidente de l’association des victimes françaises, a dit espérer que cette cérémonie permettrait de « refermer un chapitre », même si elle a reconnu que les proches des victimes étaient toujours en deuil.

« Pour moi, cette commémoration doit servir à rassembler cette immense famille qui est unie par la tragédie », a indiqué Mme Fricaudet, qui a perdu un frère dans le crash.

Lundi, les familles des neuf victimes françaises avaient assisté à une autre cérémonie à l’ambassade de France à Addis Abeba, plaçant des roses blanches au pied d’arbres plantés un an plus tôt en mémoire des victimes.