Un premier président juif pour les Etats-Unis? Sanders et Bloomberg en concurrence

Presque tout sépare le sénateur de gauche Bernie Sanders et le milliardaire Michael Bloomberg. Mais les candidats à l’investiture démocrate ont un point commun qui fera date dans les campagnes présidentielles américaines: ils sont tous les deux juifs.

Si le socialiste autoproclamé Bernie Sanders, actuellement en tête de la course côté démocrate, ou le centriste Michael Bloomberg, qui est troisième, remportent l’investiture puis l’élection face à Donald Trump, les Etats-Unis auraient le premier président juif de leur histoire.

Pourtant, le fait que deux personnes de confession juive soient en aussi bonne position dans la course à la Maison Blanche, presque un an et demi après qu’un nationaliste blanc a assassiné 11 personnes dans une synagogue de Pittsburgh, n’a été que discrètement salué dans la communauté juive et observé avec un certain détachement dans le reste de la population, remarque le rabbin Adam Kligfeld.

« Il est incroyable, frappant, surprenant et étrange de voir le peu de cas qui est fait de cette donnée », juge M. Kligfeld, du Temple Beth Am à Los Angeles.

« C’est peut-être bon signe », dit-il à l’AFP.

– Très différents –

Les deux hommes, qui ont le même âge (78 ans), suscitent chacun des inquiétudes. Bernie Sanders est jugé très – trop? – à gauche aux Etats-Unis, où le socialisme a encore pour certains des relents de Guerre froide; Michael Bloomberg, ancien maire de New York, est lui accusé d’acheter sa place dans la course – il a déjà dépensé un demi-milliard en publicités.

Très différents, le milliardaire et le sénateur ne s’apprécient pas vraiment. En janvier, M. Bloomberg s’en était pris à son rival lors d’un discours dans une synagogue de Miami.

« Je sais que je ne suis pas le seul candidat juif à briguer la présidence », a dit le cofondateur de l’agence de presse Bloomberg. « Mais je suis le seul qui ne veuille pas transformer l’Amérique en kibboutz », ces villages collectivistes israéliens, a-t-il lancé.

Les positions de M. Sanders, notamment sur l’accès à un système de santé universel ou la défense d’Israël, font débat.

Le sénateur s’est mis à dos une partie de la communauté juive en annonçant qu’il boycotterait la prochaine réunion du lobby pro-israélien Aipac parce qu’il est, selon lui, une plateforme pour « l’intolérance ».

M. Sanders a maintes fois répété qu’il soutenait Israël mais qu’il fallait prendre en compte « les souffrances du peuple palestinien ». Lors du débat démocrate de mardi, il a qualifié le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de « raciste réactionnaire ».

C’est pourquoi son envolée dans les sondages, bien qu’elle fasse la fierté de certains de ses coreligionnaires, en préoccupe d’autres, pour qui la défense d’Israël devrait être un pilier de la politique étrangère américaine.

– « Fiers » de leur identité juive –

Pendant des décennies, les Américains juifs ont voté démocrate à une écrasante majorité.

Plus des deux tiers d’entre eux, selon un sondage Gallup, s’opposent au président Trump, bien qu’il se présente comme le défenseur le plus ardent d’Israël.

Mais seulement 11% des électeurs de confession juive veulent voir Sanders à la Maison Blanche, contre 8% pour Bloomberg, d’après un sondage de Pew datant de janvier.

Le rabbin Kligfeld note à quel point la foi des deux candidats est peu évoquée, surtout comparé à il y a 20 ans lorsque le démocrate modéré Joe Lieberman, un juif orthodoxe, était le candidat à la vice-présidence.

Celui qui faisait campagne aux côtés d’Al Gore avait alors été au centre d’un vif débat, certains demandant comment il pourrait être vice-président s’il observait la règle du sabbat qui interdit de travailler de vendredi soir à samedi soir.

Le fait que MM. Sanders et Bloomberg soient moins pratiquants semble avoir apaisé ce type de craintes.

Et alors que Donald Trump est accusé d’attiser les tensions religieuses et raciales, le succès des deux hommes est notable.

« Il est clairement significatif que deux politiciens très différents mais tous deux de culture juive, et fiers de leur identité juive, puissent être dans une position politique aussi en vue au plan national », affirme Logan Bayroff, directeur de la communication de J Street, groupe progressiste pro-Israël.

Lors de sa première campagne présidentielle, en 2016, M. Sanders avait évité de parler de sa judéité.

Il est cette fois plus disert sur la question. En décembre, il a allumé une ménora (chandelier à sept branches) de la fête de Hanouka dans l’Iowa, et a évoqué dans un magazine juif en novembre les membres de sa famille tués par les Nazis.

Grèce: des centaines de réfugiés bloqués à la frontière avec la Turquie

Des centaines de migrants venus de Turquie ont été empêchés vendredi d’entrer en Grèce par le poste frontalier de Kastanies, dans le Nord-Est de la Grèce, a indiqué une source policière grecque.

Plusieurs centaines de migrants étaient bloqués dans la zone tampon entre la Grèce et la Turquie, ont constaté des journalistes de l’AFP sur place.

Les autorités grecques, comme la Bulgarie, ont renforcé la sécurité à leur frontière avec la Turquie après l’annonce par Ankara qu’elle laisserait les demandeurs d’asile passer en Europe.

« Je veux être clair: aucune entrée illégale ne sera tolérée », a écrit le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis sur Twitter, soulignant que « la Grèce avait renforcé la sécurité de ses frontières » avec la Turquie.

Un haut responsable turc a déclaré vendredi matin qu’Ankara n’empêcherait plus les migrants qui essaient de se rendre en Europe de franchir la frontière, peu après la mort d’au moins 33 militaires turcs dans la région d’Idleb (Nord-Ouest de la Syrie) dans des frappes aériennes attribuées par Ankara au régime syrien, soutenu militairement par la Russie.

Encouragés par l’annonce du gouvernement turc, de nombreux réfugiés en Turquie ont profité de la situation et quittaient Istanbul pour aller en bus ou en taxis à Edirne, ville turque près du poste frontalier grec de Kastanies, selon une journaliste de l’AFP.

« La frontière (greco-turque) est ouverte (…), donc aujourd’hui nous partons pour aller en Allemagne », a indiqué Sebghatullah Amani, un Afghan âgé de 20 ans, qui vit depuis trois ans en Turquie.

Kyriakos Mitsotakis, qui s’est entretenu avec ses partenaires européens de la situation à la frontière, a prévenu que « la Grèce n’allait pas assumer la responsabilité des événements tragiques en Syrie et ne va pas souffrir des conséquences (découlant) des décisions prises par d’autres ».

Quelques heures auparavant, des journalistes de l’AFP avaient vu, au poste frontière de Kastanies, de nombreux camions de l’armée grecque apporter des clôtures de barbelés.

– Peur d’un nouvel afflux –

Le chef d’état-major grec et le ministre de la Protection du citoyen se sont rendus vendredi à Kastanies à la suite d’une décision gouvernementale de rendre plus « sévère » le contrôle des frontières, selon une source gouvernementale.

L’agence de presse turque DHA a signalé l’arrivée d’autres migrants sur la côte d’Ayvacik, dans la province de Çanakkale (Ouest de la Turquie), cherchant à gagner l’île grecque de Lesbos par bateau.

Des journalistes de l’AFP ont constaté l’arrivée à Lesbos de deux bateaux avec 70 demandeurs d’asile à bord au total en provenance de la Turquie, dont de nombreuses familles avec des enfants.

La Turquie, qui accueille déjà sur son territoire quelque 3,6 millions de réfugiés syriens, craint des arrivées supplémentaires, alors que la population rejette de plus en plus leur présence.

En 2015, plus d’un million de réfugiés et migrants sont arrivés en Europe, jusqu’à un accord entre l’UE et la Turquie pour réguler leurs déplacements.

La Bulgarie a également renforcé ses frontières terrestres avec la Turquie et son Premier ministre Boyko Borisov a indiqué qu’il rencontrerai lundi le président turc Recep Tayyip Erdogan sans toutefois préciser le lieu de cette rencontre pour l’instant.

Le ministre bulgare de la Défense Krasimir Karakachanov a indiqué que deux groupes de 30 migrants chacun ont tenté d’entrer en Bulgarie par la Turquie avant d’être arrêtés par les autorités turques à la frontière.

Un millier de soldats bulgares et 140 unités d’équipement vont renforcer le contrôle des frontières, selon ce ministre.

De son côté, le ministre de l’Intérieur autrichien Karl Nehammer a indiqué que son pays était prêt à envoyer des forces policières pour renforcer les frontières des pays des Balkans.

« L’objectif est de stopper les gens aux frontières extérieures (de l’Union européenne), pas de les laisser les traverser », a-t-il indiqué ajoutant que qu’un flux similaire à celui de 2015 ne doit pas se reproduire.

Athènes a déjà des difficultés à s’occuper des milliers de demandeurs d’asile coincés dans le pays parfois depuis plusieurs années, surtout sur ses îles, où les camps de migrants sont surpeuplés et les conditions de vie difficiles. Plus de 38.000 migrants s’entassent dans des camps sur les îles de Lesbos, Chios, Samos, Leros et Kos, alors que ces installations ne sont prévues que pour 6.200 personnes.

burs-str-hec/mm

Coronavirus: quels droits pour les salariés? quelles obligations pour les employeurs?

Quarantaine indemnisée par la Sécu, mesures sanitaires préventives, télétravail imposé… La propagation du nouveau coronavirus entraîne la mise en place de dispositions particulières dans les entreprises, listées vendredi par le gouvernement: quels sont les droits des salariés et les obligations des employeurs?

– Isolement indemnisé –

14 jours, c’est la durée maximale estimée de la période d’incubation de la maladie Covid-19, et donc la durée d’isolement recommandée pour les personnes qui ont été exposées au coronavirus, par contact avec un malade ou lors d’un voyage dans une zone à risques.

Un décret, publié le 1er février au Journal officiel, assouplit pour les personnes confinées les règles d’indemnisation appliquées par la Sécurité sociale dans le cadre des arrêts maladie.

Le décret annule notamment les délais de carence et permet le versement d’indemnités journalières dès le premier jour d’arrêt de travail, pendant vingt jours maximum. C’est un médecin de l’Agence régionale de santé (ARS) qui délivre l’arrêt.

Ces mesures s’appliquent aussi aux parents dont l’enfant fait l’objet d’une mesure d’isolement et qui ne disposent par d’autre moyen de garde, selon le Questions/Réponses mis en ligne vendredi par le ministère du Travail.

– Recours au télétravail –

Pour les personnes confinées sur décision d’un médecin de l’Agence régionale de santé (ARS), pas de télétravail possible. Car « c’est un arrêt de travail classique, même si vous n’êtes pas malade et donc cela entraîne les mêmes règles », explique Éric Rocheblave, avocat spécialiste en droit du travail.

S’il n’y a pas d’arrêt de travail, le gouvernement recommande à l’employeur de privilégier le télétravail « si le poste de travail le permet ». Le Code du travail prévoit même qu’en cas de « risque épidémique », l’employeur puisse avoir « recours au télétravail sans l’accord du salarié ».

Il peut demander au salarié de ne pas se présenter sur son lieu de travail. Dans ce cas, « sa rémunération est maintenue et sa période d’absence assimilée à une période normalement travaillée ouvrant le bénéfice aux mêmes droits que les salariés présents dans l’entreprise », précise le ministère du Travail.

Si aucun accord n’est trouvé avec l’employeur, le ministère conseille au salarié de demander un arrêt maladie au médecin de l’ARS.

– Jours de congés –

Si le salarié a déjà posé des jours de congés, « l’employeur peut déplacer » ces jours pendant la période de quarantaine « compte tenu des circonstances exceptionnelles », assure le ministère du Travail. En revanche, « si le salarié n’a pas posé de congés, l’employeur ne peut les imposer ».

Si la convention collective ou l’accord de branche prévoit que c’est l’employeur qui fixe les journées de RTT, celui-ci peut en disposer pour couvrir tout ou partie des 14 jours.

– Droit de retrait –

Un salarié peut refuser de se rendre dans une zone à risque en faisant valoir son droit de retrait, qui permet de cesser le travail pour cause de danger grave et imminent. Le salarié sera « protégé par ce droit. L’employeur ne pourra pas le sanctionner pour ça », relève Me Rocheblave.

« S’il y a un contentieux, le juge devra estimer si le salarié avait une raison légitime » de voir un danger, poursuit l’avocat qui conseille d' »interroger le médecin du travail ».

– Et l’entreprise ? –

La principale recommandation du gouvernement aux entreprises est d' »éviter les déplacements professionnels dans les zones à risques ».

Le Code du travail rappelle que « l’employeur est responsable de la santé et de la sécurité des salariés de son entreprise ».

A ce titre, il doit « prendre des mesures de prévention et des actions d’information, de formation, mettre en place des organisations et moyens adaptés », détaille Me Rocheblave.

Si un salarié est contaminé par le virus, l’employeur doit « procéder au nettoyage des locaux », en équipant les personnels de nettoyage de blouses, gants et bandeaux de lavage et de rinçage à usage unique. Le nettoyage des sols doit être parachevé avec un passage à l’eau de Javel.

« Si l’employeur ne fait rien, qu’ensuite un salarié contracte la maladie et qu’on a la preuve de la contamination sur le lieu de travail, l’employeur aura commis une faute », prévient Me Rocheblave.

A Lagos, le coronavirus rappelle les peurs de l’épidémie d’Ebola

Lorsque Joyce Alali a entendu que le premier cas de coronavirus en Afrique sub-saharienne avait été déclaré dans sa ville, Lagos, capitale économique du Nigeria, elle a su tout de suite quoi faire.

Étudiante-infirmière, elle a fouillé dans ses affaires pour retrouver toutes les protections qu’elle utilisait en 2014, lorsque l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest avait gagné la mégalopole tentaculaire créant un vent de panique au sein de ses 20 millions d’habitants.

« Dès que j’ai entendu la nouvelle d’une contamination à Lagos, j’ai pensé +Oh mon dieu, c’est pas possible+ », raconte la jeune fille de 25 ans. « J’ai cherché mon masque et mon désinfectant pour les mains… ceux que j’utilisais déjà pour Ebola, je ne les avais pas ressortis depuis! ».

L’Afrique de l’Ouest a déjà dû faire face à l’épidémie dévastatrice d’Ebola qui a fait quelque 11.000 morts entre 2013 et 2016.

Au premier cas d’Ebola signalé à Lagos, un vent de panique s’était propagé dans la ville, mais finalement, seules sept personnes étaient décédées, sur 19 contaminées.

Vendredi, le spectre d’une « épidémie urbaine apocalyptique », comme l’avait décrit l’OMS au sujet d’Ebola, a refait surface.

– Marché surpeuplé –

Les habitants de Lagos ont commencé à traquer les produits de protection, après qu’un ressortissant italien, de retour de Milan, ait été déclaré contaminé par le nouveau coronavirus dans un hôpital de Lagos.

Dans le marché multicolore de Balogun, au coeur de Lagos Island, les étals des vendeurs se suivent dans un chaos organisé. Dans ce temple de la débrouille et des bonnes affaires, on se bouscule, on échange des nairas (la monnaie locale) de mains en mains et on zigzague entre les ruelles et les vendeurs à la sauvette.

C’est l’un des quartiers les plus densément peuplés de l’immense mégalopole, avec plus de 12.000 personnes au km2, selon une étude de l’Etat de Lagos.

« J’ai entendu parler de ce virus il y a à peine deux heures », raconte une vendeuse de boissons fraîches et beignets d’une cinquantaine d’année. « Nous prions pour qu’il ne s’agisse que d’une seule personne, et que Dieu l’aide à guérir. Je suis inquiète, mais je ne veux pas paniquer », philosophe la vendeuse.

Aisha, 29 ans, est parée contre la maladie. Elle traverse les allées du marché avec un masque noir en coton, et ne se sépare plus de son désinfectant pour les mains. « Toute ma famille, mes amis m’ont appelée ce matin pour me dire d’être vigilante. Ca m’inquiète pour ma santé », confie la jeune fille à l’AFP.

Hassan Hafeez aussi est « très, très inquiet ». « Oh j’ai peur, j’ai peur, je ne veux pas mourir, j’ai encore plein de choses à faire dans le futur ».

Mais en attendant, le trentenaire vend des savons, du détergent, des produits pharmaceutiques dans une minuscule échoppe surchargée qu’il tient avec sa mère. Et pour l’instant, la crise est plutôt positive pour ses finances: il a vendu 20 flacons de désinfectant en quelques heures.

« Avant on le vendait pour 400 nairas (1 euro), mais maintenant c’est 600 nairas », explique-t-il. « Ce n’est pas moi qui augmente les prix, ce sont les fournisseurs! », assure-t-il. « Mais même à ce prix là, les gens achètent, ils ne veulent pas mourir ».

– Pénurie –

Dans le quartier huppé et voisin d’Ikoyi, les pharmacies étaient prises d’assaut.

« Il y a une pénurie de masques en ville, nous en avons commandé mais nous n’en avons pas trouvé, donc nous conseillons aux gens d’utiliser des mouchoirs », déclare calmement une pharmacienne.

Ce cas de contamination à Lagos, est le premier confirmé et officiel en Afrique subsaharienne. Le faible nombre de cas jusque-là enregistré sur le continent – un en Egypte et un en Algérie -, qui entretient des liens économiques étroits avec la Chine, a intrigué les spécialistes de la santé, qui suggéraient que le continent n’avait sans doute pas les moyens de détecter le virus.

Mais le responsable de la Santé de l’Etat de Lagos, Akin Abayomi, s’est voulu rassurant: « Nous menons une campagne très agressive de sensibilisation. Nous avons suivi une formation approfondie », a-t-il affirmé vendredi.

Les autorités ont mis en place des centres de quarantaine à Lagos et Abuja et trois laboratoires du pays sont capables de de diagnostiquer le virus.

Les Algériens mobilisés au 1er vendredi de « l’An II » du « Hirak »

Les protestataires défilent nombreux à Alger pour le premier vendredi de « l’An II » de la contestation qui agite l’Algérie depuis le 22 février 2019, une mobilisation toutefois moins importante que celle de la semaine précédente à l’occasion du premier anniversaire du mouvement.

Les slogans ont à nouveau détourné avec humour l’actualité, mettant à l’honneur le nouveau coronavirus, dont un premier cas en Algérie –un Italien– a été annoncé mardi par les autorités.

« Ramenez corona(virus) ou la BRI (unité d’élite de la police), on ne s’arrêtera pas! » ou « Vous ne nous faites pas peur avec votre corona(virus), on ne va pas s’arrêter! ».

Certains manifestants arborent néanmoins des masques.

« La pluie, le froid, la chaleur, le jeûne du ramadan: rien ne nous a arrêtés » depuis un an, « alors ce n’est pas un virus qui va le faire. Ce virus n’est pas pire que le régime en place », assure à l’AFP Ahlem, bibliothécaire de 50 ans, le nez et la bouche couverts d’un masque chirurgical.

Enseignant de 58 ans, Ahmed Bouziane, qui porte un masque antipoussière acheté chez le quincailler, estime qu’il « faut rester vigilants face au coronavirus ».

« Mais cela ne nous empêchera pas de marcher », s’empresse-t-il d’ajouter.

Pour Sid Ali, biologiste de 45 ans, les médias « affolent » les gens avec le coronavirus: « la grippe saisonnière tue bien plus de monde » que « ce nouveau virus. On va marcher jusqu’à ce que ce régime tombe ».

« Algérie libre et démocratique », « Etat civil et non militaire », « les généraux, à la poubelle et le pays aura son indépendance », scandent aussi les manifestants, reprenant des slogans plus habituels du « Hirak » qui a provoqué la démission du président Abdelaziz Bouteflika le 4 avril 2019 et continue de demander le changement du « système » au pouvoir depuis l’indépendance en 1962.

Comme chaque semaine depuis le début du mouvement, de nombreux manifestants arborent des portraits de héros de la révolution algérienne (la guerre d’indépendance contre la France de 1954 à 1962) ou ceux de « détenus du Hirak », arrêtés dans le cadre de la contestation.

« Où es-tu Justice? Les militants en prison et le fils de Tebboune acquitté », scandent-ils en référence à l’acquittement mercredi, dans une affaire de corruption, du fils du président Abdelmadjid Tebboune –élu en décembre lors d’un scrutin boycotté par le Hirak et marqué par une abstention record.

Deux ans de prison ferme avaient été requis contre Khaled Tebboune, arrêté en juin 2018 alors que son père n’avait plus de fonctions officielles et détenu depuis.

Cameroun: le parti de Biya conserve sans surprise sa majorité écrasante à l’Assemblée

Le parti du président camerounais Paul Biya, au pouvoir depuis 37 ans, a remporté vendredi sans surprise une majorité écrasante aux législatives du 9 février, marquées par le boycott d’une partie de l’opposition dans un pays en proie à des conflits meurtriers.

Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) a ravi 139 sièges sur 180, selon des résultats partiels rendus publics vendredi par le Conseil constitutionnel.

La participation a été « modérée », à 45,98%, a affirmé le président du Conseil, Clément Atangana.

Il a présenté des résultats pour 167 des 180 sièges de l’Assemblée, puisque les scrutins pour 13 députés dans onze circonscriptions des deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, avaient été annulés.

Les électeurs de ces zones ravagées par un sanglant conflit séparatiste, qui avaient complètement boudé les urnes, soit par sympathie pour les indépendantistes anglophones, soit par crainte des représailles de leurs groupes armés, seront de nouveau appelés à voter dans un délai de 20 à 40 jours.

A l’annonce de la tenue du scrutin, reporté à deux reprises depuis 2017, une partie de l’opposition avait choisi de le boycotter, invoquant notamment les combats impitoyables entre l’armée et les groupes sécessionnistes dans ces zones habitées par la minorité anglophone, mais aussi les exactions et crimes commis, selon les ONG internationales, par les deux camps.

Plus de 3.000 personnes y ont été tuées et plus de 700.000 forcés de fuir leurs domiciles en trois ans, selon les ONG.

Les élections partielles à venir ne remettront en aucun cas en cause l’archi-domination du RDPC et de ses alliés. Le parti de M. Biya, 87 ans, devance déjà largement tous ses concurrents réunis, raflant 139 sièges, contre 148 dans l’Assemblée sortante, élue en 2013.

Il est suivi d’un de ses alliés, l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), qui remporte 7 sièges.

Principal parti d’opposition représenté dans l’Assemblée sortante jusqu’à présent, le Social Democratic Front (SDF) n’obtient que 5 sièges, contre 18 en 2013.

Malgré cet net recul, le SDF pourrait améliorer son score lors des partielles dans ses fiefs traditionnels du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Il partage pour le moment la troisième place avec le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) de Cabral Libii, 39 ans, qui fait son entrée à l’Assemblée avec 5 députés.

Arrivé troisième à la présidentielle d’octobre 2018, M. Libii est lui-même élu député.

– Municipales sans suspense –

En tout, seuls 16 députés d’opposition ont été élus.

Signe de la force du parti de Paul Biya, Cavaye Yeguie Djibril, président de l’Assemblée nationale depuis 1992, a conservé son siège, et devrait être confirmé à son poste.

En même temps que les législatives se sont tenues les élections municipales, où la majorité présidentielle a triomphé de la même manière.

Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, arrivé deuxième à la présidentielle de 2018, avait appelé à boycotter le scrutin, et n’est donc plus représenté à l’Assemblée ni dans les conseils municipaux.

Le MRC avait mis en avant le risque de violences dans les régions anglophones.

Les séparatistes avaient appelé les populations des Nord-Ouest et Sud-Ouest à ne pas se rendre aux urnes et menacé ceux qui le feraient, et le gouvernement avait renforcé sa présence armée pour protéger les électeurs.

Selon Amnesty International, une « hausse des homicides » avait été enregistrée « à l’approche des élections », même si, à l’exception d’un incident dans le Nord-Ouest, le jour du scrutin s’est déroulé sans violence.

Depuis le vote, les violences ont continué, de part et d’autre.

Le 14 février, 23 civils, dont au moins 15 enfants, ont été tués à Ntumbo, un village du Nord-Ouest, selon l’ONU.

Diverses ONG en accusent les militaires et des supplétifs, à l’instar de Human Rights Watch (HRW) qui parle de « massacre » délibéré par « 10 à 15 militaires » et au moins 30 miliciens peuls.

Le gouvernement, lui, dénonce des accusations « totalement infondées » et l’armée reconnaît seulement 5 civils tués dans un « accident malheureux »: des échanges de tirs entre 6 militaires et des « terroristes » ayant abouti à l’explosion de conteneurs de carburants ou d’explosifs stockés par les séparatistes.

A Lagos, le coronavirus rappelle les peurs de l’épidémie d’Ebola

Lorsque Joyce Alali a entendu que le premier cas de coronavirus en Afrique sub-saharienne avait été déclaré dans sa ville, Lagos, capitale économique du Nigeria, elle a su tout de suite quoi faire.

Étudiante-infirmière, elle a fouillé dans ses affaires pour retrouver toutes les protections qu’elle utilisait en 2014, lorsque l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest avait gagné la mégalopole tentaculaire créant un vent de panique au sein de ses 20 millions d’habitants.

« Dès que j’ai entendu la nouvelle d’une contamination à Lagos, j’ai pensé +Oh mon dieu, c’est pas possible+ », raconte la jeune fille de 25 ans. « J’ai cherché mon masque et mon désinfectant pour les mains… ceux que j’utilisais déjà pour Ebola, je ne les avais pas ressortis depuis! ».

L’Afrique de l’Ouest a déjà dû faire face à l’épidémie dévastatrice d’Ebola qui a fait quelque 11.000 morts entre 2013 et 2016.

Au premier cas d’Ebola signalé à Lagos, un vent de panique s’était propagé dans la ville, mais finalement, seules sept personnes étaient décédées, sur 19 contaminées.

Vendredi, le spectre d’une « épidémie urbaine apocalyptique », comme l’avait décrit l’OMS au sujet d’Ebola, a refait surface.

– Marché surpeuplé –

Les habitants de Lagos ont commencé à traquer les produits de protection, après qu’un ressortissant italien, de retour de Milan, ait été déclaré contaminé par le nouveau coronavirus dans un hôpital de Lagos.

Dans le marché multicolore de Balogun, au coeur de Lagos Island, les étals des vendeurs se suivent dans un chaos organisé. Dans ce temple de la débrouille et des bonnes affaires, on se bouscule, on échange des nairas (la monnaie locale) de mains en mains et on zigzague entre les ruelles et les vendeurs à la sauvette.

C’est l’un des quartiers les plus densément peuplés de l’immense mégalopole, avec plus de 12.000 personnes au km2, selon une étude de l’Etat de Lagos.

« J’ai entendu parler de ce virus il y a à peine deux heures », raconte une vendeuse de boissons fraîches et beignets d’une cinquantaine d’année. « Nous prions pour qu’il ne s’agisse que d’une seule personne, et que Dieu l’aide à guérir. Je suis inquiète, mais je ne veux pas paniquer », philosophe la vendeuse.

Aisha, 29 ans, est parée contre la maladie. Elle traverse les allées du marché avec un masque noir en coton, et ne se sépare plus de son désinfectant pour les mains. « Toute ma famille, mes amis m’ont appelée ce matin pour me dire d’être vigilante. Ca m’inquiète pour ma santé », confie la jeune fille à l’AFP.

Hassan Hafeez aussi est « très, très inquiet ». « Oh j’ai peur, j’ai peur, je ne veux pas mourir, j’ai encore plein de choses à faire dans le futur ».

Mais en attendant, le trentenaire vend des savons, du détergent, des produits pharmaceutiques dans une minuscule échoppe surchargée qu’il tient avec sa mère. Et pour l’instant, la crise est plutôt positive pour ses finances: il a vendu 20 flacons de désinfectant en quelques heures.

« Avant on le vendait pour 400 nairas (1 euro), mais maintenant c’est 600 nairas », explique-t-il. « Ce n’est pas moi qui augmente les prix, ce sont les fournisseurs! », assure-t-il. « Mais même à ce prix là, les gens achètent, ils ne veulent pas mourir ».

– Pénurie –

Dans le quartier huppé et voisin d’Ikoyi, les pharmacies étaient prises d’assaut.

« Il y a une pénurie de masques en ville, nous en avons commandé mais nous n’en avons pas trouvé, donc nous conseillons aux gens d’utiliser des mouchoirs », déclare calmement une pharmacienne.

Ce cas de contamination à Lagos, est le premier confirmé et officiel en Afrique subsaharienne. Le faible nombre de cas jusque-là enregistré sur le continent – un en Egypte et un en Algérie -, qui entretient des liens économiques étroits avec la Chine, a intrigué les spécialistes de la santé, qui suggéraient que le continent n’avait sans doute pas les moyens de détecter le virus.

Mais le responsable de la Santé de l’Etat de Lagos, Akin Abayomi, s’est voulu rassurant: « Nous menons une campagne très agressive de sensibilisation. Nous avons suivi une formation approfondie », a-t-il affirmé vendredi.

Les autorités ont mis en place des centres de quarantaine à Lagos et Abuja et trois laboratoires du pays sont capables de de diagnostiquer le virus.

Mauritanie: le trafic internet perturbé par un incident sur un câble sous-marin

Le réseau internet est fortement perturbé en Mauritanie en raison d’un « incident » survenu jeudi au large de ce pays d’Afrique de l’Ouest sur un câble sous-marin en fibre optique de 17.000 km reliant l’Afrique du Sud à l’Europe, a indiqué vendredi l’autorité de régulation mauritanienne des télécommunications.

« Un incident est survenu sur le câble sous-marin à fibres ACE (Africa Coast to Europe) le 27 février à 08H40 (GMT et locales), provoquant des perturbations sur le trafic internet des (trois) opérateurs de communications électroniques », a-t-elle précisé dans un communiqué.

Des « démarches sont en cours pour le rétablissement du câble dans les meilleurs délais », assure l’autorité de régulation, en rappelant qu’un incident similaire s’était déjà produit sur ce câble en mars 2018.

Les connexions terrestres et via le wifi sont presque à l’arrêt au sein des entreprises, banques et administrations et chez les particuliers, ont constaté des correspondants de l’AFP. Les services par téléphones mobiles (3G) fonctionnent, mais à vitesse réduite, selon la même source.

Le problème a été localisé à 25 km au large de Nouakchott et sa résolution devrait prendre quelques jours, a confié à l’AFP une source proche de l’autorité de régulation.

L’ACE, opérationnel depuis 2012, relie Le Cap, en Afrique du Sud, à la pointe de la Bretagne (ouest de la France), en longeant la côte atlantique de l’Afrique, dont il dessert une vingtaine de pays.

Le Kenya interdit l’abattage controversé d’ânes

Le Kenya a décidé d’interdire l’abattage d’ânes destinés à être utilisés pour la médecine chinoise, une pratique condamnée par les défenseurs des animaux qui la jugent cruelle, inutile et dévastatrice pour les populations d’ânes en Afrique, a-t-on appris de source officielle.

L’interdiction, entrée en vigueur cette semaine, intervient après que « des gens ont adressé une pétition (en ce sens) à mes services (…) parce que le vol d’ânes pour les vendre a augmenté », a déclaré jeudi le ministre de l’Agriculture Peter Munya à l’AFP.

La multiplication des vols d’ânes porte préjudice aux agriculteurs qui les utilisent pour transporter des produits agricoles et de l’eau, et provoque « un chômage massif », a déclaré le ministère dans un communiqué.

Quatre abattoirs d’ânes ont un mois pour mettre un terme à leur activité.

L’organisation de défense des animaux Peta a salué la décision du Kenya de « rompre les liens avec un commerce cruel qui condamne par millions de doux ânes à une mort lamentable ». « Personne n’a besoin de peau d’âne, sauf l’animal né avec elle », a déclaré un responsable des campagnes de Peta, Jason Baker.

Les peaux d’âne sont exportées en Chine pour fabriquer un remède traditionnel connu sous le nom d’ejiao, utilisé pour améliorer la circulation sanguine, ralentir le vieillissement, et stimuler la libido et la fertilité. Autrefois réservé aux empereurs, ce produit est désormais prisé de la classe moyenne.

Une enquête de Peta avait montré l’année dernière que les ânes étaient cruellement battus par les travailleurs ou mouraient après de longs voyages en camion en provenance de pays voisins.

L’organisation de défense des animaux The Donkey Sanctuary, basée en grande-Bretagne, avait alors déclaré à l’AFP que selon certaines informations, les animaux étaient rassemblés et tués à la mitrailleuse ou matraqués à mort.

La Chine se tourne de plus en plus vers l’Afrique pour satisfaire sa demande, sa propre population d’ânes ayant diminué de près de la moitié ces dernières années.

Plusieurs pays africains ont cependant interdit les abattoirs financés par des Chinois ou ont mis en oeuvre des politiques visant à mettre un terme à l’exportation de peaux d’âne vers la Chine.

Les ânes se reproduisant lentement et résistant mal au stress, les défenseurs des animaux redoutent qu’ils disparaissent de l’Afrique de l’Est d’ici à quelques années.

RDC: décès d’un haut responsable sécuritaire sous sanctions internationales (famille, sources sécuritaires)

Le chef du renseignement militaire de la République démocratique du Congo, Delphin Kahimbi, nommé à l’époque de l’ex-président Joseph Kabila, est décédé vendredi, a appris l’AFP auprès de son épouse, alors que, selon plusieurs sources, il venait tout juste d’être démis de ses fonctions.

M. Kahimbi, dont l’âge n’a pas été précisé, est décédé « d’une crise cardiaque » à son domicile, a indiqué à l’AFP son épouse jointe par téléphone dans un hôpital de Kinshasa. Son décès a été confirmé par des sources militaires jointes par l’AFP.

M. Kahimbi était un des officiels congolais sous sanction de l’Union européenne (UE). L’annonce de son décès intervient alors que l’ambassadeur des Etats-Unis à Kinshasa s’était félicité jeudi de l’annonce, par des médias congolais, de sa suspension et de son remplacement.

Cette suspension n’avait pas été formellement confirmée par les autorités congolaises, extrêmement discrètes voire gênées. Interrogée par l’AFP, une source gouvernementale a renvoyé vendredi au Conseil des ministres prévu dans la journée.

M. Kahimbi faisait partie des douze officiels congolais toujours sous sanctions de l’UE pour des atteintes aux droits de l’homme et entrave aux élections dans les dernières années du régime Kabila (2015-2018).

Même non confirmée, sa suspension avait été largement commentée.

« Comme nous l’avons déclaré constamment, ceux qui sont corrompus, commettent des violations des droits de l’homme ou qui perturbent le processus démocratique doivent être tenus pour responsables », a tweeté jeudi l’ambassadeur américain Mike Hammer, en reproduisant un article de politico.cd annonçant la suspension de M. Kahimbi.

Cette suspension est une « opportunité importante pour la justice », avait réagi jeudi sur Twitter la responsable adjointe pour l’Afrique de Human Right Watch.

« Nous exigeons la transparence totale de la part des autorités sur les faits ou soupçons pour lesquels le Général Delphin Kahimbi aurait été suspendu ainsi que sur d’éventuelles poursuites pénales ouvertes à son encontre », avait indiqué le mouvement citoyen congolais Lutte pour le changement.

M. Kahimbi avait été entendu par le Conseil national de sécurité (CNS) ces derniers jours, avaient rapporté plusieurs médias congolais.

Il aurait été empêché de voyager la semaine dernière pour l’Afrique du Sud par les autorités douanières.

Plusieurs officiels sous sanctions internationales, tout-puissants à l’époque du régime Kabila, ont été très affaiblis depuis l’investiture du président Félix Tshisekedi en janvier 2019.

L’ancien patron des renseignements civils, Kalev Mutond, a été démis de ses fonctions dès mars 2019.

Il y a quelques semaines, il a été interpellé à sa descente d’avion de retour de l’étranger, officiellement pour avoir voyagé avec un passeport diplomatique, ce dont il n’a plus le droit.

L’ex-ministre de l’Intérieur et actuel chef du parti de M. Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary, avait été empêché de voyager vers le Burundi fin janvier.

Enfin, l’homme d’affaires Albert Yuma serait retenu à Kinshasa pour les besoins d’une enquête sur un prêt consenti à son entreprise, la Gécamines, par l’homme d’affaires israélien sous sanctions américaine Dan Gertler.